Insee Conjoncture BretagneBilan économique 2017 - Bretagne

En 2017, l’économie bretonne bénéficie à nouveau d’une situation favorable. L’emploi accentue nettement sa croissance et le taux de chômage baisse fortement, comme au niveau national. Les indicateurs conjoncturels sur la démographie d’entreprise, le tourisme, les transports et le commerce extérieur sont bien orientés. L’agriculture présente toutefois une situation en demi-teinte.

Insee Conjoncture Bretagne
No 20
Paru le :Paru le31/05/2018
Linda Deschamps, Draaf
Insee Conjoncture Bretagne No 20- Mai 2018
Consulter

Agriculture - Prix mieux orientés en productions animales qu’en légumes et céréales Bilan économique 2017

Linda Deschamps, Draaf

En 2017, les excellents rendements des grandes cultures font régresser les cours des céréales, ce qui profite aux filières animales. La conjoncture porcine est favorable au premier semestre, puis les prix chutent jusqu’en décembre. Le secteur volaille de chair souffre de la détérioration des échanges extérieurs de poulets, tandis que la demande européenne est forte en œufs de consommation. Les cotations des gros bovins se redressent. La conjoncture laitière s’améliore sensiblement avec une remontée progressive des prix et de la collecte. Les prix des légumes sont généralement orientés à la baisse.

Insee Conjoncture Bretagne

No 20

Paru le :31/05/2018

De très bons rendements en céréales, mais des prix bas

Avec un déficit pluviométrique quasi-continu et des températures supérieures aux normales, le climat 2017 est finalement favorable aux rendements des grandes cultures. La production céréalière bretonne progresse ainsi de 9,3 % en un an (figure 1), malgré une baisse globale des surfaces.

La production en oléagineux, comme celle en protéagineux, s’accroît fortement grâce à l’augmentation des rendements et de la sole.

Figure 1Les principales productions en 2017

Les principales productions en 2017
Bretagne Part Bretagne /France (%)
2016 2017 Évolution 2017/2016 (%)
Productions végétales (tonnes) en 2016 *
Blé 2 095 992 2 334 818 11,4 7,6
Maïs grain 976 484 1 082 923 10,9 8,4
Orge 771 617 732 720 -5,0 6,1
Triticale 159 731 163 560 2,4 11,2
Autres céréales 67 535 97 418 44,2 2,2
Oléagineux 146 599 144 397 -1,5 2,3
Maïs fourrage 4 082 300 4 578 641 12,2 25,1
Choux-fleurs 238 210 253 986 6,6 83,1
Tomates 241 139 182 318 -24,4 30,2
Lait (millions de litres)
Livraisons à l'industrie 5 383 5 424 0,8 22,5
Activité dans les abattoirs (tonnes) en 2017
Bovins - 12 mois 66 655 65 368 -1,9 33,1
Gros bovins 258 620 255 682 -1,1 20,5
Porcs 1 298 450 1 282 495 -1,2 58,1
Gallus 350 944 360 431 2,7 32,6
Dindes 146 324 132 400 -9,5 40,0
Production d'œufs des élevages professionnels (milliers) en 2016 *
Œufs de consommation 5 907 380 6 203 340 5,0 44,3
  • * Informations France non disponibles pour 2017
  • Sources : Agreste Draaf Bretagne - Statistique agricole annuelle (2016 définitive, 2017 provisoire), enquêtes auprès des laiteries, enquête auprès des abattoirs

L’abondance des disponibilités mondiales de céréales pèse sur les cours. En Bretagne, entre décembre 2016 et décembre 2017, le prix de base des céréales (figure 2) diminue de 1 % pour le blé et de 17 % pour le maïs grain. Il augmente cependant de 10 % pour l’orge et de 3 % pour le triticale.

Figure 2Le prix des céréales en Bretagne

Le prix des céréales en Bretagne
Blé tendre Maïs grain
déc 2012 199,05 172,27
juin 2013 208,07 175,24
déc. 2013 156,12 116,29
juin 2014 169,3 128,58
déc. 2014 129,92 89,63
juin 2015 144,28 102,64
déc. 2015 150,52 106,42
juin 2016 152,35 110,58
déc. 2016 131,25 123,09
juin 2017 140,73 131,81
déc. 2017 129,77 101,63
  • Sources : Agreste Draaf Bretagne – FranceAgriMer

Figure 2Le prix des céréales en Bretagne

  • Sources : Agreste Draaf Bretagne – FranceAgriMer

Porc : retournement de tendance après un premier semestre positif

Succédant à une forte hausse en 2016, la production française de porcs se réduit nettement en 2017, avec des abattages et des exportations en baisse, et des importations accrues.

En Bretagne, le volume de porcs charcutiers abattus régresse de 1,2 %. En moyenne annuelle, le prix de base du porc charcutier à Plérin s’établit à 1,373 €/kg en 2017, soit une hausse de 7 % en un an (figures 3 et 4). Au premier semestre, les abattages se replient et les cours augmentent, sous l’effet d’une forte demande chinoise et d’une consommation française favorable. Au second semestre, au contraire, les abattages progressent et les cours fléchissent, suite à la réduction des achats asiatiques, à l’atonie de la demande intérieure et à une concurrence intra-européenne forte. Parallèlement, le coût de l’aliment (figure 5) reste à un niveau très bas.

Figure 3Prix des produits animaux

Prix des produits animaux
Variations annuelles en % 2016 2017
Porc charcutier 3,90 6,92
Lait -7,86 14,65
Vache de réforme -7,77 7,97
Veau 1,95 -0,71
Poulet standard -2,36 -0,49
Œuf de consommation (France) -2,69 36,75
  • Sources : Agreste Draaf Bretagne – FranceAgriMer – Marché au cadran de Plérin

Figure 3Prix des produits animaux

  • Sources : Agreste Draaf Bretagne – FranceAgriMer – Marché au cadran de Plérin

Figure 4Prix du porc au cadran de Plérin

en €/kg
Prix du porc au cadran de Plérin (en €/kg)
Série brute Moyenne mobile sur 12 mois
janv.-12 1,264 1,345
févr.-12 1,438 1,359
mars-12 1,382 1,383
avr.-12 1,336 1,421
mai-12 1,329 1,441
juin-12 1,444 1,449
juil.-12 1,462 1,455
août-12 1,579 1,465
sept.-12 1,731 1,463
oct.-12 1,591 1,471
nov.-12 1,501 1,477
déc.-12 1,407 1,480
janv.-13 1,386 1,485
févr.-13 1,413 1,495
mars-13 1,469 1,502
avr.-13 1,413 1,496
mai-13 1,371 1,485
juin-13 1,502 1,475
juil.-13 1,583 1,470
août-13 1,657 1,465
sept.-13 1,656 1,452
oct.-13 1,465 1,441
nov.-13 1,373 1,449
déc.-13 1,352 1,454
janv.-14 1,329 1,451
févr.-14 1,259 1,441
mars-14 1,333 1,421
avr.-14 1,511 1,394
mai-14 1,424 1,370
juin-14 1,463 1,353
juil.-14 1,468 1,333
août-14 1,419 1,314
sept.-14 1,328 1,305
oct.-14 1,183 1,296
nov.-14 1,161 1,274
déc.-14 1,119 1,257
janv.-15 1,096 1,245
févr.-15 1,149 1,237
mars-15 1,226 1,235
avr.-15 1,246 1,237
mai-15 1,228 1,247
juin-15 1,313 1,240
juil.-15 1,373 1,236
août-15 1,393 1,235
sept.-15 1,360 1,231
oct.-15 1,301 1,222
nov.-15 1,076 1,212
déc.-15 1,069 1,209
janv.-16 1,086 1,212
févr.-16 1,103 1,219
mars-16 1,116 1,225
avr.-16 1,125 1,239
mai-16 1,199 1,246
juin-16 1,346 1,265
juil.-16 1,456 1,284
août-16 1,468 1,304
sept.-16 1,517 1,327
oct.-16 1,390 1,353
nov.-16 1,300 1,388
déc.-16 1,301 1,412
janv.-17 1,323 1,424
févr.-17 1,384 1,426
mars-17 1,428 1,424
avr.-17 1,542 1,408
mai-17 1,490 1,394
juin-17 1,487 1,384
juil.-17 1,487 1,373
août-17 1,442
sept.-17 1,326
oct.-17 1,221
nov.-17 1,181
déc.-17 1,163
  • Sources : Agreste, Draaf Bretagne - Insee

Figure 4Prix du porc au cadran de Plérin

  • Sources : Agreste, Draaf Bretagne - Insee

Figure 5Coût des aliments en Bretagne, selon l'IPAMPA

Base 100 en 2010
Coût des aliments en Bretagne, selon l'IPAMPA (Base 100 en 2010)
Alimts pr porcins Alimts pr volaille Alimts pr gros bovins Alimts pr veaux
2012 134 124 125 114,8
2013 139,9 129,2 134,3 123,7
2014 123,6 117,4 126,1 121,6
2015 118,1 113,2 122,9 109,5
2016 111,8 108,8 117,1 105
2017 112 108,3 115,6 112
  • Sources : Agreste, Draaf Bretagne – Insee

Figure 5Coût des aliments en Bretagne, selon l'IPAMPA

  • Sources : Agreste, Draaf Bretagne – Insee

Difficultés en volaille de chair, amélioration en ponte

En 2017, le marché français de la volaille de chair est de nouveau en crise, pénalisé par le deuxième épisode d’influenza aviaire1 en deux ans et par la détérioration des échanges de poulets destinés à l’export.

En Bretagne, plus de poulets sont abattus en volume (+ 3,5 %), mais moins en nombre, en raison d’une augmentation du poids moyen. Au niveau national, le déficit du solde extérieur se creuse. La situation de la filière dinde est toujours difficile, avec des abattages en repli.

Le coût de l’aliment se maintient à un niveau bas. Il en découle une légère baisse des prix des marchés : – 0,6 % pour le poulet standard et – 1,6 % pour la dinde.

En 2017, la production nationale d’œufs de consommation augmente, mais insuffisamment pour satisfaire la forte demande européenne pour les œufs français, épargnés par la crise du fipronil2 qui affecte certains pays d’Europe du nord au cours de l’été. La cotation flambe ainsi de 28 %.

1 Aussi appelée grippe aviaire, l'Influenza aviaire est une infection virale contagieuse des oiseaux sauvages et captifs.

2 Le fipronil est une substance active de produit phytosanitaire et d'antiparasitaire vétérinaire, qui présente un effet insecticide et acaricide.

Remontée des cours des gros bovins

Dans un contexte d’amélioration progressive du marché laitier, les abattages de vaches laitières se replient (– 8 %). De même, ceux en taurillons reculent. Les prix des gros bovins se redressent (figure 6). Celui de la vache laitière P3 du bassin Grand Ouest remonte de 8 %, à 2,85 €/kg. La baisse du coût de l’aliment pour gros bovins se poursuit : – 1,3 %.

3 Catégorie de référence de la grille de cotation.

Figure 6Cours des bovins

en €/kg
Cours des bovins (en €/kg)
vache P jeune bovin R
janv.-12 2,800 3,850
févr.-12 3,000 3,850
mars-12 3,050 3,810
avr.-12 3,080 3,650
mai-12 3,240 3,740
juin-12 3,300 3,760
juil.-12 3,380 3,780
août-12 3,500 3,950
sept.-12 3,380 3,930
oct.-12 3,200 3,890
nov.-12 3,110 3,900
déc.-12 3,130 3,940
janv.-13 3,220 3,913
févr.-13 3,377 3,935
mars-13 3,438 3,960
avr.-13 3,408 3,885
mai-13 3,500 3,876
juin-13 3,485 3,845
juil.-13 3,517 3,885
août-13 3,430 3,888
sept.-13 3,240 3,807
oct.-13 3,132 3,810
nov.-13 3,033 3,857
déc.-13 2,925 3,900
janv.-14 2,996 3,918
févr.-14 3,062 3,930
mars-14 3,100 3,877
avr.-14 3,064 3,836
mai-14 3,120 3,807
juin-14 3,065 3,718
juil.-14 3,052 3,726
août-14 3,095 3,757
sept.-14 2,960 3,728
oct.-14 2,754 3,654
nov.-14 2,547 3,688
déc.-14 2,517 3,787
janv.-15 2,584 3,800
févr.-15 2,655 3,755
mars-15 2,775 3,767
avr.-15 2,830 3,718
mai-15 2,928 3,705
juin-15 3,030 3,760
juil.-15 3,122 3,834
août-15 3,190 3,867
sept.-15 3,052 3,750
oct.-15 2,880 3,670
nov.-15 2,733 3,738
déc.-15 2,522 3,762
janv.-16 2,585 3,750
févr.-16 2,648 3,738
mars-16 2,734 3,732
avr.-16 2,723 3,642
mai-16 2,725 3,562
juin-16 2,706 3,576
juil.-16 2,703 3,653
août-16 2,670 3,646
sept.-16 2,515 3,597
oct.-16 2,520 3,602
nov.-16 2,562 3,650
déc.-16 2,542 3,743
janv.-17 2,630 3,740
févr.-17 2,708 3,730
mars-17 2,824 3,760
avr.-17 2,908 3,767
mai-17 2,938 3,750
juin-17 2,970 3,780
juil.-17 2,880 3,800
août-17 2,948 3,860
sept.-17 2,935 3,877
oct.-17 2,900 3,953
nov.-17 2,840 4,010
déc.-17 2,670 4,025
  • NB : Vaches P et Jeunes Bovins R : catégories de référence des grilles de cotations.
  • Sources : Agreste, Draaf Bretagne – FranceAgriMer

Figure 6Cours des bovins

  • NB : Vaches P et Jeunes Bovins R : catégories de référence des grilles de cotations.
  • Sources : Agreste, Draaf Bretagne – FranceAgriMer

Le volume de veaux de boucherie abattus faiblit (– 2 %) et le prix du veau, à 5,6 €/kg pour le bassin Nord, perd 0,7 % sur le bas niveau de 2016. Le coût des aliments d’allaitement augmente de 6,7 %.

Sortie progressive de crise dans la filière lait

Depuis mars 2017, la collecte laitière mondiale repart à la hausse sur un an, dans un contexte de prix du lait porteur, lié à l’amélioration générale des marchés et à la flambée du prix du beurre. En Bretagne, les quantités de lait livrées par les producteurs excèdent de 2,2 % celles de 2016 (figure 7), dynamisées par la hausse du prix du lait (337 €/1 000 l, soit + 15 % par rapport au niveau bas de 2016) et par des fourrages satisfaisants en 2017. La reprise de la collecte laitière bretonne a démarré cinq mois plus tôt qu’au niveau national. Parallèlement, les charges d’aliments continuent de baisser.

Figure 7Prix et livraisons de lait en Bretagne

base 100 en 2012
Prix et livraisons de lait en Bretagne (base 100 en 2012)
Prix moyen à la production Livraisons
2005 89 92
2006 85 92
2007 92 93
2008 107 98
2009 85 92
2010 96 96
2011 104 101
2012 100 100
2013 108 101
2014 115 107
2015 98 106
2016 90 104
2017 103 107
  • Source : Agreste, Draaf Bretagne - FranceAgriMer - Enquête mensuelle auprès des laiteries.

Figure 7Prix et livraisons de lait en Bretagne

  • Source : Agreste, Draaf Bretagne - FranceAgriMer - Enquête mensuelle auprès des laiteries.

Baisse des prix pour les légumes

La fin de la campagne 2016-2017 de choux-fleurs est précipitée, après un pic de production en février-mars. Le prix moyen perd 4 % sur la moyenne des cinq dernières campagnes. Malgré un début de campagne favorable et des températures élevées en 2017, le bilan est décevant pour les tomates : l’offre décroît d’un quart et le prix perd 2 % comparé à 2012-2016. En artichauts Camus, l’offre dépasse de 5 % la moyenne des cinq dernières années et le prix faiblit d’un quart. L’année est mauvaise pour les pommes de terre primeur, avec un prix en baisse de 21 % sur la moyenne quinquennale et une offre réduite. Le cours du poireau est très correct en deuxième partie de campagne 2016-2017, mais plutôt faible au second semestre 2017. Le marché de l’échalote est porteur tout au long de la campagne 2016-2017, avec des prix élevés. En revanche, le début de campagne 2017-2018 est marqué par une surproduction et une baisse des cours.