Insee Conjoncture GuadeloupeBilan économique 2017 - Guadeloupe

L’activité de la Guadeloupe est bien orientée en 2017 : les imports, l’investissement, les créations de sociétés sont en hausse. Le taux de chômage a légèrement baissé même s’il reste à un niveau structurellement très élevé. La consommation des ménages reste très dynamique et les importations ont fortement augmenté. L’inflation reprend légèrement mais reste contenue. Le cyclone Maria a perturbé le deuxième semestre pour l’agriculture, mais le tourisme est resté très dynamique : trafic aérien élevé, nuitées hôtelières en forte croissance, profitant même parfois d’un déport de la clientèle de Saint-Martin, plus durement touchée par un autre cyclone, Irma.

Insee Conjoncture Guadeloupe
No 4
Paru le :Paru le31/05/2018
Didier Fassion, Daaf
Insee Conjoncture Guadeloupe No 4- Mai 2018
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Agriculture - 2017 : l’agriculture marquée par les cyclones Bilan économique 2017

Didier Fassion, Daaf

Des bananeraies comme piétinées, des régimes à terre, quelques arbres encore debout mais entièrement déplumés : l’ouragan Maria a dévasté à 100 % la filière banane de Guadeloupe et à 70 % celle de Martinique, selon les professionnels du secteur, qui prévoient de neuf à douze mois pour retrouver une production. Il en est de même pour l’arboriculture fruitière et les cultures sous serres qui ont été en majeure partie détruites. Les effets sur la canne à sucre ne se révéleront, en revanche, que lors de la campagne 2018.

Insee Conjoncture Guadeloupe

No 04

Paru le :31/05/2018

Banane : une fin d’année dévastatrice

La production de bananes est l’une des activités économiques les plus importantes en Guadeloupe et Martinique : 650 producteurs sur les deux îles produisent en moyenne 270 000 tonnes de bananes par an. La majorité (80 %) des bananes sont vendues en France et 20 % sont exportées vers d’autres pays européens. La banane représente 75 % du fret maritime entre les Antilles françaises et le continent (contenu ugpban).

L’année 2016 avait connu une nette embellie (+ 6,4 % avec 66 208 tonnes produites) par rapport à 2015. L’année 2017 se termine de manière catastrophique. La baisse du niveau de production de fin 2016 s’est poursuivie jusqu’en février 2017. Elle a alors entamé une lente remontée jusqu’en août 2017. Les volumes restent néanmoins nettement en dessous (– 19,6 %) des volumes de 2016 pour les neuf premiers mois de l’année avec seulement 40 000 tonnes de bananes produites.

Suite au passage de Maria, la production s’est effondrée avec seulement 175 tonnes produites en octobre, 20 tonnes en novembre et aucune production au mois de décembre 2017. Les exploitations sont à l’arrêt avec un retour à la production qui s’annonce très progressif à partir du second trimestre 2018.

Canne à sucre, une bonne saison

La quantité de canne est supérieure à l’an dernier et la qualité légèrement supérieure (+ 5 %). Sur le plan de la production, si les prévisions étaient très encourageantes, 759 000 tonnes contre 524 523 en 2016, elles ont été revues à la baisse (680 107 tonnes). Le volume total de cannes broyées progresse néanmoins de 31 % par rapport à l’année 2016. Le tonnage des cannes broyées usines atteint même son meilleur niveau depuis dix ans (732 450 tonnes en 2007).

Le volume de sucre produit progresse, quant à lui, de 41 % et la richesse saccharine atteint 7,9 % (+ 5 %).

Autre raison de satisfaction, la sole cannière, après une chute depuis plusieurs décennies, tend à se stabiliser autour de 12 500 hectares. Elle ne perd que 5 % de surfaces par rapport à 2016.

La saison peut être considérée comme bonne car, malgré la légère baisse des surfaces cultivées, le tonnage produit est en forte augmentation ainsi que la richesse en sucre, ce qui est assez exceptionnel.

L’élevage porcin permet de soutenir la production animale

Le nombre de bovins abattus poursuit sa baisse. Après une baisse de 8 % en 2016, il baisse encore de près de 5 % en 2017 avec 6 223 têtes abattues. La production de viande bovine, en baisse également de 3,4 %, est de 1 525 tonnes. Le poids moyen des carcasses augmente légèrement, passant de 242 kg en 2016 à 245 kg en 2017.

Après une année 2016 en hausse de 12 %, le nombre de porcins abattus continue de croître (+ 3,1 %) avec 19 127 têtes. Le poids moyen des carcasses est quant à lui en hausse de 8 %, environ 80 kg en 2017 contre 76 kg en 2016. En poids total, il est quasi équivalent au poids total des carcasses de bovins, avec 1 520 tonnes.

Si les volumes produits sont stables tout au long de l’année, on constate le pic habituel en fin d’année avec 3 428 porcins abattus au cours du mois de décembre, soit près du double d’un mois normal.

La production ovine poursuit sa chute, après une baisse de 50 % en 2016, elle baisse encore de 44 % en 2017 avec seulement 44 têtes abattues.

La chute de la production caprine s'amortie car, après une baisse de 17 % en 2016, la baisse de 2017 est de seulement 10,3 %.

Marché local de Gourdeliane, moins de produits après le cyclone

L’année 2017 est marquée par le passage du cyclone Maria qui a fortement impacté la production et l’offre de produits sur le marché. On estime à 1 907 tonnes le volume total de produits vendus à Gourdeliane, c’est 6 % de moins que l’an dernier. Les prix annuels moyens ont augmenté de 12 % pour les légumes. Cette hausse est en partie due à l’envolée du prix des cives (+ 42 %), des christophines (+ 33 %) et des melons (+ 28 %).

Le prix moyen annuel des fruits augmente de 6 % par rapport à en 2016 et le panier représentatif de fruits atteint son niveau le plus élevé depuis 2014 (1,95 €/kg).

Le prix du piment fort est soumis à de fortes variations selon les saisons. En juin 2017, lors de sa période de campagne, il atteint un minimum de 2,55 €/kg. En moyenne, le prix de cet aromate est en baisse par rapport à l’année précédente (– 15 %).

Malgré la mise en vente de plans de citronniers sains début 2017, les agrumes sont de moins en moins présents sur le marché de Gourdeliane. Le volume de citrons diminue de 24 % par rapport à l’an dernier. Son prix moyen annuel est, quant à lui, en baisse (– 5 %).

Baisse du volume des exportations des fruits et légumes

Le volume total des exportations a baissé de 11 % en 2017, passant à 113 883 tonnes. L’impact de Maria se fait ressentir sur les volumes des légumes (– 65 %) et des fruits (– 40 %) exportés, malgré une hausse notable (+ 48 %) des quantités de sucre exporté. Les importations ont, quant à elles, légèrement augmenté de 2 % en 2017, soit 371 315 tonnes.

Les importations en volume des fruits, hors banane, ont augmenté de 13 % malgré de fortes baisses du volume d’oranges (– 46 %) compensées par des augmentations notables des bananes plantains fraîches (+ 66 %), de l’ananas (+ 40 %) et surtout des melons (+ 83 %).

Pour les légumes, la hausse des volumes importés est de 8 % (24 709 tonnes). Les  volumes de tomates ont augmenté de 40 %, les choux blancs de 49 % et la salade de 36 %. Les volumes de piments continuent également d'augmenter : + 16 % pour le piment doux et + 47 % pour le piment fort.

Enfin, de nouveaux produits font leur apparition dans les denrées exportées : les volumes du concombre, de l'aubergine et du céleri, quasi inexistant à l’export en 2016, ont été multipliés par neuf ou dix en 2017.

Figure 1Chiffres clés

Chiffres clés
2017 2016 Évolution (%)
Cannes broyées (tonne) 772 279 590 299 30,8
Usines 680 107 524 386 29,7
Distilleries 92 172 65 913 39,8
Prix payés planteurs (euro/t)
Part usines 27,10 26,11 3,8
Part État 29,35 31,20 -5,9
Distilleries 60,10 59,13 1,6
Rémunération bagasse (Gardel) (euro/t ) 10,85 10,85 0,0
Sucre produit (tonne) 58 417 41 552 40,6
Richesse en saccharine (%) 7,9 7,5 4,9
Mélasse (tonne) 30 242 24 839 21,8
  • Source : DAAF – Syndicats des producteurs de sucre et de rhum.

Figure 2La production de bananes s’est effondrée au dernier trimestreExportations de la banane de Guadeloupe dans l’Union européenne

en tonne
La production de bananes s’est effondrée au dernier trimestre (en tonne)
2015 2016 2017
janv. 6 161 4 064 3 473
fév. 4 997 4 067 2 806
mars 4 598 5 235 3 381
avril 4 505 5 351 4 211
mai 5 221 6 267 4 977
juin 5 445 5 804 5 037
juil. 4 789 5 874 4 513
août 5 603 5 979 5 872
sept. 5 650 7 223 5 845
oct. 6 328 5 812 173
nov. 4 514 5 777 20
déc. 4 422 4 755
  • Source : Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad).

Figure 2La production de bananes s’est effondrée au dernier trimestreExportations de la banane de Guadeloupe dans l’Union européenne

  • Source : Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad).

Figure 3Près d’un tiers de cannes broyées de plus sur un anCannes à sucre broyées par les usines sur dix ans

en millier de tonnes
Près d’un tiers de cannes broyées de plus sur un an (en millier de tonnes)
Cannes à sucre
2007 732,450
2008 622,207
2009 634,321
2010 677,432
2011 646,304
2012 585,600
2013 448,022
2014 587,676
2015 586,344
2016 524,386
2017 680,107
  • Source : Chambre d’Agriculture – Syndicat des Producteurs de sucre et de rhum.

Figure 3Près d’un tiers de cannes broyées de plus sur un anCannes à sucre broyées par les usines sur dix ans

  • Source : Chambre d’Agriculture – Syndicat des Producteurs de sucre et de rhum.

Figure 4L’élevage porcin permet de soutenir la production animaleÉvolution du nombre de têtes abattues

en nombre
L’élevage porcin permet de soutenir la production animale (en nombre)
Bovins Porcins Ovins
2010 8 897 17 992 1 468
2011 8 540 17 842 1 094
2012 7 778 17 241 823
2013 7 925 16 828 930
2014 7 535 16 672 719
2015 7 071 16 572 714
2016 6 534 18 551 525
2017 6 223 19 127 445
  • Source : DAAF - Service de l’alimentation (SALIM).

Figure 4L’élevage porcin permet de soutenir la production animaleÉvolution du nombre de têtes abattues

  • Source : DAAF - Service de l’alimentation (SALIM).

Figure 5Des volumes en baisse de 6 % sur un anÉvolution des volumes mensuels des fruits et légumes proposés sur le marché de Gourdeliane en 2017

en tonne
Des volumes en baisse de 6 % sur un an (en tonne)
Fruits Légumes Plantes aromatiques Tubercules Total 2017
janv. 14,81 49,47 1,28 11,37 93,28
fév. 10,76 53,70 1,45 7,24 83,05
mars 5,80 73,34 1,79 7,77 95,60
avril 5,14 68,26 1,96 3,95 82,20
mai 20,22 85,51 3,04 5,53 86,38
juin 23,31 59,51 2,64 5,77 114,91
juil. 16,42 56,36 2,82 5,59 89,65
août 20,26 78,40 2,40 15,03 102,48
sept. 10,01 29,20 0,50 5,74 56,78
oct. 9,13 31,29 0,61 14,40 58,65
nov. 9,17 36,68 1,20 18,15 78,13
déc. 4,05 32,86 1,23 10,50 67,34

Figure 5Des volumes en baisse de 6 % sur un anÉvolution des volumes mensuels des fruits et légumes proposés sur le marché de Gourdeliane en 2017

Figure 6Augmentation des importations de fruits et légumes en GuadeloupePrincipaux fruits et légumes importés en 2017 en Guadeloupe

Augmentation des importations de fruits et légumes en Guadeloupe
Masse (en tonne) Évolution 2017/2016
2017 2016
Fruits comestibles dont 15 656 13 807 13,4
Orange 2 004 3 692 -45,7
Citrons 1 808 1 700 6,4
Pamplemousses 295 316 -6,6
Plantains frais 53 32 65,6
Ananas, frais ou secs 1 234 879 40,4
Avocats, frais ou secs 277 243 14,0
Melons 42 23 82,6
Goyaves, mangues et mangoustans, frais ou secs 103 88 17,0
Noix de coco, desséchées 25 36 -30,6
Noix de coco fraîches 86 187 -54,0
Tamarins, pommes de cajou, 102 107 -4,7
Légumes, plantes, racines et tubercules dont 24 709 22 876 8,0
Tomates 1 460 1 043 40,0
Choux blancs et choux rouges 348 233 49,4
Choux frisés, choux-raves 83 99 -16,2
Laitues et chicorées 182 148 23,0
Carottes et navets 1 792 1 829 -2,0
Concombres 10 1 900,0
Aubergines 4 0 400,0
Céleris 137 12 1 041,7
Piments doux ou poivrons 289 249 16,1
Piments du genre ‘Capsicum’ ou du genre ‘Pimenta’ 25 17 47,1
Salades, autres que les laitues 221 162 36,4
Racines de manioc 1 892 1 829 3,4
Ignames 1 364 1 335 2,2
  • Source : DAAF.