Bilan économique 2014 de Guadeloupe
En 2014, l'économie guadeloupéenne reste atone. L'attentisme des ménages maintient la consommation à un niveau relativement faible, tandis que l'absence de visibilité des entreprises a pour conséquence la poursuite des pertes d'emplois notamment dans la construction. Les échanges extérieurs sont en repli. En particulier, les importations de biens d'équipement et intermédiaires diminuent. Toutefois, les entreprises ont poursuivi leur investissement. Si l'activité touristique se maintient avec deux millions de passagers à l'aéroport Pôle Caraïbes, l'activité hôtelière marque le pas.
Prix - Nette décélération des prix en Guadeloupe
Ali Benhaddouche, Insee
L’inflation, mesurée par l’évolution des prix à la consommation, a atteint + 0,3 % en 2014, en moyenne annuelle, soit trois fois moins que l’année précédente. L’année 2014 s’inscrit dans le prolongement d’une période de ralentissement de la progression des prix débutée en 2010. Les prix de l’énergie diminuent dans le sillage de la baisse des cours du pétrole. Ils contribuent négativement à l’indice des prix en 2013 et 2014. Les prix de l’alimentation et des services ont également nettement ralenti. Pour la première fois depuis la crise économique de 2008, les prix des produits manufacturés reculent de 0,1 %.
Insee Conjoncture Guadeloupe
No 1
Paru le :15/06/2015
Depuis 2010, l’activité économique de la Guadeloupe, relativement atone, s’accompagne d’une faible progression des prix à la consommation. La période récente a été marquée par un ralentissement de l'inflation encore plus important qui pourrait faire craindre à certains l'enclenchement d'un processus déflationniste. Les prix n’ont progressé que de 0,3 % en 2014, soit l’évolution annuelle la plus faible enregistrée depuis la crise sociale de 2009 en Guadeloupe. Cette évolution est ainsi la plus faible des départements d’Outre-mer et inférieure à celle observée en France métropolitaine.
Énergie : des prix très à la baisse pour les cours du pétrole
Le marché du pétrole est entré dans une nouvelle ère avec le ralentissement de la croissance chinoise et les choix stratégiques des États-Unis dans l’exploitation des gaz et pétrole de schiste. La conjonction de ces phénomènes fait mécaniquement baisser les prix du baril de pétrole depuis 2010.
Si le consommateur guadeloupéen a bénéficié de la baisse des prix à la pompe, l’effet reste limité en raison de l’importance des taxes dans la formation des prix et de la baisse de l’euro face au dollar.
En 2010 et 2011, les prix de l’énergie contribuaient fortement à l’inflation observée (39 % en 2010, 73 % en 2011). Avec la baisse des prix de l’énergie en 2013 et 2014 (respectivement
– 0,3 % et –1,5 %), ils contribuent négativement à l’indice des prix pour ces deux dernières années.
Alimentation : des prix au plus bas depuis 2010
En 2014, les prix des produits alimentaires mondiaux sont tombés à leur plus bas niveau depuis 2010. Cette chute reflète les bonnes conditions de l'offre (bonnes récoltes et stocks abondants) et la faiblesse de nombreuses devises face au dollar.
En Guadeloupe, le poste alimentation progresse trois fois moins vite qu’en 2013 (+0,7 %), en raison d’une moindre progression des prix des produits alimentaires hors produits frais (+1,3 %), majoritaires au sein de ce poste et d’une baisse de 1,8 % des produits frais. En 2014, le poste alimentation représente 19 % du budget des ménages, mais sa contribution à l’inflation (+ 0,1%) est la plus faible depuis 2008.
Services : net ralentissement
En 2014, le poste des services est le plus gros contributeur à l’inflation (0,3 point). Il représente 40 % du budget des ménages.
Les prix des services de logement (loyers, eau et enlèvement des ordures ménagères) ont de nouveau décéléré (+ 0,7 % après + 1,5 % en 2013), en raison de la hausse limitée de l’inflation servant à la revalorisation des loyers des résidences principales, suivant le mouvement général de désinflation.
Les prix de l’hôtellerie, des cafés et des restaurants ont également nettement ralenti (1,6 % après 2,4 % en 2013), tout comme ceux des soins personnels (0,8 % après 1,8 % en 2013). Cependant, plusieurs prix ont assez nettement accéléré en 2014 : ceux des services financiers (0,9 % après 0,1 % en 2013) et ceux de la protection sociale (2,9 % après 2 % en 2013).
La baisse des prix est-elle bénéfique aux ménages ?
Si une inflation faible soutient le pouvoir d'achat des ménages, et donc leurs niveaux de dépenses, c'est aussi le reflet de l'équilibre offre-demande et donc du contexte économique. Ainsi, des prix en moindre hausse puis en baisse peuvent signifier une baisse des coûts de productions comme une baisse de la demande. Aujourd'hui, cette baisse de l'inflation découle plutôt d'une baisse de la demande, dans un contexte socio-économique tendu. Dans un scénario noir, 'une phase de désinflation peut progressivement aboutir à une phase de déflation, à laquelle on associe des risques économiques rémanents. En effet, les risques associés à une spirale déflationniste, traduisent des baisses de demande en cascade, liées à une diminution des revenus d'activité des agents (via des baisses salariales et/ou une hausse du chômage) qui eux sont liés à une moindre activité des entreprises. Cette situation engendre successivement de nouvelles baisses de la demande et donc de l'activité des entreprises.
tableauFigure 1 – Chiffres clés des prix en 2014
Regroupements | Pondérations 2014 | Indices moyens 2013 | Indices moyens 2014 | Variation 2013/2014 (en %) | Contributions à la hausse des prix en 2014 (en points) |
---|---|---|---|---|---|
Alimentation | 1 851 | 134,3 | 135,3 | 0,7 | 0,1 |
Produits Frais | 378 | 127,4 | 125,1 | -1,8 | -0,1 |
Alimentation hors produits frais | 1 473 | 134,2 | 136,0 | 1,3 | 0,2 |
Tabac | 47 | 444,2 | 464,8 | 4,6 | 0,0 |
Produits manufacturés | 3 005 | 107,8 | 107,7 | -0,1 | 0,0 |
Habillement et chaussures | 497 | 89,6 | 88,9 | -0,8 | 0,0 |
Produits de santé | 231 | 87,7 | 84,5 | -3,6 | -0,1 |
Autres produits manufacturés | 2 277 | 117,3 | 117,8 | 0,4 | 0,1 |
Énergie | 961 | 165,0 | 162,6 | -1,5 | -0,1 |
Produits pétroliers | 748 | 181,0 | 175,0 | -3,3 | -0,2 |
Services | 4 136 | 131,5 | 132,7 | 0,9 | 0,3 |
Loyers et services rattachés (1) | 813 | 137,7 | 138,7 | 0,8 | 0,1 |
Services de santé | 194 | 133,2 | 132,9 | -0,2 | 0,0 |
Transports et communications | 756 | 115,3 | 115,9 | 0,5 | 0,0 |
Autres services (2) | 2 373 | 132,3 | 133,8 | 1,1 | 0,2 |
Ensemble | 10 000 | 129,2 | 129,6 | 0,3 | 0,3 |
- (1) Les services rattachés représentent les produits et les services pour la réparation et l'entretien du logement, l'adduction d'eau, l'enlèvement des ordures et les services d'assainissement.
- (2) Les autres services regroupent : les soins personnels, la protection sociale, les assurances, les services financiers…
- Source : Insee - Dirag, indice des prix à la consommation.
tableauFigure 2 – Nette décélération des prix en Guadeloupe à partir de 2012
Guadeloupe | Martinique | Guyane | France hexagonale | |
---|---|---|---|---|
2008 | 118,93 | 121,6 | 120,09 | 119,19 |
2009 | 119,2 | 122 | 121,3 | 119,29 |
2010 | 122,5 | 123,1 | 121,09 | 121,11 |
2011 | 125,6 | 126,2 | 123,6 | 123,7 |
2012 | 128 | 128,1 | 125,4 | 126,1 |
2013 | 129,2 | 129,7 | 127,1 | 127,2 |
2014 | 129,6 | 130,7 | 127,8 | 127,8 |
- Source : Insee - Dirag, indice des prix à la consommation.
graphiqueFigure 2 – Nette décélération des prix en Guadeloupe à partir de 2012Évolution des prix aux Antilles-Guyane et en France métropolitaine entre 2008 et 2014

- Source : Insee - Dirag, indice des prix à la consommation.
tableauFigure 3 – Une décélération des prix plus importante en Guadeloupe à partir de 2010
Guadeloupe | Martinique | Guyane | France hexagonale | |
---|---|---|---|---|
09/08 | 1,236 | 0,328947 | 1,007578 | 0,0839 |
10/09 | 1,744 | 0,901639 | -0,17312 | 1,525694 |
11/10 | 2,531 | 2,518278 | 2,072838 | 2,138552 |
12/11 | 1,911 | 1,505547 | 1,456311 | 1,940178 |
13/12 | 0,937 | 1,249024 | 1,355662 | 0,872324 |
14/13 | 0,31 | 0,77101 | 0,550747 | 0,471698 |
- Source : Insee - Dirag, indice des prix à la consommation.
graphiqueFigure 3 – Une décélération des prix plus importante en Guadeloupe à partir de 2010Variation des prix aux Antilles-Guyane et en France métropolitaine entre 2008 et 2014

- Source : Insee - Dirag, indice des prix à la consommation.
tableauFigure 4 – L'alimentation hors produit frais contribue deux fois moins à l'inflation qu'en 2013
2014 | 2013 | |
---|---|---|
Autres |services (2) | 0,2 | 0,3 |
Alimentation |hors produits frais | 0,2 | 0,4 |
Loyers et services| rattachés (1) | 0,1 | 0,1 |
Produits |de santé | -0,1 | -0,1 |
Produits |Frais | -0,1 | 0 |
Produits |pétroliers | -0,2 | -0,1 |
- (1) Les services rattachés représentent les produits et les services pour la réparation et l'entretien du logement, l'adduction d'eau, l'enlèvement des ordures et les services d'assainissement.
- (2) Les autres services regroupent : les soins personnels, la protection sociale, les assurances, les services financiers…
- Source : Insee - Dirag, indice des prix à la consommation.
graphiqueFigure 4 – L'alimentation hors produit frais contribue deux fois moins à l'inflation qu'en 2013Contributions des postes de consommation les plus significatifs à l'évolution générale des prix (en points)

- (1) Les services rattachés représentent les produits et les services pour la réparation et l'entretien du logement, l'adduction d'eau, l'enlèvement des ordures et les services d'assainissement.
- (2) Les autres services regroupent : les soins personnels, la protection sociale, les assurances, les services financiers…
- Source : Insee - Dirag, indice des prix à la consommation.
Documentation
Définitions (pdf, 48 Ko )