Insee Focus · Juillet 2025 · n° 356

Un premier enfant à 29,1 ans en 2023 : un âge qui continue d’augmenter

En 2023, 678 000 bébés sont nés en France, de mères âgées en moyenne de 31,0 ans (figure 1). Il s’agit de l’âge conjoncturel à l’accouchement, âge moyen qui serait observé si toutes les générations de femmes avaient à chaque âge la fécondité observée pour les femmes du même âge de l'année considérée.
Sur longue période, les femmes ont, dans un premier temps, eu leurs enfants en moyenne à des âges de plus en plus jeunes, puis l'âge à la maternité a régulièrement augmenté. L’âge moyen à la maternité était de 29,4 ans au début du siècle dernier, puis de 28,6 ans à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il a atteint 26,5 ans en 1977, le point le plus bas depuis 1901. Il était de 27,3 ans en 1967 et de 26,8 ans en 1974, premières années pour lesquelles on dispose d’une estimation de l’âge à la maternité selon le rang de naissance des enfants (méthodes). Cette diminution de l’âge à la maternité jusqu’aux années 1970 s’explique par la raréfaction des familles nombreuses, l’espacement plus court entre les naissances et la précocité croissante de l’âge au mariage [Daguet, 2002].

À partir du milieu des années 1970, l’âge à l’accouchement n’a pas cessé d’augmenter, d’abord fortement jusqu’à la fin des années 1990, puis un peu plus modérément, mais continûment. En 2023, l’âge moyen à la maternité, tous rangs confondus, est supérieur de 0,8 an à celui de 2013, de 4,2 ans à celui de 1974 et de 3,7 ans à celui de 1967.

En 2023, 43 % des naissances sont des premières naissances. L’âge conjoncturel moyen des mères à la naissance de leur premier enfant atteint 29,1 ans en 2023, soit 0,9 an de plus qu’en 2013 (figure 2). C’est 5,1 ans de plus qu’en 1974, et 4,9 ans de plus qu’en 1967.

Du milieu des années 1970 jusqu'à la fin des années 1990, la hausse de l’âge au premier enfant a été soutenue (+0,14 année en moyenne par an entre 1974 et 1998). Sur cette période, la diffusion des méthodes de contraception a permis une plus grande maîtrise des grossesses. L’allongement des études, ainsi que la participation croissante des femmes au marché du travail, expliquent aussi ce report [Ouvrir dans un nouvel ongletd’Albis et al., 2015].

Depuis la fin des années 1990, l’âge des mères au premier enfant continue d’augmenter, mais à un rythme moindre (+0,07 année en moyenne par an entre 1998 et 2023). L’âge de fin d’études ayant cessé d’augmenter entre la fin des années 1990 et le milieu des années 2010 [Insee, 2025], plusieurs autres facteurs peuvent jouer. Parmi eux, la première mise en couple s’inscrit de moins en moins dans la perspective de fonder une famille [Costemalle, 2015], et, lorsqu’ils s’installent ensemble, les jeunes couples ont tendance à attendre plus longtemps avant d’avoir leur premier enfant [Ouvrir dans un nouvel ongletRault, Régnier-Loilier, 2015]. Par ailleurs, le contexte socio-économique, politique ou environnemental peut conduire à reporter des décisions de fécondité [Masson, 2015]. En particulier, malgré une amélioration après la crise sanitaire, la situation des jeunes sur le marché du travail reste moins favorable que celle de leurs aînés [Pénicaud, 2025]. Enfin, depuis 10 ans, la durée de scolarisation s’est de nouveau accrue, ce qui pourrait expliquer une partie de la poursuite du report de l’âge à l’accouchement.

Le report de l’arrivée du premier enfant a déplacé l’âge auquel le nombre de premières naissances est le plus élevé (figure 3). En 2023, les femmes ont leur premier enfant le plus souvent à 28 ans, contre 22 ans en 1967. Le pic de l’âge à la première maternité s’est non seulement décalé, mais il est aussi devenu moins marqué : les mères de 28 ans représentent 8 % des premières naissances en 2023, quand celles de 22 ans en représentaient 11 % en 1967. Les premières naissances sont ainsi nettement moins concentrées autour de ce pic d’âge que par le passé. En 2023, pour la moitié des premières naissances, les mères ont entre 25 ans et 32 ans, soit une amplitude de 8 années ; en 1967, cette amplitude était de 5 années (entre 20 ans et 24 ans).

En 2023, 10 % des premières naissances concernent des mères de 22 ans ou moins et 10 % des mères de 36 ans ou plus. 3,6 % des premières naissances concernent des mères d’au moins 40 ans ; cette part reste faible, même si elle augmente depuis 1967 où elle s’établissait à 1,0 %.

Sur les dix dernières années, les distributions des âges au premier enfant sont très proches.

La hausse de l’âge à la première maternité décale logiquement l’âge aux maternités suivantes. En 2023, 34 % des naissances sont des deuxièmes enfants, 14 % des troisièmes et 8 % des quatrièmes ou plus. Les mères qui accouchent de leur deuxième enfant en 2023 sont âgées de 31,6 ans en moyenne, soit 0,8 an de plus qu’en 2013 et 4,8 ans de plus qu’en 1967. L’évolution de l’âge de la mère au deuxième enfant est ainsi similaire à celle de l’âge au premier enfant.

Les mères qui mettent au monde leur troisième bébé en 2023 ont en moyenne 33,1 ans. Cet âge est lui aussi plus élevé que par le passé. Mais, alors que les femmes ont reporté la naissance de leurs premier et deuxième enfants dès le milieu des années 1970, l’âge au troisième enfant n’a commencé à augmenter que plus tardivement, à partir du début des années 1980. Depuis 2006, l’âge au troisième enfant augmente moins rapidement que les âges aux premier et deuxième enfants (+1,0 an en 17 ans pour les troisièmes naissances, contre +1,2 an pour les secondes naissances et +1,3 an pour les premières).

Pour les femmes ayant eu un deuxième enfant en 2023, 4,2 années en moyenne séparent cette naissance de la première, soit 0,1 an de plus qu’en 2013. Pour les femmes ayant eu un troisième enfant en 2023, cette naissance intervient en moyenne 4,8 ans après la précédente, soit 0,3 an de plus qu’en 2013. Ainsi, la hausse de l’âge à l’accouchement au second et au troisième enfant est la conséquence de la hausse de l’âge au premier enfant et, plus marginalement, de l’augmentation du délai entre les naissances.

Dans l’Union européenne à 27 pays (UE), l’âge conjoncturel moyen à la première maternité est de 29,8 ans en 2023 (figure 4). Il est ainsi supérieur à celui de la France (29,1 ans) et varie fortement d’un pays à l’autre. Dans les pays de l’est de l’UE et dans les pays baltes, les femmes donnent naissance à leur premier enfant plus tôt, avec une moyenne allant de 26,9 ans en Bulgarie (pays où l’âge à l’accouchement est le plus faible de l’UE) à 28,9 ans en Tchéquie. Dans ces pays, la part des naissances précoces est plus élevée qu’en moyenne dans l’UE [Papon, 2019] et la part des naissances tardives y est plus faible [Ouvrir dans un nouvel ongletBeaujouan, Sobotka, 2019]. À l’inverse, la première maternité est plus tardive, et intervient en moyenne à plus de 31 ans, dans une partie du sud de l’Europe (Italie, Espagne, Grèce) ainsi qu’en Irlande et au Luxembourg. C’est en Italie que les femmes mettent au monde leur premier enfant le plus tard, en moyenne à 31,8 ans, soit presque cinq ans plus tard qu’en Bulgarie.

Entre 2013 et 2023, les femmes ont retardé l’arrivée de leur premier enfant dans tous les pays de l’UE. En France, l’augmentation de l’âge à la première maternité en 10 ans (+0,9 an) est légèrement inférieure à celle de l’UE en moyenne (+1,0 an). Les pays où l’âge à la première maternité a le plus augmenté sont les pays baltes, l’Irlande et la Pologne, avec un report allant de 1,7 an à 2,2 ans en 10 ans. Les femmes vivant en Slovaquie, en Allemagne et en Slovénie ont quant à elles moins reporté leur première maternité que dans le reste de l’UE, avec une hausse de l’âge moyen au premier enfant comprise entre 0,4 an et 0,6 an en 10 ans.