Insee Première759 000 nouveau-nés en France en 2018 : seulement 12 000 ont une mère de moins de 20 ans

Sylvain Papon (division Enquêtes et études démographiques, Insee)

En 2018, 759 000 bébés sont nés en France. Moins de 2 % d’entre eux ont une mère née après 1998. Cette proportion est en légère baisse depuis une trentaine d’années après avoir fortement diminué dans les années 1970 et 1980, conséquence des lois autorisant la contraception médicalisée puis l’avortement.

Les naissances précoces sont plus fréquentes dans les départements d’outre-mer et dans le nord de la France. Les femmes nées au Maghreb et celles nées en Chine ont très rarement un enfant avant 20 ans. C’est plus souvent le cas pour celles nées en Roumanie.

La part des naissances précoces en France est légèrement inférieure à la moyenne européenne. Le Royaume-Uni est le seul pays de l’ouest de l’Europe où cette part est supérieure à la moyenne.

Sylvain Papon (division Enquêtes et études démographiques, Insee)
Insee Première No 1773- Septembre 2019

En 2018, 759 000 bébés sont nés en France

En 2018, 759 000 bébés sont nés en France (figure 1), soit 11 000 naissances de moins qu’en 2017 (– 1,4 %). Après le creux du début des années quatre-vingt-dix, le nombre de naissances atteint un point haut en 2010 (833 000 naissances), puis baisse pendant trois ans avant de remonter en 2014 (819 000 naissances) [Papon, Beaumel, 2019]. En 2014, 60 000 bébés de plus qu’en 2018 ont vu le jour, et depuis, le nombre de naissances baisse chaque année.

En France métropolitaine, pendant le baby boom, entre 1946 et 1974, il y a plus de 800 000 naissances chaque année. Un point haut est atteint en 1964 avec 878 000 naissances. Depuis la fin du baby boom, le nombre de naissances en France métropolitaine n’a quasiment jamais été aussi bas qu’en 2018, à part en 1993 et 1994 : il atteint 720 000 naissances en 2018 contre respectivement 712 000 et 711 000 en 1993 et 1994. La baisse des naissances est en partie due à la diminution du nombre de femmes aux âges où elles sont les plus fécondes (de 20 à 40 ans), et cela depuis le milieu des années 1990. Leur fécondité diminue aussi, et reste en 2018 le principal facteur expliquant la diminution du nombre des naissances [Papon, Beaumel, 2019].

Figure 1 – Nombre de naissances et part des naissances précoces

Figure 1 – Nombre de naissances et part des naissances précoces
France métropolitaine France
Nombre de naissances Part des naissances précoces Nombre de naissances Part des naissances précoces
1946 843 904 3,9
1947 870 472 4,3
1948 870 836 4,3
1949 872 661 4,5
1950 862 310 4,4
1951 826 722 4,3
1952 822 204 4,0
1953 804 696 4,0
1954 810 754 3,8
1955 805 917 3,7
1956 806 916 3,7
1957 816 467 3,5
1958 812 215 3,5
1959 829 249 3,6
1960 819 819 3,9
1961 838 633 4,3
1962 832 353 4,7
1963 868 876 5,1
1964 877 804 5,7
1965 865 688 6,8
1966 863 527 6,7
1967 840 568 6,6
1968 835 796 6,5
1969 842 245 6,5
1970 850 381 6,5
1971 881 284 6,6
1972 877 506 6,9
1973 857 186 7,0
1974 801 218 7,2
1975 745 065 7,1
1976 720 395 6,7
1977 744 744 6,2
1978 737 062 5,7
1979 757 354 5,1
1980 800 376 4,8
1981 805 483 4,3
1982 797 223 4,2
1983 748 525 3,9
1984 759 939 3,6
1985 768 431 3,2
1986 778 468 2,9
1987 767 828 2,7
1988 771 268 2,6
1989 765 473 2,5
1990 762 407 2,5
1991 759 056 2,4
1992 743 658 2,3
1993 711 610 2,1
1994 710 993 1,9 740 774 2,1
1995 729 609 1,8 759 058 2,0
1996 734 338 1,8 764 028 2,0
1997 726 768 1,8 757 384 2,1
1998 738 080 1,8 767 906 2,1
1999 744 791 2,0 775 796 2,2
2000 774 782 2,0 807 405 2,3
2001 770 945 2,1 803 234 2,3
2002 761 630 2,0 792 745 2,3
2003 761 464 2,0 793 044 2,2
2004 767 816 2,0 799 361 2,2
2005 774 355 1,9 806 822 2,2
2006 796 896 1,8 829 352 2,1
2007 785 985 1,8 818 705 2,1
2008 796 044 1,8 828 404 2,1
2009 793 420 1,7 824 641 2,0
2010 802 224 1,7 832 799 1,9
2011 792 996 1,6 823 394 1,9
2012 790 290 1,6 821 047 1,9
2013 781 621 1,6 811 510 1,8
2014 781 167 1,5 818 565 1,8
2015 760 421 1,4 798 948 1,7
2016 744 697 1,3 783 640 1,6
2017 730 242 1,2 769 553 1,6
2018 719 737 1,2 758 590 1,5
  • Note : les naissances précoces sont les naissances de mères qui n’ont pas encore atteint l’année de leurs 20 ans.
  • Champ : France métropolitaine, France hors Mayotte jusqu'en 2013, y compris Mayotte à partir de 2014.
  • Source : Insee, statistiques de l'état civil.

Figure 1 – Nombre de naissances et part des naissances précoces

  • Note : les naissances précoces sont les naissances de mères qui n’ont pas encore atteint l’année de leurs 20 ans.
  • Champ : France métropolitaine, France hors Mayotte jusqu'en 2013, y compris Mayotte à partir de 2014.
  • Source : Insee, statistiques de l'état civil.

En 2018, moins de 2 % des nouveau-nés ont une mère de moins de 20 ans

Depuis 2010, moins de 2 % des mères ont un enfant avant l’année de leurs . En particulier en 2018, en métropole, 8 900 bébés sont nés de mères nées après 1998, représentant ainsi 1,2 % des naissances (figure 2). En incluant les départements d’outre-mer (DOM), ils étaient 11 700 (1,5 % des naissances). Ils n’ont jamais été aussi peu nombreux. Depuis plus de trente ans, les  (définies ici comme les naissances de mères avant l’année de leurs 20 ans) sont rares et représentent moins de 3 % des naissances en France métropolitaine. En effet, de nos jours, l’arrivée du premier enfant est en général désirée et programmée, elle a souvent lieu après la fin des études de la mère et lorsque le couple est installé, situations survenant de plus en plus tard [Ouvrir dans un nouvel ongletPison, 2012]. En outre, la première mise en couple s’inscrit de moins en moins dans la perspective de fonder une famille [Ouvrir dans un nouvel ongletRault, Régnier-Loilier, 2015], et, quand ils s’installent en couple cohabitant, les conjoints ont tendance à attendre de plus en plus avant d’avoir leur premier enfant [Costemalle, 2015]. Les maternités précoces sont donc devenues rares.

Il y a quarante-cinq ans, en 1973, elles étaient encore plus de 60 000 et représentaient 7 % des naissances. La baisse a été rapide ensuite. Depuis 1986, moins de 3 % des naissances sont précoces. Cette baisse intervient à une période où la contraception médicalisée se diffuse (loi Neuwirth en 1967, dont les textes d’application ont été promulgués entre 1969 et 1972) et l’interruption volontaire de grossesse (IVG) est légalisée (loi Veil en 1975). En outre, à cette époque, les études supérieures se généralisent et les femmes travaillent plus souvent.

La part des naissances précoces avait auparavant augmenté, de 4 % dans les années 1950 à 7 % au début des années 1970 en lien avec le rajeunissement de l’âge au mariage et le nombre de plus en plus important de conceptions prénuptiales. Elle est également due à une part plus importante de femmes de moins de 20 ans dans la population des femmes en âge de procréer. En effet, les générations nombreuses du baby boom, nées à partir de 1946, débutent leur vie féconde au début des années 1960. Les femmes de moins de 20 ans deviennent donc de plus en plus nombreuses parmi les femmes fécondes au cours de cette décennie.

Figure 2 – Nombre de naissances selon l’âge* de la mère pour les mères de moins de 20 ans en France métropolitaine

Figure 2 – Nombre de naissances selon l’âge* de la mère pour les mères de moins de 20 ans en France métropolitaine
16 ans ou moins 17 ans 18 ans 19 ans
1946 1 375 3 880 9 776 18 133
1947 1 605 4 296 10 455 21 189
1948 1 651 4 202 10 949 20 807
1949 1 579 4 354 10 949 21 843
1950 1 709 4 210 10 777 20 985
1951 1 479 4 008 9 569 19 998
1952 1 415 3 627 9 499 18 565
1953 1 394 3 582 8 845 18 207
1954 1 372 3 537 8 532 17 372
1955 1 369 3 490 8 435 16 684
1956 1 308 3 475 8 379 16 844
1957 1 490 3 287 7 995 15 448
1958 1 492 3 346 7 724 15 814
1959 1 906 3 837 8 016 15 742
1960 2 045 4 404 9 431 15 795
1961 2 245 4 933 10 608 18 298
1962 2 590 4 981 11 133 19 958
1963 2 728 6 555 12 233 22 362
1964 2 840 6 975 15 767 23 913
1965 3 171 7 194 16 576 31 276
1966 2 753 6 885 16 231 31 388
1967 2 544 6 577 15 590 30 191
1968 2 496 6 467 15 709 29 740
1969 2 494 6 677 15 501 29 798
1970 2 590 6 520 16 098 29 696
1971 2 902 7 033 16 385 31 249
1972 3 085 7 650 17 575 31 687
1973 3 006 7 640 17 773 31 805
1974 2 910 7 427 16 989 30 012
1975 2 742 6 691 15 309 27 917
1976 2 375 6 123 13 567 25 910
1977 2 291 5 581 13 234 25 039
1978 2 022 5 105 11 669 22 938
1979 1 915 4 548 10 656 21 216
1980 1 984 4 675 10 280 21 140
1981 1 793 4 303 9 758 19 165
1982 1 750 3 993 8 990 18 459
1983 1 601 3 569 7 913 16 329
1984 1 568 3 338 7 250 15 193
1985 1 435 2 950 6 423 13 399
1986 1 407 2 746 6 059 12 524
1987 1 343 2 531 5 729 11 461
1988 1 191 2 435 5 437 10 948
1989 1 138 2 366 5 221 10 575
1990 1 099 2 298 5 123 10 488
1991 1 036 2 119 5 064 10 281
1992 971 1 978 4 517 9 380
1993 909 1 846 3 981 8 427
1994 869 1 660 3 602 7 295
1995 868 1 636 3 508 6 903
1996 880 1 773 3 538 6 950
1997 984 1 767 3 605 6 885
1998 908 1 783 3 748 7 145
1999 905 1 830 4 040 7 922
2000 982 1 891 4 303 8 530
2001 1 091 2 124 4 188 8 687
2002 1 000 1 941 4 114 8 206
2003 929 1 968 4 029 7 987
2004 940 1 919 4 232 8 129
2005 879 1 814 4 099 8 201
2006 906 1 797 4 000 7 923
2007 891 1 807 3 966 7 678
2008 900 1 743 3 895 7 691
2009 939 1 729 3 664 7 443
2010 949 1 659 3 617 7 214
2011 912 1 736 3 313 6 988
2012 1 046 1 833 3 414 6 597
2013 925 1 735 3 273 6 315
2014 923 1 563 3 142 6 129
2015 848 1 458 2 837 5 577
2016 787 1 323 2 556 5 028
2017 710 1 219 2 446 4 734
2018 680 1 177 2 339 4 673
  • * Il s’agit de l’âge atteint dans l’année.
  • Note : les séries présentent une légère rupture en 1975. En effet, avant 1975, les « faux mort-nés » (enfants nés vivants mais décédés au moment de la déclaration de leur naissance à l'état civil) ne sont pas pris en compte, alors qu'ils sont inclus à partir de 1975 et dans les autres tableaux sur les naissances vivantes.
  • Champ : France métropolitaine.
  • Source : Insee, statistiques de l'état civil.

Figure 2 – Nombre de naissances selon l’âge* de la mère pour les mères de moins de 20 ans en France métropolitaine

  • * Il s’agit de l’âge atteint dans l’année.
  • Note : les séries présentent une légère rupture en 1975. En effet, avant 1975, les « faux mort-nés » (enfants nés vivants mais décédés au moment de la déclaration de leur naissance à l'état civil) ne sont pas pris en compte, alors qu'ils sont inclus à partir de 1975 et dans les autres tableaux sur les naissances vivantes.
  • Champ : France métropolitaine.
  • Source : Insee, statistiques de l'état civil.

Davantage de naissances précoces dans les DOM et le nord de la France

Les naissances précoces sont les plus fréquentes dans les DOM. En 2018, 10,2 % des naissances en Guyane sont précoces et 9,9 % à Mayotte (figure 3). C’est aussi dans ces deux départements que la part des jeunes femmes parmi la population féminine est la plus importante : respectivement 9,4 % et 9,9 % des femmes ont entre 15 et 19 ans. À La Réunion, 5,7 % des naissances sont précoces, 3,9 % en Martinique et 3,1 % en Guadeloupe. Seuls deux départements de France métropolitaine ont un taux légèrement supérieur à celui de la Guadeloupe : l’Aisne et la Nièvre (3,2 %). La part des naissances précoces est supérieure à la moyenne nationale dans le nord de la France, et dans une large zone traversant la France depuis la région Grand Est jusqu’à la Charente, et enfin dans le sud, dans les Pyrénées Orientales et l’Aude (2,2 %).

À l’inverse, l’Île-de-France est la région où les naissances précoces sont les plus rares (0,8 %). Elles sont notamment très peu fréquentes dans les Hauts-de-Seine (0,4 %) et à Paris (0,5 %). Les départements alpins et ceux dont le chef-lieu est une grande métropole se distinguent aussi par une faible proportion de naissances précoces : Rhône (0,7 %), Ille-et-Vilaine (0,8 %), Haute-Savoie (0,8 %), Savoie (0,8 %), Hautes-Alpes (0,8 %), Isère (0,9 %), Alpes Maritimes (0,9 %), Haute-Garonne (1,0 %).

Figure 3a – Part des naissances précoces par département en 2018

Figure 3a – Part des naissances précoces par département en 2018
Départements Part des naissances précoces (en %)
Ain 1,13
Aisne 3,17
Allier 2,49
Alpes-de-Haute-Provence 1,55
Hautes-Alpes 0,84
Alpes-Maritimes 0,94
Ardèche 1,08
Ardennes 2,96
Ariège 1,27
Aube 2,26
Aude 2,23
Aveyron 1,02
Bouches-du-Rhône 1,22
Calvados 1,14
Cantal 0,98
Charente 1,99
Charente-Maritime 1,31
Cher 2,07
Corrèze 1,33
Côte-d'Or 1,08
Côtes-d'Armor 1,18
Creuse 2,13
Dordogne 1,58
Doubs 1,38
Drôme 1,26
Eure 1,50
Eure-et-Loir 1,18
Finistère 0,99
Corse-du-Sud 0,81
Haute-Corse 0,83
Gard 1,41
Haute-Garonne 0,99
Gers 1,69
Gironde 1,39
Hérault 1,07
Ille-et-Vilaine 0,75
Indre 2,42
Indre-et-Loire 1,50
Isère 0,89
Jura 1,77
Landes 1,93
Loir-et-Cher 1,77
Loire 1,13
Haute-Loire 1,15
Loire-Atlantique 1,07
Loiret 0,88
Lot 2,04
Lot-et-Garonne 1,59
Lozère 0,69
Maine-et-Loire 1,01
Manche 1,52
Marne 1,78
Haute-Marne 2,02
Mayenne 1,18
Meurthe-et-Moselle 1,52
Meuse 1,74
Morbihan 1,07
Moselle 1,30
Nièvre 3,15
Nord 2,25
Oise 1,37
Orne 2,06
Pas-de-Calais 2,73
Puy-de-Dôme 1,24
Pyrénées-Atlantiques 0,90
Hautes-Pyrénées 1,23
Pyrénées-Orientales 2,19
Bas-Rhin 1,27
Haut-Rhin 1,43
Rhône 0,69
Haute-Saône 2,59
Saône-et-Loire 1,48
Sarthe 1,55
Savoie 0,76
Haute-Savoie 0,75
Paris 0,48
Seine-Maritime 1,51
Seine-et-Marne 1,09
Yvelines 0,59
Deux-Sèvres 1,65
Somme 2,24
Tarn 1,70
Tarn-et-Garonne 1,71
Var 1,00
Vaucluse 0,99
Vendée 1,17
Vienne 1,50
Haute-Vienne 1,84
Vosges 2,45
Yonne 1,65
Territoire de Belfort 1,08
Essonne 0,96
Hauts-de-Seine 0,35
Seine-Saint-Denis 1,37
Val-de-Marne 0,89
Val-d'Oise 0,88
Guadeloupe 3,12
Martinique 3,85
Guyane 10,19
La Réunion 5,68
Mayotte 9,90
  • Champ : France
  • Source : Insee, statistiques de l'état civil

Figure 3a – Part des naissances précoces par département en 2018

  • Champ : France
  • Source : Insee, statistiques de l'état civil

Les naissances précoces sont rares pour les femmes nées au Maghreb

En 2018, à peine 150 jeunes femmes de moins de 20 ans nées en Algérie, au Maroc ou en Tunisie ont donné naissance à un enfant en France. Elles représentent alors 0,2 % des naissances de mères nées en Algérie, 0,2 % des naissances de mères nées en Tunisie et 0,3 % de celles nées au Maroc (figure 4). Les femmes nées en Chine ont la proportion de naissances précoces la plus faible (0,1 %).

À l’inverse, la proportion de naissances précoces est la plus importante chez les femmes nées en Roumanie (9,2 %). Cette proportion est également élevée chez les femmes nées aux Comores (6,4 % de naissances précoces) et celles nées en Haïti (2,4 %), populations fortement présentes dans les DOM. Les femmes nées en Afrique subsaharienne ont moins de maternités précoces lorsqu’elles sont nées au Sénégal (0,6 %) ou au Cameroun (1,2 %) qu’en Guinée (3,1 %), en Côte d’Ivoire (2,8 %), à Madagascar (1,7 %) ou en République démocratique du Congo (1,7 %). Ces différences renvoient à l’histoire des vagues d’immigration successives et à des spécificités culturelles. Par définition, les immigrées ne naissent pas en France, et elles y sont le plus souvent peu nombreuses avant 20 ans [Ouvrir dans un nouvel ongletAunay, 2017] : la part des naissances précoces parmi les immigrées est de ce fait faible. La part des naissances précoces observée selon le pays d’origine reflète ainsi en partie la proportion de la population des femmes de moins de 20 ans parmi les femmes originaires de ce pays résidant en France. Ainsi, au recensement de la population de 2016, moins de 4 % des femmes nées au Maghreb et résidant en France ont moins de 20 ans. Cette part est de 6 % pour celles nées en Turquie, 9 % pour celles nées au Sénégal et 8 % en Chine. En revanche, elle est de 17 % pour les femmes nées aux Comores et de 14 % pour celles nées en Roumanie et en Haïti. Les femmes de moins de 20 ans nées en France représentent 24 % de la population des femmes nées en France.

Figure 4 – Part des naissances précoces selon le pays de naissance de la mère en 2018

Figure 4 – Part des naissances précoces selon le pays de naissance de la mère en 2018
Part des naissances précoces (en %)
France 1,5
Espagne-Italie 2,7
Portugal 1,1
Roumanie 9,2
Autre pays européen 2,2
Algérie 0,2
Maroc 0,3
Tunisie 0,2
Sénégal 0,6
Côte d’Ivoire 2,8
Comores 6,4
Mali 1,5
Autres pays d’Afrique 1,6
Turquie 1,2
Chine 0,1
Autres pays d’Asie 0,8
Haïti 2,4
Autres pays 3,2
Ensemble 1,5
  • Champ : France.
  • Source : Insee, statistiques de l’état civil.

La quasi-totalité des naissances précoces a lieu hors mariage

96 % des naissances précoces ont lieu hors mariage, contre 60 % pour l’ensemble des naissances [Papon, 2018]. C’est une situation courante pour les mères nées en France (67 %), dans une majorité des pays d’Afrique subsaharienne (90 % pour les femmes nées aux Comores, 78 % pour celles nées en République démocratique du Congo, 73 % pour celles nées en Côte d’Ivoire, 66 % pour celles nées au Cameroun) ou nées sur le continent américain (64 %). Par contre, il s’agit d’un événement moins fréquent pour les mères nées en Algérie (11 %), au Maroc (10 %), en Tunisie (5 %), en Turquie (10 %) et en Chine (28 %).

La plus grande fréquence des naissances hors mariage parmi les mères précoces se traduit aussi dans le nom donné à l’enfant, qui a plus souvent seulement le nom de famille de sa mère. 30 % des enfants nés de mères précoces portent uniquement le nom de leur mère et 56 % portent uniquement le nom de leur père, contre respectivement 6 % et 82 % pour l’ensemble des enfants nés en 2018.

En Europe, les naissances précoces sont plus fréquentes à l’est et au Royaume-Uni

En moyenne, en 2017, dans l’ensemble de l’Union européenne (UE), 2,0 % des naissances concernent des mères de moins de 20 ans (figure 5). Cette situation est plus rare dans les pays du nord de l’Europe (Danemark, Pays-Bas, Suède, Finlande), ainsi qu’en Slovénie et en Italie, avec une part de naissances précoces inférieure à 1 %. En Allemagne, comme en France, 1,6 % des naissances sont précoces en 2017. Parmi les pays de l’ouest de l’Europe, seul le Royaume-Uni (2,3 %) dépasse la moyenne des pays de l’UE. Les « grossesses adolescentes » ont longtemps été une particularité des pays anglophones de par le monde mais celle-ci tend à disparaître [Ouvrir dans un nouvel ongletTomkinson, 2016]. Elle y est davantage le fait des milieux défavorisés et est la conséquence de plusieurs facteurs : premiers rapports sexuels non protégés, peu d’interruptions volontaires de grossesse (IVG), manque d’information sur la contraception. Ces grossesses sont parfois volontaires, certaines jeunes filles en échec scolaire voyant dans la maternité un statut social valorisant [Ouvrir dans un nouvel ongletPison, 2012]. Depuis la mise en place du programme Teenage Pregnancy Strategy en 1999, visant à diminuer les grossesses adolescentes, l’écart entre le Royaume-Uni et les autres pays d’Europe occidentale s’est réduit.

Quatre pays de l’est de l’Europe ont une proportion de naissances précoces importante : la Bulgarie (8,3 %), la Roumanie (8,3 %), la Slovaquie (5,1 %) et la Hongrie (4,8 %). Dans ces pays, le nombre important de grossesses adolescentes est attribué aux difficultés d’accès à la contraception. Dans nombre de pays d’Europe orientale, l’accès aux services de santé sexuelle et reproductive est soumis à autorisation parentale et a un coût discriminant pour une part non négligeable de la population [Ouvrir dans un nouvel ongletSedgh et al., 2015]. Le manque d’éducation sexuelle, les mariages précoces et des normes familiales différentes de celles de l’Europe occidentale contribuent également à expliquer le niveau élevé des naissances précoces [Ouvrir dans un nouvel ongletSedgh et al., 2015].

Figure 5 – Part des naissances précoces dans l’Union européenne en 2017

Figure 5 – Part des naissances précoces dans l’Union européenne en 2017
Part des naissances précoces (en %)
Bulgarie 8,3
Roumanie 8,3
Slovaquie 5,1
Hongrie 4,8
Malte 2,6
Lituanie 2,3
Royaume-Uni 2,3
Lettonie 2,3
Grèce 2,2
Croatie 2,1
Union européenne 2,0
Portugal 1,9
Pologne 1,8
Rép. tchèque 1,8
Estonie 1,6
Espagne 1,6
France 1,6
Allemagne 1,6
Chypre 1,4
Irlande 1,2
Autriche 1,2
Belgique 1,1
Italie 1,0
Finlande 0,9
Luxembourg 0,8
Suède 0,7
Slovénie 0,6
Pays-Bas 0,6
Danemark 0,5
  • Notes :
  • – le champ pour la France inclut Mayotte ;
  • – les données sont calculées ici en âge exact et non en âge atteint dans l’année ; elles sont donc différentes des figures précédentes.
  • Sources : Eurostat, Insee.

Figure 5 – Part des naissances précoces dans l’Union européenne en 2017

  • Notes :
  • – le champ pour la France inclut Mayotte ;
  • – les données sont calculées ici en âge exact et non en âge atteint dans l’année ; elles sont donc différentes des figures précédentes.
  • Sources : Eurostat, Insee.

Et les pères de moins de 20 ans ?

Les naissances de mères nées après 1998 sont peu fréquentes, celles de pères du même âge le sont encore davantage. En 2018, 2 600 naissances concernaient un père né après 1998, soit 0,3 % des naissances. Dans la plupart des cas (64 %), la mère est elle-même née après 1998.

La quasi-totalité (98 %) des enfants nés de pères précoces naissent hors mariage, bien que l’enfant ait été reconnu par le père dans 87 % des cas. Dix ans plus tôt, en 2008, les naissances de pères de moins de 20 ans étaient un peu plus nombreuses (3 800 naissances), mais ne représentaient que 0,5 % des naissances. Elles étaient alors, comme en 2018, quasiment intégralement des naissances hors mariage (99 %). En revanche, seulement 60 % des enfants étaient alors reconnus par leur père.

Comme pour les mères, les naissances issues de pères jeunes sont un peu plus fréquentes à Mayotte (1,5 %), en Guyane (1,0 %), à La Réunion (0,8 %) et dans les Hauts-de-France (0,6 %) et sont rares en Corse (0,1 %) et en Île-de-France (0,2 %). En revanche, au contraire des mères, elles sont peu fréquentes en Martinique (0,1 %) et en Guadeloupe (0,1 %).

La part de pères de moins de 20 ans est la plus élevée pour ceux qui sont nés en Roumanie (2,3 %) et en Serbie (1,9 %), alors qu’ils sont moins d’une trentaine en France à être nés en Algérie, Maroc, Tunisie, Turquie ou en Chine, pays où les naissances hors mariage sont les plus rares. Pour les hommes nés en Afrique subsaharienne, comme pour les femmes, le taux de naissances précoces est faible pour ceux nés au Sénégal (0,1 %), et plus élevé pour ceux nés en Guinée (1,2 %) et en Côte d’Ivoire (1,2 %). Les hommes nés au Cameroun ont un taux de naissances précoces quasiment identique aux femmes nées au Cameroun (1,1 %).

Sources

Les statistiques d’état civil sur les naissances sont issues d’une exploitation des informations transmises par les mairies à l’Insee. Le Code civil oblige en effet à déclarer tout événement relatif à l’état civil (naissances, mariages, décès, reconnaissances) à un officier d’état civil dans des délais prescrits. L’Insee s’assure de l’exhaustivité et de la qualité des données avant de produire les fichiers statistiques d’état civil.

Les informations sociodémographiques collectées dans les bulletins de naissance relatives aux parents concernent notamment leur date et lieu de naissance, leur commune de domicile, leur nationalité, ainsi que leur situation matrimoniale légale (célibataire, marié, veuf ou divorcé).

Définitions

Dans cette publication, l’âge est défini en différence de millésime, appelé âge atteint dans l’année. Il correspond à la différence entre l’année de naissance de l’enfant et l’année de naissance de sa mère (ou de son père dans l’encadré).

Les maternités (ou naissances) précoces sont définies dans cette publication comme les naissances de mères avant l’année de leurs 20 ans. Par exemple, pour les naissances de l’année 2018, il s’agit des naissances issues de mères nées après 1998.

Pour en savoir plus

Papon S., Beaumel C., « Bilan démographique 2018 - La fécondité baisse depuis quatre ans », Insee Première n° 1730, janvier 2019.

« Les naissances en 2018 », Insee Résultats, septembre 2019.

Papon S., « 770 000 bébés nés en France en 2017 : six sur dix sont nés hors mariage », Insee Focus n° 124, septembre 2018.

Tomkinson J., « Ouvrir dans un nouvel ongletLes naissances de mères de moins de 20 ans en recul en Angleterre : un rapprochement avec l’Europe ? », Population & Sociétés n° 536, septembre 2016.

Pison G., « Ouvrir dans un nouvel ongletLes maternités précoces en recul dans le monde », Population & Sociétés n° 490, juin 2012.

Rault W., Régnier-Loilier A., « Ouvrir dans un nouvel ongletLa première vie en couple : évolutions récentes », Population & Sociétés n° 521, avril 2015.

Costemalle V., « Parcours conjugaux et familiaux des hommes et des femmes selon les générations et les milieux sociaux », in Couples et Familles, coll. « Insee Références », édition 2015.

Sedgh G., Finer L., Bankole A., Eilers M., Singh S., « Ouvrir dans un nouvel ongletAdolescent Pregnancy, Birth, and Abortion Rates Across Countries: Levels and Recent Trends », in Journal of Adolescent Health 56, février 2015.

Aunay T., « Ouvrir dans un nouvel onglet45 ans d’immigration en France : plus de femmes, des origines plus variées », Infos Migrations n° 89, juillet 2017.