Insee Conjoncture Réunion ·
Juillet 2025 · n° 38
Bilan économique 2024 - La Réunion En 2024, la croissance économique marque le pas
En 2024, à La Réunion, le produit intérieur brut (PIB) ralentit nettement. Il augmente de 0,5 % en volume contre +1,7 % en 2023. De surcroît, la hausse du PIB est très inférieure à celle en France (+1,2 %).
La croissance réunionnaise est portée à parts égales par la consommation des ménages et les dépenses des administrations publiques. La consommation des ménages progresse modérément (+1,5 % en volume). En effet, dans le contexte d’une inflation toujours soutenue (+2,8 %) et supérieure au niveau national, le pouvoir d’achat individuel des ménages progresse peu (+1,2 %). Il augmente sous l’effet de la croissance du montant des prestations sociales versées aux ménages, et dans une moindre mesure des revenus d’activité. Sa hausse est cependant deux fois moindre qu’au niveau national (+2,3 %). L’épargne bancaire des Réunionnais augmente de 3,6 % en 2024, et les encours de crédits à la consommation croissent de 5 %.
L’emploi salarié continue d’augmenter en 2024 (+0,4 %), mais à un rythme nettement ralenti par rapport aux années précédentes. Si l’emploi salarié recule dans le secteur privé, il augmente néanmoins dans le secteur public. Les créations d’entreprises augmentent en 2024 sous l’effet de la création massive de sociétés en nom collectif (SNC) en lien avec un dispositif de défiscalisation. Sans ces dernières, le nombre total de créations serait stable en 2024. Comme depuis quatre ans, le taux de chômage au sens du Bureau international du travail (BIT) se maintient à 17 %.
En 2024, l’investissement chute, en lien notamment avec la baisse de la construction de logements. Le déficit commercial se creuse avec une hausse des importations et une baisse des exportations. L’activité touristique stagne. La production agricole recule sous l’effet d’une baisse de la production végétale : la production de canne chute, et celle de fruits et légumes diminue sensiblement suite au passage du cyclone Belal en début d’année.
Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2024 publiés par l'Insee.
Consommation-Revenus - Une hausse modérée du pouvoir d’achat et de la consommation, freinés par une inflation toujours soutenue Bilan économique 2024
Bryan Rakatomalala, Cédric Planchat (Insee)
En 2024, le revenu disponible de l’ensemble des ménages réunionnais progresse de 4,6 % en valeur après avoir augmenté de 5,9 % en 2023. Cette hausse est principalement portée par les prestations sociales (+6,3 % en 2024), notamment les pensions de retraite et les allocations chômage, et dans une moindre mesure par les revenus d’activité. En effet, si l’emploi salarié continue d’augmenter en 2024, sa croissance ralentit nettement. De fait, la progression de la masse salariale globale fléchit fortement (+3,4 % après +6 % en 2023). Ce ralentissement est surtout lié à celui du secteur privé, où l’emploi recule.
Toutefois, du fait d’une inflation toujours soutenue (+2,8 % en moyenne sur l’année), dépassant pour la première fois depuis dix ans le niveau national (+2 %), le pouvoir d’achat par habitant ne progresse que de 1,2 %. La progression est nettement moindre qu’au niveau national (+2,3 %).
La consommation des ménages en pâtit : elle croît modérément en 2024 (+1,5 % en volume) comme en 2023.
Illustrations
tableauFigure 1 – Évolution du revenu disponible brut des ménages entre 2023 et 2024 à La Réunion et en France
Territoire | Total | Par habitant | ||
---|---|---|---|---|
en valeur | en volume | en valeur | en volume | |
La Réunion (e) | 4,6 | 1,7 | 4,1 | 1,2 |
France | 4,8 | 2,6 | 4,5 | 2,3 |
- (e) : Estimation.
- Sources : Insee, Comptes nationaux et régionaux base 2020 ; Cerom, Comptes rapides.
tableauFigure 2 – Évolution du revenu disponible brut des ménages en volume par habitant à La Réunion et en France
Année | La Réunion | France |
---|---|---|
2000 | 2,4 | 3,2 |
2001 | 4,0 | 2,6 |
2002 | 5,4 | 2,5 |
2003 | 2,4 | 0,5 |
2004 | 2,0 | 1,4 |
2005 | 3,0 | 0,9 |
2006 | 2,5 | 2,5 |
2007 | 4,1 | 2,6 |
2008 | -5,5 | -0,1 |
2009 | 6,3 | 1,4 |
2010 | 1,7 | 1,0 |
2011 | -1,4 | -0,1 |
2012 | -0,1 | -0,7 |
2013 | -1,2 | -1,5 |
2014 | 3,1 | 0,8 |
2015 | 1,0 | 0,5 |
2016 | 2,5 | 1,1 |
2017 | 0,9 | 1,3 |
2018 | 1,6 | 0,5 |
2019 | 1,1 | 2,2 |
2020 | 3,3 | -0,1 |
2021 | 3,4 | 3,0 |
2022 (e) | 0,4 | 0,0 |
2023 (e) | 1,9 | 0,6 |
2024 (e) | 1,2 | 2,3 |
- (e) : Estimation.
- Sources : Insee, Comptes nationaux base 2020, Comptes régionaux base 2020 jusque 2021 puis estimations Cerom 2022-2024.
graphiqueFigure 2 – Évolution du revenu disponible brut des ménages en volume par habitant à La Réunion et en France

- (e) : Estimation.
- Sources : Insee, Comptes nationaux base 2020, Comptes régionaux base 2020 jusque 2021 puis estimations Cerom 2022-2024.
Définitions
Revenu dont disposent les ménages pour consommer ou investir, après opérations de redistribution. Il comprend l’ensemble des revenus d’activité (rémunérations salariales y compris cotisations légalement à la charge des employeurs, revenu mixte des non-salariés), des revenus de la propriété (intérêts, dividendes, revenus d’assurance-vie, etc.) et des revenus fonciers (y compris les revenus locatifs imputés aux ménages propriétaires du logement qu’ils occupent). On y ajoute principalement les prestations sociales en espèces reçues par les ménages et on en retranche les cotisations sociales et les impôts versés.
Une grandeur économique peut se mesurer de deux façons différentes : à prix courants, c’est-à-dire en valeur, ou à prix constants, c’est-à-dire en volume afin de mesurer des quantités.
Le pouvoir d'achat correspond au volume de biens et services qu’un revenu permet d’acheter. L’évolution du pouvoir d’achat des ménages est calculée en retranchant au taux de croissance du revenu disponible brut des ménages (comptabilité nationale) le taux de croissance du déflateur de la dépense de consommation finale en comptabilité nationale. Ce dernier diffère quelque peu du taux de croissance de l'indice des prix à la consommation (IPC), principalement parce que son champ est plus large que celui de l'IPC. Il couvre notamment la consommation de services de logement imputée aux ménages propriétaires du logement qu’ils occupent, les services d’intermédiation bancaires consommés par les ménages, la consommation de services d’assurance-vie. En outre, pour certains produits spécifiques comme l'assurance-dommages, la méthodologie suivie par les comptables nationaux diffère quelque peu de celle de l’IPC.
Pour en savoir plus
(1) Héam J-C., Quévat B., « Les comptes de la Nation en 2024 - Le PIB ralentit mais le pouvoir d’achat des ménages accélère », Insee Première no 2053, mai 2025.