En 2022, 725 997 bébés sont nés en France. Il s’agit du nombre de naissances le plus faible depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale (figure 1). En 2022, on compte 16 000 naissances de moins qu’en 2021 (soit -2,2 %). Cette baisse s’inscrit dans une tendance de plus long terme : depuis 2011, les naissances reculent chaque année, à l’exception de 2021 [Papon, 2023], et sont désormais inférieures de 12,8 % à celles de 2010. Le dernier creux des naissances remonte au début des années quatre-vingt-dix, dans un contexte de récession économique. Par rapport au pic des naissances de l’après-guerre, en 1971, les naissances sont en recul de 20,8 %.

La baisse des naissances en 2022 fait suite à un rebond en 2021, année affectée par les confinements et déconfinements dus à la crise sanitaire [Papon, 2022]. La baisse de 2022 est cependant d’ampleur plus forte que la hausse de 2021. Ainsi, le nombre de naissances de 2022 s’établit à un niveau inférieur de 9 000 naissances à celui de 2020.

Après deux années marquées par les conséquences de la crise sanitaire liée à l’épidémie de Covid‑19, les naissances tendent à retrouver en 2022 leur saisonnalité d’avant‑crise, notamment le pic de naissances en juillet (figure 2a).

Les naissances de janvier 2022, correspondant à des conceptions durant le troisième et dernier confinement d’avril 2021, ont été bien plus nombreuses que celles de janvier 2021, fortement affectées par le premier confinement du printemps 2020. Elles ne retrouvent pas pour autant les niveaux de janvier 2019 et janvier 2020. En février 2022, comme pour les précédentes sorties de confinement, un rebond, léger toutefois, a eu lieu. De mars à juin 2022, les naissances retrouvent leur niveau de 2020, lorsqu’elles n’étaient pas encore affectées par la pandémie, et sont assez proches de celles de 2021. À partir du mois de juillet, les naissances reculent en 2022 par rapport à 2021 (qui avait connu un rebond au second semestre). Au second semestre 2022, les naissances reculent de 6,2 % par rapport à 2021 et de 1,7 % par rapport à 2020. Cette baisse se poursuit au début de l’année 2023 : au premier semestre 2023, on compte 24 400 naissances de moins qu’en 2022 (figure 2b), soit une baisse de 6,8 %. En glissement annuel, le mois de juin 2023 est le 12^e mois consécutif de baisse. Mis à part les mois de janvier et février 2021, affectés par le confinement du printemps 2020 [Papon, 2021], les mois du début de l’année 2023 correspondent aux plus faibles nombres de naissances mensuels enregistrés depuis 1994, première année où les données mensuelles sur le champ de la France métropolitaine et des DOM sont disponibles.

Les naissances reculent plus que la moyenne pour les femmes âgées de 25 à 34 ans : entre 2021 et 2022, -2,7 % pour les mères âgées de 25 à 29 ans et -3,6 % pour celles âgées de 30 à 34 ans. La baisse est plus modérée pour les femmes de 35 à 39 ans (-1,4 %), et plus encore pour les plus jeunes (-0,8 % pour les femmes de moins de 20 ans et -0,3 % pour celles entre 20 et 24 ans). Le nombre de naissances de mères de 40 ans ou plus augmente quant à lui de 3,3 % entre 2021 et 2022 (figure 3a). Cette tranche d’âge est la seule pour laquelle les naissances sont plus nombreuses en 2022. Il s’agit d’une tendance de long terme.

Les naissances de mères âgées de 25 à 34 ans, âges auxquels le taux de fécondité est particulièrement élevé et qui concentrent donc la majorité des naissances, contribuent à hauteur de 93 % à la baisse globale des naissances en 2022 (figure 3b).

En 2022, les naissances baissent dans la quasi-totalité des régions de France (figure 4). Elles baissent davantage que la moyenne nationale dans six régions de France métropolitaine (-3,2 % dans le Grand Est, -3,1 % en Bretagne, -2,9 % en Auvergne‑Rhône‑Alpes, -2,6 % dans les Pays de la Loire, -2,5 % en Île-de-France et -2,4 % en Bourgogne‑Franche‑Comté) ainsi que dans trois DOM (-5,0 % en Guyane, -3,7 % en Martinique et -2,9 % en Guadeloupe, territoires où cependant le nombre de naissances est faible et l’évolution à prendre donc avec précaution).

Les naissances de 2022 présentent des caractéristiques globalement similaires aux années précédentes. Sur plus long terme, les évolutions sont plus marquées.

En 2022, les mères sont âgées en moyenne de 31,2 ans. Cet âge a continûment augmenté depuis la seconde moitié des années 1970, où il s’établissait au plus bas à 26,0 ans. En 2012, il était de 30,2 ans.

En 2022, 65 % des naissances ont lieu hors mariage (figure 5). Jusqu’à la fin des années 1970, cette part ne dépassait pas 10 % [Papon, 2018]. Il y a 10 ans, en 2012, elle était de 57 %. Autre tendance de long terme, il est de moins en moins systématique de donner à son enfant uniquement le nom du père, bien que ce choix reste très majoritaire : en 2022, 79 % des bébés portent, à leur naissance, le seul nom de leur père, contre 83 % en 2012.

Un peu plus des deux tiers (68 %) des nouveaux-nés ont des parents tous deux nés en France. Dix ans auparavant, c’était le cas de près des trois quarts des naissances (73 %).