Privations matérielles et sociales depuis 2013 Enquête SRCV - Insee Résultats

Chiffres détaillés
Insee Résultats
Paru le :Paru le03/02/2023
François Gleizes, Stéphane Legleye, Anne Pla (Insee).
Insee Résultats- Février 2023

Avertissement : Depuis la parution de l’Insee Résultats publié le 12 juillet 2022 « Privations matérielles et sociales depuis 2013 », les pondérations de l’enquête SRCV ont été modifiées pour les années 2020 et 2021 suite à des travaux méthodologiques. Les données de privation matérielle et sociale ont été impactées par cette modification et sont ainsi actualisées pour les années 2020 et 2021 dans cette nouvelle publication.

Cet Insee Résultats explore la privation matérielle et sociale déclarée dans l'enquête Statistiques sur les Ressources et les Conditions de Vie (SRCV). L'indicateur européen de privation matérielle et sociale mesure la part de la population se trouvant dans l’incapacité de couvrir les dépenses liées à au moins cinq éléments de la vie courante sur les 13 considérés comme souhaitables, voire nécessaires, pour avoir un niveau de vie acceptable. Il est décliné selon l'âge, le sexe, le niveau de vie du ménage, la composition de la famille, le diplôme, la catégorie socioprofessionnelle, la situation vis-à-vis de l'emploi, la taille de l'unité urbaine de la commune de résidence et la limitation dans les activités courantes.
Deux séries de tableaux sont mis à la disposition selon le champ considéré. Une première série de tableaux présente l’indicateur de privation matérielle et sociale calculé sur l’ensemble de la population. Cette série est complétée par les données relatives aux sept privations mesurées au niveau du ménage ; celles relatives aux six privations individuelles ne sont pas disponibles sur ce champ. La seconde série détaille la privation matérielle et sociale et l’ensemble des 13 items calculés sur la population des 16 ans ou plus.

Satisfaction et privation matérielle et sociale en 2021 Après un an de pandémie, davantage d’insatisfaction mais des budgets moins contraints

François Gleizes, Stéphane Legleye, Anne Pla (Insee).

En France métropolitaine, la crise sanitaire liée à la Covid-19 qui a débuté en mars 2020 est encore très présente en 2021. Les changements de mode de vie et l’anxiété liée à la pandémie ont entraîné une chute de la satisfaction générale dans la vie sans précédent. Son niveau moyen s’établit à 6,8 sur 10 au début de l’année 2021, contre 7,3 en 2019 et 7,2 en 2020 (mesuré essentiellement avant le premier confinement). C’est le plus bas niveau déclaré depuis que la satisfaction dans la vie est mesurée, soit depuis 2010. Dans le même temps, les contraintes sur les activités sociales payantes du fait de la crise sanitaire ont réduit les privations : 10,9 % des personnes sont pauvres au sens non monétaire, selon l’indicateur européen de privation matérielle et sociale, contre 13,1 % en 2019 et en 2020. Ce recul des privations s’explique plus par l’impossibilité de pouvoir participer à des activités que par une diminution effective des difficultés financières.

Insee Focus

No 261

Paru le :18/02/2022

Avertissement : depuis la parution le 18 février 2022 de cet Insee Focus, les pondérations de l’enquête SRCV ont été modifiées pour les années 2020 et 2021 suite à des travaux méthodologiques. Des résultats actualisés avec les pondérations modifiées sont disponibles dans l’Insee résultats Privations matérielles et sociales depuis 2013 publié le 03/02/23.

Avertissement : les résultats 2020 sont issus de l’enquête annuelle Statistiques sur les ressources et les conditions de vie (SRCV) réalisée de février à avril 2020. Les restrictions liées à la pandémie de Covid-19 n’ont pas eu d’effet visible dans l’enquête de 2020, plus des trois quarts des enquêtés ayant été interrogés avant le premier confinement. Les effets de la crise sanitaire sont captés par l’enquête réalisée début 2021.

La satisfaction générale dans la vie à son plus bas niveau début 2021

Les restrictions sanitaires et économiques ont affecté le moral des Français. Les changements de mode de vie ainsi que l’anxiété liée à la pandémie ont entraîné une chute de la . En 2021, les personnes de 16 ans ou plus résidant en France métropolitaine attribuent une note moyenne de 6,8 sur 10 à la vie qu’elles mènent actuellement, soit le niveau le plus bas depuis 2010 (figure 1). Jusque-là, le niveau moyen de satisfaction oscillait entre 7,1 et 7,5 selon les années. Cette forte baisse se ressent à tous les âges et dans toutes les catégories sociales (figure 2).

Figure 1 - Privation matérielle et sociale et satisfaction dans la vie

Figure 1 - Privation matérielle et sociale et satisfaction dans la vie - Lecture : en 2021, 10,9 % de la population est en situation de privation matérielle et sociale contre 13,1 % en 2020.
Taux de privation matérielle et sociale
(en %)
Satisfaction dans la vie en général
(note sur 10)
2010 nd 7,3
2011 nd 7,3
2012 nd 7,5
2013 12,4 7,1
2014 13,7 7,1
2015 12,5 7,2
2016 12,7 7,2
2017 12,2 7,2
2018 12,6 7,3
2019 13,1 7,3
2020p 13,1 7,2
2021p 10,9 6,8
  • p : données provisoires.
  • nd : non disponible.
  • Lecture : en 2021, 10,9 % de la population est en situation de privation matérielle et sociale contre 13,1 % en 2020.
  • Champs : France métropolitaine, personnes vivant en logement ordinaire, de 16 ans ou plus pour le niveau de satisfaction, ensemble pour la privation matérielle et sociale.
  • Source : Insee, enquêtes SRCV 2010 à 2021.

Figure 1 - Privation matérielle et sociale et satisfaction dans la vie

  • p : données provisoires.
  • Lecture : en 2021, 10,9 % de la population est en situation de privation matérielle et sociale, contre 13,1 % en 2020.
  • Champs : France métropolitaine, personnes vivant en logement ordinaire, de 16 ans ou plus pour le niveau de satisfaction, ensemble pour la privation matérielle et sociale.
  • Source : Insee, enquêtes SRCV 2010 à 2021.

Figure 2 - Satisfaction dans la vie selon l’âge

sur 10
Figure 2 - Satisfaction dans la vie selon l’âge (sur 10) - Lecture : en 2021, les personnes de 16 à 29 ans attribuent une note moyenne de 7,2 à la vie qu’elles mènent actuellement.
2019 2020p 2021p
16-29 ans 7,7 7,6 7,2
30-44 ans 7,5 7,4 7,0
45-59 ans 7,2 7,0 6,7
60-74 ans 7,3 7,2 6,7
75 ans ou plus 6,9 7,0 6,6
  • p : données provisoires.
  • Lecture : en 2021, les personnes de 16 à 29 ans attribuent une note moyenne de 7,2 à la vie qu’elles mènent actuellement.
  • Champ : France métropolitaine, personnes vivant en logement ordinaire, de 16 ans ou plus.
  • Source : Insee, enquêtes SRCV 2019 à 2021.

Figure 2 - Satisfaction dans la vie selon l’âge

  • p : données provisoires.
  • Lecture : en 2021, les personnes de 16 à 29 ans attribuent une note moyenne de 7,2 à la vie qu’elles mènent actuellement.
  • Champ : France métropolitaine, personnes vivant en logement ordinaire, de 16 ans ou plus.
  • Source : Insee, enquêtes SRCV 2019 à 2021.

La satisfaction dans la vie des personnes dépend fortement du nombre de privations déclarées : elle diminue au fur et à mesure que ce nombre augmente. En 2020, le niveau moyen de satisfaction passe ainsi de 7,7 pour les personnes déclarant zéro privation à 5,0 pour celles déclarant sept privations ou plus (figure 3).

Entre 2020 et 2021, la satisfaction dans la vie en général a diminué quel que soit le nombre de privations déclarées, mais la baisse est moindre pour les personnes en situation de que pour les autres. Elles sont vraisemblablement moins touchées par les restrictions liées à la crise sanitaire dans les activités de loisirs et les sorties culturelles ou au restaurant, car elles en avaient une consommation plus réduite.

Figure 3a - Satisfaction dans la vie selon le nombre de privations déclarées

sur 10
Figure 3a - Satisfaction dans la vie selon le nombre de privations déclarées (sur 10) - Lecture : en 2021, les personnes n’ayant pas déclaré de privation pour raisons financières ont attribué en moyenne une note de 7,2 à la vie qu’elles mènent actuellement.
2019 2020p 2021p
0 7,7 7,7 7,2
1 7,3 7,2 6,8
2 7,1 7,0 6,7
3 6,9 6,6 6,4
4 6,5 6,4 6,2
5 6,6 6,2 5,9
6 6,3 5,8 5,5
7 ou plus 5,4 5,0 4,8
  • p : données provisoires.
  • Lecture : en 2021, les personnes n’ayant pas déclaré de privation pour raisons financières ont attribué en moyenne une note de 7,2 à la vie qu’elles mènent actuellement.
  • Champ : France métropolitaine, personnes vivant en logement ordinaire, de 16 ans ou plus.
  • Source : Insee, enquêtes SRCV 2019 à 2021.

Figure 3a - Satisfaction dans la vie selon le nombre de privations déclarées

  • p : données provisoires.
  • Lecture : en 2021, les personnes n’ayant pas déclaré de privation pour raisons financières ont attribué en moyenne une note de 7,2 à la vie qu’elles mènent actuellement.
  • Champ : France métropolitaine, personnes vivant en logement ordinaire, de 16 ans ou plus.
  • Source : Insee, enquêtes SRCV 2019 à 2021.

Une personne sur dix est en situation de privation matérielle et sociale en 2021

En 2021, 10,9 % des personnes vivant en France métropolitaine sont pauvres en conditions de vie selon l’indicateur européen de privation matérielle et sociale (figure 1). Celui-ci est fondé sur la mesure des conséquences de la faiblesse des revenus : privations, impossibilité d’acquérir ou de consommer certains biens ou de participer à certaines activités sociales ou de loisirs. Après 13,1 % en 2020, ce taux, observé entre février et avril chaque année, baisse nettement en un an. Entre 2013 et 2020, la part des personnes en situation de privation matérielle et sociale a oscillé entre 12,2 % et 13,1 %.

Les confinements et les restrictions d’activités sociales mis en place pour contenir la propagation de l’épidémie de Covid-19 ont affecté les modes de vie et de consommation des Français. Qu’elles soient volontaires ou contraintes par la loi, les restrictions de déplacements et d’activités sportives, celles liées aux sorties culturelles, de loisirs ou de sociabilité, les fermetures de commerces et services, ont limité les possibilités de consommer et donc allégé les dépenses des ménages. Au niveau macro-économique, la consommation a ainsi connu une chute historique en 2020 et l’épargne des ménages a fortement augmenté [Martin, 2021]. L’analyse des données de transactions bancaires d’un échantillon de ménages a aussi montré un impact de la crise sanitaire bien plus marqué sur la consommation et l’épargne que sur les revenus, affectés de manière limitée et temporaire en 2020 [Bonnet et al. 2021]. Ainsi, la proportion de personnes en situation de privation matérielle et sociale a nettement baissé entre début 2020 et début 2021 alors même que le pouvoir d’achat des ménages est resté stable en 2020 [Buresi, Cornuet, 2021].

La participation aux activités sociales chute du fait des contraintes sanitaires

Le 17 mars 2020, la pandémie de Covid-19 amène à la mise en œuvre d’un premier confinement sur le territoire métropolitain jusqu’en mai, suivi d’un second à l’automne. La situation particulière imposée par les restrictions sanitaires en début d’année 2021 entraîne l’annulation de nombre de sorties, d’activités sociales et de loisirs, ainsi que de vacances. En effet, un couvre-feu est mis en place de 18 h à 6 h le matin sur tout le territoire métropolitain à partir du 16 janvier et des mesures renforcées sont instaurées sur une partie du territoire fin mars, avec la fermeture des commerces dits non essentiels. L’allègement des mesures et les réouvertures n’interviennent que début mai 2021. La période de collecte de l’enquête a donc coïncidé en 2021 avec une période marquée par de fortes restrictions dues à la crise sanitaire : la non-participation à des activités de loisirs payantes pour des raisons autres que financières explose (64,2 % en 2021, contre 32,2 % en 2020) (figure 4). À l’inverse, les personnes déclarent moins souvent se priver de ces activités pour des raisons financières (11,1 % en 2021, contre 14,1 % en 2020). Or, le motif financier conditionne la prise en compte dans l’indicateur de privation matérielle et sociale. Dans le même temps, la moindre participation à des activités payantes a relâché les contraintes sur d’autres dépenses : les privations pour raisons financières diminuent dans des domaines qui ne sont a priori pas touchés directement par les restrictions sanitaires (remplacement de meubles usagés, consommation de viande ou de poisson, faire face à une dépense non prévue d’environ 1 000 euros) (figure 5). Cette situation se vérifie dans tous les domaines de consommation, à l’exception des difficultés de paiement, dont la fréquence augmente très légèrement.

Figure 4 - Motifs de privation de certaines activités

en %
Figure 4 - Motifs de privation de certaines activités (en %) - Lecture : en 2021, 11,1 % des personnes de 16 ans ou plus n’ont pas pratiqué d’activités de loisirs payantes pour raisons financières et 64,2 % pour d’autres raisons. Ce chiffre n’était que de 30,1 % en 2019, avant la pandémie.
2018 2019 2020p 2021p
Pratique d’une activité de loisirs payante
Non, pour raisons financières 12,6 13,8 14,1 11,1
Non, pour autres raisons 30,0 30,1 32,2 64,2
Se retrouver autour d’un verre ou d’un repas entre amis
Non, pour raisons financières 5,3 6,1 6,6 4,7
Non, pour autres raisons 5,6 6,4 9,7 35,6
  • p : données provisoires.
  • Lecture : en 2021, 11,1 % des personnes de 16 ans ou plus n’ont pas pratiqué d’activités de loisirs payantes pour raisons financières et 64,2 % pour d’autres raisons. Ce chiffre n’était que de 30,1 % en 2019, avant la pandémie.
  • Champ : France métropolitaine, personnes vivant en logement ordinaire, de 16 ans ou plus.
  • Source : Insee, enquêtes SRCV 2018 à 2021.

Figure 5 - Privations déclarées selon leur nature

en %
Figure 5 - Privations déclarées selon leur nature (en %) - Lecture : en 2021, 21,5 % de la population déclare ne pas pouvoir remplacer ses meubles pour des raisons financières.
2014 2016 2018 2019 2020p 2021p
Proportion de personnes qui déclarent ne pas pouvoir, pour des raisons financières,
Faire face à une dépense non prévue de 1 000 euros 33,3 31,9 31,4 30,7 30,6 27,4
Remplacer des meubles 25,7 23,8 22,4 22,9 24,1 21,5
Partir une semaine en vacances 24,9 23,3 22,6 22,3 22,0 20,5
Pratiquer des loisirs payants 15,8 14,6 14,3 15,6 16,2 12,4
Dépenser une petite somme librement 17,1 16,5 16,1 16,5 14,3 12,1
S’acheter des vêtements neufs 9,9 9,3 9,3 9,8 9,4 9,1
Manger de la viande ou du poisson tous les deux jours 7,2 7,4 7,0 7,6 7,1 6,2
Chauffer suffisamment leur logement 5,9 5,1 5,0 6,2 6,5 6,0
Se retrouver autour d’un verre ou d’un repas entre amis 6,7 5,9 5,7 6,6 7,1 4,9
Disposer de deux paires de chaussures 6,2 5,7 5,5 5,7 4,1 3,8
Disposer d’une voiture 3,0 2,6 3,4 3,4 3,6 3,2
Avoir Internet 2,6 2,0 1,8 1,8 1,7 1,3
Proportion de personnes qui déclarent faire face
À des difficultés de paiement 9,8 8,8 9,3 8,6 9,1 9,5
  • p : données provisoires.
  • Lecture : en 2021, 21,5 % de la population déclare ne pas pouvoir remplacer ses meubles pour des raisons financières.
  • Champ : France métropolitaine, personnes vivant en logement ordinaire.
  • Source : Insee, enquêtes SRCV 2014 à 2021.

En 2021, moins de personnes en situation de privation matérielle et sociale à tous les âges

La part des personnes en situation de privation matérielle et sociale diminue en 2021, quel que soit l’âge et le type de ménage (figure 6). La part des personnes de 75 ans ou plus en situation de privation matérielle commence à baisser fortement dès 2020, chutant de 11,2 % à 7,8 % entre 2019 et 2020 pour atteindre 7,1 % en 2021. Les jeunes sont, quant à eux, plus nombreux en situation de privation en 2020 : le taux de privation matérielle et sociale des 16-29 ans, jeunes actifs ou étudiants, augmente fortement en 2020, 15,0 % contre 11,5 % en 2019, avant de retrouver en 2021 un niveau comparable à celui de 2019 (12,1 %).

Quel que soit le niveau de diplôme, la situation sur le marché du travail, la catégorie sociale, le type de ménage ou même l’état de santé (sauf pour les personnes en très mauvaise santé), la part des personnes en situation de privation matérielle ou sociale diminue en 2021.

Figure 6a - Privation matérielle et sociale selon l’âge

en %
Figure 6a - Privation matérielle et sociale selon l’âge (en %) - Lecture : en 2021, 12,3 % des enfants de moins de 16 ans vivent en situation de privation matérielle et sociale.
2019 2020p 2021p
Moins de 16 ans 16,4 17,0 12,3
16-29 ans 11,5 15,0 12,1
30-44 ans 12,5 12,3 9,9
45-59 ans 14,4 14,1 12,6
60-74 ans 11,3 10,6 10,1
75 ans ou plus 11,2 7,8 7,1
  • p : données provisoires.
  • Lecture : en 2021, 12,3 % des enfants de moins de 16 ans vivent en situation de privation matérielle et sociale.
  • Champ : France métropolitaine, personnes vivant en logement ordinaire.
  • Source : Insee, enquêtes SRCV 2019 à 2021.

Figure 6a - Privation matérielle et sociale selon l’âge

  • p : données provisoires.
  • Lecture : en 2021, 12,3 % des enfants de moins de 16 ans vivent en situation de privation matérielle et sociale.
  • Champ : France métropolitaine, personnes vivant en logement ordinaire.
  • Source : Insee, enquêtes SRCV 2019 à 2021.

Deux fois moins de personnes entrent en situation de privation matérielle et sociale en 2021 que les années précédentes

Le moindre taux de privation matérielle et sociale en 2021 joue aussi sur les entrées et sorties de ces situations. Ainsi, 45 % des personnes en situation de privation matérielle et sociale en 2019 et interrogées à la fois en 2019 et en 2021, ne le sont plus deux ans plus tard (sources). Ce taux est un peu plus élevé que ceux habituellement observés : seules 32 % des personnes en situation de privation matérielle et sociale en 2016 en étaient sorties en 2018 ; entre 2017 et 2019, le mouvement était d’ampleur identique. Inversement, 3 % des personnes interrogées en 2019 n’étaient pas alors en situation de privation matérielle et sociale et le sont devenues en 2021 alors que sur les années précédentes, la proportion était près du double (6 % en 2016 et 5 % en 2017).

Sources

L’enquête Statistiques sur les ressources et les conditions de vie (SRCV) est la version française de l’enquête européenne European Union – Statistics on Income and Living Conditions (EU-Silc). Chaque année depuis 2004, environ 12 000 ménages ordinaires résidant en France métropolitaine sont interrogés : les personnes résidant en communautés (établissements pour personnes âgées ; foyers de travailleurs, etc.) et les personnes sans abri ou en habitations mobiles ne sont pas concernées. Depuis 2020, les ménages sont interrogés quatre années de suite et non plus neuf ans. Les questions relatives aux privations concernent les douze derniers mois précédant l’interrogation pour les retards et difficultés de paiement mais des périodes indéfinies et a priori plus étendues pour les privations prenant sens avec la répétition (impossibilité de se payer une semaine de vacances payantes par an, par exemple).

Dans l' Insee Analyses n° 71 Bien-être et territoires, le niveau de satisfaction générale dans la vie est évalué à 7,4 en 2019. Il a été calculé avec une pondération spécifique pour tenir compte de la non-réponse partielle au module « Satisfaction » du questionnaire individuel. Dans la présente étude, la pondération usuelle de l’enquête SRCV est utilisée. Le niveau de satisfaction générale dans la vie ainsi calculé atteint 7,3 en 2019.

Définitions

La satisfaction dans la vie, évaluée sur une échelle de 0 « pas du tout satisfait » à 10 « entièrement satisfait », permet de mesurer le bien-être subjectif des personnes.

L’indicateur de privation matérielle et sociale de l’Union européenne est défini comme la part de personnes vivant en logement ordinaire ne pouvant pas couvrir les dépenses liées à au moins cinq éléments de la vie courante sur treize considérés comme souhaitables, voire nécessaires, pour avoir un niveau de vie acceptable.

Pour en savoir plus

Sources

L'enquête statistique sur les ressources et conditions de vie (dispositif SRCV) porte sur les revenus, la situation financière et les conditions de vie des ménages. Cette enquête est la partie française du sys-tème communautaire EU-Silc (European Union-Statistics on Income and Living Conditions). Elle sert de référence pour les comparaisons de taux de pauvreté et de distributions des revenus entre États membres de l'Union Européenne et pour les actions communautaires de lutte contre l'exclusion.
La mesure de la privation matérielle et sociale complète l'appréhension des phénomènes de pauvreté monétaire et d'exclusion. Elle vise à repérer les privations subies, dans une liste qui rassemble les élé-ments constitutifs d'un bien-être matériel standard, c'est-à-dire largement diffusés dans la population.
Cette publication présente la mesure annuelle des difficultés en conditions de vie et privations des per-sonnes de France métropolitaine depuis 2013. Les difficultés présentées sont les 13 composantes rete-nues dans le calcul de l'indicateur européen de privation matérielle et sociale.
Une présentation générale de l'enquête SRCV est accessible dans la rubrique « Définitions, Méthodes et Qualité » du site insee.fr.

L’enquête SRCV a fait l’objet d’une refonte : la durée du panel est passée de 9 ans à 4 ans et les traitements statistiques (pondérations et imputations) ont été revus. Cette refonte génère une rupture de série entre 2019 et 2020, qui impacte légèrement à la hausse le taux de la privation matérielle et sociale.

Définitions

Pauvreté non monétaire

Ce concept peut désigner trois indicateurs distincts : l'indicateur français qui existe depuis 2004, l'indi-cateur européen de privation matérielle, existant depuis 2007, et le nouvel indicateur européen de privation matérielle et sociale, utilisé dans cet Insee Résultat, mis en place en 2017 et calculable depuis 2013.

Privation matérielle et sociale

Cet indicateur européen se base sur une liste d'éléments de la vie courante recensant à la fois des res-trictions de consommation dues à l’insuffisance de ressources mais aussi des limitations apparentées à des aspects plus sociaux et relationnels de l’existence, tels que l’accès à des loisirs ou la possibilité de recevoir ou de retrouver à l’extérieur des amis ou de la famille pour dîner. Il mesure la part de la population qui n'a pas accès à au moins 5 éléments sur les 13 mesurés. Il est calculé au niveau individuel et non au niveau ménage. Un calcul spécifique est réalisé pour les jeunes de moins de 16 ans pour qui seules les privations mesurées au niveau du ménage sont disponibles puisqu’ils ne répondent pas au ques-tionnaire individuel. Ce sont les privations individuelles des adultes du ménage qui leur sont attribuées.
Les éléments de la vie courante pris en compte dans cet indicateur sont :

  • au niveau individuel
    • ne pas pouvoir s’acheter de vêtements neufs pour des raisons financières
    • ne pas posséder deux paires de chaussures pour des raisons financières
    • ne pas pouvoir se réunir avec des amis ou de la famille autour d’un verre ou d’un repas au moins une fois par mois pour des raisons financières
    • ne pas pouvoir dépenser une petite somme pour soi-même sans avoir à consulter les autres membres du ménage
    • ne pas pouvoir avoir une activité de loisirs régulière par manque de moyens financiers
    • ne pas avoir accès à Internet pour un usage privé par manque de moyens financiers.
  • au niveau du ménage
    • avoir des arriérés de traites d’achats à crédit, loyers, emprunts ou factures d’eau / gaz / électricité / téléphone
    • ne pas pouvoir faire face à des dépenses imprévues d’un montant d’environ 1 000 euros
    • ne pas pouvoir maintenir le logement à bonne température pour des raisons financières
    • ne pas pouvoir se payer une semaine de vacances dans l’année hors du domicile
    • être dans l’incapacité de remplacer des meubles abîmés pour des raisons financières
    • ne pas pouvoir manger de la viande, du poulet ou du poisson (ou équivalent végétarien) tous les deux jours pour des raisons financières
    • ne pas pouvoir se payer une voiture personnelle

Pauvreté en conditions de vie

Cet indicateur était jusque-là l’indicateur utilisé en France pour mesurer la pauvreté non-monétaire. Un ménage est considéré comme pauvre en conditions de vie s'il subit au moins 8 privations parmi une liste de 27 possibles regroupées en 4 dimensions : insuffisance de ressources, retards de paiement, restrictions de consommation et difficultés de logement. Chacun des 27 indicateurs correspond à la privation d'un élément de bien-être standard largement diffusé dans la population française.
Il a pu être calculé à partir de l’enquête SRCV 2019 (voir Insee Résultats Pauvreté en Conditions de vie) mais dès 2020, certains de ses items sortant du questionnaire, il ne sera plus disponible.

Formulation des questions sur les privations matérielles et sociales prises en compte dans l’indicateur européen à 13 items

Questions posées au niveau individuel, aux personnes âgées de 16 ans ou plus :

Possession de deux paires de chaussures

  • « Possédez-vous deux paires de bonnes chaussures ? »
    Une notification est présente : « Chaussures à votre pointure et en bon état, dont au moins une pour la pluie et le froid »
    • 1. Oui
    • 2. Non, parce que vous n’en avez pas les moyens
    • 3. Non, pour d’autres raisons.

Achat de vêtements neufs

  • « Lorsque vos vêtements sont usés, pouvez-vous acheter des vêtements neufs (et non pas d'occasion) ? »
    • 1. Oui
    • 2. Non, parce que vous n’en avez pas les moyens
    • 3. Non, pour d’autres raisons.

Difficulté à faire des petites dépenses chaque semaine

  • « Pouvez-vous, chaque semaine, dépenser une petite somme d’argent pour vous-même comme par exemple aller au cinéma, chez le coiffeur, acheter un cadeau à un ami,etc. (sans avoir à consulter les autres membres du ménage) ? »
    • 1. Oui
    • 2. Non, parce que vous n’en avez pas les moyens
    • 3. Non, pour d’autres raisons.

Réception des parents ou d’amis

  • « Vous retrouvez-vous avec de la famille ou des amis autour d’un verre ou d’un repas au moins une fois par mois ? »
    • 1. Oui
    • 2. Non, parce que vous n’en avez pas les moyens
    • 3. Non, pour d’autres raisons.

Activité de loisir payante

  • « Avez-vous régulièrement une activité de loisir payante, comme faire du sport, aller au cinéma, à un concert, etc. ? »
    • 1. Oui
    • 2. Non, parce que vous n’en avez pas les moyens
    • 3. Non, pour d’autres raisons.
      Une notification est présente : « L’activité doit être pratiquée en dehors du domicile »

Accès à Internet à domicile

  • « Disposez-vous d’un accès à Internet à domicile pour votre usage privé ? »
    • 1. Oui
    • 2. Non, parce que vous n’en avez pas les moyens
    • 3. Non, pour d’autres raisons.

Questions posées au niveau du ménage :

Paiement d’une semaine de vacances dans l’année

  • « Les moyens financiers de votre ménage vous permettent-ils (ou vous permettraient-ils si vous en éprouviez le besoin, si vous n'étiez pas contraint par ailleurs) de vous payer une semaine de vacances en dehors de chez vous une fois par an, y compris les séjours en résidence secondaire, dans la famille ou chez des amis ? »

Capacité à remplacer des meubles abîmés

  • « Les moyens financiers de votre ménage vous permettent-ils (ou permettraient-ils si vous en éprouviez le besoin, si vous n'étiez pas contraint par ailleurs) de remplacer des meubles hors d'usage ? »
    Le terme « meuble » englobe même une simple chaise.
  • Depuis 2020, la formulation de la question est : « Les moyens financiers de votre ménage vous permettent-ils de remplacer des meubles hors d'usage (lit, canapé, commode, armoire) ?  »

Maintien du logement à bonne température

  • « Les moyens financiers de votre ménage vous permettent-ils (ou permettraient-ils si vous en éprouviez le besoin, si vous n'étiez pas contraint par ailleurs) de maintenir votre logement à bonne température ? »

Possession d’une voiture personnelle

  • « Votre ménage dispose-t-il d’une ou plusieurs voitures à usage privé ? »
  • Si la réponse est négative : « Est-ce par manque de moyens financiers ? »

Manger de la viande ou du poisson tous les deux jours

  • « Les moyens financiers de votre ménage vous permettent-ils (ou permettraient-ils si vous en éprouviez le besoin, si vous n'étiez pas contraint par ailleurs) de manger de la viande, du poulet ou du poisson (ou l'équivalent végétarien) tous les deux jours ? »

Difficulté à faire face à des dépenses imprévues

  • « Les moyens financiers de votre ménage vous permettent-ils (ou permettraient-ils si vous en éprouviez le besoin, si vous n'étiez pas contraint par ailleurs) de faire face par vos propres moyens à une dépense nécessaire non prévue d’un montant de 1 020 € ? »
    Depuis 2017, une notification est présente : « Répondre « non » si le ménage est obligé de faire un emprunt »
    Remarque : le montant change chaque année, il est à titre indicatif et est proche du seuil de pauvreté monétaire en France.

Avoir des arriérés de traites d’achats à crédit, de mensualités d’emprunts, de loyer ou de factures

  • Cette privation est une synthèse de quatre questions.
    Si le ménage répond « oui, au moins une fois » à au moins une des questions suivantes, il est considéré en difficulté de paiement.

Achats : traites à crédit impayés au moins une fois dans l’année

  • « Au cours de ces 12 derniers mois, votre ménage a-t-il été, à cause de problèmes d'argent, dans l'impossibilité de payer à temps des traites d’achats ou de tout autre prêt ? »
    • 1. Oui, une fois
    • 2. Oui, au moins deux fois
    • 3. Non
    • 4. Sans objet

Factures d’électricité, de gaz, d’eau ou de téléphone impayées au moins une fois dans l’année

  • « Au cours de ces 12 derniers mois, votre ménage a-t-il été, à cause de problèmes d'argent, dans l'impossibilité de payer à temps des factures d'électricité, de gaz, d'eau ou de téléphone ? »
    • 1. Oui, une fois
    • 2. Oui, au moins deux fois
    • 3. Non
    • 4. Sans objet

Si le ménage est locataire ou sous-locataire de sa résidence principale
Loyers et charges impayés au moins une fois dans l’année

  • « Au cours de ces 12 derniers mois, votre ménage a-t-il été, à cause de problèmes d'argent, dans l'impossibilité de payer à temps des loyers liés à votre résidence principale ? »
    • 1. Oui, une fois
    • 2. Oui, au moins deux fois
    • 3. Non
    • 4. Sans objet (ne paie pas de loyers)

Si le ménage est propriétaire de sa résidence principale
Logement : traites d’emprunt impayées au moins une fois dans l’année

  • « Au cours de ces 12 derniers mois, votre ménage a-t-il été, à cause de problèmes d'argent, dans l'impossibilité de payer à temps des traites d’emprunts liés à votre résidence principale ? »
    • 1. Oui, une fois
    • 2. Oui, au moins deux fois
    • 3. Non
    • 4. Sans objet (n’avait pas de traites d’emprunts à rembourser au cours des 12 derniers mois)