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Insee Conjoncture Grand Est · Juillet 2021 · n° 27
Insee Conjoncture Grand EstBilan économique 2020 - Grand Est

En 2020, dans le Grand Est comme ailleurs en France et dans les pays voisins, le ralentissement économique est d’ampleur inédite en raison des mesures prises pour endiguer la crise sanitaire comme les confinements, les restrictions aux déplacements, les couvre-feux, les fermetures de commerces et équipements, le télétravail... Le secteur de l’hébergement-restauration est particulièrement concerné par les restrictions, ainsi que le transport aérien de passagers. La chute d’activité pèse fortement sur l’emploi, mais son effet est atténué par le dispositif d’activité partielle. Les dix départements de la région sont tous fortement affectés par la crise, mais à des degrés divers. Le Haut-Rhin est celui où le repli de l’activité est la plus forte, tandis que la Haute-Marne est le département qui perd le plus d’emplois, notamment dans l’industrie et le commerce.

En début d’année 2021, les conséquences des restrictions sont moins sévères et l’activité économique se redresse sensiblement.

Insee Conjoncture Grand Est
No 27
Paru le :Paru le08/07/2021

Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2020 publiés par l'Insee.
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Agriculture - La météo et la pandémie déstabilisent les productions agricoles Bilan économique 2020

Geneviève Boude, Rémi Courbou, Philippe Wattelier (Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt Grand Est)

En 2020, la sécheresse printanière puis estivale pénalise les rendements des grandes cultures et la production fourragère. Les baisses de récolte sont importantes en colza et en betterave sucrière. Sur les marchés, les produits réagissent inégalement au contexte pandémique : la demande en blé et en maïs se maintient voire progresse, tandis que la demande en orges de brasserie pâtit de la fermeture des lieux de restauration. La collecte laitière est en hausse sensible tandis que les prix se tassent. Les marchés bovins sont spécialement déstabilisés par la pandémie et la suspension de la consommation hors domicile, mais l’activité d’abattage se maintient dans le Grand Est. L’arrivée de la peste porcine africaine en Allemagne sonne le coup d’arrêt de la hausse des cours, tandis que le marché ovin profite d’un déficit d’offre en 2020.

Insee Conjoncture Grand Est

No 27

Paru le :08/07/2021

Céréales, oléagineux et protéagineux : rendements et recul, sauf en blé tendre

Avec 10,4 millions de tonnes en 2020 dans la région Grand Est, la production de céréales, oléagineux et protéagineux baisse de 10,5 % comparativement à l’année précédente et de près de 6 % par rapport à la moyenne quinquennale 2015-2019. Ce sont les oléagineux, et plus particulièrement les colzas qui sont les plus touchés, avec pour ces derniers un recul de la sole de 5 % en un an, mais surtout de 21 % par rapport à la moyenne 2015-2019. À cela s’ajoute une diminution des rendements de 8,7 % en un an. Les conditions météorologiques ont été défavorables, avec un automne pluvieux, un hiver doux, des épisodes de gel fin mars, et un printemps globalement sec ayant favorisé, comme pour d’autres cultures, le développement de parasites. À noter la progression régulière de la production de tournesol régional, plus tolérant aux accidents climatiques. Les cours du colza ont été pénalisés jusqu’à l’été par la concurrence du canola canadien, du soja américain et de l’huile de palme malaisienne, avant de profiter de la baisse de compétitivité de ces productions et de remonter au-delà des valeurs de la campagne précédente.

Comme les colzas, les orges ont souffert des mauvaises conditions météorologiques. Malgré des surfaces quasiment identiques à l’an dernier, le rendement en orge d’hiver chute de 16,6 %, à 61 quintaux l’hectare, et de 24,8 %, à 53 quintaux, en orge de printemps. Les cours des orges brassicoles ont été affectés par la pandémie mondiale jusqu’en septembre, avec l’arrêt des manifestations recevant du public ou encore de la restauration hors domicile. Par la suite et avec la suspension de ces mesures restrictives dans certains pays, les cours sont repartis à la hausse, tirés notamment par la demande chinoise. Quant aux orges fourragères, il faut attendre l’été pour que leurs cours remontent, avec une offre réduite et une demande toujours présente à l’international.

En blé tendre, la petite érosion des surfaces est compensée par des rendements identiques à 2019, à 79 quintaux, mais supérieurs de 9 quintaux à la moyenne quinquennale précédente. Jusqu’à la nouvelle campagne, débutée en juillet, les cours sont restés relativement stables, avec à la fois des facteurs baissiers (tensions aux États-Unis et en Iran, Brexit, pandémie sanitaire, bonnes récoltes en zone Mer Noire) et haussiers (sécheresse dans certaines zones de production, parité euro-dollar favorable à la monnaie européenne). Les cours ont alors profité de ce contexte favorable pour remonter.

La sole de maïs est légèrement supérieure en 2020, avec + 1,3 %, mais des rendements globalement en baisse de 5 %, et surtout de 14 % pour les maïs non irrigués, ce qui a comme conséquence un recul de la production finale. Les cours sont restés stables jusqu’en août, avant d’exploser en raison d’une production en fort repli comme aux États-Unis par exemple, et d’une demande chinoise importante liée à la reconstitution de son cheptel porcin.

La récolte de pois protéagineux progresse de 8 % en un an dans le Grand Est, et se situe dans la moyenne quinquennale. La hausse spectaculaire des surfaces (+ 46 % en un an) compense un rendement médiocre (- 26 % par rapport à 2019, - 14 % par rapport à la moyenne quinquennale). En effet, la campagne culturale des pois est marquée par la sécheresse printanière et la pression des insectes qui ont causé des pertes de rendement.

Betterave : double impact de la sécheresse et de la jaunisse virale

La filière betterave a dû faire face en 2020 à une pression importante de jaunisse virale qui, couplée à un nouvel été caniculaire, a fortement pénalisé le rendement. Celui-ci est estimé à 62,6 tonnes/hectare (t/ha) contre 90 t/ha de moyenne décennale (- 30 %). Les rendements sont comparables à ceux des années 1980 pour la région. La moitié sud de la plaine de Champagne a été la plus affectée, tandis que l’irrigation a permis de limiter les pertes en Alsace.

En 2020, les prix du sucre en Europe sont moins volatils que les prix mondiaux, grâce à la contractualisation qui concerne la majorité des achats des industriels. La tendance est haussière en raison du déficit de production, même si l’effondrement de la monnaie brésilienne (premier exportateur mondial) jugule l’augmentation des cours.

Pommes de terre : bonne récolte en consommation mais mauvaise en fécule

L’irrigation a permis de préserver le niveau du rendement moyen en pommes de terre de consommation qui s’établit à 50 t/ha dans le Grand-Est, supérieur de 6 % au rendement de 2019 et de la moyenne quinquennale. L’augmentation des surfaces se poursuit avec 500 ha de plus, et la production progresse fortement (+ 8 % par rapport à 2019). Le contexte de la campagne est resté incertain en raison du Covid-19. L’industrie de transformation a été affectée par la pandémie et n’a pas retrouvé son niveau d’activité. Les exportations de pommes de terre de conservation françaises chutent. En l’absence de contrat avec l'industrie, la commercialisation n'est pas possible ou à des cours très bas, alors que les coûts de stockage augmentent et que les tubercules germent précocement.

La pomme de terre fécule connaît une nouvelle campagne difficile, malgré les perspectives du marché. Le rendement moyen se situe à 36 t/ha à 17 % de fécule, soit 4 t/ha de moins que la moyenne 2015-2019 et 1 t/ha de moins qu’en 2019. Les surfaces cultivées progressent de 300 ha : la production dépasse celle de 2019 de 4 %, mais se situe 9 % en dessous de la moyenne quinquennale.

Fourrages : troisième année consécutive de déficit

La croissance de l’herbe a été insuffisante dès le printemps et s’est stoppée au début de l’été. La pousse de 2020 est déficitaire de 40 % par rapport à la pousse sur la période de référence 1989-2018 et concerne la totalité de la région. Le rendement moyen en maïs fourrage s’établit en 2020 à 9,6 t de matière sèche par hectare (MS/ha), 0,5 t MS/ha au-dessus de 2019, mais inférieur de 6 % à la moyenne quinquennale. En 2020, les surfaces augmentent de 15 % comparées à la moyenne quinquennale, tandis que la production s’accroît de 10 % par rapport à la moyenne 2015-2019. Pour compenser le déficit de production, les éleveurs récoltent davantage de surfaces.

Productions laitières : collecte en hausse et prix stables

La collecte laitière dans le Grand Est s’avère très dynamique en 2020, avec des livraisons qui atteignent 2 330 millions de litres, en hausse de 4 % comparativement à l’année précédente et de 3,1 % par rapport à la moyenne 2015-2019. Cette croissance provient à la fois des apports en lait conventionnel (+ 3,5 % pour un total de 2 211 millions de litres) comme en lait biologique (+ 16 %) : ce dernier dépasse le seuil symbolique des 100 millions de litres et la barre des 5 % de la collecte totale.

La rémunération régionale du lait conventionnel laisse apparaître des signes de tassement, en perdant 2 € les mille litres de moyenne annuelle, à 355 €. Quant au lait biologique, la hausse régulière constatée depuis plusieurs années se stabilise sur un plateau, à 474 €.

En 2020, le nombre de livreurs convertis est de 358 en moyenne sur l’année contre 220 en 2013. Parallèlement, 26 % des producteurs en conventionnel ont cessé leur activité en sept ans, pour un effectif moyen en 2020 de 3 820.

Productions bovines : une année de déséquilibre

L’année restera comme globalement morose pour les cours régionaux bovins, déséquilibrés par un marché marqué par une offre supérieure à la demande, intérieure comme à l’exportation. Une bonne partie de l’année en effet, la consommation a été modifiée par l’arrêt de la restauration commerciale ou collective, et un transfert sur la restauration à domicile. Ce dernier type d’alimentation a dynamisé la demande en viande à griller (steak haché ou autres), issu des quartiers avant des animaux, au détriment de morceaux à mijoter plus présents en restauration hors domicile, et provenant des quartiers arrière. Ceci ne se répercute pas sur les abattages régionaux, qui demeurent stables d’une année sur l’autre.

Productions porcines : deux virus simultanément

Alors que la France est restée indemne de la peste porcine africaine (PPA), celle-ci a touché l’Allemagne en septembre, créant un déséquilibre sur l’ensemble des marchés européens, déjà touchés par la pandémie de Covid-19. Alors que les cours nationaux et régionaux étaient plutôt bien orientés sur le premier quadrimestre, ceux-ci ont rapidement et fortement décrochés par la suite, s’éloignant des autres références européennes, avant que cette distorsion s’atténue après l’apparition du virus. À 1,58 €/kg de carcasse pour les porcs charcutiers de moyenne annuelle régionale, le cours perd 10 centimes par rapport à 2019 (année exceptionnelle), mais gagne 10 centimes comparé à la moyenne quinquennale.

Sur l’année, les volumes abattus sont en hausse de 7 % en unités, et de 9 % en tonnage, le poids unitaire des porcs charcutiers augmentant de 1,5 kg, à 93 kg. Les trois quarts des activités d’abattages régionaux sont désormais réalisés sur le site d’Holtzheim, dans le Bas-Rhin.

Productions ovines : avril, un tournant pour la filière

Le premier confinement a entraîné une baisse brutale des cours de l’agneau, avant que ceux-ci ne rebondissent, notamment avec l’appui de la grande distribution qui a mis en avant la viande d’origine nationale, au détriment des importations de viande surgelée néo-zélandaise, irlandaise ou anglaise notamment. Par la suite et contrairement aux années précédentes, les fêtes pascales, puis le Ramadan, n’ont pas entraîné la diminution traditionnelle des cotations, mais au contraire une croissance régulière et continue jusqu’à atteindre des sommets en fin d’année. Au final, les cours ont dépassé de 9 % ceux de 2019 et de 7,6 % ceux de la moyenne 2014-2018.

En janvier, le site de Rethel dans les Ardennes a bénéficié de l’arrivée d’agneaux en provenance d’un groupement de producteurs qui abattait jusqu’alors dans les Hauts-de-France. Les quantités abattues régionalement ont ainsi fortement progressé, de plus de 50 % entre 2019 et 2020.

Figure 1Productions végétales dans le Grand Est

Productions végétales dans le Grand Est
Production en tonnes Évolution en %
2020 2019 2020/2019 2020/2015-2019
Céréales 9 473 522 10 635 548 -10,9 -3,9
dont blé tendre 5 129 475 5 516 847 -7,0 1,9
orge d'hiver 1 213 620 1 529 523 -20,7 -21,8
orge de printemps 1 340 120 1 733 255 -22,7 -0,8
maïs grain 1 566 020 1 639 105 -4,5 -10,6
Oléagineux 781 313 841 303 -7,1 -26,0
dont colza 641 785 736 537 -12,9 -33,8
tournesol 107 658 68 720 56,7 95,4
Protéagineux 130 726 121 683 7,4 -3,2
dont pois protéagineux 121 727 112 707 8,0 -0,5
Betteraves 6 694 546 8 930 670 -25,0 -27,0
Pomme de terre 992 092 912 765 8,7 13,7
dont consommation 773 760 692 880 11,7 25,1
  • Source : SRISE DRAAF Grand Est, Statistique agricole annuelle 2015 à 2020.

Figure 2Cours des céréales et des oléagineux

  • Source : Marché de Paris.

Figure 3Productions animales dans le Grand Est

Productions animales dans le Grand Est
Production (en tonnes) Variation de la production (en %)
2020 2019 2020/2019 2020/2015-2019
Gros bovins 82 342 80 677 2,1 -3,6
dont vaches 28 082 28 037 0,2 -4,4
génisses 14 145 12 444 13,7 27,2
taurillons 32 574 31 744 2,6 -8,2
bœufs 7 541 7 207 4,6 -2,5
Veaux de boucherie 5 998 4 281 40,1 209,1
Ovins 2 482 1 656 49,9 52,3
dont agneaux 2 392 1 581 51,3 47,1
Porcins 28 491 26 185 8,8 25,8
dont porcs charcutiers 28 238 25 931 8,9 25,2
Production laitière (en millions de litres) 2 330 2 238 4,1 3,1
  • Source : SSP, enquête Abattages et FranceAgrimer, enquête mensuelle laitière.

Figure 4Cours des productions animales

  • Source : FranceAgrimer - cotations du bassin nord-est.
Publication rédigée par :Geneviève Boude, Rémi Courbou, Philippe Wattelier (Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt Grand Est)