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Insee Conjoncture Grand Est · Juillet 2021 · n° 27
Insee Conjoncture Grand EstBilan économique 2020 - Grand Est

En 2020, dans le Grand Est comme ailleurs en France et dans les pays voisins, le ralentissement économique est d’ampleur inédite en raison des mesures prises pour endiguer la crise sanitaire comme les confinements, les restrictions aux déplacements, les couvre-feux, les fermetures de commerces et équipements, le télétravail... Le secteur de l’hébergement-restauration est particulièrement concerné par les restrictions, ainsi que le transport aérien de passagers. La chute d’activité pèse fortement sur l’emploi, mais son effet est atténué par le dispositif d’activité partielle. Les dix départements de la région sont tous fortement affectés par la crise, mais à des degrés divers. Le Haut-Rhin est celui où le repli de l’activité est la plus forte, tandis que la Haute-Marne est le département qui perd le plus d’emplois, notamment dans l’industrie et le commerce.

En début d’année 2021, les conséquences des restrictions sont moins sévères et l’activité économique se redresse sensiblement.

Insee Conjoncture Grand Est
No 27
Paru le :Paru le08/07/2021

Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2020 publiés par l'Insee.
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Synthèse régionale - Contexte national Bilan économique 2020

Jean-Paul Strauss, Aliette Cheptitski (Insee)

Insee Conjoncture Grand Est

No 27

Paru le :08/07/2021

Synthèse régionale - L’économie du Grand Est et de tous ses territoires frappée par les conséquences de la crise sanitaire

En 2020, dans le Grand Est comme ailleurs en France et dans les pays voisins, le ralentissement économique est d’ampleur inédite en raison des mesures prises pour endiguer la crise sanitaire comme les confinements, les restrictions aux déplacements, les couvre-feux, les fermetures de commerces et équipements, le télétravail...

La chute d’activité pèse fortement sur l’emploi mais son effet est atténué par le dispositif d’activité partielle

L’évolution des montants des transactions effectuées par carte bancaire permet de donner une indication sur les conséquences de ces mesures sur la consommation des ménages. Les deux confinements font apparaître de fortes chutes par rapport à 2019, de - 40 % à - 60 % selon les semaines lors du premier confinement, de - 23 % à - 33 % lors du deuxième confinement. Après le premier confinement, les montants des transactions par carte bancaire sont supérieurs à ceux de l’année précédente, contrairement aux semaines suivant le deuxième confinement.

L’activité dans le secteur privé est approché par le volume de travail (nombre d’heures rémunérées) qui recule de 10 % sur l’ensemble de l’année. Les effets sur l’emploi sont importants mais atténués. L’emploi total diminue de 1,2 %, mais l’intérim est particulièrement affecté avec une baisse des effectifs de 4,4 %. Le dispositif d’activité partielle (chômage partiel) a permis de préserver un grand nombre de postes. De mars à décembre 2020, 261 000 salariés en moyenne mensuelle sont concernés.

Malgré ce dispositif, 293 000 demandeurs d’emploi de catégorie A sont inscrits à Pôle Emploi à la fin 2020, en hausse de 7,6 % sur l’année alors que la tendance était à l’amélioration depuis 2016. En fin d’année, le taux de chômage s’établit à 7,7 %, au même niveau qu’à la fin de l’année 2019.

Le dispositif de chômage partiel ainsi que d’autres soutiens aux entreprises, mais aussi la baisse d’activité des juridictions commerciales, lors du premier confinement notamment, permettent un net recul des défaillances d’entreprises. Parallèlement, les créations d’entreprises augmentent pour la cinquième année consécutive. Deux tiers de ces nouvelles entreprises appartiennent au régime de micro-entrepreneur alors qu’en 2019, ce n’était le cas que pour un peu plus de la moitié d’entre elles. Le nombre des créations d’entreprises individuelles classiques diminue fortement, alors que celles sous le régime sociétal sont légèrement moins nombreuses.

Parmi les pays voisins, la croissance se dégrade nettement en Belgique et en Allemagne (y compris dans les trois Länder limitrophes) et modérément en Suisse et au Luxembourg. La consommation des ménages et le commerce extérieur sont particulièrement touchés. Dans ce contexte défavorable, l’emploi recule et le chômage progresse.

Le secteur de l’hébergement-restauration très touché

Le secteur de l’hébergement-restauration est particulièrement concerné par les restrictions. Lors du premier confinement, au mois d’avril, la baisse du nombre d’heures rémunérées est proche de 80 %. Les bars et restaurants ne peuvent pas accueillir de public et seul un quart des hôtels sont ouverts avec 22 % de leurs chambres occupées. La fréquentation hôtelière s’effondre de 92 % par rapport à la même période de 2019. À la fin du printemps et durant l’été, avec l’allégement des mesures sanitaires, la situation s’améliore sans revenir à la normale. En été, plus de neuf hôtels sur dix sont ouverts, mais le taux d’occupation dépasse à peine la moitié de la capacité offerte et la fréquentation diminue d’environ 30 % par rapport à l’année précédente. Lors du deuxième confinement en novembre et décembre, six hôtels sur dix restent ouverts, mais les nuitées chutent de 75 %, le taux d’occupation devenant très faible. Durant ces mois, le volume de travail dans le secteur de l’hébergement-restauration diminue des deux tiers. Sur l’année, le secteur perd 7 800 emplois, soit une baisse de 10 %. Près de 20 % des demandes d’indemnisation au titre de l’activité partielle concernent les salariés de l’hébergement et de la restauration.

Le secteur des services aux particuliers, qui inclue les activités récréatives et culturelles, a également particulièrement pâti des restrictions. En avril, le nombre d’heures rémunérées chute de 57 %, puis de 35 % en novembre et 15 % en décembre. L’emploi salarié baisse sur l’année de 4,5 %.

Dans le secteur des transports, le transport de marchandises résiste alors que celui des passagers subit de plein fouet les conséquences de la crise sanitaire. L’interruption du transport aérien de passagers est emblématique des restrictions de déplacement. Les avions sont quasiment à l’arrêt d’avril à juin. Sur l’année, 3,2 millions de personnes fréquentent les aéroports de la région, soit une chute de 70 % par rapport à 2019.

Dans le BTP, qui englobe la construction et les secteurs du bâtiment et des travaux publics, la Banque de France évalue une baisse du chiffre d’affaires de près de 10 %, d’où une rentabilité en repli : sept entreprises sur dix enregistrent une baisse des marges. Le nombre de logements commencés diminue de 8 % sur l’année. De nombreux chantiers de construction ont été à l’arrêt lors du premier confinement. Au mois d’avril, le volume de travail chute de 56 %. Mais sur l’année, l’emploi continue à progresser.

L’enquête de conjoncture de la Banque de France auprès des entreprises industrielles permet d’estimer la contraction du chiffre d’affaires à près de 14 % ; les exportations et les investissements suivent la même tendance. Malgré la réduction des charges, la rentabilité s’est au mieux maintenue pour huit entreprises sur dix. L’emploi industriel diminue de 2,5 % sur un an. La crise accentue ce recul, déjà présent avant la crise sanitaire (- 1,4 % en moyenne annuelle sur les années 2015 à 2019). La baisse de l’emploi est particulièrement marquée dans la fabrication de matériels de transport (- 4,3 % sur l’année 2020), secteur dans lequel l’emploi chute fortement depuis plusieurs années (- 3,2 % en moyenne annuelle sur la période 2015-2019). La crise renforce les difficultés de l’industrie automobile. Les immatriculations de véhicules particuliers se replient de 25 % dans le Grand Est, comme au niveau national. Le secteur doit également s’adapter au changement de motorisation : les immatriculations de véhicules électriques et hybrides dans la région représentent 21 % du total, contre 7 % en 2019.

Certaines activités agricoles subissent également les effets de la crise sanitaire. La fermeture des lieux de restauration affecte la demande de vins d’appellation, conduisant les interprofessions en Champagne et en Alsace à fixer les rendements à la baisse, alors que les potentiels de production étaient élevés. La demande des orges de brasserie, mais aussi de la viande bovine ou des pommes de terre de transformation, sont également concernées. Plus classiquement, la demande de nombreux produits dépend des marchés mondiaux. C’est le cas du maïs dont les cours ont explosé en fin d’année en raison d’une production en fort repli aux États-Unis, et d’une demande chinoise importante liée à la reconstitution de son cheptel porcin. Les volumes produits dépendent également des conditions météorologiques avec les sécheresses printanières et estivales, qui pénalisent les rendements des grandes cultures et des fourrages, mais aussi d’autres épidémies comme la jaunisse virale des betteraves.

De fortes pertes d’emploi dans la Haute-Marne et le Haut-Rhin

Les dix départements de la région sont tous fortement affectés par la crise, mais à des degrés divers. Le Haut-Rhin est celui où le repli de l’activité, approchée par la baisse du nombre d’heures rémunérées, est la plus forte avec - 12,4 % sur l’année. L’industrie automobile y est surreprésentée comme le secteur de l’hébergement-restauration. La diminution du volume de travail est également supérieure à la moyenne régionale en Moselle, dans les Ardennes et la Haute-Marne. La Meuse est le département où cette baisse est la moins importante (- 7,2 %).

La Haute-Marne est le département qui perd le plus d’emplois (- 2,2 %), notamment dans l’industrie et le commerce. L'emploi recule également dans le Haut-Rhin (- 2,1 %), devant les Vosges, l’Aube et la Meuse. Les plus faibles réductions s’observent dans le Bas-Rhin et en Meurthe-et-Moselle (- 0,6 % et - 0,7 %). Dans le Bas-Rhin, le dynamisme de l’emploi dans la construction et les services non marchands limite les pertes d’emploi totales. En Meurthe-et-Moselle, l’emploi tertiaire non marchand occupe une place plus importante que dans l’ensemble de la région, limitant l’impact de la crise. Ce secteur continue en effet de créer des emplois, alors que l’emploi marchand hors construction est fortement affecté par la crise.

Les conséquences des restrictions sont moins sévères en début d’année 2021

Au 1er trimestre 2021, dans le Grand Est, l’activité économique se redresse sensiblement, mais reste plus faible qu’en 2019. De janvier à mars, le nombre mensuel d’heures rémunérées est inférieur d’environ 5 % par rapport aux mêmes mois de 2019. Le troisième confinement fait à nouveau chuter l’activité au début du printemps. Comparée à avril 2019, la baisse est de 8,1 % en avril 2021, cependant moins marquée que durant le deuxième confinement. L’hébergement-restauration fait toujours partie des activités les plus affectées par les restrictions sanitaires, avec l’interdiction d’accueillir des clients. Par rapport à 2019, le volume de travail dans ce secteur est en recul de près de 60 %. L’hébergement-restauration représente à lui seul 65 % de la baisse d’activité nette totale de la région en mars, et 39 % en avril. Cependant dans ce secteur, comme dans la plupart des autres, l’emploi se stabilise au 1er trimestre. Dans le secteur de la construction, l’emploi continue de progresser ; le secteur compte ainsi 1 500 emplois de plus que fin 2020 et 3 200 de plus que fin 2019. Cela corrobore l’avis des chefs d’entreprises du BTP qui attendent une embellie pour 2021 avec un renforcement des effectifs permanents et intérimaires et une augmentation de la profitabilité dans 40 % des entreprises.

Figure 1Activité partielle : nombre de salariés concernés par une demande d'indemnisation

nombre de salariés
Activité partielle : nombre de salariés concernés par une demande d'indemnisation (nombre de salariés)
Grand Est
mars 2020 536 460
avril 2020 650 680
mai 2020 515 540
juin 2020 219 910
juil. 2020 120 665
août 2020 64 755
sept. 2020 69 965
oct. 2020 103 010
nov. 2020 188 980
déc. 2020 140 645
  • Note : données mensuelles brutes, provisoires pendant un an.
  • Source : ASP-DGEFP-Dares - Extraction du SI APART du 19 avril 2021.

Figure 1Activité partielle : nombre de salariés concernés par une demande d'indemnisation

  • Note : données mensuelles brutes, provisoires pendant un an.
  • Source : ASP-DGEFP-Dares - Extraction du SI APART du 19 avril 2021.

Figure 2Contributions sectorielles mensuelles à l'évolution des heures rémunérées par rapport au même mois de l'année 2019 - Grand Est

variation en %, contributions en points
Contributions sectorielles mensuelles à l'évolution des heures rémunérées par rapport au même mois de l'année 2019 - Grand Est (variation en %, contributions en points)
Industrie Construction Hébergement et restauration Autres services principalement marchands Services principalement non marchands Ensemble - Grand Est
janv. 2020 -0,5 0,6 0,2 0,5 0,2 0,9
févr. 2020 -0,4 0,2 0,2 0,5 0,2 0,5
mars 2020 -3,3 -3 -1,9 -6,3 -0,9 -15,3
avril 2020 -8,3 -5 -4,1 -15,3 -2,4 -35,1
mai 2020 -6,3 -1,9 -3,7 -9,6 -1,4 -22,9
juin 2020 -3,2 -0,5 -1,9 -4,1 -0,4 -10,1
juil. 2020 -2,7 -0,3 -1,1 -2,5 -0,2 -6,9
août 2020 -1,4 -0,1 -0,8 -1,6 0 -4
sept. 2020 -1,9 -0,3 -0,7 -1,7 0,1 -4,5
oct. 2020 -1,5 -0,3 -1 -1,5 0 -4,3
nov. 2020 -1,4 -0,3 -3,2 -4,7 -0,1 -9,7
déc. 2020 -1,1 -0,4 -3,4 -2,1 0,1 -6,8
  • Note : ensemble des heures rémunérées des salariés y compris les heures supplémentaires ainsi que les absences pour lesquelles le salarié est rémunéré.
  • Champ : France hors Mayotte.
  • Source : DSN - traitement provisoire, Insee.

Figure 2Contributions sectorielles mensuelles à l'évolution des heures rémunérées par rapport au même mois de l'année 2019 - Grand Est

  • Note : ensemble des heures rémunérées des salariés y compris les heures supplémentaires ainsi que les absences pour lesquelles le salarié est rémunéré.
  • Champ : France hors Mayotte.
  • Source : DSN - traitement provisoire, Insee.

Contexte national - En 2020, la crise sanitaire a pesé lourdement sur l’activité économique mondiale

L’activité mondiale en 2020 a été avant tout déterminée par l’évolution de la pandémie de Covid-19 et par les mesures d’endiguement adoptées dans les différents pays. La Chine, où le confinement strict et la chute de l’activité ne se sont pas étendus au-delà du premier trimestre, a enregistré un PIB en croissance de 2,3 % en moyenne sur l’année. Les États-Unis – où l’épidémie s’est peu à peu intensifiée, entraînant la mise en place de restrictions locales – et le Japon – bien que relativement épargné – ont en revanche connu une chute du PIB de - 3,5 % et - 4,7 % respectivement. De même, et de façon plus marquée, le PIB a diminué de 6,7 % en moyenne dans la zone euro, laquelle a connu deux vagues épidémiques, au printemps et à l’automne, et instauré des restrictions nationales strictes. Dans la plupart des pays, la consommation des ménages a souffert des mesures limitant les déplacements et les opportunités de consommer ; la production des branches du commerce, des services de transport et de l’hébergement-restauration ont été particulièrement affectées.

En France, l’activité en 2020 a davantage chuté que dans la moyenne de la zone euro

Après une croissance de 1,8 % en 2019, l’activité économique française a chuté fortement à - 8,0 % (figure 3). L’effet de la crise sanitaire a donc été du même ordre de grandeur qu’en Italie (- 8,9 %), nettement plus prononcé qu’en Allemagne (- 5,1 %) et un peu moins qu’au Royaume-Uni et en Espagne (respectivement - 9,8 % et - 10,8 %).

Tous les principaux postes de la demande (hors stocks) participent à cette chute. La plus forte contribution est , de - 3,7 points : les mesures de restriction ont grandement limité les opportunités de consommer des ménages, avec – entre autres – la fermeture pendant plusieurs mois des magasins « non essentiels », des restaurants et cafés ou encore des activités culturelles et sportives. Bien que, de manière inhabituelle, la baisse de l’investissement n’ait guère été amplifiée par rapport à celle de l’activité, ce poste contribue à hauteur de - 2,1 points à la chute du PIB – l’investissement des entreprises contribuant plus que celui des ménages et que celui des administrations publiques. La contribution des échanges extérieurs suit, à - 1,1 point : les exportations ont en effet davantage diminué que les importations, bien que les deux aient pâti de la situation économique dégradée de la France et de ses principaux partenaires (notamment européens).

Figure 3Variations annuelles du PIB et contribution des principaux postes de la demande

Variations annuelles du PIB et contribution des principaux postes de la demande - Lecture : en 2020, le PIB a diminué de - 8,0 % ; la contribution de la consommation privée des ménages a été de – 3,7 points.
PIB (en %) Consommation des ménages (en points) Investissement des ménages (en points) Investissement des entreprises (en points) Investissement des administrations publiques (en points) Echanges extérieurs (en points) Stocks (en points)
2016 1,0 0,9 0,1 0,3 0,0 -0,4 -0,4
2017 2,5 0,9 0,3 0,7 0,0 0,0 0,2
2018 1,8 0,5 0,1 0,5 0,1 0,5 0,0
2019 1,8 1,0 0,2 0,4 0,3 -0,3 0,0
2020 -8,0 -3,7 -0,7 -1,1 -0,2 -1,1 -0,2
  • Note : les volumes sont corrigés des variations saisonnières et des effets des jours ouvrables (CVS-CJO).
  • Lecture : en 2020, le PIB a diminué de - 8,0 % ; la contribution de la consommation privée des ménages a été de – 3,7 points.
  • Source : Insee, comptes nationaux trimestriels, base 2014 ; calculs Insee.

Figure 3Variations annuelles du PIB et contribution des principaux postes de la demande

  • Note : les volumes sont corrigés des variations saisonnières et des effets des jours ouvrables (CVS-CJO).
  • Lecture : en 2020, le PIB a diminué de - 8,0 % ; la contribution de la consommation privée des ménages a été de – 3,7 points.
  • Source : Insee, comptes nationaux trimestriels, base 2014 ; calculs Insee.

Cette forte baisse du PIB en moyenne sur l’année recouvre cependant de grandes disparités mensuelles, au gré de l’évolution de la pandémie et des mesures de restrictions (figure 4). Le creux d’activité le plus marqué s’est situé au mois d’avril, à environ - 30 % (en écart au niveau d’avant crise, à savoir le quatrième trimestre 2019) : il reflète la sévérité du confinement mis en place entre le 17 mars et le 11 mai au moment de la première vague épidémique (fermeture d’une partie de l’économie et interdiction de sortir du domicile hors motifs autorisés) mais aussi sa soudaineté, obligeant de nombreuses entreprises à réduire ou cesser leur activité du fait de l’absence de protocoles sanitaires ou de la difficulté à instaurer massivement le télétravail. Le rebond a cependant été particulièrement vif en mai et juin, l’activité se stabilisant entre août et octobre à près de - 3 % par rapport à son niveau d’avant crise. La résurgence de l’épidémie et le confinement instauré en novembre ont ensuite conduit à une nouvelle baisse de l’activité, mais d’ampleur bien moindre, celle-ci se situant ce mois-ci à - 7 % en écart à l’avant crise : les mesures mises en place entre le 30 octobre et le 15 décembre ont en effet été moins strictes, et les ménages et les entreprises se sont davantage adaptées à la situation sanitaire (protocoles sanitaires, télétravail).

Figure 4Pertes d’activité mensuelles estimées, écart au quatrième trimestre 2019

en %
Pertes d’activité mensuelles estimées, écart au quatrième trimestre 2019 (en %) - Lecture : en novembre, l’activité économique a été en retrait d’environ – 7 % par rapport au niveau du quatrième trimestre 2019.
Perte d'activité mensuelle
Janv. 2020 -0,4
Fév -0,6
Mars -16,5
Avr -30,0
Mai -17,3
Juin -7,6
Juil -4,6
Août -2,4
Sept -2,4
Oct -2,8
Nov -7,1
Déc -4,0
  • Lecture : en novembre, l’activité économique a été en retrait d’environ – 7 % par rapport au niveau du quatrième trimestre 2019.
  • Source : calculs Insee à partir de sources diverses.

Figure 4Pertes d’activité mensuelles estimées, écart au quatrième trimestre 2019

  • Lecture : en novembre, l’activité économique a été en retrait d’environ – 7 % par rapport au niveau du quatrième trimestre 2019.
  • Source : calculs Insee à partir de sources diverses.

L’impact de la pandémie a été contrasté suivant les différentes branches d’activité

En 2020, la valeur ajoutée totale a dans l’ensemble davantage baissé que la consommation privée, avec néanmoins des différences selon les branches (figure 5). La chute de la valeur ajoutée a été la plus forte dans l’hébergement-restauration (- 42 %) – en lien avec les fermetures réglementaires et l’arrêt d’une grande partie du tourisme –, dans les matériels de transport (- 28 %) et les services de transport (- 23 %) – qui ont souffert de la baisse des déplacements nationaux et internationaux –, dans la construction (- 16 %) – qui a surtout été affectée pendant le premier confinement –, et dans les autres services aux ménages (- 23 %) – qui regroupent les activités culturelles et sportives. Au total, les contributions les plus fortes à la baisse totale de la valeur ajoutée sont celles de l’hébergement-restauration, des services de transport et – en raison de leur poids dans la valeur ajoutée et dans le sillage de la situation économique globalement dégradée – des services aux entreprises ; chacune à hauteur d’environ - 1 point.

Figure 5Variation annuelle et contribution des branches en 2020Valeur ajoutée

Variation annuelle et contribution des branches en 2020 - Lecture : en 2020, la valeur ajoutée totale a baissé de - 8,2 % ; l’hébergement-restauration a contribué à cette baisse à hauteur de – 1 point.
Agriculture (en points) Autres branches industrielles (en points) Industrie agro-alimentaires (en points) Matériels de transport (en points) Construction (en points) Autres services marchands (en points) Commerce (en points) Transport (en points) Hébergement-restauration (en points) Services aux entreprises (en points) Services aux ménages (en points) Services non marchands (en points)
Agriculture 0,0
Industrie -0,8 -0,1 -0,4
Construction -0,9
Services marchands -0,4 -0,7 -1,1 -1,2 -0,9 -0,7
Services non marchands -1,0
  • Note : les volumes sont corrigés des variations saisonnières et des effets des jours ouvrables (CVS-CJO). La valeur ajoutée totale est calculée hors impôts et subventions sur produits (contrairement au PIB).
  • Lecture : en 2020, la valeur ajoutée totale a baissé de - 8,2 % ; l’hébergement-restauration a contribué à cette baisse à hauteur de – 1 point.
  • Source : Insee, comptes nationaux trimestriels, base 2014 ; calculs Insee.

Figure 5Variation annuelle et contribution des branches en 2020Valeur ajoutée

  • Note : les volumes sont corrigés des variations saisonnières et des effets des jours ouvrables (CVS-CJO). La valeur ajoutée totale est calculée hors impôts et subventions sur produits (contrairement au PIB).
  • Lecture : en 2020, la valeur ajoutée totale a baissé de - 8,2 % ; l’hébergement-restauration a contribué à cette baisse à hauteur de – 1 point.
  • Source : Insee, comptes nationaux trimestriels, base 2014 ; calculs Insee.

Avec l’utilisation massive de l’activité partielle, l’emploi a beaucoup moins baissé que l’activité économique

Après une accélération en 2019 (+ 266 100 emplois en fin d’année par rapport à la fin d’année 2018, après 171 500), l’emploi salarié privé a diminué en 2020 (- 332 300) : l’ampleur de la baisse a cependant été bien moindre (- 1,7 % par rapport à fin 2019) que pour l’activité économique. Le dispositif d’activité partielle, considérablement renforcé dès le début de la crise sanitaire, a été massivement utilisé par les entreprises afin de conserver une grande partie de leurs salariés empêchés de travailler : en avril 2020, .

Le taux de chômage a connu des mouvements contraires et atypiques en 2020 : le contexte des deux confinements a en effet rendu difficiles, voire impossibles, les démarches de recherche active d’emploi, affectant par conséquent la . Ces effets « en trompe-l’œil » expliquent la baisse du taux de chômage au deuxième trimestre et en partie la baisse survenue également au quatrième trimestre : le taux de chômage s’y est situé à 8 % de la population active, soit quasiment le même niveau qu’un an auparavant (après 8,1 % fin 2019).

En moyenne, le pouvoir d’achat des ménages et le taux de marge des entreprises ont été préservés, grâce aux mesures de soutien

Après une évolution particulièrement dynamique en 2019 (+ 3,4 %), le revenu disponible brut des ménages a progressé plus modérément en 2020 (+ 1,0 %). D’une part, la masse salariale a diminué (- 4,1 %, conséquence des destructions d’emploi et de la mise au chômage partiel de nombreux salariés). C’est aussi le cas des revenus de la propriété (- 12,6 %) – reflétant en particulier le recul des dividendes versés. Cependant, les dispositifs de soutien (activité partielle et fonds de solidarité), ainsi que les stabilisateurs automatiques (assurance chômage, RSA, impôts) ont permis au revenu des ménages de globalement résister. Les prestations sociales ont ainsi augmenté de 9,5 %, tandis que les impôts sur le revenu et le patrimoine ont diminué à - 3,6 %. Le fonds de solidarité a notamment limité la baisse de l’excédent brut d’exploitation des entrepreneurs individuels (- 0,6 %). Par ailleurs, le déflateur de la consommation des ménages a ralenti avec l’inflation en 2020, à + 0,6 % après + 0,8 %. Finalement, le pouvoir d’achat a fortement ralenti à 0,4 %, après 2,6 % (figure 6) ; tandis que le pouvoir d’achat par unité de consommation s’est maintenu (0,0 %).

Du côté des entreprises, la valeur ajoutée (CVS-CJO) des sociétés non financières a chuté de 8,5 %. Le taux de marge a certes baissé lui aussi, mais dans une moindre mesure, à 31,7 % (après 33,4 % en 2019), soutenu par les dispositifs de soutien mentionnés précédemment (fonds de solidarité notamment et chômage partiel). Il revient ainsi à un niveau proche de celui observé entre 2015 et 2018, après avoir temporairement augmenté en 2019 sous l’effet principalement de l’enregistrement du CICE.

Figure 6Variations annuelles du pouvoir d’achat et contribution de ses principaux déterminants

Variations annuelles du pouvoir d’achat et contribution de ses principaux déterminants - Lecture : en 2020, le pouvoir d’achat des ménages a ralenti à 0,4 % ; les revenus d’activités ont contribué à hauteur de près de – 3 points.
Revenus d'activité (en points) Prestations (en points) EBE des ménages purs (en points) Revenus de la propriété (en points) Impôts et cotisations (en points) Prix à la consommation des ménages (en points) Pouvoir d'achat (en %)
2017 2,3 0,6 0,3 -0,1 -0,8 -0,8 1,8
2018 1,9 0,8 0,3 0,7 -0,6 -1,7 1,4
2019 2,2 1 0,4 -0,1 -0,1 -0,8 2,6
2020 -2,7 3,4 0,2 -0,7 0,8 -0,6 0,4
  • Note : les données sont corrigées des variations saisonnières et des effets des jours ouvrables (CVS-CJO).
  • Lecture : en 2020, le pouvoir d’achat des ménages a ralenti à 0,4 % ; les revenus d’activités ont contribué à hauteur de près de – 3 points.
  • Source : Insee, comptes nationaux trimestriels, base 2014 ; calculs Insee.

Figure 6Variations annuelles du pouvoir d’achat et contribution de ses principaux déterminants

  • Note : les données sont corrigées des variations saisonnières et des effets des jours ouvrables (CVS-CJO).
  • Lecture : en 2020, le pouvoir d’achat des ménages a ralenti à 0,4 % ; les revenus d’activités ont contribué à hauteur de près de – 3 points.
  • Source : Insee, comptes nationaux trimestriels, base 2014 ; calculs Insee.
Publication rédigée par :Jean-Paul Strauss, Aliette Cheptitski (Insee)

Définitions

Demande d'indemnisation pour activité partielle :

le dispositif de l’activité partielle (ou chômage partiel) permet aux établissements confrontés à des difficultés temporaires de diminuer ou suspendre leur activité tout en assurant aux salariés une indemnisation pour compenser leur perte de salaire. L’activité partielle fait l’objet de demandes d’autorisation préalables (DAP) déposées par les établissements souhaitant recourir à l’activité partielle en raison de la crise sanitaire, ainsi que les demandes d’indemnisation (DI). Lors de la phase d’indemnisation, il est possible que le nombre d’heures effectivement consommé soit inférieur à celui qui avait été demandé. En complément des données administratives (DAP et DI), les réponses des entreprises à l’enquête mensuelle Acemo-Covid-19 sont mobilisées. Elles permettent d’estimer le nombre de salariés qui ont été effectivement placés en activité partielle chaque mois, et d’anticiper ainsi les demandes d’indemnisations qui vont arriver, les entreprises disposant, pour un mois donné, d’un délai d’un an pour faire leur demande. L’ensemble des données présentées sur l’activité partielle sont susceptibles d’être révisées.

Heures rémunérées :

le volume d’heures rémunérées correspond à la durée pour laquelle le salarié est rémunéré sur une période. Cela inclut notamment les heures supplémentaires mais aussi les absences pour lesquelles le salarié perçoit une rémunération, comme les congés payés, les jours fériés ou les jours attribués au titre de la réduction du temps de travail. Ce volume d’heures rémunérées est une composante importante de l’activité économique, même s’il ne la mesure pas directement : d’une part, certaines absences sont considérées comme du travail rémunéré et d’autre part, la rémunération des salariés ne reflète pas toujours les fluctuations de leur productivité.

Transactions par cartes bancaires :

les montants des transactions par carte bancaire en face‑à‑face proviennent de Cartes Bancaires CB. Elles sont anonymisées et agrégées à l‘échelle départementale. Elles concernent tout détenteur de carte bancaire CB sur le territoire français, ce qui, outre les ménages, peut couvrir aussi des entreprises. Elles couvrent l’essentiel des transactions bancaires, avec et sans contact, à l’exception des transactions en vente à distance (internet). Elles permettent de suivre une partie de la consommation des ménages. Les transactions réalisées par d’autres moyens de paiement (espèces, chèque, ticket restaurant, etc.) ne sont pas suivies.

Estimation prenant en compte la correction des variations saisonnières et les effets des jours ouvrables.

Contrairement à la crise de 2008-2009, où la contribution négative de l’investissement dominait.

Situation sur le marché du travail au 26 avril 2020, Dares.

Un chômeur au sens du BIT est une personne âgée de 15 ans ou plus, sans emploi durant une semaine donnée, disponible pour travailler dans les deux semaines, et qui a effectué au cours des quatre dernières semaines une démarche active de recherche d’emploi.

Estimation prenant en compte la correction des variations saisonnières et les effets des jours ouvrables.

Contrairement à la crise de 2008-2009, où la contribution négative de l’investissement dominait.

Situation sur le marché du travail au 26 avril 2020, Dares.

Un chômeur au sens du BIT est une personne âgée de 15 ans ou plus, sans emploi durant une semaine donnée, disponible pour travailler dans les deux semaines, et qui a effectué au cours des quatre dernières semaines une démarche active de recherche d’emploi.