Insee FocusLe commerce de gros de biens intermédiaires, essentiel aux activités de production

Yohann Rivillon (service Ésane, Insee)

En 2018, en France, 14 900 entreprises sont spécialisées dans le commerce de gros de biens intermédiaires. Ce secteur, au cœur des filières productives, a un fort poids économique : il génère un chiffre d’affaires de 137 milliards d’euros. Les 1 650 entreprises constituées de plusieurs unités légales réalisent 80 % l’activité du secteur. Ce secteur génère une forte marge commerciale, ses charges de personnel élevées réduisent ses marges d’exploitation. Il importe une part non négligeable de ses intrants et vend ses marchandises surtout sur le marché français.

Insee Focus
No 206
Paru le :Paru le02/10/2020
Yohann Rivillon (service Ésane, Insee)
Insee Focus No 206- Octobre 2020

Un secteur en relation avec de nombreuses autres activités

Le est l’activité d’achat puis de revente, à des entreprises industrielles, de la construction ou des services, de biens intégrés à leur chaîne de production. Il représente une activité essentielle de l’économie dans l’approvisionnement entre plusieurs chaînes de production et filières. En 2018, en France, 14 900  composent le secteur et emploient 181 600 salariés en équivalent temps plein. Elles réalisent 137 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 26 milliards d’euros de valeur ajoutée, montants comparables à ceux de l’industrie automobile.

Les entreprises du secteur réalisent 79 % de leur chiffre d’affaires dans leur propre branche d’activité, notamment la vente de combustibles, de bois et matériaux de construction, de produits chimiques, de minéraux et métaux (figure 1). Elles ont aussi d’autres activités, comme la vente au détail de carburants, la vente en gros d’autres biens, ainsi que des activités industrielles.

Figure 1 - Répartition du chiffre d'affaires du secteur du commerce de gros de biens intermédiaires par branche d'activité en 2018

en %
Figure 1 - Répartition du chiffre d'affaires du secteur du commerce de gros de biens intermédiaires par branche d'activité en 2018 (en %)
Répartition
du chiffre d'affaires
Commerce de gros Combustibles et produits annexes 33,1
Bois et matériaux de construction 14,3
Produits chimiques 8,0
Minerais et métaux 5,2
Autres produits intermédiaires 5,1
Quincaillerie 4,5
Appareils sanitaires et produits de décoration 4,3
Fournitures pour plomberie et chauffage 3,3
Déchets et débris 0,7
Hors commerce de gros Activités de commerce de détail 10,8
Autres activités de commerce de gros 4,7
Industrie manufacturière 2,9
Autres 3,1
  • Champ : France hors Mayotte.
  • Source : Insee, Ésane 2018.

Figure 1 - Répartition du chiffre d'affaires du secteur du commerce de gros de biens intermédiaires par branche d'activité en 2018

  • Champ : France hors Mayotte.
  • Source : Insee, Ésane 2018.

Un secteur sensible aux fluctuations de la conjoncture et du cours du pétrole

Entre 2000 et 2019, le progresse de 1,6 % en moyenne annuelle contre 2,4 % pour l’ensemble du commerce de gros (figure 2). Le secteur a été particulièrement touché par la crise de 2008 (baisse de 14,0 % du chiffre d’affaires en 2009, contre 8,6 % pour l’ensemble du commerce de gros) ; il est dépendant de l’activité de l’industrie et de la construction, mais aussi du cours du pétrole, notamment dans le commerce de gros de carburants, qui avait beaucoup baissé. L’activité repart ensuite à la hausse avant de reculer à nouveau fortement sur la période 2013-2016 en raison de la chute du cours du pétrole et du ralentissement général de l’activité. En 2017 et 2018, le chiffre d’affaires augmente vivement (+ 8,4 % par an), grâce au rebond dans l’industrie et la construction et à la hausse du prix du pétrole. Il se stabilise à partir de 2019 et jusqu’aux effets de la Covid19 sur l’activité économique.

Figure 2 - Évolution du chiffre d'affaires de l'ensemble du commerce de gros, du commerce de gros de biens intermédiaires et de ses trois composantes entre 2000 et 2019

Indices 100 en 2000
Figure 2 - Évolution du chiffre d'affaires de l'ensemble du commerce de gros, du commerce de gros de biens intermédiaires et de ses trois composantes entre 2000 et 2019 (Indices 100 en 2000)
Commerce de gros de biens intermédiaires Commerce de gros de combustibles et produits annexes Commerce de gros pour l'habitat et la construction Commerce de gros destiné à l'industrie Ensemble du commerce de gros
2000 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0
2001 101,6 100,1 104,5 100,1 104,6
2002 100,9 95,8 108,1 98,2 106,9
2003 102,4 99,8 112,0 96,3 109,5
2004 110,7 108,9 119,1 105,1 114,2
2005 115,1 127,2 124,3 100,8 118,1
2006 122,0 134,6 133,9 105,3 123,1
2007 129,2 142,9 143,1 110,3 129,7
2008 138,2 162,3 147,6 116,8 136,5
2009 118,8 129,0 136,4 98,7 124,8
2010 129,6 146,6 138,8 112,2 130,3
2011 139,8 159,3 146,4 122,8 139,1
2012 141,1 171,4 145,1 119,9 142,2
2013 134,8 156,4 143,0 115,3 140,9
2014 126,9 140,3 141,2 110,7 139,3
2015 119,5 123,3 139,8 108,3 138,2
2016 115,2 112,9 141,8 105,2 138,5
2017 125,8 128,8 149,5 113,3 145,0
2018 135,3 147,5 153,8 117,7 151,8
2019 135,5 147,8 160,7 113,3 156,6
  • Note : indices de chiffre d’affaires sur les ventes en valeur, y compris à l’exportation, séries brutes.
  • Champ : France hors Guyane et Mayotte.
  • Sources : DGFiP, Insee.

Figure 2 - Évolution du chiffre d'affaires de l'ensemble du commerce de gros, du commerce de gros de biens intermédiaires et de ses trois composantes entre 2000 et 2019

  • Note : indices de chiffre d’affaires sur les ventes en valeur, y compris à l’exportation, séries brutes.
  • Champ : France hors Guyane et Mayotte.
  • Sources : DGFiP, Insee.

Des groupes spécialisés autour de leur activité principale

La est assez proche de celle de l’ensemble du commerce de gros. Les microentreprises sont nombreuses, mais ont un faible poids économique. Les petites et moyennes entreprises sont un peu plus présentes dans ce secteur que dans l’ensemble du commerce de gros et génèrent un quart du chiffre d’affaires du secteur. Les entreprises de taille intermédiaire et les grandes entreprises représentent moins de 1 % en nombre, mais réalisent plus des deux tiers du chiffre d’affaires du secteur.

1 650 entreprises sont organisées en groupe de plusieurs unités légales et génèrent 80 % du chiffre d’affaires du secteur (figure 3). Près de la moitié des 5 320  qui les composent font du commerce de gros de biens intermédiaires et réalisent 90 % du chiffre d’affaires de ces groupes. Parmi les autres unités, beaucoup sont des holdings, des sièges sociaux ou exercent dans l’immobilier et la gestion, avec un très faible chiffre d’affaires. Enfin, certaines sont spécialisées dans du commerce d’autres biens, dans la construction ou l’industrie.

1 590 des 17 300 unités légales du secteur appartiennent à une entreprise spécialisée dans une autre activité. La majorité d’entre elles appartiennent à de grandes entreprises industrielles. Elles réalisent un important chiffre d’affaires, de 40 milliards d’euros.

Figure 3 - Structure du secteur du commerce de gros de biens intermédiaires en 2018

  • * Chiffre d'affaires non consolidé.
  • Lecture : en 2018, parmi les 14 900 entreprises du secteur de commerce de gros de biens intermédiaires, 1 650 sont composées de plusieurs unités légales : elles possèdent 2 460 unités légales dont l'activité principale est du même secteur et 2 860 dont l'activité vient d'autres secteurs.
    Parmi les 17 300 unités légales du secteur de commerce de gros de biens intermédiaires, 2 460 appartiennent à une entreprise du même secteur, 13 250 sont des unités légales indépendantes et 1 590 appartiennent à une entreprise exercant une autre activité.
  • Champ : France hors Mayotte.
  • Source : Insee, Ésane 2018.

Un taux de marge commerciale plus élevé que dans l’ensemble du commerce de gros

Le taux de marge commerciale du secteur, qui représente la richesse dégagée par euro de vente de marchandises, est de 25,5 % en 2018 contre 21,4 % pour l’ensemble du commerce de gros (figure 4). Il est plus élevé pour les produits destinés à l’habitat et la construction comme la quincaillerie, les appareils sanitaires et fournitures de plomberie, et pour les combustibles que pour les produits destinés à l’industrie (produits chimiques, minerais et métaux et autres produits intermédiaires).

Le du secteur est de 27,0 %, soit 1,8 point de moins que celui de l’ensemble du commerce de gros. Les frais de personnel y sont plus élevés en raison d’un volume d’emploi relativement plus important partiellement compensé par des rémunérations plus faibles. Le commerce de combustibles se démarque avec un taux de 38,4 %. Dans le commerce de produits destinés à l’industrie, les taux sont plus élevés que dans le commerce de produits destinés à l’habitat et à la construction (de 2 à 8 points d’écart selon les secteurs).

Figure 4 - Chiffres clés de l'ensemble du commerce de gros, du commerce de gros de biens intermédiaires et de ses composantes en 2018

Figure 4 - Chiffres clés de l'ensemble du commerce de gros, du commerce de gros de biens intermédiaires et de ses composantes en 2018
en % en milliers d'euros
Taux de marge commerciale Taux de marge d'exploitation Part des charges de personnel Taux d'investissement Productivité du travail par tête
(VACF/effectifs ETP)
Commerce de gros de biens intermédaires 25,5 27,0 73,0 7,4 82
Combustibles et produits annexes 23,4 38,4 61,6 5,2 132
Minerais et métaux 18,6 29,6 70,4 8,3 92
Bois et matériaux de construction 28,6 21,8 78,2 12,5 66
Appareils sanitaires et produits de décoration 34,2 25,2 74,8 9,0 75
Quincaillerie 31,6 26,0 74,0 5,6 78
Fournitures pour la plomberie et le chauffage 32,3 21,6 78,4 7,6 68
Produits chimiques 21,6 29,6 70,4 13,3 113
Autres produits intermédiaires 20,1 28,0 72,0 7,1 98
Déchets et débris 28,2 30,0 70,0 15,0 68
Ensemble du commerce de gros 21,4 28,8 71,2 8,2 93
  • Champ : France hors Mayotte.
  • Source : Insee, Ésane 2018.

Un marché tourné vers les utilisateurs finaux

Avec 12 % de son chiffre d’affaires réalisé à l’exportation, le secteur est un peu moins tourné vers le marché extérieur que l’ensemble du commerce de gros (- 4 points). Les produits qui s’exportent le plus sont ceux destinés à l’industrie, avec des taux d’exportation de 19 % à 30 %. Les produits principalement destinés à l’habitat et la construction se vendent presque exclusivement en France.

Sur le marché intérieur, plus de la moitié du chiffre d’affaires est réalisé avec une clientèle de professionnels qui utilisent ces produits dans leur chaîne de production (industriels, agriculteurs, professionnels du bâtiment, collectivités) (figure 5). Près d’un tiers des ventes est effectué auprès de revendeurs et les 18 % restants sont des ventes directes aux consommateurs. Les combustibles et produits annexes font figure d’exception puisque seulement 28 % du chiffre d’affaires est réalisé auprès des utilisateurs professionnels, une grande part étant générée directement avec les consommateurs via les réseaux de distribution comme les stations services.

Comme pour l’ensemble du commerce de gros, un tiers des achats de marchandises est effectué au travers d’importations. Les produits destinés à l’industrie, tels que les minerais et métaux, les autres produits intermédiaires et, dans une moindre mesure, les produits chimiques, sont principalement achetés à l’étranger. Les combustibles et les produits de la construction proviennent majoritairement de producteurs ou filiales de commercialisation en France. Ces derniers s’alimentent eux-mêmes parfois à l’étranger.

Figure 5 - Ventilation du chiffre d'affaires du commerce de gros de biens intermédiaires sur le marché intérieur selon le type de clientèle en 2018

en %
Figure 5 - Ventilation du chiffre d'affaires du commerce de gros de biens intermédiaires sur le marché intérieur selon le type de clientèle en 2018 (en %)
Revendeurs Utilisateurs professionnels Particuliers
Centrales d'achats et grossistes Commerces indépendants et détaillants Producteurs (industriels, artisans, agriculteurs, etc.) Comités d'entreprise, collectivités et autres clients Consommateurs (vente directe ou par le biais de dêpots ventes)
Ensemble du commerce de gros 31,4 27,5 23,6 11,8 5,7
Commerce de gros de biens intermédiaires 19,3 10,7 41,6 10,1 18,3
Combustibles et produits annexes 26,7 15,4 16,0 12,4 29,5
Minerais et métaux 18,7 4,1 67,4 6,1 3,7
Bois et matériaux de construction 10,1 7,3 60,5 6,8 15,3
Appareils sanitaires et produits de décoration 22,3 8,9 46,0 12,9 9,8
Quincaillerie 14,3 9,0 62,6 10,6 3,5
Fournitures pour la plomberie et le chauffage 7,5 2,7 72,4 4,5 12,9
Produits chimiques 22,5 11,1 55,7 8,2 2,5
Autres produits intermédiaires 11,1 5,2 67,0 16,0 0,6
Déchets et débris 20,7 2,0 43,8 14,6 18,9
  • Champ : France hors Mayotte.
  • Source : Insee, Ésane 2018.

Figure 5 - Ventilation du chiffre d'affaires du commerce de gros de biens intermédiaires sur le marché intérieur selon le type de clientèle en 2018

  • Champ : France hors Mayotte.
  • Source : Insee, Ésane 2018.

Sources

Les résultats sont issus du dispositif d’élaboration des statistiques annuelles d’entreprise (Ésane) qui produit des résultats en entreprises sur l’ensemble du champ, à partir des données de 2018. Les contours des entreprises sont déterminés à partir de la source sur les liaisons financières (Lifi).

L’évolution annuelle du chiffre d’affaires du secteur est élaborée chaque mois à partir des déclarations mensuelles (CA3) faites par les entreprises relevant du régime fiscal réel normal pour le paiement de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA). Ces données sont produites uniquement en unités légales.

Définitions

Le secteur des « autres commerces de gros spécialisés », appelé ici commerce de gros de biens intermédiaires, est décrit dans le groupe 46.7 de la nomenclature d’activités française (NAF rév. 2, 2008).

Il est composé de 9 sous-classes regroupées pour les besoins de l’étude en trois grandes composantes :

  • le commerce de gros de combustibles qui correspond à la sous-classe 4671Z (45 % du chiffre d’affaires total du secteur) ;
  • le commerce de gros pour l’habitat et la construction qui regroupe les sous-classes 4673A, 4673B, 4674A et 4674B (35 % du chiffre d’affaires total du secteur) ;
  • le commerce de gros de produits destinés à l’industrie qui regroupe les sous-classes 4772Z, 4675Z, 4676Z et 4677Z (20 % du chiffre d’affaires total du secteur).
Entreprise :

L'entreprise est la plus petite combinaison d'unités légales qui constitue une unité organisationnelle de production de biens et de services jouissant d'une certaine autonomie de décision, notamment pour l'affectation de ses ressources courantes.

Le chiffre d’affaires consolidé est la somme des chiffres d’affaires des unités légales d’un groupe, à laquelle on ôte le chiffre d’affaires réalisé entre les filiales du groupe.

Dans le partage de la valeur ajoutée aux coûts des facteurs, le taux de marge d’exploitation rend compte de ce qui reste à disposition des entreprises – l’excédent brut d’exploitation –, notamment pour rémunérer le capital et investir, une fois déduites les rémunérations salariales.

Catégorie (ou taille) d’entreprise : quatre catégories d’entreprises sont définies par la loi (article 51 de la loi de modernisation de l’économie) pour les besoins de l’analyse statistique et économique. Pour déterminer la catégorie à laquelle une entreprise appartient, on utilise les données suivantes, afférentes au dernier exercice comptable clôturé et calculées sur une base annuelle : l’effectif, le chiffre d’affaires et le total du bilan. On distingue les microentreprises (MIC), les petites et moyennes entreprises (PME), les entreprises de taille intermédiaire (ETI) et les grandes entreprises (GE).

Unité légale / Entreprise-unité légale / Siren :

L'unité légale est une entité juridique de droit public ou privé. Cette entité juridique peut être :

  • une personne morale, dont l'existence est reconnue par la loi indépendamment des personnes ou des institutions qui la possèdent ou qui en sont membres ;
  • une personne physique, qui, en tant qu'indépendant, peut exercer une activité économique.

Elle est obligatoirement déclarée aux administrations compétentes (greffes des tribunaux de commerce, Sécurité sociale, DGFiP...) pour exister. L'existence d'une telle unité dépend du choix des propriétaires ou de ses créateurs (pour des raisons organisationnelles, juridiques ou fiscales). L'unité légale est l'unité principale enregistrée dans Sirene.

Remarque :

Cette définition de l'unité légale ne doit pas être confondue avec celle de l'entreprise, considérée comme unité statistique.

L’ensemble du commerce de gros correspond au commerce de gros, à l’exception des automobiles et des motocycles décrit par la division 46.

Pour en savoir plus

Lalande E. et al. « Les ventes dans le commerce plongent au printemps 2020 après avoir rebondi en 2019 », Insee Première n° 1808, juillet 2020.

« Quelle nouvelle vision du secteur du commerce avec la définition économique des entreprises ? », in Les entreprises en France, coll. « Insee Références », décembre 2019.

Rousset A., « Portrait de groupes dans le commerce », Insee Première n° 1724, décembre 2018.

Trinquier B., « Le commerce de gros de biens domestiques », Insee Focus n° 93, septembre 2017.

Trinquier B., « Le commerce de gros de produits alimentaires : en tête des ventes des grossistes », Insee Focus n° 58, avril 2016.