En 2018, au sein de l’Union européenne (UE28), 33,0 millions de personnes exercent leur activité principale comme indépendants, secteur agricole compris, mais hors aides familiaux. Les indépendants représentent en moyenne 14,3 % des personnes en emploi, cette part variant de moins de 10 % en Allemagne, en Suède, au Luxembourg ou au Danemark à près de 30 % en Grèce (figure 1). Avec 11,4 % d’indépendants, la France fait partie des pays de l’UE où le travail indépendant est relativement peu répandu.

Sur longue période, l’évolution du travail indépendant en Europe est marquée par une baisse de l’emploi agricole. Ce recul, partagé par tous les pays, induit une lente convergence de la part des indépendants dans les pays de l’Union : seule exception, la Grèce, où la part des exploitants agricoles a augmenté depuis 2008, les autres types d’emplois ayant été particulièrement touchés par la grave crise économique qu’a connue ce pays. En moyenne dans l’UE, la part de l’agriculture au sein de l’emploi indépendant est passé de 17,5 % en 2012 à 14,5 % en 2018. Cependant, en 2018, cette part atteint 70 % en Roumanie, 32 % en Grèce et 36 % en Pologne. Elle est en France de 12 %, proche de la moyenne de l’UE.

Dans le même temps, depuis le début des années 2000, de nouvelles formes d’emploi indépendant émergent (travail freelance, plateformes numériques, etc.), contribuant à son dynamisme. Considéré comme un instrument de lutte contre le chômage, le travail indépendant a ainsi fait l’objet de mesures de soutien dans de nombreux pays, s’inscrivant dans une stratégie européenne (stratégie de Lisbonne 2000, Small business act en 2008, European economic recovery plan en 2009). La mise en place du statut d’auto-entrepreneur en France en 2009 en est un exemple. Depuis le début des années 2000, les évolutions sont cependant contrastées selon les pays. Alors que la part de l’emploi indépendant hors agriculture a diminué en Italie, elle a progressé régulièrement dans d’autres pays, comme le Royaume-Uni, les Pays-Bas et la France (figure 2). En Allemagne, après s’être stabilisée de 2005 à 2012, elle a reculé depuis. Reflet de ces évolutions, la part de l’emploi indépendant (hors agriculture) dans l’UE a légèrement progressé pendant les années 2000, avant de fléchir en fin de période. Par ailleurs, l’emploi indépendant, moins sensible à la conjoncture que l’emploi salarié, tend à résister en période de ralentissement économique et à moins progresser en période de croissance. Ainsi, la crise économique de 2008-2009 s’est plutôt traduite par une pause dans le mouvement de baisse de la part des indépendants en Italie et par une croissance plus soutenue dans les pays où la tendance était à la hausse.

La part des indépendants n’employant pas de salarié a augmenté dans l’UE : ils représentent 72 % des indépendants en 2018, contre 67 % en 2002. Cette proportion atteint 94 % en Roumanie, et descend à 56 % en Allemagne. Parmi les indépendants sans salarié, 20 % déclarent en 2017 n’avoir qu’un seul client ou un client principal représentant plus de 75 % des revenus. Cette part n’est que de 10 % parmi les indépendants employeurs.

Les caractéristiques des indépendants selon le sexe ou l’âge évoluent peu. La part des femmes dans l’emploi indépendant a progressé de 1,3 point dans l’UE entre 2012 et 2018 (de 31,1 % à 32,4 %), alors que dans le même temps la part des femmes dans l’emploi total a augmenté de 0,3 point (de 45,7 % à 46,0 %). En 2018, la part des femmes parmi les indépendants va de 23 % en Irlande et à Malte à 42 % en Lettonie, celle des Françaises se situant légèrement au-dessus de la moyenne européenne. Les indépendants restent également une population plus âgée : dans l’Union, 28,1 % des personnes en emploi de 60 ans ou plus travaillent comme indépendants, contre seulement 6,1 % des moins de 30 ans. Entre 2012 et 2018, la part des moins de 30 ans au sein des indépendants a diminué.