Insee Conjoncture GuyaneBilan économique 2018 - Guyane

L’économie guyanaise redémarre

L’année 2018 poursuit la dynamique de reprise économique amorcée au second semestre 2017. Dans un contexte régional, national et international favorable, la mise en oeuvre du plan d’urgence donne des gages supplémentaires de confiance aux entreprises et aux ménages. L’industrie spatiale reste dynamique et investit pour faire face à une concurrence qui s’intensifie. Bien qu’attentiste, le secteur du BTP fait face à des chantiers d’importance pour quelques années. Le secteur du tourisme est au plus haut et la démographie toujours soutenue et porteuse de demande. L’emploi salarié progresse dans tous les secteurs d’activités, permettant de baisser le taux de chômage.

Insee Conjoncture Guyane
No 05
Paru le :Paru le06/06/2019
Auteur : Jean-Christophe Lambert, Camille Lemoine, DAAF Guyane
Insee Conjoncture Guyane No 05- Juin 2019

Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2018 publiés par l'Insee.
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Agriculture - Élevage bovin : une filière dynamique marquée par la concentration des acteurs Bilan économique 2018

Auteur : Jean-Christophe Lambert, Camille Lemoine, DAAF Guyane

Le cheptel bovin de Guyane a doublé en quinze ans, accompagnant le développement régional et les besoins de ses habitants. L’élevage est concentré dans un nombre limité de communes, sur des exploitations de plus en plus grandes et spécialisées. Avec les aides européennes, des efforts de structuration sont entrepris pour davantage de compétitivité et pour l’accès à de nouveaux débouchés.

Insee Conjoncture Guyane

No 5

Paru le :06/06/2019

En Guyane, l’élevage représente 10 % de la valeur de la production de la branche agriculture et évolue vers une forte concentration : la moitié de la production est réalisée par 4 % des éleveurs et les élevages de grande taille (200 têtes et plus) concentrent les deux-tiers du cheptel.

La production animale (brute et transformée) est composée de deux secteurs : le bétail (62 %) et la production avicole (37 %). L’élevage bovin représente 57 % de la production finie de bétail en valeur contre 38 % pour l’élevage porcin.

Doublement du cheptel bovin en quinze ans

Le cheptel bovin en Guyane regroupe 18 000 têtes en 2018 et assure un quart des besoins alimentaires de la région. L’élevage bovin connaît un dynamisme soutenu : depuis 2002, le cheptel a doublé (+ 97 %) et les abattages ont suivi une forte tendance à la hausse (+ 63 %). En 2018, 286 éleveurs détiennent les 18 000 têtes. Ils étaient 347 possédant 15 500 têtes en 2009. Les troupeaux sont formés pour moitié de zébus Brahma, de vaches de type Croisé (40 %) et de buffles (8 %).

Les catégories principales de ce cheptel sont les bovins de plus de deux ans (36 %), les vaches (33 %), les bovins de un à deux ans (16 %) et les bovins de moins d’un an (15 %). Un tiers de ce cheptel constitue le stock des animaux destinés à la boucherie. Sur les 13 000 femelles du cheptel, 54 % sont destinées à la production de viande et 46 % sont des vaches allaitantes pour la reproduction.

Les animaux de boucherie sont abattus dans deux abattoirs de la région, l’un à Mana dans l’Ouest et l’autre à Remire-Montjoly. En 2018, les abattages d’animaux de boucherie représentent 2 570 têtes, soit 570 tonnes. En cinq ans, les volumes d’abattages ont augmenté de 45 % en effectifs et en poids.

Une croissance qui ralentit depuis 3 ans

La Superficie Agricole Utilisée (SAU) est de 32 700 hectares en 2017, soit 0,4 % de la superficie de la Guyane. Les prairies destinées aux bovins en représentent 43 %, part restée stable depuis 2011. Les prairies et le cheptel sont concentrés sur les communes du littoral parmi lesquelles quatre ont un cheptel de 2 000 têtes et plus : Macouria, Mana, Sinnamary et Kourou.

De 2011 à 2017, l’élevage bovin a connu une forte croissance : + 19 % de son cheptel, + 29 % de SAU et + 30,5 % de la Surface toujours en herbe (STH). Depuis trois ans, la croissance moyenne de la STH a ralenti (+ 3,1 % par an en moyenne).

La taille moyenne des élevages en forte hausse

En 10 ans, la taille moyenne des élevages augmente de 40 % passant de 44 à 63 têtes (Source : BDNI). Cet agrandissement s’explique par la structuration des grandes exploitations (200 têtes et plus) entraînant la diminution des élevages de taille moindre.

Entre 2009 et 2017, les grandes exploitations sont plus nombreuses (+ 30 %), et plus importantes (augmentation du cheptel de 45 %). Un quart des exploitations de 101 à 200 têtes ont dépassé le seuil des 200 têtes ou plus.

À l’inverse, les petites et moyennes exploitations perdent 20 % de leur cheptel et 15 % des élevages.

Ainsi, la production de viande est fortement concentrée sur les 22 grandes exploitations. Deux tiers des 18 000 bovins sont détenus par 8 % des éleveurs. Cinq élevages sont de très grande taille (700 têtes ou plus) et comptabilisent le quart du cheptel. Les exploitations de 200 têtes ou plus ont une production exclusive de bovins et sont localisées sur des grands domaines où la main-d’œuvre est salariée.

Les élevages de moyenne taille (51 à 200 têtes) rassemblent 20 % des troupeaux et 12 % des exploitations.

Les 230 éleveurs de moins de 50 têtes représentent 80 % des détenteurs et 14 % du cheptel. Ces éleveurs pratiquent la polyculture en plus de l’élevage et la main d’œuvre est familiale.

Développement des aides pour la filière bovine

Les aides de la Politique Agricole Commune (PAC) sont un facteur de développement et de modernisation de l’agriculture. En 2017, le POSEI (encadré) contient une mesure de structuration de l’élevage de 3,1 M€ dont 28 % au titre de la filière bovine. De plus, les primes animales aux éleveurs de ruminants atteignent 2,8 M€. Depuis 2019, le Régime Spécifique d’Approvisionnement (RSA) est instauré pour alléger le prix des matières premières en faveur de l’alimentation des bovins. En effet, en Guyane, la profession a recours à l’importation d’intrants du fait d’un handicap phyto-génétique des prairies et d’un manque de productions fourragères.

Figure 1Chiffres clés du cheptel bovin et de la production de viande

Chiffres clés du cheptel bovin et de la production de viande
2017 2012 2007 2002
Cheptel 18 582 18 280 14 240 9 424
Abattage 2 240 1 462 1 290 1 375
  • Source : DAAF de Guyane – BDNI et DIFFAGA.

Figure 2La surface des prairies permanentes augmente régulièrementÉvolution du cheptel et de la surface toujours en herbe (en têtes et ha)

La surface des prairies permanentes augmente régulièrement - Lecture : en 2017, la surface des prairies permanentes est de 13 700 hectares pour un cheptel de 18 580 têtes de bétail.
Surface toujours en herbe (STH) Cheptel SAU
2010 9 415 16 483 27 138
2011 10 500 15 624 25 280
2012 11 000 18 713 27 056
2013 11 400 18 651 28 746
2014 12 500 18 423 30 296
2015 12 900 18 543 30 874
2016 13 100 18 945 31 358
2017 13 700 18 582 32 724
  • Lecture : en 2017, la surface des prairies permanentes est de 13 700 hectares pour un cheptel de 18 580 têtes de bétail.
  • Source : DAAF de Guyane – BDNI.

Figure 2La surface des prairies permanentes augmente régulièrementÉvolution du cheptel et de la surface toujours en herbe (en têtes et ha)

  • Lecture : en 2017, la surface des prairies permanentes est de 13 700 hectares pour un cheptel de 18 580 têtes de bétail.
  • Source : DAAF de Guyane – BDNI.

Figure 3Un bovin sur trois dans la commune de MacouriaRépartition du cheptel bovin par commune selon le siège d’exploitation en Guyane en 2018 (en nombre)

  • Source : DAAF de Guyane – BDNI.

Figure 4Les élevages de grande taille concentrent les deux-tiers du cheptelRépartition du cheptel bovin selon la taille des élevages (en %)

Les élevages de grande taille concentrent les deux-tiers du cheptel
Éleveurs Bovins détenus
2017 2009 Évolution 2017/2009 2017 2009 Évolution 2017/2009
25 têtes et moins 69,6 73,3 -3,7 7,7 11,6 -3,9
26 à 50 têtes 11,2 9,2 2,0 6,4 7 -0,6
51 à 100 têtes 6,3 6,5 -0,2 8,2 10,2 -2,0
101 à 200 têtes 5,2 6 -0,8 12,2 18,8 -6,6
200 têtes et plus 7,7 5 2,7 65,4 52,4 13,0
Total 100 100 /// 100 100 ///
  • Source : DAAF de Guyane – BDNI.

Figure 4Les élevages de grande taille concentrent les deux-tiers du cheptelRépartition du cheptel bovin selon la taille des élevages (en %)

  • Source : DAAF de Guyane – BDNI.

Figure 5Les aides animales augmentent de 5 % en trois ansAides du premier pilier attribuées par filière entre 2014 et 2017 (en millier d’euros)

Les aides animales augmentent de 5 % en trois ans
2017 2016 2015 2014 Évolution 2017/2016 Évolution 2017/2014
Aides animales 2 848 2 823 2 751 2 879 0,9 -1,1
Prime petits ruminants (PPR) 65 60 72 65 8,1 -0,6
Aide au développement et au maintien du cheptel allaitant (ADMCA) 2 346,9 2 392 2 310 2 484 -1,9 -5,5
Prime à l'abattage (PAB) 436 371 369 330 17,6 32,2
Mesures « structuration » 3 149 2 714 2 724 2 425 16,0 29,9
Filières bovine et bubaline viande 886 663 829 742 33,7 19,4
Filières ovine et caprine 201 169 114 114 18,9 76,9
Filière porcine 414 399 511 928 3,7 -55,4
Filières œufs de consommation et avicole 247 201 217 216 22,9 14,5
Inter-filières 1 379 1 283 1 052 425 7,5 224,3
Mesures « importations d'animaux vivants » 243 212 169 154 14,4 57,8
Mesure « Régime Spécifique d'Approvisonnement » (RSA) 2 117 2 092 2 012 1 965 1,2 7,7
Mesure « Canne, Sucre, Rhum » 169 156 179 176 8,4 -3,8
Mesure « Diversification végétale » 193 180 540 733 7,2 -73,7
Total 8 718 8 177 8 374 8 331 6,6 4,6
  • Source : Odeadom, POSEI 2017.

Une filière qui se structure

La filière bovine guyanaise s’organise autour de groupements de producteurs qui mutualisent leurs ressources afin d’augmenter leurs performances. Le Programme de Développement Rural de la Guyane (2014 – 2020), permet aux organisations de se rassembler autour d’une stratégie de l’interprofession Élevage de Guyane (Intervig). Les professionnels du secteur et les partenaires des administrations locales collaborent régulièrement au Comité d’Orientation en Élevage (COEL) mais aussi au Comité d’Organisation stratégique de l’Agriculture (COSDA). L’interprofession travaille à l’accession vers de nouveaux marchés comme les Grandes et Moyennes Surfaces ou la Restauration Hors Foyer (les cantines et la restauration privée). Elle œuvre à la structuration de la filière et au rapprochement entre producteurs et consommateurs. Depuis 2014, les consommateurs peuvent repérer les produits issus du territoire à l’aide de la marque « produit issu de l’élevage de Guyane ».