Bilan économique 2015 - Centre-Val de Loire
Une année 2015 en demi-teinte Alors que l'activité mondiale ralentit légèrement, l'économie française accélère en 2015. Les évolutions nationales de l'activité et de l'emploi sont favorables (+ 1,3 % et + 0,5 %) ; le taux de chômage est quasi stable, plutôt orienté à la baisse. Cette situation se reflète au niveau régional, avec une hausse mesurée de l'emploi ( + 0,2 %) et un taux de chômage stable (9,7 %). Les échanges extérieurs ont été dynamiques au cours de l'année, favorisés par les produits pharmaceutiques et les parfums et cosmétiques. Des signes encourageants de reprise d'activité dans la construction et le transport se dégagent. Cependant, le nombre de demandeurs d'emploi progresse de 5,8 % et les créations d'entreprises ont été moins nombreuses qu'en 2014.
Agriculture - Chute des prix agricoles en 2015
Gaëtan Buisson, Draaf Centre-Val de Loire
L’année 2015 est une année de crise, notamment des filières d’élevage, en particulier pour les éleveurs de porcs et de bovins laitiers. Les grandes cultures sont en difficulté, avec des cours qui n’en finissent pas de décrocher, suite à des récoltes mondiales records. De plus, la crise sanitaire, avec la fièvre catarrhale ovine, sévit depuis septembre et a bloqué un temps les animaux dans les fermes. L’économie agricole régionale subit également les contrecoups de l’embargo russe. Par contre, la récolte viticole est très prometteuse, avec une quantité et une qualité exceptionnelle dues à des conditions météorologiques idéales. Les producteurs de fruits et légumes font une saison correcte, sans euphorie. La baisse du coût des intrants, en particulier de l’énergie, allège un peu les charges.
Insee Conjoncture Centre-Val de Loire
No 10
Paru le :31/05/2016
Grandes cultures : l’abondance pèse sur les prix
L’année 2015 est marquée par des rendements exceptionnels en céréales, très au-dessus des moyennes quinquennales (figure 1). La météo chaude et sèche a permis de faire la moisson en un temps record et d’assurer une bonne qualité des grains (figure 4). La production de blé tendre est supérieure de 4 % à celle de 2014, atteignant son meilleur niveau sur dix ans. Mais un des critères de qualité, le taux de protéines, fait défaut en ne dépassant pas les 11 %. En cause, l’azote que la plante n’a pas assimilé efficacement en fin de campagne en raison de la sécheresse printanière. La production de blé dur a bondi de 17 %, sous l’effet cumulé de l’augmentation des surfaces et de bons rendements.
Les cultures de printemps, maïs, tournesol, s’en sortent moins bien. D’une part, les surfaces qui leur sont dédiées sont en baisse en 2015 ; d’autre part, les rendements n’ont pas été bons du fait de la sécheresse du printemps qui s’est prolongée jusqu’au début de l’été. Les rendements des maïs non irrigués sont amputés de moitié par rapport aux maïs irrigués. La production de maïs grain chute de plus d’un tiers par rapport à 2014.
La production de colza se replie de 3 % du fait d’une perte de rendement de trois quintaux à l’hectare, non compensée par l’accroissement de 4 % de la superficie. La production de tournesol diminue de 29 %, avec un rendement en retrait de 16 % et des surfaces rétrécies. La production de protéagineux est stable par rapport à 2014. Comme l’an passé, l’abondance de la récolte mondiale pèse sur les cours des céréales. Ainsi, le faible niveau des cours du blé tendre observé en 2014 ne se redresse pas (figure 2). L’orge et le blé dur connaissent la même situation, avec des prix qui n’ont cessé de chuter. Les cours du maïs se redressent sensiblement par rapport à 2014, sans atteindre toutefois le niveau moyen des cinq dernières années. Les cours des oléagineux s’orientent à la hausse, du fait de stocks mondiaux en repli.
tableauFigure 1 – Grandes cultures et oléoprotéagineux en 2015 en Centre-Val de Loire
Superficie (ha) | Rendement (q/ha) | Production (1 000 q) | Evolution de la production 2015/2014 (%) | |
---|---|---|---|---|
Blé tendre | 689 660 | 76 | 52 718 | 4,2 |
Blé dur | 72 200 | 73 | 5 240 | 17,0 |
Orge, escourgeon | 280 900 | 71 | 20 001 | -0,5 |
Avoine | 10 550 | 43 | 450 | -2,6 |
Maïs-grain (hors semences) | 131 800 | 84 | 11 052 | -34,3 |
Maïs grain irrigué | 75 300 | 107 | 8 021 | -28,5 |
Maïs grain non irrigué | 56 500 | 54 | 3 031 | -46,0 |
Triticale | 25 800 | 52 | 1 332 | 1,5 |
Colza | 304 440 | 34 | 10 475 | -2,8 |
Tournesol | 65 300 | 20 | 1 296 | -29,4 |
Pois protéagineux | 24 650 | 35 | 857 | 0,1 |
Féveroles et fèves | 6 500 | 27 | 174 | 42,6 |
- Source : Agreste - conjoncture grandes cultures, novembre 2015
tableauFigure 4 – Pluviométrie moyenne en Centre-Val de Loire
2014-15 | Moyenne 1981-2010 | |
---|---|---|
Oct. 2014 | 81 | 69 |
Nov. 2014 | 60 | 62 |
Déc. 2014. | 45 | 65 |
Janv. 2015 | 55 | 57 |
Fév. 2015 | 44 | 49 |
Mars 2015 | 32 | 49 |
Avril 2015 | 58 | 56 |
Mai 2015 | 53 | 68 |
Juin 2015 | 35 | 51 |
Juil. 2015 | 17 | 58 |
Août 2015 | 82 | 50 |
Sept.2015 | 67 | 55 |
Oct. 2015 | 50 | 69 |
Nov. 2015 | 47 | 62 |
Déc. 2015 | 22 | 65 |
- Source : Météo France
graphiqueFigure 4 – Pluviométrie moyenne en Centre-Val de Loire

- Source : Météo France
graphiqueFigure_2 – Les cours des céréales

- Source : FranceAgrimer
Année correcte pour les fruits et légumes
Sans être dans l’euphorie, la campagne de fruits et légumes a été correcte. Le concombre s’est mieux vendu qu’en 2014, profitant d’un été propice à sa consommation. La salade a fait son entrée sous de bons auspices, mais les prix sont passés sous la moyenne triennale fin juillet pour ne la dépasser qu’en fin d’année.
La production de pommes et de poires s’avère correcte, mais l’embargo russe pèse sur les cours des pommes.
Contexte climatique très favorable pour la vigne
Le millésime 2015 s’annonce prometteur. La sécheresse estivale a contenu les maladies et ravageurs des vignes, vendangées avec un bon état sanitaire. Le Cher semble avoir particulièrement souffert du déficit hydrique et enregistre une baisse de 10 % des rendements. Dans les autres départements producteurs, la récolte augmente. Pour l’ensemble des vins de Loire, hormis le Touraine rouge, les cours pratiqués par le négoce progressent nettement.
L’élevage enchaîne les crises
En 2015, le prix du lait chute de 15 % sur un an, déclenchant une crise dans ce secteur. Celle-ci a provoqué un afflux de bovins vers les abattoirs. Pour la deuxième année consécutive, le cours du porc fléchit et cède encore 9 % par rapport à 2014. L’embargo russe restreint les débouchés de la production européenne. Les disponibilités excessives encombrent le marché et fragilise le commerce.
Les difficultés s’accumulent au cours du second semestre. En juin, les éleveurs de bovins en colère bloquent les abattoirs du pays. La détection de foyers de fièvre catarrhale ovine (FCO) a largement perturbé les marchés, allant jusqu’à la mise à l’arrêt des marchés au cadran régionaux. De plus, la viande a de moins en moins la faveur des consommateurs. Seul secteur plutôt épargné par les crises, le lait de chèvre, très demandé, renchérit. Son cours gagne 3 % et la production augmente de 2 %.
L’énergie moins chère allège le coût des intrants
Le recul des prix des intrants, engagé en 2013 et 2014, s’est poursuivi en 2015, - 2 % au niveau régional. Nationalement, la baisse est plus accentuée (- 3 %). D’un côté, le prix des engrais et amendements augmente de 2 % et de 1 % pour les semences et plants. Mais, par ailleurs, les prix de l’énergie (-15 %) et des aliments pour animaux (- 5 %) s’infléchissent suffisamment et permettent aux agriculteurs de limiter en 2015 leurs charges d’exploitation (figure 3).
graphiqueFigure_3 – Évolution de l’indice des prix d’achat des moyens de production agricole en Centre-val de Loire

- Source : Agreste, IPAMPA
Documentation
Définitions (pdf, 72 Ko )