Bilan économique 2014 de la Haute-Normandie

Comme au niveau national, l'année 2014 n'a pas vu d'amélioration économique significative. La plupart des indicateurs restent mal orientés : l'emploi marchand continue de baisser et le chômage augmente toujours. La progression de l'intérim et le dynamisme des créations d'entreprises pourraient cependant être des signes avancés d'une amélioration de la situation en 2015, dans un contexte international et national plus favorable.

Insee Conjoncture Haute-Normandie
Paru le :Paru le29/05/2015
Michel Delacroix – DRAAF Haute-Normandie
Insee Conjoncture Haute-Normandie- Mai 2015
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Pluie normande et géopolitique influencent l’année agricole

Michel Delacroix – DRAAF Haute-Normandie

Une moisson réalisée entre deux averses, le cours du blé en baisse et pas d’effet de compensation avec les autres cultures, 2014 n’est pas un grand cru pour les productions végétales. La situation est plus favorable pour l’élevage. Le prix du lait augmente et avec lui la production. Alors que la géopolitique agite les marchés, la fin des quotas laitiers et la réforme de la PAC sont autant de facteurs d’incertitude pour les producteurs.

Insee Conjoncture Haute-Normandie

No 5

Paru le :29/05/2015

La réforme de la PAC produit ses premiers effets. En 2014, seule la discipline budgétaire est appliquée, qui se traduit par une baisse de 7 % des aides versées aux agriculteurs haut-normands. Les autres mesures, dont le rééquilibrage des aides, aussi appelé convergence, et le coup de pouce aux petites structures, ou redistribution, se mettront progressivement en place entre 2015 et 2019. Elles devraient entraîner une baisse du montant global des aides versées de 9 % en 2015 et jusqu’à 22 % en 2019, soit 55 millions d’euros de moins au total qu’en 2013.

Recul des rendements de blé en 2014

En agriculture, la météo imprime souvent les tendances. La qualité du blé pâtit de la pluie qui s’invite en août en Haute-Normandie et retarde la moisson. Les producteurs craignent des déclassements en blé fourrager, moins cher que le blé panifiable. Le rendement moyen est en léger recul, à 85 quintaux par hectare contre 87 en 2013, entraînant une baisse de 2 % du volume récolté. Le temps clément sur le reste du globe permet partout de bonnes récoltes. Conséquence d’une offre abondante, le cours des céréales est orienté à la baisse (figure 1). Ainsi, sur le port de Rouen, entre juillet et décembre, la nouvelle récolte s’échange à 170 euros la tonne en moyenne, soit une baisse de 11 % par rapport à la même période de 2013. En fin d’année, la situation s’améliore cependant pour les blés français. Le contexte géopolitique en Ukraine perturbe l’approvisionnement des ports de la Mer Noire et les cours se redressent. Une parité euro/dollar favorable relance les exportations depuis Rouen, mais elles sont toutefois en recul de 8 % par rapport à 2013. Contrairement à certaines années, les autres productions végétales régionales ne compensent pas les résultats bien moyens des céréales. Pour les pommes de terre, l’augmentation des surfaces au niveau national, conjuguée à une récolte exceptionnelle (49 tonnes par hectare en Haute-Normandie), conduisent à l’effondrement des prix. Entre décembre 2013 et décembre 2014, ils chutent de 74 %. Pour le lin, la quantité est aussi au rendez-vous (7,5 tonnes par hectare), mais l’excès de pluie pendant le rouissage rend la qualité hétérogène.

Figure_1Prix des céréales : légère reprise en fin d’année ( évolution en indice - base 100 en 2010)

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Le marché du lait de plus en plus mondialisé

Les éleveurs laitiers sont mieux lotis. La campagne 2013-2014 s’achève en mars bien mieux qu’elle n’avait commencé. La nouvelle campagne débute sur un niveau de prix supérieur de 12 % à celui observé en avril 2013 (figure 2). Cette situation favorable se maintient jusqu’à l’automne, entraînant pour la Haute-Normandie une augmentation des livraisons de lait de 4,7 % sur l’année, à 868 millions de litres. Tiré par la demande chinoise, le marché du lait est de plus en plus mondialisé. Les grands pays producteurs comme la Nouvelle-Zélande intensifient leur production. En Europe, la fin des quotas en avril 2015 attise les ambitions. Contrairement à la France qui respecte son droit à produire, l’Allemagne et le Danemark sont prêts à payer des pénalités pour dépasser le leur, plutôt que de ralentir leur production, et l’Irlande envisage de doubler la sienne. Pourtant en automne, la tendance s’inverse. La Chine réduit ses achats et la Russie met les produits laitiers européens sous embargo. Celui-ci touche surtout les Pays Bas et pourrait toucher par ricochet le marché communautaire. À quelques semaines de l’échéance, les éleveurs français redoutent donc une surproduction qui entraînerait la chute des cours. La menace est réelle mais ne se confirme pas dans l’immédiat. Tout début 2015, la Chine reprend ses achats et en Nouvelle-Zélande la sécheresse qui s’installe met fin prématurément à la campagne laitière locale.

Figure_2Augmentation du prix du lait et baisse du coût de l’alimentation (évolution en indice - base 100 en 2010)

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Le revenu des agriculteurs haut-normands devraient encore baisser

Après une baisse de 22 % du revenu moyen des agriculteurs haut normands en 2013, il faudra sans doute s’attendre en 2014 à une nouvelle baisse (figure 3). Elle devrait cependant être nettement plus modérée, avec des résultats très contrastés selon les productions. Selon les estimations de la commission nationale de comptes de l’agriculture, dans un contexte général de baisse des prix conjugué à la baisse des volumes, le revenu des agriculteurs spécialisés en grandes cultures pourrait diminuer de 40 % au niveau national. En revanche, dans un marché mieux orienté, les éleveurs laitiers verraient leur revenu progresser de près de 30 %. Quant aux polyculteurs éleveurs, qui pour la plupart combinent élevage laitier et grandes cultures, les bons résultats du premier compenseront en partie les mauvais résultats des secondes, leur revenu baissant d’environ 10 %.

Figure_3Revenu 2014 : des résultats contrastés selon les productions (France)

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