Économie et Statistique n° 417-418 - 2008 Patrimoine : développements récents

Economie et Statistique
Paru le :Paru le01/06/2009
Jérôme Bourdieu, Gilles Postel-Vinay et Akiko Suwa-Eisenmann
Economie et Statistique- Juin 2009
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Mobilité intergénérationnelle du patrimoine en France aux XIXe et XXe siècles

Jérôme Bourdieu, Gilles Postel-Vinay et Akiko Suwa-Eisenmann

L’augmentation rapide des inégalités constatée dans la plupart des pays développés depuis 25 ans s’inscrit dans une durée plus longue : en France, les inégalités salariales sont restées globalement stables durant le XXe siècle, alors que les inégalités de capital ont diminué à la suite des guerres et de la crise de 1929, avant d’augmenter récemment. Cependant, le constat sur l’inégalité doit être complété par une analyse de la mobilité. Or, de ce point de vue, les travaux récents montrent que la mobilité en Europe, aussi bien sociale (par catégories professionnelles) qu’en termes de revenus, est proche de celle observée aux États-Unis. L’utilisation d’une base de données historiques françaises, individuelles et familiales, permet d’analyser la mobilité intergénérationnelle du patrimoine au XIXe et au début du XXe siècle. Cette longue période est marquée par des changements structurels importants : industrialisation, extension du salariat, autonomie professionnelle croissante des femmes, ainsi que par des chocs conjoncturels et politiques. La mobilité intergénérationnelle du patrimoine, en se restreignant à la population qui laisse une succession d’une génération à l’autre, est proche de la mobilité en termes de revenus, estimée dans les années récentes. Cependant, cette apparente stabilité va de pair avec une variation au cours du temps: la mobilité diminue pendant la Belle Époque (1895-1913) avant d’augmenter après la Première Guerre mondiale. En outre, se dessine une hétérogénéité entre riches et pauvres : les mécanismes de reproduction sociale se renforcent au sein des petites fortunes, sans doute liés à la transmission du capital éducatif, alors que dans le haut de la distribution, les richesses s’érodent après la Première Guerre mondiale, sous l’action conjointe de la guerre, de l’inflation et de la fiscalité.

Economie et Statistique

No 417-418

Paru le :01/06/2009