Économie et Statistique n° 381-382 - 2005 Logement : aspects économiques et sociaux
Quitter le nid : entre forces centripètes et centrifuges
Anne Laferrère
La façon dont les jeunes quittent le domicile de leurs parents s'est modifiée pendant les vingt dernières années sous l'effet de la poursuite massive des études supérieures et des fluctuations du chômage. L'augmentation de la co-résidence avec les parents de 1984 à 1996 est venue pour l'essentiel du développement des études supérieures, même si paradoxalement les étudiants ont de moins en moins co-résidé sur la période. Entre 1996 et 2002 au contraire, la co-résidence a diminué avec la baisse du chômage. Même si le taux de co-résidence des enfants actifs a légèrement augmenté sur la période 1984-2002, le fait pour un enfant de gagner sa vie marque toujours logiquement le signal du départ. En revanche, la manière dont le revenu parental influence le choix des jeunes adultes de quitter le domicile de leurs parents reste mal connue. Certains auteurs trouvent un léger effet positif compatible avec l'hypothèse de parents « altruistes » aidant leur enfant à partir, mais d'autres on mis en évidence un effet négatif qu'ils interprètent comme le signe que les parents souhaitent retenir leur enfant au domicile. En fait, il semble que l'altruisme peut s'exprimer par plusieurs voies. Soit davantage de revenu parental augmente la consommation de l'enfant indépendant et encourage donc son départ, soit davantage de revenu parental accroît plus sa consommation quand il co-réside et le pousse au contraire à rester. En outre, plus de confort chez les parents, c'est-à-dire un transfert « en nature » sous forme de logement, doit inciter à rester. Ne pas prendre en compte les caractéristiques du logement parental biaise donc les résultats.
Economie et Statistique
No 381-382
Paru le :01/10/2005