En 2024, 660 800 bébés sont nés en France, soit une baisse de 2,8 % par rapport à 2023, en tenant compte du fait que 2024 est une année bissextile (figure 1a et figure 1b, méthodes). Cette baisse est moins forte que celle de 2023 (‑6,6 %), qui était d’une ampleur inédite depuis la fin du baby-boom [Pointet, Thélot, 2024]. Elle reste néanmoins plus marquée que la baisse annuelle moyenne observée entre 2010, dernier point haut des naissances, et 2022 (‑1,3 % par an). Au total, le nombre de naissances en 2024 est inférieur de 22 % à celui observé en 2010.

Depuis 2015, le nombre de femmes en âge d’avoir des enfants, qu’elles soient âgées de 20 à 39 ans ou de 15 à 49 ans, est stable, de sorte que le recul des naissances ces dernières années en France traduit avant tout un recul de la fécondité [Thélot, 2025].

Sur les cinq premiers mois de 2025, la baisse des naissances se poursuit (figure 2a et figure 2b) : comparé aux cinq premiers mois de 2024, en tenant compte du fait que 2024 est une année bissextile, le nombre de naissances est inférieur de 3,2 %.

Entre 2023 et 2024, les naissances diminuent pour les femmes de toutes les tranches d’âge (figure 3). La baisse reste néanmoins plus marquée pour les femmes âgées de moins de 35 ans : ‑4,2 % pour les femmes de moins de 25 ans, ‑3,6 % pour celles de 25 à 29 ans et ­‑3,3 % pour celles de 30 à 34 ans. Pour les femmes de moins de 30 ans, la baisse des naissances s’inscrit dans une tendance de long terme, en lien avec le recul de l’âge à la maternité [Pointet, 2025]. Pour les femmes de 30 à 34 ans, les naissances étaient en légère hausse durant la première moitié des années 2010 ; elles ont ensuite diminué, légèrement dans un premier temps, puis de façon plus accentuée. Les naissances de femmes de 35 à 39 ans diminuent également en 2024 (‑1,1 %), mais moins qu’en moyenne. Ces naissances augmentaient de 2014 à 2019 ; leur baisse en 2024 s’accentue par rapport à la baisse annuelle moyenne de 2019 à 2023. Enfin, les naissances de femmes âgées de 40 ans ou plus avaient commencé à baisser en 2023, alors qu’elles augmentaient depuis 2010 ; en 2024, elles ne diminuent que très légèrement (‑0,1 %). Ces tendances se poursuivent sur les cinq premiers mois de l’année 2025.

Au total, l’âge des mères à l’accouchement augmente : en 2024, les naissances de mères d’au moins 35 ans représentent 29 % des naissances (dont 7 % pour celles d’au moins 40 ans), contre 23 % dix ans plus tôt (dont 5 % pour celles d’au moins 40 ans). Les naissances de mères âgées de 25 à 34 ans, âges auxquels la fécondité est particulièrement élevée, concentrent toujours la majorité des naissances : 60 % en 2024, contre 64 % en 2014.

Entre 2023 et 2024, les naissances baissent dans toutes les régions. Cependant, le recul est particulièrement marqué pour les mères résidant dans les départements d’outre-mer (DOM) (figure 4) : ‑11,1 %, contre ‑2,3 % pour les mères résidant en France métropolitaine et ‑2,8 % au total. En France métropolitaine, la baisse est la plus forte en Bourgogne-Franche-Comté, avec ‑4,2 %. En Île-de-France, région qui concentre 23 % des naissances, la baisse est de ‑1,3 %.

La baisse plus conséquente dans les DOM est partagée par les cinq DOM : elle est la plus marquée à Mayotte (‑13,6 %) et la moins marquée à La Réunion (‑8,5 %). De 2019 à 2023, les naissances dans l’ensemble des DOM avaient moins diminué que sur l’ensemble du territoire ; de 2014 à 2019, elles avaient même augmenté alors qu’elles diminuaient dans chaque région de France métropolitaine. La plus forte baisse des naissances en 2024 dans les DOM est uniquement liée à un recul de la fécondité dans ces territoires, le nombre de femmes en âge d’avoir des enfants étant même en légère hausse.

Sur les cinq premiers mois de 2025, la baisse des naissances dans les DOM se poursuit, mais à un rythme moins soutenu : comparé aux cinq premiers mois de 2024, le nombre de naissances diminue de 2,7 % dans les DOM, contre 3,2 % en France métropolitaine.

En 2023, dernière année où les données européennes sont disponibles, 3,7 millions de bébés sont nés dans l’ensemble de l’Union européenne (UE) à 27 pays, soit 5,4 % de moins qu’en 2022. En dix ans, cela représente une baisse de près de 15 %. C’est la conséquence à la fois d’une baisse de la fécondité, mais également, contrairement à la France, d’une baisse du nombre de femmes en âge d’avoir des enfants : entre 2013 et 2023, l’indicateur conjoncturel de fécondité (ICF) de l’ensemble de l’UE est passé de 1,51 à 1,38 enfant par femme (figure 5a), et le nombre de femmes de 15 à 49 ans a diminué de 7 %. Le nombre de naissances recule dans la plupart des pays de l’UE, avec une ampleur plus ou moins forte selon les pays. En France, la baisse sur dix ans (‑18 % entre 2013 et 2023) est plus marquée que la moyenne européenne.

Dans la majorité des pays de l’UE, l’ICF diminue entre 2013 et 2023. La baisse est parfois modérée, comme en Allemagne, en Pologne ou en Grèce, où la fécondité était en 2013 inférieure à la moyenne européenne ; par exemple, l’ICF en Allemagne atteint 1,39 enfant par femme en 2023, contre 1,42 en 2013. La baisse est en revanche plus marquée qu’en moyenne dans les pays du nord de l’UE, ainsi que dans certains pays de l’ouest (France, Belgique, Pays-Bas, Luxembourg) et du sud de l’UE (Malte, Espagne, Italie). Pour ces pays du nord et de l'ouest de l'UE, comme en France, l’ICF en 2013 était supérieur à la moyenne de l’UE, aussi la fécondité reste relativement élevée en 2023. À l’inverse, à Malte, en Espagne et en Italie, l’ICF était déjà inférieur à la moyenne en 2013 ; la forte baisse depuis dix ans amplifie ainsi l’écart. C’est le cas notamment à Malte, où l’ICF est depuis 2017 le plus faible de l’UE, à 1,06 enfant par femme en 2023, contre 1,36 en 2013.

Enfin, quelques pays se distinguent, avec un ICF en hausse ou stable sur la période. Il s’agit des pays de l’est de l’UE, excepté la Pologne, et d’une partie des pays du sud de l’UE (Chypre, Portugal, Croatie). En 2023, l’ICF de ces pays est supérieur à la moyenne européenne. En particulier, c’est désormais en Bulgarie que l’ICF est le plus élevé de l’UE, avec 1,81 enfant par femme en 2023, et non plus, comme c’était le cas depuis 2012, en France (1,66 enfant par femme en 2023, soit le deuxième rang au sein de l’UE). En Bulgarie, comme en Roumanie et en Slovaquie, l’âge conjoncturel des mères au premier enfant est nettement plus faible qu’en moyenne (figure 5b) : 26,9 ans, contre 29,8 ans en moyenne dans l’UE, et 29,1 ans en France. Dans ces pays de l’est de l’UE, la part des naissances précoces est plus élevée. En Bulgarie par exemple, 10 % des naissances en 2023 concernent des mères de moins de 20 ans, contre 2 % en moyenne dans l’UE ; le nombre élevé de grossesses adolescentes est attribué aux difficultés d’accès à la contraception [Papon, 2019]. C’est en Italie, pays avec un des ICF les plus faibles de l’UE, que les femmes mettent au monde leur premier enfant le plus tard, en moyenne à 31,8 ans.