La campagne 2022-2023 est marquée par les températures élevées (14 mois sur 15 au-dessus de la normale 1990-2020, et +1,6 °C en moyenne) et une répartition inégale des précipitations. Ces précipitations ont manqué de l’automne 2022 au printemps 2023 inclus (hormis les mois de janvier et de mars), elles ont été correctes à l’été puis excédentaires à l’automne. Les réserves hivernales ne se sont pas faites correctement et des arrêtés de restriction d’eau ont dû être pris dès le printemps (figure 1 et figure 2).

Les colzas voient leurs surfaces augmenter. Les céréales d’automne sont semées rapidement et dans de bonnes conditions. Les pluies de mars permettent aux cultures de récupérer de l’hiver sec et de bénéficier de l’azote apporté. Les semis de printemps sont précoces. Les conditions de cultures sont plutôt bonnes. Malgré l’interdiction des néonicotinoïdes sur les semences de betteraves, la jaunisse n’apparaît que de manière ponctuelle et les rendements moyens sont corrects.

La production de blé tendre progresse de 5 % par rapport à 2022, du fait de meilleurs rendements, malgré un léger recul des surfaces (figure 3). La production d’orge est en forte hausse (+14 %), grâce à une légère progression des surfaces, mais surtout un essor des rendements (+14 %). Le colza montre des rendements plutôt inférieurs à la moyenne quinquennale, mais l’augmentation des surfaces permet de maintenir la production au-dessus de cette moyenne, bien qu’en retrait par rapport à 2022. La pluviométrie déficitaire mais répartie sur l’été a permis aux cultures d’été telles le maïs, le tournesol, les betteraves ou les pommes de terre de ne pas trop souffrir de la sécheresse, même en parcelles non irriguées.

Les marchés ont maintenant intégré le conflit en Ukraine et les voies d’export sont trouvées. Cependant, la Russie exporte de manière assez offensive, ce qui a pesé sur les cours des grandes cultures. Après une année 2022 record, les prix retrouvent un niveau plus habituel. Ils restent toutefois plus élevés qu’en 2020 (figure 4). Le cours du blé tendre perd 29 % en 2023 par rapport à 2022. Sur un an, celui de l’orge recule de 27 %, quant à celui du maïs et du colza, il chute de 36 %. Les cours de ces cultures restent toutefois au-dessus de la moyenne quinquennale 2018-2022.

La production régionale 2023 de vins dépasse de 17 % celle de 2022 et d’un quart celle de la moyenne 2018-2022. Après deux années marquées par les aléas climatiques, 2023 a été plus sereine, hormis très localement. En effet, le mildiou a touché gravement certains secteurs du chinonais et du bourgueillois et la grêle a ravagé trois villages de production de Reuilly. Les vins devraient être légers en alcool, aromatiques et rapidement prêts à consommer. Pour le Val de Loire, les prix des appellations d’origine protégée (AOP) sont à la hausse, les ventes au négoce progressent, tandis que les ventes directes peinent à croître. Côté Centre-Loire, les sorties de chai des vins d’appellation sont en baisse. Les exports sont en retrait dans les deux bassins.

La campagne de commercialisation des pommes récoltées en 2022 a été calme, les petits calibres, moins chers, ont la préférence des consommateurs. Les prix sont tout de même plus élevés que la moyenne triennale. Le commerce des poires cueillies en 2022 est plus dynamique et les prix sont bons. Malgré la sécheresse et la présence de ravageurs, la production est supérieure à la moyenne triennale pour ces deux fruits. Le début de campagne de commercialisation 2023 se fait avec des prix corrects, supérieurs à la moyenne. Les productions de légumes sont contrariées par les conditions météorologiques peu favorables, limitant les volumes de production et augmentant les coûts. Les prix se sont maintenus à des niveaux assez élevés dans l’ensemble, sauf pour le concombre, déclaré secteur en crise à la fin du mois de mai.

Grâce à des conditions climatiques favorables à la pousse, les prairies régionales ont produit 8 % de fourrages de plus qu’en 2022. Les rendements régionaux sont ainsi au niveau du rendement de référence, hormis dans les départements du Berry, où ils sont légèrement inférieurs. Les maïs ensilage ont profité des pluies estivales et montrent de bons rendements.

Le prix moyen du lait de vache gagne encore 9 % en 2023. Il s’établit à 494 € les 1 000 litres en moyenne annuelle. Les effectifs et le nombre de producteurs poursuivent leur baisse (-2,8 % et -4,8 %, respectivement) et les livraisons régionales diminuent (-3,4 %). Les livraisons de lait de vache bio régressent pour la première fois (-3,4 %) et représentent 2,3 % de la production régionale, mais le prix du lait bio augmente moins que celui du lait conventionnel, de seulement +1,2 % sur un an.

Le prix du lait de chèvre augmente de 5,2 % par rapport à 2022 et s’établit à 929 € pour 1 000 litres en moyenne annuelle. Le nombre de producteurs et les effectifs baissent (-3,1 % et -0,9 % respectivement), mais les volumes sont stables sur un an (+0,1 %). Les livraisons de lait de chèvre bio représentent 1,4 % des livraisons régionales de lait de chèvre.

Le cours de la viande bovine poursuit sa hausse en 2023 (+5,3 % sur un an), à 5,41 €/kg de carcasse. L’offre manque et ne parvient pas à satisfaire la demande d’origine France.

Les exportations de broutards baissent de 3,9 % sur un an. Les prix progressent de 6 à 10 % sur un an, selon la race, avec une demande italienne et espagnole qui peine à être satisfaite, du fait de la décapitalisation.

Le cours des porcs poursuit sa hausse, à +20 % sur un an, à 2,20 €/kg de carcasse en moyenne. L’offre ne parvient pas à satisfaire une demande croissante.

Les volumes d’abattage sont globalement à la hausse en 2023, mais ceux des ovins et bovins sont en baisse. Toutes les catégories de bovins sont concernées par cette baisse (-6,2 % sur un an). Les abattages de volailles repartent à la hausse (+5,6 % sur un an), pour les poulets de chair en particulier.

Après deux années consécutives de hausse liée à la reprise économique post-crise sanitaire et sous l’effet du conflit russo-ukrainien, le prix des intrants agricoles est à la baisse sur un an (-5,6 %). Le prix des engrais et amendements diminue de 23 % en moyenne annuelle et l’énergie et lubrifiants perd 5 %.

Les produits et services vétérinaires poursuivent leur augmentation régulière. Le prix des aliments des animaux continue d’augmenter, mais à un rythme moindre (+1 %) (figure 5).