Insee Première · Mars 2023 · n° 1941

Une photographie du marché du travail en 2022 L’emploi des jeunes continue d’augmenter fortement, le chômage recule de nouveau

En moyenne sur l’année 2022, parmi les personnes de 15 à 64 ans vivant en France hors Mayotte, 68,1 % sont en emploi au sens du Bureau international du travail (BIT) (figure 1). L’emploi au sens du BIT inclut les personnes ayant travaillé au moins une heure pendant une semaine donnée et les personnes ayant un emploi mais n’ayant pas travaillé pendant cette semaine‑là pour un certain nombre de raisons (congés, arrêts maladie, chômage partiel, congé maternité, etc.).

Le taux d’emploi des 15‑64 ans augmente de 0,9 point en moyenne en 2022 et s’établit à son plus haut niveau depuis que l’Insee le mesure (1975). En 2020, il avait reculé de 0,3 point en moyenne sous l’effet de la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid‑19, pour ensuite rebondir de 1,2 point en 2021.

En net recul en 2020, en raison de la crise sanitaire (-1,2 point sur un an), le taux d’emploi des 15‑24 ans a ensuite fortement augmenté en 2021 (+3,4 points). En 2022, le taux d’emploi des jeunes augmente de nouveau fortement, plus modérément toutefois qu’en 2021 : +2,6 points en moyenne sur l’année, pour atteindre 34,9 %, son plus haut niveau depuis 1990. L’alternance et les stages contribuent pour moitié à la hausse de 2022 et les emplois à durée indéterminée (CDI, fonctionnaires) pour l’autre moitié.

Après une hausse de 0,8 point en 2021, le taux d’emploi des 25‑49 ans augmente de 0,6 point pour atteindre 82,5 %, son plus haut niveau depuis 2008. La hausse du taux d’emploi des seniors, ininterrompue depuis 2009, y compris pendant la crise sanitaire, se poursuit en 2022 : +0,7 point pour les 50‑64 ans sur un an, soit un rythme comparable à celui de la dernière décennie. Il s’établit ainsi à 66,0 %, son plus haut niveau depuis 1975.

Parmi les personnes âgées de 15 à 64 ans, le taux d’emploi augmente un peu plus fortement pour les femmes (+1,0 point en 2022) que pour les hommes (+0,8 point) (figure 2).

En 2022, 13,1 % des personnes occupant un emploi exercent en tant qu’indépendants, qu’il s’agisse de non‑salariés classiques, de micro‑entrepreneurs ou de chefs d’entreprise salariés (figure 3). Le statut d’indépendant est plus répandu parmi les hommes (16,0 %) et les seniors (17,2 %). Près d’un quart des indépendants sont micro‑entrepreneurs, cette part étant près de deux fois plus élevée parmi les jeunes. Quasi stable en 2021 (+0,1 point), la proportion d’indépendants dans l’emploi augmente de 0,5 point en 2022, atteignant son plus haut niveau depuis 1999.

Le salariat reste la forme d’emploi largement majoritaire, notamment dans le cadre d’emplois à durée indéterminée : en 2022, 72,4 % des personnes en emploi sont soit en CDI, soit fonctionnaires. La part cumulée des emplois à durée limitée (CDD, intérim) dans l’emploi total augmente de 0,5 point sur l’année, confirmant le rebond de 0,4 point en 2021 : à 10,3 %, elle retrouve son niveau d’avant-crise sanitaire.

Parmi l’ensemble des personnes occupant un emploi, les femmes sont plus fréquemment que les hommes en emploi salarié à durée indéterminée ou en CDD ; elles sont en revanche moins souvent qu’eux intérimaires, en alternance ou en stage.

Généralement moins diplômés ou suivant fréquemment un cursus professionnalisant, les jeunes de 15‑24 ans en emploi occupent plus rarement que leurs aînés un emploi à durée indéterminée (41,2 %, contre 75,8 % des 25 ans ou plus). Inversement, ils sont plus souvent en CDD, en intérim, en alternance ou en stage (28,1 % des 15-24 ans en emploi sont en alternance ou en stage).

La hausse tendancielle du niveau moyen de qualification des emplois se poursuit. En 2022, les cadres représentent 21,7 % des personnes en emploi, soit 0,2 point de plus qu’en 2021. Depuis 2019, la part des cadres dans l’emploi total dépasse celle des ouvriers qui diminue très légèrement en 2022 (-0,1 point, à 18,9 %). Au début des années 1980, les ouvriers étaient plus de trois fois plus nombreux que les cadres.

Les femmes occupent plus souvent que les hommes des postes d’employés (40,1 % contre 12,4 %), alors que les hommes sont plus fréquemment ouvriers (29,3 % contre 8,1 %). Surtout, au sein des employés et des ouvriers, les femmes exercent plus souvent des emplois peu qualifiés (44,8 % contre 31,8 %). À l’inverse, la part de cadres reste plus élevée parmi les hommes que parmi les femmes (24,3 % contre 18,9 %).

Les 15‑24 ans occupant déjà un emploi, en moyenne moins diplômés que leur génération, sont majoritairement employés ou ouvriers (66,1 %) ; seuls 7,7 % sont cadres.

Après une hausse de 3,3 % en 2021, le nombre moyen d’heures travaillées par semaine augmente de nouveau en 2022, de 2,2 %. Atteignant 31,2 heures hebdomadaires, il reste légèrement inférieur à son niveau d’avant-crise sanitaire. En 2020, les périodes de confinement et le recours massif au chômage partiel dans de nombreux secteurs d’activité avaient fait chuter le volume d’heures travaillées de 5,7 %.

Porté par des mesures incitatives voire obligatoires mises en place dans le contexte de crise sanitaire, le recours au télétravail s’est par ailleurs développé en 2021 pour nombre de salariés. En 2022, le télétravail s’inscrit dans les habitudes des salariés : en moyenne, près d’un sur cinq a télétravaillé au moins un jour par semaine (encadré).

En hausse de 2008 à 2014 (+2,0 points), la part des personnes en emploi qui travaillent à temps partiel s’est ensuite stabilisée autour de 19,5 % pour reculer à un rythme régulier depuis 2017. En 2022, la baisse s’accentue : 17,3 % des personnes en emploi sont à temps partiel, soit 0,7 point de moins qu’en 2021 et 2,2 points de moins qu’en 2016. Cette baisse en 2022 est principalement le fait des femmes (-1,5 point), même si la part des femmes travaillant à temps partiel reste trois fois plus élevée que celle des hommes (26,5 % contre 8,4 %) (figure 4). La part des personnes en emploi à temps partiel atteint jusqu’à 40,9 % parmi les employés peu qualifiés et est plus importante pour les 15‑24 ans (22,5 %) et les 50 ans ou plus (20,9 %).

En 2022, 4,6 % des personnes en emploi sont en situation de sous‑emploi, soit 1,8 point de moins qu’en 2021 et 4,9 points de moins qu’en 2020. Cette part s’établit 1,2 point au‑dessous de son niveau d’avant-crise sanitaire et atteint son plus bas niveau depuis 1992.

Le sous‑emploi inclut en premier lieu des personnes à temps partiel souhaitant travailler davantage et disponibles, dont la baisse est un facteur de diminution du sous-emploi. Il inclut aussi des personnes en chômage partiel, dont le nombre avait fortement augmenté en 2020 sous l’effet de la crise sanitaire. En 2022, la part des personnes en chômage partiel renoue avec son niveau de 2019 : 0,2 % de l’ensemble des personnes en emploi, contre 4,3 % en 2020 et 1,5 % en 2021.

En 2022, le sous‑emploi concerne davantage les employés peu qualifiés (12,7 %), les jeunes (7,9 %) et les femmes (6,5 %, contre 2,8 % pour les hommes).

En moyenne en 2022, 7,3 % des personnes actives sont au chômage au sens du BIT (figure 5). Le taux de chômage poursuit ainsi la baisse amorcée en 2016 et diminue de 0,6 point sur l’année, pour atteindre son plus bas niveau depuis 1982 (7,1 %), 3,0 points sous son niveau de 2015.

En 2022, 2,0 % des personnes actives sont au chômage depuis au moins un an. Ce taux de chômage de longue durée s’établit 0,3 point en-deçà de son niveau de 2021 et de celui de 2019. Le chômage de longue durée concerne 27,4 % de l’ensemble des chômeurs, une proportion qui s’élève jusqu’à 46,4 % parmi les chômeurs de 50 ans ou plus (contre 11,5 % parmi ceux de 15‑24 ans et 27,2 % parmi les 25-49 ans).

En moyenne en 2022, 4,4 % des personnes âgées de 15 à 64 ans appartiennent au halo autour du chômage : elles souhaitent travailler, mais ne satisfont pas tous les critères en matière de recherche d’emploi ou de disponibilité pour être considérées comme chômeuses au sens du BIT (figure 6). Cette part, qui avait nettement augmenté en 2020 sous l’effet de la crise sanitaire (+0,8 point) pour ensuite reculer en 2021 (-0,7 point), diminue de 0,2 point en 2022.

Bien qu’en repli de 0,3 point par rapport à 2021, la part de jeunes relevant du halo reste supérieure à son niveau d’avant‑crise : 6,3 % des 15‑24 ans sont dans le halo autour du chômage en 2022, soit 0,7 point de moins qu’en 2020, mais 0,5 point de plus qu’en 2019. Les femmes relèvent plus souvent que les hommes du halo (4,9 % contre 3,9 %), alors qu’elles sont moins souvent qu’eux au chômage (part de 5,1 % contre 5,8 %).

Moins fréquemment dans le halo (3,0 %), les seniors sont aussi les moins exposés au risque de chômage : la part de chômage s’élève à 3,7 % pour les 50‑64 ans, contre 5,4 % pour l’ensemble des personnes de 15 à 64 ans et jusqu’à 7,3 % pour les 15‑24 ans.

Au total, en cumulant chômage et halo autour du chômage, en moyenne en 2022, 9,8 % des 15‑64 ans sont sans emploi et souhaitent travailler, soit 0,6 point de moins qu’en 2021. Cette proportion se situe 1,3 point au-dessous de son niveau de 2020 et 0,8 point en-deçà de celui de 2019.

En 2022, le taux d’activité est en hausse : en moyenne sur l’année, 73,6 % des personnes de 15 à 64 ans sont actives, soit 0,5 point de plus qu’en 2021 (figure 2). Comme le taux d’emploi, il atteint son plus haut niveau depuis que l’Insee le mesure au sens du BIT (1975).

En 2022, le taux d’activité des femmes de 15 à 64 ans est de 70,7 % quand celui des hommes est de 76,6 %, soit une différence de 5,9 points. Cet écart en défaveur des femmes était de 10,9 points en 2002 et de 22,9 points en 1982.

L’enquête Emploi est la seule source permettant de mesurer le chômage et l’activité au sens du Bureau international du travail (BIT). Elle est menée en continu, sur l’ensemble des semaines de l’année, en France hors Mayotte. Chaque trimestre, en 2022, environ 90 000 personnes de 15 ans ou plus vivant en logement ordinaire (c’est-à-dire hors foyers, hôpitaux, prisons, etc.) ont répondu à l’enquête. Les personnes décrivent leur situation vis-à-vis du marché du travail au cours d’une semaine donnée, dite « de référence ».

Le niveau et la structure de l’emploi fournis par l’enquête Emploi peuvent différer de ceux obtenus à partir des sources administratives (Estimations d’emploi).

Par rapport à l’édition précédente [Pénicaud, 2022], les données ont été révisées pour les années 2018 à 2021 afin de tenir compte des dernières estimations de population.