Insee Focus ·
Décembre 2022 · n° 281En 2020, 12 % des emplois français du secteur marchand sont sous contrôle étranger
En 2020, 16 900 entreprises sous contrôle étranger en France emploient 2,1 millions de personnes. Cela représente 12 % des effectifs des secteurs principalement marchands non agricoles et non financiers. Les groupes étrangers sont très présents dans les secteurs de l’industrie, des services aux entreprises (dont l’intérim) et du commerce. Les coûts salariaux moyens par tête y sont plus élevés que dans les firmes françaises. Les entreprises sous contrôle étranger réalisent 17 % de la valeur ajoutée du secteur marchand. Elles consacrent une part moins importante de leur valeur ajoutée aux investissements corporels que les entreprises sous contrôle français, en partie parce qu’elles opèrent dans des secteurs où le taux d’investissement est relativement faible.
- 800 000 emplois dépendent d’entreprises sous contrôle américain ou allemand
- Un emploi sous contrôle étranger sur trois est dans l’industrie
- Des coûts salariaux moyens par tête plus élevés dans les entreprises sous contrôle étranger
- Une valeur ajoutée de 159 milliards d’euros
- Une part de la valeur ajoutée consacrée aux investissements plus faible
800 000 emplois dépendent d’entreprises sous contrôle américain ou allemand
En 2020, 16 900 entreprises sont sous contrôle étranger en France, soit moins de 1 % des entreprises des secteurs principalement marchands non agricoles et non financiers (figure 1). Leur part dans l’emploi est beaucoup plus élevée : fin 2020, elles emploient en France 2,1 millions de personnes (salariés et non-salariés), soit 12 % des effectifs des secteurs concernés.
tableauFigure 1 – Contribution aux grands agrégats selon le type de contrôle des entreprises en 2020
Entreprises sous contrôle étranger | Firmes multinationales françaises | Autres entreprises françaises | Ensemble | |
---|---|---|---|---|
Nombre d'entreprises | 0,5 | 0,4 | 99,0 | 100,0 |
Effectifs employés | 11,9 | 28,8 | 59,3 | 100,0 |
Investissement | 13,6 | 47,9 | 38,4 | 100,0 |
Valeur ajoutée | 16,5 | 39,0 | 44,5 | 100,0 |
Coûts salariaux | 17,4 | 39,2 | 43,4 | 100,0 |
Chiffre d'affaires | 20,1 | 39,9 | 40,0 | 100,0 |
- Lecture : en 2020, les entreprises sous contrôle étranger contrôlent 0,5 % du nombre total d'entreprises.
- Champ : France, entreprises des secteurs principalement marchands non agricoles et non financiers ; effectifs employés y compris non-salariés et intérimaires.
- Source : Insee, Ésane, Lifi 2020.
graphiqueFigure 1 – Contribution aux grands agrégats selon le type de contrôle des entreprises en 2020
Parmi les entreprises sous contrôle étranger, les entreprises contrôlées par les États-Unis sont les premières employeuses avec 461 600 emplois (figure 2). Puis viennent l’Allemagne avec 341 500 emplois et la Suisse avec 249 600 emplois. Quatre autres pays, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, la Belgique et le Japon, dépassent chacun les 100 000 emplois. Avec la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE), plus de la moitié des emplois en France sous contrôle étranger dépendent de pays hors UE (52 %).
Les emplois en France sous contrôle étranger se retrouvent à 46 % dans des entreprises de taille intermédiaire (ETI) et à 38 % dans des grandes entreprises. En comparaison, les firmes multinationales françaises comptent 29 % de leurs emplois en France dans des ETI et 65 % dans des grandes entreprises.
tableauFigure 2 – Emplois sous contrôle étranger par pays d'origine en 2020
Pays | Nombre d'emplois |
---|---|
États-Unis | 461 600 |
Allemagne | 341 500 |
Suisse | 249 600 |
Royaume-Uni | 165 600 |
Pays-Bas | 149 100 |
Belgique | 132 900 |
Japon | 100 800 |
Suède | 79 200 |
Italie | 79 100 |
Luxembourg | 72 500 |
Espagne | 52 200 |
Danemark | 38 200 |
Irlande | 31 700 |
Canada | 19 900 |
Chine | 15 700 |
- Lecture : en 2020, 461 600 emplois en France sont dans une entreprise contrôlée par une firme multinationale ou une unité indépendante américaine.
- Champ : France, entreprises sous contrôle étranger des secteurs principalement marchands non agricoles et non financiers ; effectifs employés y compris non-salariés et intérimaires.
- Source : Insee, Ésane, Lifi 2020.
graphiqueFigure 2 – Emplois sous contrôle étranger par pays d'origine en 2020
Un emploi sous contrôle étranger sur trois est dans l’industrie
Dans les entreprises sous contrôle étranger, 34 % des emplois sont dans le secteur industriel (figure 3) ; ils se concentrent en quasi-totalité (99 %) dans l’industrie manufacturière. Les entreprises sous contrôle étranger sont très peu présentes dans les secteurs de la « production et distribution d’électricité, de gaz, de vapeur et d’air conditionné » et de la « production et distribution d’eau ; assainissement, gestion des déchets et dépollution ». En regard, les firmes multinationales françaises regroupent 19 % de leurs emplois industriels dans ces deux secteurs. La concentration des emplois dans le secteur de l’industrie varie fortement selon le pays d’origine. Parmi les pays contrôlant plus de 50 000 emplois en France tous secteurs confondus, le Japon, l’Italie et l’Allemagne concentrent plus de 40 % de leurs emplois dans l’industrie. Les entreprises contrôlées par les États-Unis y emploient 34 % de leurs effectifs.
tableauFigure 3 – Répartition de l'emploi par secteurs, selon le type de contrôle des entreprises en 2020
Entreprises sous contrôle étranger | Firmes multinationales françaises | Autres entreprises françaises | |
---|---|---|---|
Industrie | 34,1 | 32,3 | 12,6 |
Commerce ; réparation d'automobiles et de motocycles | 27,5 | 15,9 | 24,4 |
Services administratifs et de soutien | 17,7 | 10,5 | 10,7 |
Information et communication | 6,5 | 9,2 | 4,2 |
Transports et entreposage | 4,3 | 15,3 | 6,4 |
Hébergement et restauration | 3,0 | 3,2 | 9,9 |
Construction | 1,4 | 7,8 | 15,7 |
Autres | 5,6 | 5,9 | 16,1 |
Ensemble | 100,0 | 100,0 | 100,0 |
- Notes : l'industrie regroupe ici les secteurs B à E et non la seule industrie manufacturière (secteur C). « Autres » regroupe les secteurs L, M et S95. Les effectifs intérimaires sont regroupés dans les sociétés d’intérim, dans le secteur « services administratifs et de soutien ».
- Lecture : en 2020, l'industrie emploie 34,1 % des effectifs des entreprises sous contrôle étranger.
- Champ : France, entreprises des secteurs principalement marchands non agricoles et non financiers ; effectifs employés y compris non-salariés et intérimaires.
- Source : Insee, Ésane, Lifi 2020.
graphiqueFigure 3 – Répartition de l'emploi par secteurs, selon le type de contrôle des entreprises en 2020
Le commerce regroupe 28 % des emplois en France dépendant de pays étrangers, contre 16 % des emplois des multinationales françaises et 24 % des emplois des autres entreprises françaises.
Avec 18 % des effectifs, les activités de services administratifs et de soutien forment le troisième secteur le plus employeur pour les entreprises sous contrôle étranger. La part de l’intérim y est prépondérante : les trois principales agences d’intérim présentes en France (Adecco, Manpower et Randstad) sont étrangères. Ainsi, 13 % de l’ensemble des emplois sous contrôle étranger s’exercent dans le secteur de l’intérim, bien que cette activité ait particulièrement souffert du contexte sanitaire en 2020.
À l’inverse, seul 1 % des emplois sur le sol français des entreprises sous contrôle étranger est dans le secteur de la construction, contre 8 % pour les multinationales françaises.
Des coûts salariaux moyens par tête plus élevés dans les entreprises sous contrôle étranger
Les emplois salariés dans les entreprises sous contrôle étranger génèrent 126 milliards d’euros de coûts salariaux en France. À 60 000 euros, les coûts salariaux moyens par tête en France sont plus élevés dans ces entreprises que dans les multinationales sous contrôle français (55 500 euros). L’écart provient principalement du commerce, où ils s’élèvent à 54 000 euros dans les entreprises sous contrôle étranger, contre 44 700 euros dans les entreprises contrôlées par des multinationales françaises. Les coûts salariaux moyens par tête sont encore plus faibles dans les autres entreprises françaises (40 800 euros) ; l’écart est principalement dû à l’industrie manufacturière et au commerce.
Une valeur ajoutée de 159 milliards d’euros
Les entreprises sous contrôle étranger réalisent 159 milliards d’euros de valeur ajoutée en France (figure 4a), soit 17 % de la valeur ajoutée de l’ensemble des entreprises en France, dans les secteurs marchands non agricoles et non financiers. Dans les services administratifs et de soutien, 23 % de la valeur ajoutée produite en France est générée par des entreprises sous contrôle étranger. Cette part est de 22 % dans l’industrie et le commerce et n’est que de 5 % dans l’hébergement et la restauration et 2 % dans la construction. Le taux de valeur ajoutée des entreprises sous contrôle étranger en France est de 22 % : il est inférieur à celui des firmes multinationales françaises (26 %) (figure 4b).
tableauFigure 4a – Valeur ajoutée par secteur, selon le type de contrôle des entreprises en 2020
Entreprises sous contrôle étranger | Firmes multinationales françaises | Autres entreprises françaises | |
---|---|---|---|
Industrie | 60,4 | 151,1 | 62,1 |
Commerce ; réparation d'automobiles et de motocycles | 42,4 | 49,4 | 103,9 |
Services administratifs et de soutien | 17,4 | 24,8 | 32,1 |
Information et communication | 15,7 | 53,4 | 24,7 |
Transports et entreposage | 6,3 | 38,5 | 23,9 |
Hébergement et restauration | 1,5 | 3,9 | 23,3 |
Construction | 2,1 | 27,3 | 68,0 |
Autres | 13,2 | 26,3 | 90,0 |
Ensemble | 159,1 | 374,9 | 427,9 |
- Note : l'industrie regroupe ici les secteurs B à E et non la seule industrie manufacturière (secteur C). « Autres » regroupe les secteurs L, M et S95.
- Lecture : en France, en 2020, les entreprises sous contrôle étranger dégagent une valeur ajoutée de 60,4 milliards d'euros dans l'industrie.
- Champ : France, entreprises des secteurs principalement marchands non agricoles et non financiers.
- Source : Insee, Ésane, Lifi 2020.
graphiqueFigure 4a – Valeur ajoutée par secteur, selon le type de contrôle des entreprises en 2020
Une part de la valeur ajoutée consacrée aux investissements plus faible
Les entreprises sous contrôle étranger réalisent moins d’investissements corporels que les autres sur le sol français. Leur investissement global, de 29 milliards d’euros, correspond à 18 % de leur valeur ajoutée en France, soit 9 points de moins que l’investissement des multinationales françaises. À structure sectorielle égale, l’écart se réduirait, mais serait encore de 5 points.
Les entreprises sous contrôle de pays membres de l’UE concentrent 60 % des investissements réalisés sur le sol français par des entreprises sous contrôle étranger. Celles sous contrôle allemand réalisent un quart de tous les investissements étrangers en France. Les entreprises sous contrôle d’un pays de l’UE consacrent 23 % de leur valeur ajoutée aux investissements, davantage que celles sous contrôle d’un pays en dehors de l’UE (13 %).
Sources
Cette étude porte sur l’ensemble des entreprises sous contrôle étranger. Celles-ci comportent principalement les entreprises sous contrôle de firmes multinationales étrangères (87 %), mais aussi les unités indépendantes de nationalité étrangère (13 %). Ces dernières regroupent à la fois des unités locales implantées en France et des unités étrangères ayant une activité en France, mais sans implantation. Elles représentent 0,3 % de la valeur ajoutée totale des entreprises présentes en France.
Les secteurs retenus sont les secteurs principalement marchands non agricoles et non financiers. Les emplois comprennent les effectifs salariés en personnes physiques au 31 décembre ainsi que les non-salariés. Pour la première fois, les effectifs intègrent les données issues du fichier localisé des rémunérations et de l’emploi salarié (Flores). Les effectifs des entreprises du secteur de l'intérim incluent les travailleurs intérimaires. Les résultats sont issus de la réponse « Inward » au règlement européen Foreign AffiliaTes Statistics (FATS).
La catégorie d’entreprise est définie par le décret n° 2008-1354. Pour les multinationales (françaises et étrangères), la catégorie d’entreprise est calculée sur leur partie présente en France.
Élaboration des statistiques annuelles d'entreprises (Ésane).
Définitions
L'entreprise est la plus petite combinaison d'unités légales qui constitue une unité organisationnelle de production de biens et de services jouissant d'une certaine autonomie de décision, notamment pour l'affectation de ses ressources courantes.
Une entreprise de taille intermédiaire (ETI) est une entreprise qui a entre 250 et 4 999 salariés, et soit un chiffre d'affaires n'excédant pas 1,5 milliard d'euros soit un total de bilan n'excédant pas 2 milliards d'euros.
Une grande entreprise est une entreprise qui vérifie au moins une des deux conditions suivantes :
- avoir au moins 5 000 salariés ;
- avoir plus de 1,5 milliard d'euros de chiffre d'affaires et plus de 2 milliards d'euros de total de bilan.
Une firme multinationale française est un groupe de sociétés dont le centre de décision est situé en France et qui contrôle au moins une filiale à l'étranger.
Le coût salarial est constitué par l'ensemble des dépenses qui incombent à l'employeur pour l'emploi d'un salarié. Il se répartit en :
- un coût direct, composé principalement des salaires bruts et différents avantages salariaux ;
- un coût indirect formé essentiellement des cotisations patronales légales et conventionnelles et de diverses charges.
La valeur ajoutée est le solde du compte de production. Elle est égale à la valeur de la production diminuée de la consommation intermédiaire.
Le taux de valeur ajoutée (statistique d'entreprises) est le rapport de la valeur ajoutée (VA) au chiffre d'affaires (CA).
Les investissements corporels sont les investissements en actifs physiques destinés à être utilisés durablement par l'entreprise comme moyens de production (constructions, installations techniques, matériel et outillage industriels, etc.).
Une firme multinationale étrangère est un groupe de sociétés dont le centre de décision est situé à l'étranger et qui contrôle au moins une filiale en France.
Pour en savoir plus
Dauré N., « Les États-Unis restent en 2020 le premier pays d’implantation des multinationales françaises à l’étranger », Insee Focus n° 278, novembre 2022.
Satger O., « Les entreprises sous contrôle étranger emploient 2,2 millions de personnes en France en 2019 », Insee Focus n° 256, décembre 2021.
Balmand S., Borey G., Lefèvre L., Martini T., Razafindramanana O., Samyn S., « Les emplois contrôlés par des firmes étrangères se concentrent au Nord-Est et dans les métropoles », Insee Première n° 1877, octobre 2021.