Insee Conjoncture Guadeloupe ·
Juin 2022 · n° 19Bilan économique 2021 - Guadeloupe Une reprise contrainte par les suites de la crise sanitaire et les mouvements sociaux
En 2021, l’économie guadeloupéenne est en phase de reprise après la chute brutale de l’activité en 2020, due à la pandémie de Covid 19. La croissance est estimée à 1,9 % en volume soit un rebond relativement faible après la baisse significative de l’année précédente, estimée à 4,9 %. Cette reprise fluctue toutefois en fonction des pics pandémiques et des mesures sanitaires qui les accompagnent tout au long de l’année ainsi que des mouvements sociaux.
Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2021 publiés par
l'Insee.
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Transport maritime - 2021, année de record pour les marchandises et d’inquiétude pour le trafic de passagers Bilan économique 2021
Olivier PIERROT (Grand port maritime de la Guadeloupe)
L’année 2021 se distingue par une reprise marquée de l’activité sur l’ensemble des trafics de fret et par un recul significatif pour le transport de passagers. Elle est également caractérisée par le maintien des services maritimes avec un renouvellement des flottes de navires. Enfin, un nouveau pas est franchi dans la transition écologique.
En 2021, le trafic de fret atteint 4 222 837 tonnes brutes et 238 680 EVP (équivalent 20 pieds ), soit + 19 % par rapport au résultat de l’année précédente pour le tonnage de marchandises et + 8 % pour les conteneurs ; il s’agit des résultats les plus élevés pour le trafic portuaire. Le trafic de passagers décline avec une baisse de 22 % : soit 566 814 passagers transportés.
Une croissance historique pour les vracs liquides et solides
Toutes marchandises confondues (vracs, conventionnel, véhicule, conteneur), les importations tiennent une place prépondérante dans la répartition du trafic avec 65 % contre 15 % à l’exportation et 20 % pour le transbordement.
Les marchandises diverses conteneurisées constituent la masse principale du trafic (49 %). Viennent ensuite le vrac solide (26 %), le vrac liquide (20 %) et les marchandises diverses non conteneurisées (5 %). Comparativement à la répartition de l’année précédente, le vrac solide prend une place plus importante.
Dans le détail, la croissance dans le secteur des agrégats est notable : les niveaux de trafics sont les plus élevés des 20 dernières années ; ils sont notamment utilisés pour les grands chantiers du territoire (route, centre hospitalier). De même, le trafic de clinker connaît une progression forte et retrouve un niveau semblable à celui de 2019. Ces deux trafics sont des indicateurs de dynamisme du secteur des travaux publics. Initié en fin 2020, le trafic de pellets s’est solidement installé. Ces granulés de bois remplacent progressivement le charbon dans la production électrique. Enfin, à noter des exports de sucre en vrac supérieurs à ceux de l’année précédente (+ 6 000 tonnes).
Pour les conteneurs, le trafic est soutenu et suit la tendance observée dès la mi-2020. Le trafic domestique et le transbordement augmentent respectivement de + 3 % et +30 %. Au final, le trafic de conteneurs affiche une augmentation globale de 18 000 EVP. Comme en 2020, entre septembre et décembre, une connexion exclusive entre le Brésil et la Guadeloupe a été opérée à travers le service Brazex pour le transport de fruits frais (haute saison au Brésil) en transbordement vers l’Europe. Pour cette campagne, les navires utilisés ont été de plus grande taille que ceux en service en 2020.
Les ports métropolitains et de Martinique, principaux partenaires commerciaux
A l’importation, en tonnage, si les ports de France métropolitaine (Le Havre, Nantes-Montoir, Dunkerque, Marseille) avec 23 % du trafic sont habituellement les premiers partenaires commerciaux, en 2021, les ports de Martinique (Fort de France, Saint-Pierre) ont regroupé 25 % de l’ensemble des échanges. Viennent ensuite les ports québecois de Saint-Croix et de Saint-Eustache représentant respectivement 10 % et 5 %.
La Guadeloupe importe ses biens de consommation principalement de France métropolitaine. La Martinique, Saint-Croix et Saint-Eustache sont les territoires d’importation des hydrocarbures ; le charbon provient de Colombie. Le trafic de pellets de bois est en provenance d’Amérique du Nord (Canada, Géorgie, Caroline du Nord).
Les exportations guadeloupéennes vers les ports de France métropolitaine représentent 21 % des échanges (en tonnage). Il s’agit en particulier des exportations de bananes (vers Dunkerque) et de sucre (vers Marseille). Plus proche géographiquement, la Martinique, deuxième partenaire commercial, concentre 17 % des échanges, notamment des produits manufacturés. Le port de Dégrad des Cannes est le troisième port d’exportation (15 %), notamment pour le vrac liquide (hydrocarbures).
Ces répartitions à l’import et à l’export sont peu variables et reflètent les circuits d’approvisionnement et de distribution du territoire.
Trafic de passagers : une saison croisière atone, un frémissement pour le trafic archipel
Le trafic de passagers reste pénalisé par la crise sanitaire débutée en 2020. La diminution atteint 22 %. Aucun navire de croisière n’a été accueilli en 2021. Pour le trafic inter îles, les rotations avec la Martinique ont redémarré très timidement ainsi qu’avec Sainte-Lucie et la Dominique. A l’intérieur de l’archipel, le résultat est encourageant malgré les différents épisodes de mise en place de mesures de restrictions.
tableauFigure 1 – Evolution du trafic, tous segments
Trafic | 2021 | 2020 | Evol (%) |
---|---|---|---|
trafic de fret (tonnage) | 4 222 837 | 3 540 822 | 19 |
trafic de conteneurs (EVP) | 238 680 | 220 233 | 8 |
passagers transportés (Nb) | 566 214 | 723 184 | -22 |
- source : GPMG.
tableauFigure 2 – Evolution du trafic marchandises en tonnes
Année | Tonnage |
---|---|
2012 | 3 858 932 |
2013 | 3 683 890 |
2014 | 3 316 107 |
2015 | 3 599 053 |
2016 | 3 721 677 |
2017 | 3 709 542 |
2018 | 3 782 395 |
2019 | 3 614 431 |
2020 | 3 540 822 |
2021 | 4 222 837 |
- source : GPMG.
graphiqueFigure 2 – Evolution du trafic marchandises en tonnes
tableauFigure 3 – Evolution du trafic passagers
Année | Croisière | Inter-îles | Archipel |
---|---|---|---|
2012 | 158 288 | 123 219 | 618 690 |
2013 | 158 356 | 112 612 | 623 416 |
2014 | 234 304 | 110 365 | 635 755 |
2015 | 309 872 | 112 164 | 676 248 |
2016 | 276 293 | 98 871 | 739 722 |
2017 | 319 591 | 115 772 | 761 069 |
2018 | 385 363 | 137 820 | 797 866 |
2019 | 337 905 | 158 699 | 824 308 |
2020 | 176 684 | 47 492 | 499 008 |
2021 | 0 | 25 662 | 540 522 |
- source : GPMG.
graphiqueFigure 3 – Evolution du trafic passagers
Définitions
Clinker : constituant du ciment qui a la forme de nodules durs et cristallisés.
EVP (Équivalent Vingt Pieds) : Unité de mesure de conteneur qui regroupe à la fois les 20 pieds et les 40 pieds. Un conteneur d’un EVP mesure 2,591 mètres (8,5 pieds) de haut par 2,438 m de large (8 pieds) et 6,058 m (20 pieds) de long et est d’une capacité d’environ 30 m.
Ro-Ro ou roulier : Cette appellation vient de l'anglais « Roll-On, Roll-Off » signifiant littéralement « roule dedans, roule dehors ». Les Ro-Ro, sont des navires utilisés pour transporter des véhicules, chargés grâce à une ou plusieurs rampes d'accès. On les dénomme ainsi pour les distinguer des navires habituels où les produits sont chargés à la verticale par des grues « lo-lo » (lift-on, lift-off).
Transbordement : déchargement et rechargement de marchandises d’un navire sur l’autre dans un délai court.