La campagne 2021 est d’abord marquée par les dégâts du gel début avril, qui détruisent 25 à 30 % des bourgeons sur l’ensemble du vignoble. Ensuite, ce sont les pluies soutenues de juin-juillet couplées à la chaleur estivale, qui causent l’explosion de maladies fongiques (mildiou, oïdium) dans la quasi-totalité de l’appellation. Le potentiel agronomique des vignes est fortement diminué à la veille des récoltes.

L’ouverture des vendanges a lieu autour du 11 septembre (le 14 pour le Chardonnay, le 10 pour les Pinots), soit avec quelques jours de décalage par rapport à la moyenne décennale, en raison du retard de développement de la vigne accumulé depuis le gel.

Les vendanges alsaciennes commencent le 13 septembre pour les Crémants et le 20 pour les vins tranquilles. Si les vendanges se déroulent dans de bonnes conditions, la récolte agronomique 2021 atteint quant à elle un niveau historiquement bas (figure 1). Les dégâts causés par les gelées d’avril n’ont touché que quelques secteurs précoces et demeurent minimes par rapport à d’autres bassins viticoles. En revanche, l’humidité excessive de l’été a causé un développement fulgurant des maladies. La production est très variable selon les parcelles, en fonction du degré de pourrissement, et de façon beaucoup plus marqué sur les pinots. Les pertes sont ainsi estimées entre 10 et 95 % localement, voire sur la même parcelle.

En 2021, le rendement agronomique des vignes de Champagne atteint 7 360 kg/ha de raisin, soit 26 % de moins que la moyenne quinquennale (rendements comparables aux minima des années 1980). Les départements de l’Aisne et de l’Aube sont les plus déficitaires avec des pertes avoisinant les 45 %.

L’interprofession a fixé pour 2021 le rendement commercialisable à 10 000 kg/ha de raisin, contre 8 000 kg/ha l’année précédente. Les potentiels étant souvent inférieurs à ce niveau, voire nuls, les vignerons ont puisé dans leurs réserves individuelles pour alimenter le bilan. La production de l’année effectivement classée en appellation Champagne atteint 1,55 millions d’hectolitres, en retrait de 12 % sur un an et de 28 % par rapport à la moyenne quinquennale.

En Alsace, la production totale du vignoble en 2021, toutes AOC classées confondues, s’établit à 794 000 hl, en baisse de 25 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années. La production agronomique (y compris dépassements de plafonds de classement) est estimée à 812 500 hectolitres.

Les expéditions de Champagne sur l’année civile 2021 atteignent 320,1 millions de bouteilles, soit un rebond de 31 % par rapport à l’année 2020, marquée par la pandémie (figure 2) ; c’est aussi une progression de 5 % par rapport à la moyenne quinquennale des expéditions ante-Covid 2015-2019. Le chiffre d’affaires de la filière est de l’ordre de 5,5 milliards d’euros, un record historique. Ce sont surtout les Maisons de Champagne, spécialement positionnées sur l’export hors Union européenne, qui réalisent la meilleure croissance par rapport à la moyenne quinquennale (+ 6 %) (figure 3) ; les coopératives et les vignerons indépendants ont de leur côté un bilan plus modeste (respectivement + 3 % et + 1 %).

En 2021, les expéditions sont en nette hausse pour les deux premiers clients de l’appellation à l’export, les États-Unis et le Royaume-Uni, avec des hausses annuelles respectives de 64 % et 41 % en volume, et de 58 % et 49 % en valeur. La reprise économique post-Covid, plus forte que prévue, a permis ces bilans positifs, tout en ayant sans doute causé quelques tensions logistiques à l’approche des fêtes de fin d’année. Le bilan est favorable pour l’ensemble des autres pays tiers, grands clients du Champagne, comme le Canada (+ 49 %) et l’ensemble Chinois (Chine, Hong Kong, Taïwan : + 37 %), ou encore l’Australie, la Suisse et le Japon (figure 4).

Dans l’Union européenne, la reprise est plus tempérée avec une croissance globale des expéditions de 31 % sur un an. L’Allemagne, premier client européen et 4^e destination mondiale, ne voit son bilan se rétablir que de 10 % par rapport à 2020. La hausse est également contenue en Belgique et en Suède. D’autres pays européens réalisent un redémarrage plus fort comme l’Italie, l’Espagne ou les Pays-Bas (entre + 33 % et + 46 %).

Enfin, le marché français est toujours à la peine avec un redressement de 24 % par rapport à l’année précédente, mais le niveau reste inférieur de 8 % à la moyenne 2015-2019 des expéditions avant Covid.

Sur le plan commercial, les ventes regagnent le terrain perdu en 2020 à cause de la crise sanitaire (+ 20 % toutes AOC confondues) (figure 5). Les expéditions de vins d’Alsace sont même en hausse par rapport à 2019 (+ 8 %). Ce sont les ventes à l’export qui progressent le plus entre 2020 et 2021, avec une augmentation de 44 % des volumes commercialisés toutes AOC confondues, et de 60 % pour les Crémants (figure 6).