Revenu, niveau de vie et pauvreté en 2019 Enquête Revenus fiscaux et sociaux (ERFS) - Insee Résultats

Chiffres détaillés
Insee Résultats
Paru le :Paru le08/11/2021
Yann Guidevay, Jorick Guillaneuf (Insee)
Insee Résultats- Novembre 2021

En raison de difficultés de production, l’Insee a décidé de ne pas publier les résultats détaillés sur les revenus, les niveaux de vie et la pauvreté en 2020. Les principaux tableaux peuvent néanmoins être retrouvés dans la publication accompagnant la diffusion sur les revenus en 2020.

En 2019, le niveau de vie médian augmente nettement et le taux de pauvreté diminue

Yann Guidevay, Jorick Guillaneuf (Insee)

En 2019, en France métropolitaine, le niveau de vie médian de la population est de 22 040 euros annuels. Il augmente de 2,6 % en euros constants par rapport à 2018, sa plus forte progression depuis le début des années 2000. Les 10 % de personnes les plus modestes ont un niveau de vie inférieur à 11 660 euros. Les 10 % les plus aisées ont un niveau de vie au moins 3,4 fois supérieur, au-delà de 39 930 euros.

En 2019, les niveaux de vie augmentent davantage dans le bas et le milieu de la distribution. Les ménages les plus modestes bénéficient de la baisse du chômage. Le niveau de vie est soutenu entre les troisième et neuvième déciles de la distribution par le dynamisme des salaires, en partie lié aux réformes du système socio-fiscal (suppression des cotisations salariales d’assurance chômage sur les salaires, exonérations fiscales et sociales des heures supplémentaires, prime exceptionnelle de pouvoir d’achat), et dans la moitié basse de la distribution par l’élargissement et la revalorisation de la prime d’activité.

Les inégalités de niveau de vie diminuent nettement en 2019, après avoir fortement augmenté en 2018. L’indice de Gini est de 0,289 en 2019, comme en 2017 et après 0,298 en 2018.

En 2019, 9,2 millions de personnes vivent au-dessous du seuil de pauvreté monétaire, soit 1 102 euros par mois. Le taux de pauvreté s’établit à 14,6 % et diminue de 0,2 point sur un an. L’intensité de la pauvreté est quasi stable et s’établit à 19,7 % en 2019.

Le niveau de vie médian augmente nettement en 2019, porté par le dynamisme des salaires

En 2019, selon l’enquête Revenus fiscaux et sociaux (sources), le niveau de vie annuel des personnes vivant dans un de France métropolitaine est de 22 040 euros, soit 1 837 euros par mois. Ce montant partage la population en deux, la première moitié ayant un niveau de vie inférieur et la seconde un niveau de vie supérieur. Il correspond à un revenu disponible de 1 837 euros par mois pour une personne seule et de 3 857 euros par mois pour un couple avec deux enfants de moins de 14 ans (encadré 1).

En 2019, le niveau de vie médian augmente de 2,6 % en euros constants, c’est-à-dire en corrigeant de l’évolution de l’indice des prix à la consommation (figure 1). Cette hausse est la plus forte depuis 2001 et elle est très supérieure à la moyenne enregistrée depuis les vingt dernières années (+ 0,8 % en moyenne par an).

La forte progression du niveau de vie médian s’inscrit dans un contexte de faible inflation et de dynamisme des salaires. La hausse des salaires, marquée du troisième décile au neuvième décile de niveau de vie, est amplifiée par deux facteurs : la fin de la bascule des cotisations chômage sur la contribution sociale généralisée (CSG) entamée en 2018, dont l’effet a joué en année pleine en 2019, et l’effet des mesures d’urgence économique et sociale (encadré 2), notamment la mise en place de la prime exceptionnelle de pouvoir d’achat.

En 2019, le niveau de vie médian augmente plus fortement que la médiane du niveau de vie avant redistribution (+ 1,8 %). Les ménages du milieu de la distribution ont bénéficié de la revalorisation de la prime d’activité et, dans une moindre mesure, de l’exonération fiscale et sociale des heures supplémentaires et de la poursuite du dégrèvement de la taxe d’habitation.

Figure 1a – Évolution des principaux déciles de niveau de vie entre 1996 et 2019

base 100 en 2008
Figure 1a – Évolution des principaux déciles de niveau de vie entre 1996 et 2019 (base 100 en 2008) - Lecture : en 2019, le niveau de vie des ménages du 1er décile augmente de 2,8 % en euros constants. Avant redistribution, il augmente de 4,6 %.
1ᵉʳ décile
après redistribution
1ᵉʳ décile
avant redistribution
1996 81,2 73,1
1997 81,7 74,9
1998 85,1 80,6
1999 87,2 82,6
2000 88,4 85,8
2001 91,4 88,4
2002 94,7 96,2
2003 94,3 94,5
2004 94,5 94,6
2005 94,7 96,0
2006 96,0 97,7
2007 97,9 98,5
2008 100,0 100,0
2009 98,8 98,3
2010 97,6 93,8
2011 96,7 90,7
2012 95,5 89,2
2013 96,9 92,5
2014 96,7 91,5
2015 96,8 88,1
2016 98,3 86,9
2017 98,7 86,7
2018 97,1 88,6
2019 99,8 92,7
  • Lecture : en 2019, le niveau de vie des ménages du 1er décile augmente de 2,8 % en euros constants. Avant redistribution, il augmente de 4,6 %.
  • Champ : France métropolitaine, personnes vivant dans un ménage dont le revenu déclaré est positif ou nul et dont la personne de référence n'est pas étudiante.
  • Sources : Insee-DGI, enquêtes Revenus fiscaux et sociaux rétropolées de 1996 à 2004 ; Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, enquêtes Revenus fiscaux et sociaux de 2005 à 2019.

Figure 1a – Évolution des principaux déciles de niveau de vie entre 1996 et 2019

  • Lecture : en 2019, le niveau de vie des ménages du 1er décile augmente de 2,8 % en euros constants. Avant redistribution, il augmente de 4,6 %.
  • Champ : France métropolitaine, personnes vivant dans un ménage dont le revenu déclaré est positif ou nul et dont la personne de référence n'est pas étudiante.
  • Sources : Insee-DGI, enquêtes Revenus fiscaux et sociaux rétropolées de 1996 à 2004 ; Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, enquêtes Revenus fiscaux et sociaux de 2005 à 2019.

Le niveau de vie des plus modestes est soutenu par la baisse du chômage

En 2019, le niveau de vie augmente pour l’ensemble de la distribution mais la progression est plus soutenue pour les 50 % des ménages les moins aisés (entre + 2,6 % et + 3,4 %). Ces ménages bénéficient de l’amélioration de la conjoncture sur le marché du travail et de la baisse du chômage, ainsi que du dynamisme des salaires. Leur niveau de vie est en outre rehaussé par la forte revalorisation de la prime d’activité, l’effet étant toutefois un peu plus limité pour les ménages sous le premier décile.

En 2019, le niveau de vie plafond des 10 % les plus modestes, ou premier de niveau de vie, augmente de 2,8 % (à 11 660 euros), un rythme proche d’avant la crise économique de 2008. Cette hausse est cependant inférieure à celle du premier décile de niveau de vie avant redistribution (+ 4,6 %). Le niveau de vie après redistribution des 10 % les plus modestes est en effet moins dynamique car certaines prestations sociales (allocations logement, prestations familiales) ont été moins revalorisées que l’inflation. La baisse des allocations logement liée à la réforme de la réduction du loyer de solidarité de 2018 a également eu un impact : elle a simultanément baissé les allocations logement des ménages du parc locatif social (prises en compte dans le niveau de vie) et réduit leur loyer d’un montant équivalent. Si l’on considérait la réduction de loyer comme un gain en revenus et non comme une baisse des dépenses, la hausse du premier décile aurait été un peu plus importante en 2019 (+ 3,2 %, à 11 760 euros).

En 2019, le niveau de vie des 10 % les plus aisés est d’au moins 39 930 euros ; il augmente sur un an (+ 1,0 %) mais sa progression est plus limitée que pour les ménages de niveau de vie inférieur. Cette plus faible progression intervient après une année 2018 atypique où les revenus du patrimoine des plus aisés avaient nettement augmenté, avec la forte hausse des dividendes dans un contexte où la réforme de la fiscalité du capital incitait les entreprises à distribuer des dividendes plutôt qu’à les capitaliser.

Les inégalités de niveau de vie diminuent nettement en 2019 et retrouvent leur niveau de 2017

Les principaux indicateurs d’inégalités de niveau de vie diminuent nettement entre 2018 et 2019, après une hausse d’ampleur équivalente l’année précédente (figure 2).

L’ est de 0,289 en 2019, comme en 2017 et 0,009 point de moins qu’en 2018. Le rapport interdécile D9/D1, rapport entre le niveau de vie plancher des 10 % les plus aisés et le niveau de vie plafond des 10 % les plus modestes, est de 3,42 (– 0,07 point sur un an). En 2019, les 20 % de personnes les plus aisées perçoivent 38 % de la masse totale des niveaux de vie et les 20 % les plus modestes, 9 %. Ainsi, les premiers perçoivent une part des niveaux de vie 4,36 fois plus importante que les seconds (ratio (100-S80)/S20), une proportion qui diminue en 2019 (– 0,09 point). La baisse des principaux indicateurs d’inégalités entre 2018 et 2019 est plus importante que celle qui avait été estimée à l’automne 2020 (– 0,003 point pour l’indice de Gini) à partir d’un modèle de microsimulation [Buresi, Cornuet, 2020], en raison notamment de revenus du patrimoine moins dynamiques qu’anticipé.

Les inégalités de niveau de vie ont fortement augmenté après la crise économique de 2008, qui a touché en premier lieu les ménages les plus modestes. Après un repli en 2012 et 2013 dû à la baisse plus tardive des plus hauts niveaux de vie, elles se sont stabilisées jusqu’en 2017. En 2018, dans un contexte de fiscalité plus favorable aux ménages les plus aisés qui avait notamment conduit à une hausse marquée des revenus financiers, les inégalités de niveau de vie ont fortement augmenté. En 2019, elles se réduisent nettement : les revenus financiers connaissent un contrecoup, tandis que l’amélioration de la conjoncture du marché du travail et les réformes socio-fiscales favorisent davantage les ménages intermédiaires et les plus modestes.

Les transferts socio-fiscaux réduisent les inégalités : par exemple, en 2019, l’indice de Gini des niveaux de vie avant redistribution est de 0,373. L’indice de Gini évolue de façon similaire qu’il soit estimé sur les niveaux de vie avant ou après redistribution (– 0,010 point contre – 0,009 point).

Figure 2 – Indicateurs d'inégalités de 1996 à 2019

Figure 2 – Indicateurs d'inégalités de 1996 à 2019 - Lecture : les 20 % de personnes les plus modestes (S20) disposent en 2019 de 8,7 % de la somme des niveaux de vie, les 20 % les plus aisés perçoivent 37,9 % de la somme des niveaux de vie (complément à 100 de S80), soit 4,36 fois plus [ratio (100-S80)/S20].
Ratio inter-décile D9/D1 Ratio (100-S80)/S20 Indice de Gini
1996 3,50 4,23 0,282
1997 3,48 4,18 0,281
1998 3,40 4,09 0,279
1999 3,43 4,21 0,286
2000 3,48 4,29 0,289
2001 3,41 4,23 0,288
2002 3,38 4,12 0,284
2003 3,34 4,15 0,283
2004 3,29 4,11 0,283
2005 3,33 4,28 0,289
2006 3,39 4,34 0,293
2007 3,37 4,31 0,292
2008 3,36 4,33 0,292
2009 3,43 4,36 0,293
2010 3,46 4,56 0,302
2011 3,57 4,64 0,305
2012 3,54 4,60 0,302
2013 3,43 4,32 0,288
2014 3,42 4,32 0,289
2015 3,46 4,35 0,292
2016 3,40 4,26 0,288
2017 3,41 4,32 0,289
2018 3,49 4,45 0,298
2019 3,42 4,36 0,289
  • Note : les données de 1996 à 2011 sont rétropolées pour permettre une comparaison temporelle et peuvent donc différer de celles diffusées par ailleurs sur www.insee.fr (voir Chiffres-clés) présentant les séries longues avec des ruptures de série en 2010 et 2012.
  • Lecture : les 20 % de personnes les plus modestes (S20) disposent en 2019 de 8,7 % de la somme des niveaux de vie, les 20 % les plus aisés perçoivent 37,9 % de la somme des niveaux de vie (complément à 100 de S80), soit 4,36 fois plus [ratio (100-S80)/S20].
  • Champ : France métropolitaine, personnes vivant dans un ménage dont le revenu déclaré est positif ou nul et dont la personne de référence n'est pas étudiante.
  • Sources : Insee-DGI, enquêtes Revenus fiscaux et sociaux rétropolées de 1996 à 2004 ; Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, enquêtes Revenus fiscaux et sociaux de 2005 à 2019.

Figure 2 – Indicateurs d'inégalités de 1996 à 2019

  • Note : les données de 1996 à 2011 sont rétropolées pour permettre une comparaison temporelle et peuvent donc différer de celles diffusées par ailleurs sur www.insee.fr (voir Chiffres-clés) présentant les séries longues avec des ruptures de série en 2010 et 2012.
  • Lecture : les 20 % de personnes les plus modestes (S20) disposent en 2019 de 8,7 % de la somme des niveaux de vie, les 20 % les plus aisés perçoivent 37,9 % de la somme des niveaux de vie (complément à 100 de S80), soit 4,36 fois plus [ratio (100-S80)/S20].
  • Champ : France métropolitaine, personnes vivant dans un ménage dont le revenu déclaré est positif ou nul et dont la personne de référence n'est pas étudiante.
  • Sources : Insee-DGI, enquêtes Revenus fiscaux et sociaux rétropolées de 1996 à 2004 ; Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, enquêtes Revenus fiscaux et sociaux de 2005 à 2019.

Le taux de pauvreté baisse de 0,2 point en 2019, à 14,6 %

Le est fixé par convention à 60 % du niveau de vie médian. En 2019, 9,2 millions de personnes vivent en dessous de ce seuil, soit 80 000 personnes de moins qu’en 2018 (figure 3). Le seuil de pauvreté s’établit à 1 102 euros par mois en 2019. Il correspond à un revenu disponible de 2 314 euros par mois pour un couple avec deux enfants de moins de quatorze ans. Le seuil de pauvreté augmente de 28 euros entre 2018 et 2019, du fait de la forte progression du niveau de vie médian.

Le taux de pauvreté monétaire, c’est-à-dire la part de personnes pauvres dans la population, est de 14,6 % en 2019. Il diminue de 0,2 point par rapport à 2018, une baisse proche de celle estimée à l’automne 2020 par microsimulation (– 0,3 point). La diminution du taux de pauvreté résulte principalement de la progression plus forte que la médiane du niveau de vie des ménages les plus modestes, en raison de la baisse du chômage. La revalorisation de la prime d’activité bénéficie également aux ménages les plus modestes, mais dans une moindre mesure, 77 % des ménages bénéficiaires de la prime d’activité ayant un niveau de vie supérieur au seuil de pauvreté. Cette part a de plus augmenté de 7 points sur un an, sous l’effet de l’extension de la prime d’activité.

En 2019, la réforme de la réduction du loyer de solidarité de 2018 a le même impact sur le niveau du taux de pauvreté qu’en 2018. Si l’on considérait la réduction de loyer comme un gain en revenus et non comme une baisse des dépenses, la diminution du taux de pauvreté entre 2018 et 2019 serait donc inchangée.

En 2019, le niveau de vie médian des personnes pauvres évolue à un rythme proche de celui de l’ensemble de la population (+ 2,4 %) : la moitié des personnes pauvres a un niveau de vie inférieur à 885 euros par mois. Il est ainsi inférieur de 19,7 % au seuil de pauvreté, écart nommé . Celle-ci est quasi stable par rapport à 2018 (+ 0,1 point) ; elle varie peu depuis 2008, entre 19,5 % et 20,2 %, à l’exception d’un point haut en 2012 (21,4 %).

Figure 3 – Indicateurs de pauvreté

Figure 3 – Indicateurs de pauvreté
2015 2016 2017 2018 2019
Seuil à 60 % de la médiane
Nombre de personnes pauvres (en milliers) 8 875 8 783 8 889 9 327 9 244
Taux de pauvreté (en %) 14,2 14,0 14,1 14,8 14,6
Seuil de pauvreté (en euros 2019/mois) 1 057 1 067 1 072 1 074 1 102
Niveau de vie médian des personnes pauvres (en euros 2019/mois) 850 857 862 864 885
Intensité de la pauvreté (en %) 19,6 19,7 19,6 19,6 19,7
Seuil à 50 % de la médiane
Nombre de personnes pauvres (en milliers) 5 020 4 997 5 010 5 265 5 215
Taux de pauvreté (en %) 8,0 8,0 8,0 8,3 8,2
Seuil de pauvreté (en euros 2019/mois) 881 889 893 895 918
Niveau de vie médian des personnes pauvres (en euros 2019/mois) 735 735 737 747 752
Intensité de la pauvreté (en %) 16,6 17,3 17,5 16,5 18,1
  • Champ : France métropolitaine, personnes vivant dans un ménage dont le revenu déclaré est positif ou nul et dont la personne de référence n'est pas étudiante.
  • Sources : Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, enquêtes Revenus fiscaux et sociaux de 2015 à 2019.

En 2019, la baisse du taux de pauvreté est plus forte pour les familles monoparentales, le taux de pauvreté des retraités augmente

En 2019, la part de chômeurs en situation de pauvreté monétaire est près de 5 fois supérieure à celle des actifs occupés (38,9 % contre 8,1 %) et cet écart s’accroît : le taux de pauvreté des chômeurs augmente de 1,1 point alors que celui des personnes en emploi diminue légèrement (– 0,3 point) (figure 4a). Ces évolutions interviennent dans un contexte de nette baisse du taux de chômage (– 0,6 point en moyenne annuelle en 2019). Cette baisse est cependant moins importante pour les ouvriers, plus souvent en situation de pauvreté monétaire que les autres catégories socioprofessionnelles. Le nombre de chômeurs pauvres diminue ainsi moins fortement que le nombre de chômeurs non pauvres. Parmi les personnes en emploi, le taux de pauvreté des indépendants varie peu (– 0,1 point). Il est de 17,6 % en 2019 et reste nettement supérieur à celui des salariés (6,8 %).

Au sein des inactifs, le niveau de vie médian des retraités augmente de 1,5 %, une hausse moins élevée que celle des actifs (+ 2,7 %). Les actifs bénéficient en effet de la baisse du chômage, et les salariés bénéficient de plusieurs mesures d’urgence économique et sociale, notamment l’exonération des heures supplémentaires et la prime exceptionnelle de pouvoir d’achat. Les retraités de niveaux de vie intermédiaires ont bénéficié du rétablissement à 6,6 % du taux de contribution sociale généralisée (CSG) sur les revenus de remplacement, qui avait augmenté de 1,7 point en 2018. L’ensemble des retraités, en particulier les plus pauvres qui n’étaient pas concernés par cette dernière mesure, ont été pénalisés par la non-revalorisation des pensions servies par le régime général. Le taux de pauvreté des retraités augmente de 0,8 point en 2019 ; il reste très inférieur à celui de l’ensemble de la population (9,5 % contre 14,6 %).

Le taux de pauvreté des enfants de moins de 18 ans diminue de 0,8 point et atteint 20,2 % en 2019. Cette baisse traduit notamment les évolutions du taux de pauvreté des familles monoparentales (– 2,5 points), et dans une moindre mesure celui des couples avec un ou deux enfants (– 0,4 point) (figure 4b). L’amélioration de la conjoncture du marché du travail et la plus forte hausse des salaires en bas de la distribution rehaussent globalement le niveau de vie des familles monoparentales. Les familles monoparentales demeurent néanmoins bien plus fréquemment en situation de pauvreté monétaire (32,8 %) que les personnes seules (20,6 % lorsque la personne de référence a moins de 65 ans), les couples sans enfant (7,2 %) ou avec un ou deux enfants (8,9 %).

Figure 4a – Niveau de vie et taux de pauvreté selon le statut d'activité

Figure 4a – Niveau de vie et taux de pauvreté selon le statut d'activité - Lecture : en 2019, le niveau de vie médian des actifs de 18 ans ou plus est de 23 820 euros.
2018 2019
Répartition de la population (en %) Niveau de vie médian (en euros 2019) Personnes pauvres (en milliers) Taux de pauvreté (en %) Répartition de la population (en %) Niveau de vie médian (en euros 2019) Personnes pauvres (en milliers) Taux de pauvreté (en %)
Actifs de 18 ans ou plus 45,2 23 190 3 133 11,0 45,2 23 820 3 032 10,6
Personnes en emploi 41,2 23 900 2 190 8,4 41,5 24 440 2 136 8,1
Salariés 36,4 23 860 1 654 7,2 36,4 24 410 1 564 6,8
Indépendants 4,8 24 500 536 17,7 5,1 24 840 573 17,6
Chômeurs 3,9 14 960 943 37,8 3,6 15 310 897 38,9
Inactifs de 18 ans ou plus 32,7 20 610 3 257 15,8 32,8 21 020 3 392 16,3
Retraités 22,9 22 060 1 260 8,7 23,1 22 380 1 400 9,5
Autres inactifs (dont étudiants) 9,7 16 080 2 000 32,7 9,6 16 480 1 992 32,5
Enfants de moins de 18 ans 22,1 19 410 2 937 21,0 22,0 19 830 2 820 20,2
Ensemble 100,0 21 490 9 327 14,8 100,0 22 040 9 244 14,6
  • Lecture : en 2019, le niveau de vie médian des actifs de 18 ans ou plus est de 23 820 euros.
  • Champ : France métropolitaine, personnes vivant dans un ménage dont le revenu déclaré est positif ou nul et dont la personne de référence n'est pas étudiante.
  • Sources : Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, enquêtes Revenus fiscaux et sociaux 2018 et 2019.

Encadré 1 – Revenu disponible, revenu avant redistribution et niveau de vie

Le revenu disponible est le revenu à la disposition du ménage pour consommer et épargner. Il comprend les revenus d’activité nets des cotisations sociales, les indemnités de chômage, les retraites et pensions, les revenus du patrimoine (fonciers et financiers) et les autres prestations sociales perçues, nets des impôts directs. Ces derniers incluent l’impôt sur le revenu, la taxe d’habitation, la contribution sociale généralisée – CSG –, contribution à la réduction de la dette sociale – CRDS – et les prélèvements sociaux sur les revenus du patrimoine.

Le revenu avant redistribution d’un ménage est ici l’ensemble de ses revenus avant paiement des impôts directs (mais nets de cotisations sociales) et perception des prestations sociales. Il comprend ainsi les revenus d’activité, les indemnités de chômage, les pensions et retraites et les revenus du patrimoine.

Le niveau de vie est égal au revenu disponible du ménage divisé par le nombre d'unités de consommation (UC). Le niveau de vie est donc le même pour tous les individus d'un même ménage.

Les unités de consommation (UC) sont généralement calculées selon l'échelle d'équivalence dite de l'OCDE modifiée, qui attribue 1 UC au premier adulte du ménage, 0,5 UC aux autres personnes de 14 ans ou plus et 0,3 UC aux enfants de moins de 14 ans.

Encadré 2 – Les mesures d’urgence économique et sociale de 2019

En 2019, les évolutions des indicateurs de niveau de vie et de pauvreté monétaire traduisent en partie la mise en œuvre des mesures d’urgence économique et sociale, votées fin 2018 pour répondre au mouvement social des Gilets jaunes.

La prime d’activité, versée aux travailleurs modestes, a été élargie et son montant a fortement augmenté. En 2019, 18 % des ménages bénéficient de la prime d’activité, contre 13 % en 2018.

Le taux de contribution sociale généralisée (CSG) sur les revenus de remplacement a été rétabli à 6,6 % pour la moitié des retraités touchés par la hausse de 1,7 point de ce même taux en 2018.

Deux autres mesures rehaussent les revenus des salariés : la mise en place d’une prime exceptionnelle de pouvoir d’achat (Pepa), versée par l’employeur et exonérée de cotisations sociales et d’impôt, et l’exonération des heures supplémentaires de cotisations sociales et d’impôt sur le revenu. Ces deux types de revenus d’activité (Pepa et heures supplémentaires) sont exonérés d’impôt sur le revenu et ne sont, par conséquent, pas ou mal couverts par les déclarations fiscales sur lesquelles s’appuie le calcul du revenu avant redistribution des ménages. Leurs montants ont été imputés en s’appuyant sur des cibles issues des déclarations sociales nominatives (DSN) réalisées par les employeurs, par secteur d’activité et catégorie socioprofessionnelle. En 2019, environ 40 % des salariés ont bénéficié d’une exonération de leurs heures supplémentaires et 22 % de la prime exceptionnelle de pouvoir d’achat. Le salaire annuel des personnes bénéficiant de ces mesures est en moyenne rehaussé de 1 150 euros pour les heures supplémentaires exonérées et de 410 euros pour la prime exceptionnelle de pouvoir d’achat.

Sources

Les statistiques présentées ici sont tirées des enquêtes Revenus fiscaux et sociaux (ERFS) rétropolées de 1996 à 2004 et des enquêtes Revenus fiscaux et sociaux de 2005 à 2019. En 2019, l’enquête s’appuie sur un échantillon de 49 500 ménages de France métropolitaine, issu de l’enquête Emploi de l’Insee, sur leurs déclarations fiscales, ainsi que sur les prestations sociales qu’ils ont perçues. Le champ retenu est celui des personnes vivant en France métropolitaine et appartenant à un ménage ordinaire dont la personne de référence n’est pas étudiante et dont le revenu déclaré est positif ou nul. Il exclut donc notamment les personnes résidant en institution ainsi que les personnes sans abri, et recouvre une population de 63,4 millions de personnes fin 2019. En 2018, cette restriction du champ conduisait à sous-estimer le nombre de personnes pauvres de 700 000 personnes.

Depuis 1996, la mesure des revenus dans les ERFS a fait l'objet d'améliorations qui génèrent deux ruptures de séries, en 2010 et 2012, avec deux enquêtes disponibles pour chaque millésime. Dans cette étude, afin de pouvoir apprécier les évolutions sur longue période, les indicateurs ont été rétropolés jusqu'en 1996 en chaînant leurs évolutions à méthodologie constante (soit en taux d'évolution, soit en variation de points).

Définitions

Si l'on ordonne la distribution des niveaux de vie, les déciles (au nombre de 9 : de D1 à D9) sont les valeurs qui partagent cette distribution en 10 sous-populations d'effectifs égaux. Le premier décile (D1) est par exemple le niveau de vie au-dessous duquel se situent 10 % des individus. Le cinquième décile (D5), ou médiane, partage la population en deux sous-populations égales.

Le ménage comprend l’ensemble des occupants d’un même logement sans que ces personnes soient nécessairement unies par des liens de parenté. Un ménage peut être composé d’une seule personne. Ne font pas partie des ménages ordinaires les personnes vivant dans des habitations mobiles ou dans des communautés (maisons de retraite, résidences étudiantes, etc.).

L’indice de Gini mesure le degré d’inégalité d’une distribution (ici, le niveau de vie) pour une population donnée. Il varie entre 0 et 1, la valeur 0 correspondant à l’égalité parfaite (tout le monde a le même niveau de vie), la valeur 1 à l’inégalité extrême (une personne a tout le revenu et les autres n’ont rien).

Pauvreté monétaire : une personne est considérée comme pauvre lorsque son niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté. Ce seuil est calculé par rapport à la médiane de la distribution nationale des niveaux de vie. Le seuil à 60 % du niveau de vie médian est privilégié en Europe. Le taux de pauvreté correspond à la proportion de personnes dont le niveau de vie est inférieur à ce seuil.

L’indicateur d’intensité de la pauvreté apprécie à quel point le niveau de vie de la population pauvre est éloigné du seuil de pauvreté. L’Insee mesure cet indicateur comme l’écart relatif entre le niveau de vie médian de la population pauvre et le seuil de pauvreté.

Niveau de vie, revenu disponible, niveau de vie avant redistribution, unités de consommation : voir encadré 1.

Pour en savoir plus

« Revenu, niveau de vie et pauvreté en 2019 », Insee Résultats, à paraître.

Sanchez Gonzalez J., Sueur É., « En 2019, le salaire net moyen dans le secteur privé a progressé de 1,2 % en euros constants », Insee Première n° 1863, juin 2021.

Sicsic M., « Inégalités de niveau de vie et pauvreté entre 2008 et 2018 », in Revenus et patrimoine des ménages, coll. « Insee Références », édition 2021.

Revenus et patrimoine des ménages , coll. « Insee Références », édition 2021.

Chiffres-clés, sous-thèmes « Revenus - Niveaux de vie - Pouvoir d'achat » et « Pauvreté - Précarité », insee.fr.

Buresi G., Cornuet F., « Estimation avancée du taux de pauvreté et des indicateurs d'inégalité », Insee Analyses n° 60, novembre 2020.

Delmas F., Guillaneuf J., « En 2018, les inégalités de niveau de vie augmentent », Insee Première n° 1813, septembre 2020.

Cornuet F. et al., « Les réformes socio-fiscales de 2019 augmentent fortement le revenu disponible des ménages, surtout pour ceux de niveau de vie intermédiaire et ceux en emploi », in France, portrait social, coll. « Insee Références », édition 2020.

« Ouvrir dans un nouvel ongletChiffres-clés des prestations légales 2019 », Caf, juin 2020.

Emploi, chômage, revenus du travail , coll. « Insee Références », édition 2020.

Sources

Enquête Revenus fiscaux et sociaux (ERFS)

Une présentation générale de l'enquête Revenus fiscaux et sociaux / ERFS est accessible dans la rubrique « Définitions, Méthodes et Qualité » du site insee.fr.

Une présentation générale du dispositif sur les revenus localisés sociaux et fiscaux (Filosofi) et des Revenus fiscaux localisés (RFL) est accessible dans la rubrique « Définitions, Méthodes et Qualité » du site insee.fr. Ces sources interviennent uniquement dans la partie séries longues / Niveau de vie et revenu disponible, tableau 7 - Très hauts revenus.

Historique des changements méthodologiques

À l'origine quadriennales, les enquêtes « revenus fiscaux » sont, depuis 1996, reconduites chaque année grâce à un processus d'appariement mis en place entre les données de l'enquête emploi et celles des fichiers fiscaux.

Depuis lors, l'enquête a été améliorée à plusieurs reprises. La première de ces améliorations, courant à partir de 2002 (année de revenu), a consisté à adapter l'enquête « revenus fiscaux » (ERF) à l'enquête emploi devenue trimestrielle.

La seconde, opérée à partir de l'année de revenu 2005 et qui a donné lieu à une nouvelle dénomination « enquête revenus fiscaux et sociaux » (ERFS), porte sur l'intégration des prestations sociales réelles (auparavant estimées sur barème) et la prise en compte plus complète des revenus du patrimoine. Les enquêtes revenus fiscaux 1996 à 2004 ont été rétropolées afin de constituer une nouvelle série d'enquêtes Revenus fiscaux et sociaux (ERFS) sans rupture.

Par ailleurs, pour le millésime 2011, la méthode d'imputation des revenus financiers absents de la déclaration fiscale a été revue et s'appuie désormais sur l'enquête Patrimoine 2010. Auparavant, dans les ERFS de 2005 à 2010, ces revenus étaient imputés à partir de l'enquête Patrimoine 2004. Néanmoins, une nouvelle version de l'ERFS 2010 a également été produite avec l'enquête Patrimoine 2010, afin de pouvoir apprécier les évolutions entre 2010 et 2011 à méthode constante, notamment dans les tableaux de séries longues.

À partir de l'ERFS 2013, un changement méthodologique a été introduit sur l'impôt qui intervient dans le calcul du revenu disponible : c'est maintenant l'impôt payé en N sur les revenus de l'année N-1 qui est pris en compte dans le calcul du revenu disponible de l'année N (et non plus l'impôt payé l'année suivante sur les revenus de l'année en cours).

Dans l'ERFS 2013, outre ce changement de millésime d'impôts, d'autres améliorations importantes ont été introduites.

La première a été la prise en compte des évolutions introduites dans l'enquête Emploi en continu de 2013 (qui constitue le socle de l'ERFS), visant notamment à mieux cerner certaines populations difficiles à appréhender par l'enquête, comme les étudiants.

Deux changements fiscaux importants ont été introduits à compter de 2013 :

  • D'une part, les majorations de pensions de retraite pour avoir élevé trois enfants ou plus sont désormais prises en compte dans le revenu déclaré à l'administration fiscale.
  • D'autre part, l'avantage en nature constitué par la participation des employeurs aux contrats collectifs de complémentaire santé est maintenant intégré dans les salaires déclarés à l'administration.

Ces ressources sont désormais comptabilisées dans le revenu disponible calculé dans l'ERFS.

A partir de l’ERFS 2015, l'imputation s'appuie sur l'enquête Patrimoine 2014-15, dont les informations plus récentes permettent une meilleure cohérence avec les portefeuilles actuels de produits financiers détenus par les ménages. La méthode d'imputation a été revue afin d'intégrer les améliorations de l'enquête Patrimoine. Notamment, les montants d'actifs déclarés par les ménages sont plus fiables, désormais recueillis directement et non plus sous forme d'intervalles. Cela engendre une estimation des revenus financiers plus proche de la réalité, en particulier pour l'assurance vie.

Une nouvelle version des ERFS 2012, 2013 et 2014 a été produite avec l'enquête Patrimoine 2014-15, afin de pouvoir apprécier les évolutions depuis 2012 à méthode constante.

Dans l’ERFS 2019, les revenus issus de la prime exceptionnelle de pouvoir d’achat et de l’exonération des heures supplémentaires, qui sont exonérés d’impôt sur le revenu et sont non ou mal couverts par les déclarations fiscales des ménages, ont été estimés par le biais d’imputations statistiques.

Dans l’ Insee Première n° 1875 , certains indicateurs ont été rétropolées jusqu’en 1996 pour pouvoir apprécier les évolutions sur la période 1996-2019.

Indicateurs sur la période 1970-2019

De nouvelles séries ont été ajoutées pour permettre d’apprécier l'évolution du niveau de vie, de leurs inégalités et de la pauvreté monétaire depuis 1970.

Pour assurer la comparabilité temporelle, le périmètre de revenu retenu pour ces séries est constant sur 1975-2019, mais incomplet par rapport à celui des ERFS sur 1996-2019. En effet, certains revenus ne pouvaient être pris en compte : les revenus financiers, dont le contour a évolué au cours du temps dans les sources fiscales, l’allocation aux adultes handicapés (AAH) et certaines prestations familiales (la prestation d’accueil du jeune enfant, l’allocation d’éducation de l’enfant handicapé et l’allocation de soutien familial) qui n’ont pu être imputées avant 1996.

En 1970, le périmètre de revenus est plus restreint que sur la période 1975-2019 car l’ERF de 1970 ne contient pas de données relatives à la taxe d’habitation (intitulée alors « contribution mobilière ») et à l’allocation de logement familiale (ALF).

Pour rendre comparables les indicateurs présentés sur la totalité de la période 1975-2019, une rétropolation sur les niveaux de vie, les inégalités et la pauvreté a été réalisée. Les montants en euros (quantiles de niveaux de vie, masses de niveaux de vie, seuils de pauvreté) ont été chaînés à partir de leurs taux d’évolution entre deux ERF et deux ERFS successives et comparables. Les taux de pauvreté et l’indice de Gini ont été rétropolés selon une méthode similaire à partir des variations en points.

Les séries publiées ici diffèrent donc de toutes les statistiques publiées sur les années 1996 à 2019 sur un champ plus complet, que ce soit dans les Chiffres-clés, dans cet Insee résultats ou dans l’ Insee Première sur les niveaux de vie (qui comporte des séries rétropolées sur 1996-2019).

Elles s’écartent des données fournies dans les Chiffres-clés, qui sont estimées sur le même périmètre de revenus mais ne sont pas rétropolées.

Définitions

Activité BIT :

Il s'agit de l'activité au sens du BIT selon l'interprétation communautaire, telle qu'elle est définie dans l'enquête Emploi de l'Insee. Dans tous les tableaux, la variable d'activité présentée a pour modalités : « Salarié », « Indépendant », « Chômeur », « Retraité », « Autre inactif ».

Cette variable a été recalculée dans l'ERFS en mobilisant également le statut (issu de l'enquête Emploi) et la catégorie socioprofessionnelle (également recalculée dans l'ERFS, voir plus bas).

Cependant, la variable activité au sens du BIT de l'enquête Emploi est impactée par le changement de périodicité de l'enquête en 2002 (passage d'une enquête annuelle à une enquête en continu). En outre, cette variable a connu d'autres modifications, notamment en 2007, destinées à rapprocher sa construction de la définition retenue dans l'interprétation communautaire. Ces deux éléments expliquent la présence de certaines ruptures observées à ces dates dans les séries longues.

Nomenclature agrégée 2008 / NA 2008 :

Avec le passage à la NAF rév. 2 (nomenclature d'activités française révisée au 1er janvier 2008), la nomenclature économique de synthèse (NES) associée à la NAF rév. 1 disparaît en tant que telle. En effet, cette nomenclature strictement française ne permettait pas de comparaisons internationales car elle ne s'emboîtait pas dans l'arborescence de la CITI et de la NACE.

La NAF rév. 2 contient deux niveaux agrégés « standard » : les sections et divisions en, respectivement, 21 et 88 postes. Ces niveaux sont communs à la nomenclature internationale d'activités CITI rév. 4, à la nomenclature européenne d'activités NACE rév. 2 et à la NAF rév. 2.

Il était toutefois nécessaire de disposer de niveaux de regroupements supplémentaires pour répondre aux besoins de l'analyse économique et de la diffusion en matière de données de synthèse.

Sept niveaux d'agrégation sont ainsi associés à la NAF rév. 2, dénommés « A xx » où xx représente le nombre de postes du niveau. Ils constituent la nomenclature agrégée (NA) :

· A 10 : niveau international, regroupement de sections ;

· A 17 : niveau français intermédiaire entre les niveaux A 10 et A 38.

Au niveau des sections (A 21), l'industrie manufacturière est détaillée en cinq postes et, inversement, certaines activités de services sont regroupées.

· A 21 : sections, niveau standard de l'arborescence de la NAF rév. 2 ;

· A 38 : niveau international, intermédiaire entre sections et divisions ;

· A 64 : niveau européen, intermédiaire entre les niveaux A 38 et divisions (A 88), provisoire ;

· A 88 : divisions, niveau standard de l'arborescence de la NAF rév. 2 ;

· A 129 : niveau français intermédiaire entre les niveaux divisions (A 88) et groupes.

Bureau international du travail / BIT :

Le Bureau international du travail (BIT) est un organisme rattaché à l’ONU et chargé des questions générales liées au travail dans le monde. Il réside à Genève. Il harmonise les concepts et définitions relatifs au travail, à l’emploi et au chômage.

Catégorie socioprofessionnelle :

Il s'agit de la variable de catégorie socioprofessionnelle telle qu'elle est définir dans l'enquête Emploi.

Certaines catégories sont cependant recalculées en fonction de la part de certains revenus dans l'ensemble des revenus d'activité et de remplacement perçus. Au sein des inactifs, cela impacte en particulier la répartition entre les "Retraités" et les "Autres inactifs".

Chômeur (au sens du Bureau International du Travail (BIT)) / Personne au chômage (au sens du Bureau International du Travail (BIT)) :

Un chômeur au sens du BIT est une personne âgée de 15 ans ou plus qui répond simultanément à trois conditions : être sans emploi durant une semaine donnée ; être disponible pour prendre un emploi dans les deux semaines ; avoir cherché activement un emploi au cours des quatre dernières semaines ou en avoir trouvé un qui commence dans moins de trois mois.

Les démarches actives considérées sont variées : étudier des annonces d’offres d’emploi, se rendre à un salon professionnel, mobiliser son réseau social ou prendre des conseils auprès de France Travail, etc.

Déciles :

Si on ordonne une distribution de salaires, de revenus, de chiffres d'affaires, etc., les déciles sont les valeurs qui partagent cette distribution en dix parties d’effectifs égaux.

Ainsi, pour une distribution de salaires :

  • le premier décile (noté généralement D1) est le salaire au-dessous duquel se situent 10 % des salaires ;
  • le neuvième décile (noté généralement D9) est le salaire au-dessous duquel se situent 90 % des salaires.

Le premier décile est, de manière équivalente, le salaire au-dessus duquel se situent 90 % des salaires ; le neuvième décile est le salaire au-dessus duquel se situent 10 % des salaires.

Population active (au sens du Bureau International du Travail (BIT)) / Actifs (au sens du Bureau International du Travail (BIT)), personnes actives (au sens du Bureau International du Travail (BIT)) :

La population active au sens du Bureau International du Travail (BIT) comprend les personnes en emploi au sens du BIT et les chômeurs au sens du BIT.

Remarque :

Définition internationale, adoptée en 1982 par une résolution du Bureau international du travail (BIT).

Impôts directs :

Impôt sur le revenu, taxe d'habitation, contribution sociale généralisée (CSG), contribution à la réduction de la dette sociale (CRDS), prélèvement libératoire sur valeurs mobilières et autres prélèvements sociaux sur les revenus du patrimoine.

Inactifs :

Les inactifs sont les personnes âgées de 15 ans ou plus qui ne sont ni en emploi ni au chômage.

Indice de Gini / Coefficient de Gini :

L'indice (ou coefficient) de Gini est un indicateur synthétique permettant de rendre compte du niveau d'inégalité pour une variable et sur une population donnée. Il varie entre 0 (égalité parfaite) et 1 (inégalité extrême). Entre 0 et 1, l'inégalité est d'autant plus forte que l'indice de Gini est élevé.

Il est égal à 0 dans une situation d'égalité parfaite où la variable prend une valeur identique sur l’ensemble de la population. À l'autre extrême, il est égal à 1 dans la situation la plus inégalitaire possible, où la variable vaut 0 sur toute la population à l’exception d’un seul individu.

Les inégalités ainsi mesurées peuvent porter sur des variables de revenus, de salaires, de niveau de vie, etc.

Intensité de la pauvreté :

L'intensité de la pauvreté permet d'apprécier à quel point le niveau de vie de la population pauvre est éloigné du seuil de pauvreté. Comme Eurostat, l'Insee mesure cet indicateur comme l'écart relatif entre le niveau de vie médian de la population pauvre et le seuil de pauvreté. Plus cet indicateur est élevé et plus la pauvreté est dite intense, au sens où le niveau de vie des plus pauvres est très inférieur au seuil de pauvreté.

Formellement, il est calculé de la manière suivante : (seuil de pauvreté - niveau de vie médian de la population pauvre) / seuil de pauvreté.

Loyer imputé brut :

Estimation de l'équivalent monétaire de l'avantage que procure au ménage la propriété de sa résidence principale, net de la taxe foncière.

Minima sociaux :

Les minima sociaux visent à assurer un revenu minimal à une personne (ou à sa famille) en situation de précarité. Ces prestations sont non contributives, c'est-à-dire versées sans contrepartie de cotisations.

Le revenu de solidarité active (RSA), l'allocation aux adultes handicapés (AAH), l'allocation spécifique de solidarité (ASS) et l'allocation spécifique aux personnes âgées (Aspa) sont les principaux minima sociaux.

Remarque :

Ce type de prestations est versé sous conditions de ressources et permettent aux bénéficiaires de parvenir au niveau du minimum concerné.

Niveau de vie :

Le niveau de vie est égal au revenu disponible du ménage divisé par le nombre d'unités de consommation (UC). Le niveau de vie est donc le même pour tous les individus d'un même ménage.

Le niveau de vie correspond à ce qu’Eurostat nomme « revenu disponible équivalent ».

Les unités de consommation sont généralement calculées selon l'échelle d'équivalence dite de l'OCDE modifiée qui attribue 1 UC au premier adulte du ménage, 0,5 UC aux autres personnes de 14 ans ou plus et 0,3 UC aux enfants de moins de 14 ans.

Nombre d'enfants dans le logement :

Nombre d'enfants célibataires dans le logement sans limite d'âge :

  • T : Ensemble
  • 0 : Aucun enfant
  • 1 : Un enfant
  • 2 : Deux enfants
  • 3 : Trois enfants ou plus
Nombre d'enfants fiscalement à charge  :

Un enfant fiscalement à charge est un enfant de la personne de référence ou de son conjoint dans l’enquête emploi retrouvé à charge dans une déclaration fiscale du ménage.

Pauvreté monétaire / Seuil de pauvreté :

Un individu (ou un ménage) est considéré comme pauvre lorsqu'il vit dans un ménage dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté. En France et en Europe, le seuil est le plus souvent fixé à 60 % du niveau de vie médian.

L'Insee, comme Eurostat et les autres pays européens, mesure en effet la pauvreté monétaire de manière relative alors que d'autres pays (comme les États-Unis ou le Canada) ont une approche absolue.

Dans l'approche en termes relatifs, le seuil de pauvreté est déterminé par rapport à la distribution des niveaux de vie de l'ensemble de la population. Eurostat et les pays européens utilisent en général un seuil à 60 % de la médiane des niveaux de vie. La France privilégie également ce seuil, mais publie des taux de pauvreté selon d'autres seuils (40 %, 50 % ou 70 %), conformément aux recommandations du rapport du Cnis sur la mesure des inégalités.

Pensions, retraites et rentes :

Les pensions et retraites comprennent les retraites au sens strict, les pensions alimentaires et les rentes viagères ainsi que les pensions d’invalidité.

Prestations sociales (ou Transferts sociaux) :

Les prestations sociales (ou transferts sociaux) sont des transferts versés (en espèces ou en nature) à des individus ou à des familles afin de réduire la charge financière que représente la protection contre divers risques.

Elles sont associées à six grandes catégories de risques :

  • La vieillesse et la survie (pensions de retraite, pensions de réversion, prise en charge de la dépendance).
  • La santé (prise en charge totale ou partielle de frais liés à la maladie, à l'invalidité, aux accidents du travail et aux maladies professionnelles).
  • La maternité-famille (prestations familiales : prestations liées à la maternité, allocations familiales, aides pour la garde d'enfants).
  • La perte d'emploi (indemnisation du chômage) et les difficultés d'insertion ou de réinsertion professionnelle.
  • Les difficultés de logement (aides au logement).
  • La pauvreté et l'exclusion sociale (minima sociaux : revenu minimum d'insertion- RSA, minimum vieillesse, etc.).
Rapport inter-décile des revenus :

Les rapports interdéciles des revenus sont utilisés pour mettre en évidence les disparités (ou écarts) entre les plus riches et les plus pauvres.

Revenus d'activité :

Les revenus d'activité comprennent les salaires (y compris, pour 2019, la prime exceptionnelle de pouvoir d’achat et les revenus d’heures supplémentaires exonérées), les bénéfices agricoles, les bénéfices industriels et commerciaux, les bénéfices non commerciaux et les indemnités de chômage.

Revenu déclaré :

Le revenu déclaré (ou revenu fiscal) du ménage (au sens fiscal) est constitué des ressources mentionnées sur la déclaration des revenus n°2042.

Il comprend donc les revenus d'activité salariée ou non salariée, les indemnités de chômage, de maladie, les pensions d'invalidité ou de retraite ainsi qu'une partie des revenus du patrimoine.

Les pensions alimentaires versées sont exclues ainsi que les revenus exceptionnels et les revenus du patrimoine exonérés d'impôt (épargne logement, etc.). En revanche, les revenus portés sur la déclaration n°2042 et soumis à prélèvement forfaitaire sont inclus (par exemple, les revenus d'obligations).

Il s'agit du revenu avant déductions et abattements accordés par la législation fiscale. Ces revenus sont nets de cotisations sociales et de la contribution sociale généralisée (CSG) déductible. En sont exclus les revenus exceptionnels (plus-values notamment).

Revenu disponible :

Le revenu disponible est le revenu à la disposition du ménage pour consommer et épargner. Il comprend les revenus d’activité nets des cotisations sociales, les indemnités de chômage, les retraites et pensions, les revenus du patrimoine (fonciers et financiers) et les autres prestations sociales perçues, nets des impôts directs.

Ces derniers incluent l’impôt sur le revenu, la taxe d’habitation, la contribution sociale généralisée – CSG –, contribution à la réduction de la dette sociale – CRDS – et les prélèvements sociaux sur les revenus du patrimoine. Il comprend une partie du solde des transferts inter ménages.

Revenu initial :

Le revenu initial est le revenu perçu avant paiement des impôts directs (impôts sur le revenu, taxe d’habitation, CSG et CRDS) et perception des prestations sociales non contributives. Il s’agit de l’ensemble des revenus d’activité, de remplacement et du patrimoine, nets de cotisations sociales. En sont exclus les revenus exceptionnels.

Il peut aussi être appelé « revenu avant redistribution ».

Revenu perçu annuel moyen du ménage :

C'est le revenu effectivement encaissé.

C'est le revenu déclaré augmenté des revenus financiers imputés (non déclarés) et diminué :

  • de la part de CSG non déductible (ou imposable) et de la CRDS (toujours non déductible), sur les revenus d'activité et de remplacement (qui sont précomptées par l'employeur) ;
  • des contributions sociales (CSG, CRDS et prélèvements sociaux) sur les revenus financiers soumis au prélèvement forfaitaire libératoire (déclarés ou imputés) ;
  • de l'impôt prélevé à la source sur les produits de placements à revenus fixes (prélèvement libératoire).
Revenu du patrimoine :

Revenus fonciers et revenus de valeurs et de capitaux mobiliers, hors plus values. Les revenus du patrimoine ne sont que partiellement couverts dans la déclaration fiscale : plusieurs types de revenus du patrimoine sont exonérés d'impôts (épargne réglementée notamment) ou en partie seulement appréhendés dans les déclarations. Ils sont complétés, à partir de 2005, dans la nouvelle série sur les revenus fiscaux et sociaux par des revenus imputés (produits d'assurance-vie, livrets jeune, PEA, LEP, CEL, PEL, autres livrets exonérés).

Statut d'occupation du logement :
  • T : Ensemble
  • 1 : Accédant à la propriété
  • 2 : Propriétaire (non accédant) du logement, ou de la maison où se trouve le logement y compris en indivision
  • 3 : Locataire d'un logement HLM
  • 4 : Locataire ou sous-locataire d'un logement loué vide non-HLM
  • 5 : Locataire ou sous-locataire d'un logement loué meublé ou d'une chambre d'hôtel
  • 6 : Logé gratuitement par des parents, des amis ou l'employeur (y compris le cas des personnes occupant un logement qu'elles ont vendu en viager, etc.) ; usufruitier (sans nue-propriété), y compris en viager
Taux de pauvreté monétaire :

Le taux de pauvreté monétaire correspond à la proportion d'individus (ou de ménages) étant en situation de pauvreté monétaire.

Type de ménage :

Dans le cadre de la diffusion des résultats de l'Enquête Revenus fiscaux et sociaux, la variable « type de ménage » est recalculée pour être conforme au concept de « ménage » dans le recensement de la population.

En effet, les familles monoparentales et les couples avec enfant(s), mais sans enfant célibataire, sont considérés comme des ménages complexes.

Personne de référence :

dans l’Enquête sur les revenus fiscaux et sociaux, la personne de référence du ménage est, comme dans l’enquête Emploi en continu, déterminée à partir de la structure familiale du ménage et des caractéristiques des personnes qui le composent. Il s’agit le plus souvent de la personne de référence de la famille quand il y en a une, ou de l’homme le plus âgé, en donnant la priorité à l’actif le plus âgé. La personne de référence d’une famille est l’homme du couple, si la famille comprend un couple de personnes de sexe différent, ou le parent de la famille monoparentale.

Pour en savoir plus

« Revenus et patrimoine des ménages », coll. « Insee Références », édition 2021.

« Chiffres-clés, sous-thèmes « Revenus - Niveaux de vie - Pouvoir d'achat » et « Pauvreté - Précarité » », insee.fr.

Sicsic M., « Inégalités de niveau de vie et pauvreté entre 2008 et 2018 », in Revenus et patrimoine des ménages, coll. « Insee Références », édition 2021.

« Fiches Niveaux de vie », Tableaux de l'Économie Française, édition 2021, collection Insee Références, sous-thèmes « Revenus - Niveaux de vie - Pouvoir d'achat » et « Pauvreté - Précarité ».

« Les nouvelles mesures des revenus dans les enquêtes Revenus fiscaux et sociaux », Les revenus et le patrimoine des ménages, collection Insee Références, mai 2009.

« Ouvrir dans un nouvel ongletRapport du groupe de travail du Cnis « Niveaux de vie et inégalités sociales » », Conseil national de l'information statistique (Cnis) n° 103, mars 2007.

« La prise en compte des revenus du patrimoine dans la mesure des inégalités », Économie et Statistique n° 414, janvier 2009.

« Indicateurs d'inégalités sociales », France, portrait social édition 2008, collection Insee Références.