Insee Conjoncture CorseBilan économique 2018 - Corse

Bonne orientation de l’activité économique 2018

Après les nombreux signaux de reprise de 2017, l’année 2018 confirme la bonne orientation de l’activité économique régionale. La croissance annuelle de l’emploi salarié se poursuit et les déclarations d'embauches augmentent. Le taux de chômage recule pour s'établir à 9,0 % de la population active. Le nombre de demandeurs d’emploi diminue.
Pour la deuxième année consécutive, les entreprises enquêtées par la Banque de France indiquent une hausse de leur chiffre d'affaires (CA). De même, la croissance des CA et des investissements des entreprises soumises à TVA confirme la relance amorcée en 2017. La création d’entreprises est dynamique et les défaillances enregistrent une nouvelle baisse.
La construction de logements est bien orientée avec des autorisations de mises en chantier qui continuent de progresser. Pourtant, le nombre de logements commencés demeure en recul. Parallèlement, l’activité touristique est favorable. Le trafic global de passagers atteint un nouveau record et les hébergements touristiques marchands bénéficient d’une meilleure fréquentation, portée par les campings. Enfin, l’agriculture pâtit d’un climat difficile et affiche des résultats contrastés.

Insee Conjoncture Corse
No 25
Paru le :Paru le06/06/2019
Claude Albertini, DRAAF de Corse - SRISE
Insee Conjoncture Corse No 25- Juin 2019

Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2018 publiés par l'Insee.
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Agriculture - Une année de contrastes Bilan économique 2018

Claude Albertini, DRAAF de Corse - SRISE

Que redouter après une année 2017 record de sécheresse ? Une abondance de précipitations qui complique les calendriers de travaux des producteurs de fourrage et empêche la pâture des animaux. Des sols détrempés qui contrarient les récoltes. Une humidité permanente qui provoque une pression parasitaire sur la vigne et les vergers. Un excès d’eau qui obère la qualité alimentaire des fourrages et fragilise les fruits au point de doubler le taux de perte lors du triage (clémentine) et de réduire d’un tiers le rendement en farine (châtaigne).

Compliquée pour l’ensemble de l’agriculture corse, l’année 2018 est aussi celle de la reprise de la production viticole et de très hauts niveaux de production pour les vergers de clémentine, de noisette et d’olive.

Insee Conjoncture Corse

No 25

Paru le :06/06/2019

De fortes précipitations en 2018

Après trois années consécutives de déficit hydrique, les précipitations font leur retour avec un cumul pour l’année 2018 supérieur de 32 % à la moyenne des trois dernières décennies. Hormis l’été sec, les saisons sont particulièrement pluvieuses (figure 1) avec des excédents mensuels allant de + 43 % en octobre à + 149 % en mai et jusqu’à + 226 % en février.

Figure 1Précipitations moyennes 2017-2018

Millimètres
Précipitations moyennes 2017-2018 (Millimètres)
2017 2018 Précipitations normales saisonnières
Janvier 77,1 26 47
Février 38,6 124 38
Mars 22 106 45
Avril 12,5 33 52
Mai 7,4 92 37
Juin 15,9 51 25
Juillet 0,4 6 7
Août 1,1 9 15
Sept 37,1 13 54
Octobre 4,4 110 77
Nov 52,8 118 90
Déc 89,1 40 65
Cumul 358,4 728 552
  • Source : Météo France

Figure 1Précipitations moyennes 2017-2018

  • Source : Météo France

À l’image des trois années précédentes, les températures sont très élevées, supérieures aux normales sur la quasi totalité de l’année (figure2). L’écart mensuel (+ 1,3 °C en moyenne) est de plus de 2 °C les mois de janvier, avril et août.

Figure 2Températures moyennes 2017-2018

Degrés
Températures moyennes 2017-2018 (Degrés)
2017 2018 Températures normales saisonnières
Janvier 9,3 12,7 9,9
Février 12,2 8,5 9,8
Mars 13,3 11,6 11,4
Avril 14,8 16,0 13,5
Mai 18,4 17,9 17,3
Juin 23,6 21,9 20,9
Juillet 25,2 25,2 23,8
Août 25,9 26,3 24,2
Sept 20,4 23,2 21,3
Octobre 18,8 19,3 18,1
Nov 13,6 15,1 13,9
Déc 10,6 12,6 11,0
  • Source : Météo France

Figure 2Températures moyennes 2017-2018

  • Source : Météo France

Prairies et pâturages : de l’herbe mais de qualité dégradée

Après une série d’années médiocres les rendements s’améliorent sur les prairies de printemps : + 7,7 % par rapport au rendement régional de référence. Toutefois, la production automnale marque le pas avec un écart de seulement + 3,2 %. Le bilan global de l’année 2018 reste néanmoins positif avec un rendement annuel supérieur de 6,1 %.

Les pluies régulières et conséquentes, associées à des températures élevées, sont propices à la pousse de l’herbe. Mais les sols gorgés d’eau sont difficiles à travailler et les semis plus longs à lever. De même, l’insuffisance de fenêtres météorologiques pour gérer le cycle «  » retarde la campagne de récolte, limitant ainsi le nombre de coupes.

Si la quantité est au rendez-vous, la qualité est variable voire médiocre selon les secteurs et les périodes de récolte. L'herbe imbibée d’eau a une faible valeur nutritive. L’enrubannage se développe afin de limiter les pertes. Dans ce contexte, les stocks de foin sont conséquents et les achats de fourrage limités dans les élevages.

Les productions animales en baisse

Pour la première fois, le cheptel de vaches allaitantes (33 000) diminue, en recul de 5 %. Effet de conjoncture ou amorce d’une tendance ? Il est encore top tôt pour se prononcer. Au rythme moyen de 2 % par an, le cheptel porcin poursuit sa progression des effectifs reproducteurs et à l’engraissement. La production d'animaux de boucherie (2 936 tonnes équivalent carcasse (tec), source DIFFAGA) est en légère baisse (- 2 %). Après trois années de croissance, la production de lait de chèvre se stabilise à 60 000 hl. Celle de lait de brebis diminue de 2 %, perturbée par la conjoncture fourragère (figure 3).

Figure 3Évolution de la production de lait

Hectolitres
Évolution de la production de lait (Hectolitres)
Lait de chèvre Lait de brebis
2014 41 185 71 475
2015 50 125 87 935
2016 57 150 99 410
2017 59 540 99 520
2018 59 950 97 180
  • Note : données 2018 provisoires.
  • Source : Agreste - Statistique Agricole Annuelle (SAA)

Figure 3Évolution de la production de lait

  • Note : données 2018 provisoires.
  • Source : Agreste - Statistique Agricole Annuelle (SAA)

La viticulture renoue avec la production

Après une année 2017 sévèrement affectée par la sécheresse, le vignoble retrouve une production (374 683 hl) légèrement supérieure à sa moyenne quinquennale : 368 000 hl (figure 4).

La campagne 2018 est compliquée car marquée par des conditions climatiques difficiles. Les nombreux épisodes pluvieux provoquent une très forte pression fongique (mildiou et oïdium). Mais sur les parcelles où la pression fongique a été maîtrisée, la vigne est belle et chargée. Les précipitations fréquentes et les nuits fraîches à partir de la mi-août ralentissent et retardent la dynamique de maturité. Ces problèmes de variation de degré alcoolique et d’acidité retardent les vendanges jusqu’à début octobre. La nécessité de sélectionner les grappes (pression parasitaire de printemps) et l’absence de récolte dans certains secteurs (parcelles particulièrement impactées par les pluies ou la grêle) limitent les rendements. La production viticole 2018 ne sera pas une année à fort degré de vinification. Aussi, à la demande des professionnels, un arrêté préfectoral a autorisé l'enrichissement des vins par l’adjonction de moûts concentrés.

Figure 4Évolution de la production de vin

Hectolitres
Évolution de la production de vin (Hectolitres)
Vins AOP Vins IGP Vins sans IG Total vins
2014 112 936 225 836 24 573 363 345
2015 114 714 243 242 30 313 388 269
2016 113 738 239 206 36 227 389 171
2017 101 985 192 337 20 659 314 981
2018 107 868 236 366 30 449 374 683
  • Note : données 2018 provisoires.
  • Source : Agreste - Statistique Agricole Annuelle (SAA)

Figure 4Évolution de la production de vin

  • Note : données 2018 provisoires.
  • Source : Agreste - Statistique Agricole Annuelle (SAA)

Le chaud et le froid pour les agrumiculteurs

À l’automne 2018, les professionnels envisageaient une année exceptionnelle pour la clémentine corse. Elle a été particulière à bien des égards.

La production, estimée à 37 690 tonnes (figure 5), est la plus importante depuis l’obtention de l’IGP (indication géographique protégée) en 2007. La part de production non commercialisée atteint 17 % soit près du double de sa valeur habituelle (9 %). En cause, une proportion importante de petits calibres sur les vergers et des conditions climatiques qui fragilisent les fruits. Avec 31 254 tonnes, la production commercialisée est tout de même supérieure de 19 % à la moyenne quinquennale 2013-2017.

Les mouvements sociaux perturbent l’approvisionnement et le commerce pendant toute la saison. Néanmoins, sur l’ensemble de la campagne, les cours des fruits vendus sont supérieurs de 10 à 15 % à la moyenne quinquennale.

Figure 5 Rendement et production des vergers purs et associés

Rendement et production des vergers purs et associés
Produit Rendement (100 kg/ha) Production récoltée (100 kg)
2014 2015 2016 2017 2018 2014 2015 2016 2017 2018
Clémentines 250 188 269 237 283 323 520 236 730 328 620 311 340 376 900
Pamplemousses 228 306 330 346 272 32 410 52 610 55 160 64 660 49 445
Actinidia (Kiwi) 137 117 113 94 91 41 000 37 500 36 360 30 220 29 541
Pêches, nectarines et brugnons 180 181 181 193 191 53 820 42 120 33 810 40 770 40 926
Olives 8 4 7 4 9 16 370 7 940 14 410 8 810 19 825
Amandes 7 6 8 7 5 2 665 2 024 3 045 2 745 1 775
Châtaignes 1 1 2 1 1 1 500 1 720 2 090 1 430 1 035
Noisettes 6 5 8 8 10 950 800 1 200 1 200 1 600
  • Note : données 2018 provisoires.
  • Source : Agreste - Statistique Agricole Annuelle (SAA)

Fruits à coques, le pire et le meilleur

Sécheresse en 2017, pluies diluviennes à l’automne 2018, toujours fortement impactée par le Cynips la filière castanéïcole n’en finit plus d’enchaîner des saisons désastreuses et des plus bas niveaux historiques de récolte (figure 5). La production d’amandes est à son plus bas niveau depuis 2013 et 23 % en deçà de sa moyenne quinquennale. En cause, une météo défavorable lors de la floraison puis une faible pollinisation. La filière noisette poursuit sa professionnalisation amorcée avec l’obtention de l’IGP en 2014. Les 160 tonnes de la récolte 2018 constituent une première.

Sur les vergers d’oliviers, la charge des arbres annonçait une récolte exceptionnelle. La tempête Adrian et les nombreux épisodes venteux ont provoqué d’importants dégâts. Il en demeure tout de même près de 2 000 tonnes de récolte soit le meilleur rendement depuis 2011.

Sources

Ouvrir dans un nouvel ongletAgreste - La statistique agricole - Ministère de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt

Définitions

Cycle fauchage – fenaison – andainage : regroupe les trois premières étapes d’un chantier de foin. Le fourrage est coupé au stade de pousse optimum (fauchage), puis retourné pour faciliter le séchage (fenaison) et enfin rassemblé en bandes continues et régulières (andainage) pour son ramassage.

Appellation d’origine contrôlée (AOC) : désigne un produit dont toutes les étapes de fabrication (la production, la transformation et l’élaboration) sont réalisées selon un savoir-faire reconnu dans une même zone géographique qui donne ses caractéristiques au produit.

Appellation d’origine protégée (AOP) : est l’équivalent de l’AOC. Elle protège le nom d’un produit dans tous les pays de l’Union européenne.

Indication géographique protégée (IGP) : désigne un produit dont les caractéristiques sont liées au lieu géographique dans lequel se déroulent au moins sa production ou sa transformation selon des conditions bien déterminées. C’est un signe européen qui protège le nom du produit dans toute l’Union européenne.

Cynips du châtaignier (Dryocosmus kuriphilus) : insecte nuisible susceptible d’occasionner des dégâts importants sur les végétaux de Castanea spp. Il produit des galles de 5 à 20 mm qui entraînent des baisses de productions fruitières et la mortalité des rameaux touchés. La lutte est essentiellement biologique, via des lâchers de Torymus sinensis, petit hyménoptère qui pond ses œufs dans les larves de cynips.

Enrubannage : mise sous film plastique des balles de foin afin de permettre leur stockage à l’extérieur tout en limitant les pertes de valeur alimentaire durant leur période de conservation.