Insee Conjoncture MartiniqueBilan économique 2017 - Martinique

En 2017, le chômage se stabilise alors que la situation financière des ménages s’améliore. Les consommateurs bénéficient toujours d’une très faible inflation en 2017(+ 0,5 %). Du fait des mauvaises conditions climatiques, la production agricole a été morose en 2017 (– 28 %). La conséquence directe est l’effondrement du solde du commerce extérieur, amplifié par la baisse de la production de la SARA. En revanche, le secteur portuaire, comme aérien, poursuit son embellie porté par le tourisme martiniquais à son plus haut niveau.

Insee Conjoncture Martinique
No 4
Paru le :Paru le31/05/2018
Jean-Pierre Devin, DAAF Martinique
Insee Conjoncture Martinique No 4- Mai 2018
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Agriculture - La production agricole grevée par Matthew et Maria Bilan économique 2017

Jean-Pierre Devin, DAAF Martinique

Après Matthew en 2016, la Martinique essuie à nouveau une tempête tropicale en 2017. Sans surprise, les mauvaises conditions climatiques constituent l'élément explicatif majeur d'une production agricole morose en 2017. Les deux cultures emblématiques de l'île que sont la banane et la canne à sucre sont nettement impactées, de même que l'élevage d'herbivores fortement dépendant des ressources prairiales donc indirectement du climat. L'élevage hors-sol semble montrer ses limites face à une demande portée davantage vers les produits d'importation à bas prix. Seuls les fruits et légumes, après avoir connu des difficultés suite à la fermeture de la Société Coopérative des Maraîchers 1 (SOCOPMA) connaissent une progression significative en 2017.

1 - SOCOPMA a été liquidée après 46 ans d’existence.

Insee Conjoncture Martinique

No 04

Paru le :31/05/2018

Matthew impacte la production de canne en 2017

La tempête Matthew avait déjà impacté la production de bananes en 2016. En 2017, c'est au tour de la canne à sucre d'en subir les effets : la production de canne récoltée au printemps diminue de 7,8 % malgré une surface en légère hausse. La richesse en saccharose demeure faible : 10,71 g de sucre pour 100 g de canne, soit près de deux points de moins par rapport aux années 2012 à 2015. Sans surprise dans ces conditions, le quasi-maintien du volume commercialisé à destination des distilleries (– 4 % par rapport à 2016) se fait au détriment de la livraison à la sucrerie du Galion, qui chute de 20 % par rapport à 2016. En dix ans, la part des cannes broyées livrées aux distilleries est passée de 62,12 % en 2007 à 81,21 % en 2017.

Maria empêche la production de bananes de retrouver son niveau historique

Par la rapidité de son cycle de production, la culture de la banane permet de faire face efficacement à un incident climatique majeur. Si les exportations sont faibles début 2017, du fait des dégâts liés à Matthew, les efforts de replantation réalisés portent leurs fruits dès le mois de juin, durant lequel les exportations sont supérieures à celles de juin 2016. Ces efforts de replantation suite à la tempête Matthew ne seront malheureusement pas longtemps suivis d'effet, la tempête Maria réitérant à l'automne 2017 les dégâts constatés en 2016. Les arrière-effets de Matthew conjugués à ceux de Maria conduisent à une diminution de 30 % de la production en 2017. L'année s'accompagne également d'une diminution du prix moyen de la banane martiniquaise, qui passe de 0,75 €/kg en 2016 à 0,71 €/kg en 2017. Les prix plus favorables du premier semestre demeurent inférieurs à ceux de 2016, malgré la diminution de l'offre liée à Matthew. L'augmentation de l'offre au deuxième semestre entraîne logiquement une diminution des prix, favorisée par un contexte international défavorable. La banane antillaise doit faire face à une offre pléthorique dans un contexte de ralentissement du marché. Le développement dans les pays tiers de la banane "bio" vient par ailleurs limiter les effets du plan Banane Durable 2 (encadré) destiné notamment à promouvoir l'image de la banane de Martinique et de Guadeloupe. Cette baisse des prix lors du second semestre demeure néanmoins inférieure à celle constatée en 2016, présentant ainsi le seul signal favorable de cette campagne.

Les produits de la diversification peu impactés

Présentant plusieurs cycles de production annuels, les légumes sont naturellement moins sensibles aux incidents climatiques. En 2017, la production de légumes commercialisés via les organisations de producteurs croît de plus de 40 %, la production de fruits et de tubercules étant par ailleurs peu impactée par Matthew et Maria (respectivement – 1 % et – 4 % par rapport à 2016).

La production d'herbivores en diminution

La production de viande bovine diminue pour la deuxième année consécutive, la baisse s'accentuant en 2017 (– 7,9 % par rapport à 2016). Cette diminution de production est étroitement liée à la production des prairies, forcément impactée par les incidents climatiques. Par ailleurs, le nombre de bovins de plus de deux ans (vaches de réformes et vaches nourrices) augmente (+ 19,6 % par rapport à 2016). On assiste de fait à une décapitalisation du cheptel qui risque fort de pérenniser cette tendance à la diminution de production de viande bovine dans les prochaines années. Les importations progressent en conséquence (+ 3,5 % par rapport à 2016) afin de satisfaire la demande locale. Cette tendance à la baisse touche également le secteur des ovins-caprins de manière accentuée (la production diminue de 21,1 % par rapport à 2016).

Élevage hors-sol : la production de porc compense la diminution de production de viande bovine

L'élevage de porcs continue d'augmenter significativement en 2017 (+ 8,2 % par rapport à 2016), venant ainsi compenser la diminution de l'offre de viande bovine. La production de volailles, en revanche, ne progresse pas en 2017, laissant peut-être apparaître un équilibrage de l'offre et de la demande en viande fraîche par une substitution partielle entre la viande bovine et le porc. Par ailleurs, les produits d'importation à bas prix, venant traditionnellement concurrencer la production locale, restent pratiquement stables en 2017 (– 0,45 % en tonnage par rapport à 2016 pour les volailles et + 1,44 % pour le porc), ce qui vient conforter l'hypothèse d'une saturation possible de la demande en produits frais.

Figure 1Chiffres clés

Chiffres clés
2016 2017 Variation 2017/2016 (en %)
Production commercialisée de bananes (en tonnes) 200 928 122 304 -39,1
Cannes broyées (en tonnes) 225 951 208 249 -7,8
dont Sucreries 49 081 39 123 -20,3
dont Distilleries 176 870 169 126 -4,4
Fruits, Légumes et Tubercules 5 703 7 008 22,9
Production animale (en tonnes) 4 125 4 135 0,2
dont Volailles 1 903 1 900 -0,2
dont Porcins 1 122 1 214 8,2
dont Bovins 1 000 921 -7,9
  • Source : DAAF – CTCS – Abattoir BôKaïl – SEMAM.

Figure 2Une production de canne en légère baisse mais une richesse en sacharose qui se maintientÉvolution des tonnages de cannes commercialisées et teneur en saccharose sur dix ans

en tonnes
Une production de canne en légère baisse mais une richesse en sacharose qui se maintient (en tonnes)
Sucrerie Distilleries Total cannes
2007 84 490 138 537 223 027
2008 75 497 128 448 203 945
2009 89 476 133 818 223 294
2010 70 288 131 940 202 228
2011 68 994 137 677 206 671
2012 47 368 127 937 175 305
2013 42 872 135 050 177 922
2014 39 665 127 218 166 883
2015 46 605 160 902 207 507
2016 49 081 176 870 225 951
2017 39123 169126 208249
  • Source : CTCS.

Figure 2Une production de canne en légère baisse mais une richesse en sacharose qui se maintientÉvolution des tonnages de cannes commercialisées et teneur en saccharose sur dix ans

  • Source : CTCS.

Figure 3Les exportations de bananes diminuentÉvolution de la production de bananes entre 2016 et 2017 et du prix payé au producteur

en tonnes et en €/kg
Les exportations de bananes diminuent (en tonnes et en €/kg)
2016 2017 Variation 2017/2016 (en %)
Exportations (tonnes) 177 239 119 045 -32,8
Marché local (tonnes) 2 690 3 259 21,2
Production commercialisée (en tonnes) 179 929 122 304 -32,0
Prix moyen payé au producteur (€/Kg) 0,62 0,58 -6,5
Prix moyen local (€/Kg) 0,42 0,44 4,8
  • Source : DAAF.

Figure 4Les prix de la banane reflètent le contexte international moroseÉvolution mensuelle du prix moyen d'achat de bananes martiniquaises exporté en France Hexagonale

en euro
Les prix de la banane reflètent le contexte international morose (en euro)
2016 2017
Janvier 0,73 0,69
Février 0,82 0,70
Mars 0,82 0,71
Avril 0,82 0,72
Mai 0,80 0,73
Juin 0,78 0,72
Juillet 0,74 0,71
Août 0,71 0,70
Septembre 0,66 0,69
Octobre 0,65 0,69
Novembre 0,66 0,68
Décembre 0,66 0,68
  • Source : DAAF.

Figure 4Les prix de la banane reflètent le contexte international moroseÉvolution mensuelle du prix moyen d'achat de bananes martiniquaises exporté en France Hexagonale

  • Source : DAAF.

Figure 5Les livraisons de légumes par les Organisations de Producteurs augmentent en 2017Évolution de la commercialisation de fruits, légumes et tubercules par les organisations de producteurs

en tonnes et en %
Les livraisons de légumes par les Organisations de Producteurs augmentent en 2017 (en tonnes et en %)
2016 2017 Évolution 2017/2016 (en %)
Fruits 2 150,3 2 123,5 -1,2
Légumes 3 266,0 4 609,1 41,1
Tubercules 286,8 275,3 -4,0
Total 5 703,1 7 008,0 22,9
  • Source : DAAF.

Figure 6La production de bovins et de volailles diminueÉvolution des productions animales entre 2016 et 2017

en tonnes
La production de bovins et de volailles diminue (en tonnes)
2016 2017*
volailles 1 903 1900
porcins 1 122 1214
bovins 1 000 921
  • * données provisoires
  • Sources : DAAF - abattoir BôKaïl - SEMAM.

Figure 6La production de bovins et de volailles diminueÉvolution des productions animales entre 2016 et 2017

  • * données provisoires
  • Sources : DAAF - abattoir BôKaïl - SEMAM.

Le Plan Banane Durable

Créé le 5 décembre 2008, le Plan Banane Durable 1, a été signé entre les filières banane de Guadeloupe et Martinique, le ministère de l’Agriculture et les collectivités locales. Il fut mis en œuvre entre 2008 et 2014 pour soutenir la filière banane.

Le Plan Banane Durable 2 s’inscrit dans la continuité du plan Banane 1. Ce plan a commencé au début de l’année 2015 et poursuit les efforts entrepris.