Insee Conjoncture NormandieBilan Economique 2015 - Normandie

En 2015, la Normandie perd 1 100 emplois salariés dans le secteur marchand non agricole. Avec cette légère contraction de 0,2 %, l'emploi normand ne bénéficie donc pas de la reprise au niveau national (+ 0,5 %). Le recul des effectifs est toutefois atténué par rapport aux années précédentes (- 0,8 % en 2014 et - 0,9 % en 2013) grâce au rebond dans le secteur tertiaire. L'emploi intérimaire continue d'augmenter (+ 4,3 %) mais à un rythme moindre qu'au niveau national (+ 9,4 %).

Insee Conjoncture Normandie
Paru le :Paru le31/05/2016
Auteur : Elisabeth Borgne, Draaf
Insee Conjoncture Normandie- Mai 2016

Agriculture - Des rendements records mais un secteur en crise

Auteur : Elisabeth Borgne, Draaf

Malgré une récolte de céréales à paille exceptionnelle, 2015 ne restera pas dans les mémoires pour ses rendements records en blé mais plutôt pour la baisse généralisée des prix des produits agricoles et la crise du secteur de l’élevage. Les mécanismes de compensation entre produits végétaux et animaux jouent plus difficilement cette année. Sur fond de récolte mondiale de céréales abondante, d’embargo russe et de baisse de la demande chinoise en poudre de lait, le contexte mondial est défavorable aux principales productions normandes. La réforme de la PAC entre dans sa première année d’application, mais ses effets s’étalant jusqu’en 2019 sont encore globalement peu marqués.

Insee Conjoncture Normandie

No 3

Paru le :31/05/2016

Grâce aux conditions météorologiques clémentes jusqu’au printemps 2015, les cultures d’hiver se développent convenablement. Puis de fortes chaleurs font craindre le pire pour la récolte de blé qui s’avère au final exceptionnelle (figure 1).

Figure 1Surfaces, rendements et productions des différentes cultures

Surfaces, rendements et productions des différentes cultures
Surfaces (ha) Rendement (100kg/ha)* Production (100 kg)*
2014 2015 Évolution 2015/2014 en % 2014 2015 Évolution 2015/2014 en % 2014 2015 Évolution 2015/2014 en %
Blé tendre 492 660 507 600 +3 81 89 +10 39 672 800 45 039 500 +14
Orge et escourgeon 101 335 104 700 +3 76 83 +9 7 725 845 8 680 800 +12
Avoine 8 720 7 900 -9 59 60 +2 511 280 481 200 -6
Maïs grain 26 239 21 800 -17 87 86 -1 2 288 520 1 875 070 -18
triticale 9 670 9 200 -5 58 61 +6 561 250 564 100 +1
Colza 138 180 126 600 -8 36 40 +13 4 929 600 5 097 300 +3
Féveroles et fèves 10 802 13 800 +28 50 39 -22 544 856 541 800 -1
Pois protéagineux 11 016 13 200 +20 43 44 +3 474 180 583 300 +23
Betteraves industrielles 31 620 29 350 -7 923 962 +4 29 172 300 28 248 500 -3
Lin textile 42 365 46 600 +10 79 69 -12 3 332 750 3 215 400 -4
Pommes de terre de consommation 10 980 11 425 +4 455 448 -1 4 992 895 5 123 500 +3
Maïs fourrage 238 850 240 680 +1 143 144 +1 34 050 750 34 538 300 +1
  • * en matière sèche pour le maïs fourrage.
  • Source : AGRESTE - SAA définitive 2014 - SAA provisoire 2015.

Hausse de la production de blé et chute des prix

Les rendements des surfaces cultivées en céréales sur l’ensemble de la région battent des records (+ 10 % par rapport à la moyenne des dix dernières campagnes). Le volume récolté progresse de plus de 10 % sous l’effet conjugué de la hausse des surfaces et du rendement. Mais la récolte mondiale est elle aussi abondante et les prix du blé tendre chutent dès le début de la campagne de commercialisation (figure 2). En fin d’année, les volumes de céréales exportés sur le port de Rouen sont en hausse de 15 % par rapport à la même période de 2014. Les acteurs de la filière s’attendent cependant à des stocks de report importants en fin de campagne. Parmi les cultures de printemps, les protéagineux souffrent des fortes chaleurs estivales. La récolte augmente malgré tout, grâce à des surfaces en nette hausse (+ 25 %), conséquence des nouvelles modalités d’attribution des aides de la PAC qui conditionnent le paiement des aides à la diversité des assolements. Après avoir chuté en 2013 et 2014 dans le sillage de la baisse des cours mondiaux du sucre, le prix de la betterave s’annonce plutôt stable. Quant aux pommes de terre, les cours sont fermes, faisant oublier la mauvaise campagne 2014/2015. Pour les légumes, la campagne 2015/2016 s’annonce plutôt bonne pour les carottes et les poireaux grâce à des cours soutenus. Les conditions météorologiques trop douces en début d’hiver ont cependant eu raison de la saison des choux-fleurs qui s’avère catastrophique.

Figure 2Évolution du prix des céréales

(évolution en indice - base 100 en 2010)
Évolution du prix des céréales ((évolution en indice - base 100 en 2010))
Céréales Oléagineux Engrais et amendements Energie et lubrifiants
janv-14 115 96,4 114 119,2
févr-14 114,7 101,6 116,7 118,8
mars-14 121,5 107,4 118,2 117
avr-14 121,8 105,1 119,3 117
mai-14 114,1 99,4 119,5 116,8
juin-14 110,7 94,7 116,6 118,1
juil-14 110 88 114,2 117,5
août-14 106 86,2 114,1 116,3
sept-14 97,3 83,8 114,8 116,4
oct-14 102,7 86,4 115,8 112,3
nov-14 110,3 90,9 116,6 109,4
déc-14 116,2 93,3 117,4 100,6
janv-15 116,1 95,5 119,6 94
févr-15 110,1 97,1 121,4 102,9
mars-15 109,3 100,5 122,3 104
avr-15 107,3 102,4 122,6 105
mai-15 98,9 103 121,8 106,4
juin-15 105,1 106,7 117,7 104
juil-15 116,7 104,6 116,9 100,1
août-15 105,1 100,6 116,8 94,6
sept-15 99,5 99,5 116,6 95,2
oct-15 104,9 102,8 116,4 94,5
nov-15 106,8 104,6 115,9 94,4
déc-15 103,5 103,2 115,5 86,9
  • Source : INSEE – IPAMPA - IPPAP.

Figure 2Évolution du prix des céréales

  • Source : INSEE – IPAMPA - IPPAP.

Crise du secteur de l'élevage

L'année 2015 marque, pour les éleveurs laitiers, la fin de la régulation des volumes par les quotas laitiers. La campagne laitière démarre en avril sur un niveau de prix inférieur de 12 % au prix d’avril 2014. Même s’il augmente ensuite jusqu’en août ou septembre, il reste toujours en deçà du prix de la campagne précédente. Globalement sur l’année civile, le prix moyen 2015 affiche un repli de 14 % par rapport à 2014. Peu enclins dans ces conditions à augmenter leur production, les éleveurs normands ont livré 3,75 milliards de litres de lait, soit un volume équivalent à celui de 2014 (figure 3). Sur le marché du lait, une offre abondante, à la fois en provenance de l’Union Européenne, mais aussi des autres pays producteurs, face à une demande qui se contracte (poursuite de l’embargo russe mis en place en août 2014 et baisse des importations chinoises) entraîne mécaniquement la chute du prix du lait (figure 5). Par ailleurs, les cours de la viande bovine se replient en 2015 par rapport à 2014 (- 1 % à - 2 % selon les catégories). La baisse est provisoirement atténuée par les effets de l’accord de revalorisation signé en juin par les professionnels de la filière. Face aux difficultés rencontrées par les éleveurs, le gouvernement met en place en juillet 2015 un plan de soutien à l’élevage, dont la principale mesure consiste en un allègement des charges des exploitations (figure 4).

Figure 3Livraisons de lait de vache à l'industrie

(en milllions de litres)
Livraisons de lait de vache à l'industrie ((en milllions de litres))
2014 2015 prov Évol 2015/2014
Calvados 638,3 637,3 -0,2%
Eure 238,6 234,9 -1,5%
Manche 1 548,2 1 557,0 +0,6%
Orne 685,3 683,4 -0,3%
Seine Maritime 633,6 636,4 +0,4%
Normandie 3 744,0 3 749,0 +0,1%
  • source : AGRESTE - EAL2014 - EML2015.

Figure 4Évolution du prix de la viande bovine

(évolution en indice - base 100 en 2010)
Évolution du prix de la viande bovine ((évolution en indice - base 100 en 2010))
Bovins de boucherie Aliments pour gros bovins
janv-14 125,8 127,7
févr-14 126,5 128
mars-14 126,9 128,5
avr-14 126,6 128,8
mai-14 126,5 128,8
juin-14 124,3 128,6
juil-14 123,6 127,2
août-14 124,7 125,4
sept-14 122,5 123,3
oct-14 118,5 121,2
nov-14 116,3 120
déc-14 117,3 120,1
janv-15 118,1 121,1
févr-15 118,7 122,6
mars-15 121 123
avr-15 120,6 123
mai-15 121,6 123
juin-15 123,3 122,7
juil-15 125,9 122,7
août-15 127,6 123,2
sept-15 124,8 122,4
oct-15 121,4 121,6
nov-15 119,7 120,8
déc-15 117,1 120,3
  • Source : INSEE – IPAMPA - IPPAP.

Figure 4Évolution du prix de la viande bovine

  • Source : INSEE – IPAMPA - IPPAP.

Figure 5Évolution du prix du lait

(évolution en indice - base 100 en 2010)
Évolution du prix du lait ((évolution en indice - base 100 en 2010))
Lait de vache Aliments pour vache laitière
janv-14 129,1 128,3
févr-14 128,1 128,9
mars-14 121,4 129,8
avr-14 112,7 130,2
mai-14 112,8 129,9
juin-14 121,3 129,5
juil-14 127,1 128
août-14 130 125,7
sept-14 129,4 124,4
oct-14 118,2 122,5
nov-14 113 121,6
déc-14 109,8 122,1
janv-15 103,7 122,9
févr-15 102 124,8
mars-15 100,7 125,3
avr-15 100,3 125
mai-15 101,4 125
juin-15 103,4 124,3
juil-15 106,9 124,3
août-15 110,6 124,4
sept-15 108 123,3
oct-15 103,7 122,4
nov-15 101,9 121,3
déc-15 100,5 120,4
  • Source : INSEE – IPAMPA - IPPAP

Figure 5Évolution du prix du lait

  • Source : INSEE – IPAMPA - IPPAP

D'importantes pertes de revenus sur les produits animaux

Les prix des principales consommations intermédiaires (énergie, semences et plants, engrais et amendements, aliments pour le bétail) sont stables ou orientés à la baisse. Au niveau national, la valeur des consommations intermédiaires de la branche agriculture serait en retrait de 2 %.

Selon les estimations de la commission des comptes de l’agriculture de la nation réunie en décembre 2015, le revenu net d’exploitation de la branche agriculture devrait progresser au niveau national de 12 % entre 2014 et 2015, baisse des consommations intermédiaires et hausse des produits végétaux venant compenser la baisse des produits animaux. Ce mécanisme ne fonctionnera probablement pas de la même façon en Normandie où, compte tenu du poids du blé dans les produits végétaux et de l'importance de l'élevage, les bons résultats ne suffiront pas à combler la perte sur les produits animaux.

Définitions

(1) La réforme de la PAC impose des mesures environnementales partir du 1er janvier 2015, engageant les agriculteurs à respecter trois critères sur leur exploitation pour toucher « l’aide verte » : la présence de 5 % de la surface arable en surfaces d'intérêt écologique (jachères, bosquets, haies, taillis, mares, fossés, etc.), la diversité des assolements de l’exploitation (plusieurs cultures différentes) et le maintien des prairies permanentes.

Pour en savoir plus

"La filière viande en Normandie, une part importante de l’agriculture régionale et de nombreux emplois dans les territoires ruraux", Claude Boniou et Bruno Dardaillon (Insee), Virginie Duclos et Yvon Gourlaouen (DRAAF), Insee Analyses Normandie N° 3 (février 2016) et Ouvrir dans un nouvel ongletAgreste Données Normandie n° 1 (Mars 2016).

Documentation

Définitions (pdf, 40 Ko )