Courrier des statistiques N14 - 2025

Ce numéro N14 du Courrier des Statistiques nous fait voyager dans le temps. L’aventure commence au milieu du XXᵉ siècle, avec le récit de la construction du système statistique européen, au gré des avancées et crises de l’Europe, avant le tournant de 2004 lié à la falsification des comptes nationaux grecs. Nous remontons ensuite plus loin dans le passé, à une époque où les ordinateurs n’existaient pas. Comment les statisticiens communiquaient-ils avec les autres pays sur leurs travaux et résultats ? Quel rôle jouaient les bibliothèques statistiques dans ces échanges ? Enfin, le troisième papier raconte l’histoire du service statistique ministériel de la fonction publique à partir des années 1970, à travers notamment l’évolution de sa publication phare : le rapport annuel sur l’état de la fonction publique.

Nous revenons au présent avec le récit de l’expérimentation « Prophyl », menée en 2024 par le service de la statistique et de la prospective (SSP) du ministère de l’Agriculture. Ce dispositif original a pour ambition de simplifier le recueil d’informations sur l’usage de produits phytosanitaires (pesticides). Puis, un article à caractère général propose une grille d’analyse pour comprendre le temps de production des statistiques publiques, identifier les facteurs influents et mettre en avant les compromis à faire s’il fallait réduire les délais. Enfin, le dernier papier explique les principes et enjeux des démarches qualité menées à l’Insee pour assurer la sécurité et l’optimisation de ses processus de production. Ces démarches s’inscrivent dans les principes du code de bonnes pratiques de la statistique européenne.

Courrier des statistiques
Paru le :Paru le15/12/2025
Camille Beaurepaire, chef de la section Valorisation et services aux publics, DDAR, Insee, camille.beaurepaire@insee.fr et Thierry Boucher, chef de la division Documentation, DDAR, Insee, thierry.boucher@insee.fr
Courrier des statistiques- Décembre 2025
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Des données de papier Une histoire des échanges de publications statistiques

Camille Beaurepaire, chef de la section Valorisation et services aux publics, DDAR, Insee, camille.beaurepaire@insee.fr et Thierry Boucher, chef de la division Documentation, DDAR, Insee, thierry.boucher@insee.fr

L’échange international de données entre institutions statistiques est aujourd’hui une pratique banale, qui s'inscrit dans une longue histoire. À une époque où les données étaient de papier, quels étaient les enjeux et modalités de cet échange ? C’est en montrant les convergences et différences entre métiers des bibliothèques et des statistiques que cet article entend répondre à cette question.

Les publications statistiques étrangères constituent aux XIXᵉ et XXᵉ siècles une part très importante des fonds des bibliothèques de statistique. Elles servaient aux statisticiens pour produire des statistiques internationales comparées, ou pour s’inspirer de méthodes étrangères – mais étaient aussi utiles à un public externe. L’acquisition de ces documents supposait une infrastructure robuste d’échanges postaux, qui a donné lieu à de nombreux ajustements au XIXᵉ siècle. Une fois ces documents acquis, le travail des bibliothécaires consistait à les intégrer au sein d’un plan de classement – ces métadonnées jouant de longue date un rôle crucial dans l’univers des bibliothèques.

Que reste-t-il aujourd’hui de ces pratiques d’échanges soutenues entre bureaux statistiques ? Le fonds ancien étranger de la bibliothèque de l’Insee Alain Desrosières en constitue un témoignage très utile pour la recherche en sciences sociales. Le traitement et la valorisation de ce fond contribuent à faire rayonner la statistique publique par son patrimoine.

Bibliothécaires et statisticiens sont aujourd’hui deux professions se revendiquant des « données ». La cause est entendue pour la statistique, elle l’est peut-être moins en ce qui concerne l’univers des . Pourtant, le terme « données » y est très utilisé depuis plusieurs décennies, dans le cadre de la transformation numérique des pratiques documentaires. Il y revêt plusieurs sens, renvoyant non seulement à l’information contenue dans les ouvrages, mais aussi aux informations sur ces derniers. , on appelle « donnée » toute « représentation d’une information sous une forme conventionnelle destinée à faciliter son traitement ». De ce point de vue, les éléments d’une notice bibliographique (auteur, titre, date et maison d’édition, etc.) sont bien des données. C’est en ce sens que l’on parle couramment des données d’un catalogue de bibliothèque.

Au regard de leur histoire longue, les savoirs des bibliothèques et des statistiques ont des origines bien distinctes (Desrosières, 1993 ; Barbier, 2021). Nous allons voir cependant que ces deux fils de tradition savante ont été tressés ensemble à partir de la fin du XIXᵉ siècle. À cette époque apparaît un nouveau courant intellectuel : celui de la documentation (Fayet-Scribe, 2000 ; Gardey, 2008). Ce courant transforme les pratiques en bibliothèque, avec l’invention d’un outil novateur : le catalogue sur fiches. En son sein, chaque ouvrage est désormais représenté par une unique fiche cartonnée, sur laquelle sont reportées les informations bibliographiques. Ce catalogue sur fiches, véritable microcosme des collections physiques, peut être facilement manipulé pour accéder à l’information recherchée.

Cette invention modifie à son tour l’univers des statisticiens. Quand le statisticien américain Billings souffle dans les années 1880 à son collègue Hollerith l’idée de transformer le bulletin de recensement en , c’est du système des fiches en bibliothèque qu’il s’inspire (Ouvrir dans un nouvel ongletHeide, 2009, p.23). L’introduction de ce nouveau médium des données bouleverse en quelques décennies le paysage des statistiques officielles, aboutissant à partir des années 1940 à l’administration de grands registres.

De fait, l’univers du répertoire statistique (Rivière, 2022) n’est génétiquement pas si éloigné de celui du catalogue bibliographique. De la documentation à la donnée, en passant par l’information (Triclot, 2008), statisticiens et bibliothécaires ont tracé des sillons en partie parallèles depuis cette époque. Cette similarité est notamment illustrée par les bibliothèques consacrées à la statistique, comme la bibliothèque de l’Insee Alain Desrosières (encadré 1). Les ouvrages, principalement des publications statistiques, y sont des données à deux titres :

  • Du point de vue des statisticiens, il s’agit d’un produit fini (output), prenant souvent à la fin du XIXᵉ siècle la forme de grands tableaux de chiffres (et s’apparentant ainsi à une forme primitive de base de données, non informatique).
  • Du point de vue des bibliothécaires, il s’agit de l’intrant (input) sur lequel vont s’exercer les pratiques professionnelles, et à partir duquel seront produites de nouvelles données (bibliographiques).

Encadré 1. La bibliothèque Alain Desrosières

La bibliothèque de l'Insee Alain Desrosières* est spécialisée dans les domaines de l'économie, de la statistique et des sciences sociales (Ouvrir dans un nouvel ongletGroudiev et de Saboulin, 2015 ; Ouvrir dans un nouvel ongletArdouin et Collignon, 2017 ; Ouvrir dans un nouvel ongletBach, 2017). Elle a été créée en 1946 au même moment que l'Insee. Ses missions consistent à fournir aux agents de l'Insee la documentation dont ils ont besoin, à conserver l'ensemble des publications de l'institut et à donner accès à ses collections à un public élargi. Elle a hérité notamment à sa création des collections antérieures de la bibliothèque de la Statistique générale de la France (SGF)**.

En 2018, la Direction générale de l’Insee a quitté le bâtiment qu’elle occupait depuis 1974 à Malakoff pour s'installer dans un bâtiment neuf, le White, à Montrouge. La bibliothèque a de même déménagé et une nouvelle salle de lecture a été officiellement inaugurée le 13 mars 2019. Cela fut l’occasion de rendre hommage à Alain Desrosières*** en donnant son nom à la bibliothèque.

La bibliothèque en chiffres :

  • 80 000 notices de monographies ;
  • 15 000 notices de titres de périodiques ;
  • 55 000 documents sur la Bibliothèque numérique de la statistique publique (BNSP)**** ;
  • 9 réserves où sont conservés les ouvrages à la Direction générale de l'Insee ;
  • 7 kilomètres linéaires dont 1,5 au Centre technique du livre de l’enseignement supérieur (CTLes)*****.

Au sein des collections de la bibliothèque, le fonds ancien étranger représente environ 75 000 documents (près d’un kilomètre linéaire), publiés entre le XVIIIᵉ siècle et 1946. Il couvre plus de 90 pays, et inclut une vingtaine de langues différentes, dont plusieurs en alphabets non latins (cyrillique, arabe, grec, chinois, japonais…). Il s’agit pour l’essentiel de documents publiés par les bureaux statistiques des pays concernés, mais sont également conservés des documents d’autres provenances (chambres de commerce, travaux universitaires, etc.).

* Ouvrir dans un nouvel onglethttps://bibliotheque.insee.net.

** Service statistique rattaché successivement à différentes administrations françaises de 1840 à 1940.

*** Ouvrir dans un nouvel onglethttps://bibliotheque.insee.net/Default/alain-desrosieres.aspx. Voir aussi : Ouvrir dans un nouvel onglethttps://www.youtube.com/watch?v=1og8cTR8wEU.

**** https://www.bnsp.insee.fr/bnsp/.

***** Ouvrir dans un nouvel onglethttps://www.ctles.fr/.

Tout au long du XIXᵉ siècle et pendant la première moitié du XXᵉ siècle, la bibliothèque est au cœur de l’univers de la donnée. La publication papier est alors le moyen le plus commode de communiquer la donnée statistique, un rôle aujourd’hui dévolu aux bases informatiques. Cet article retrace le parcours, ou voyage (Ouvrir dans un nouvel ongletLeonelli et Tempini, 2020), de ces données de papier particulières qu’ont été à l’époque les publications statistiques. Comment circulaient-elles, comment étaient-elles triées, quels étaient leurs usages ? Pour répondre à ces questions, nous nous intéresserons plus particulièrement aux publications statistiques étrangères, dont la bibliothèque Alain Desrosières possède un fonds ancien d’environ 75 000 documents. Le récit du parcours de ces publications est aussi l’occasion de souligner certaines similitudes des traitements de données réalisés par les bibliothécaires, ou au contraire certaines spécificités, comparés à ceux opérés par les statisticiens.

Des publications statistiques étrangères : pour quoi faire ?

De 1840 à 1940, la Statistique générale de la France (SGF), un des ancêtres de l’Insee, a investi une quantité non négligeable d’énergie dans la constitution d’une bibliothèque statistique très fournie. Le fonds ancien, clos peu après la création de l’Insee, entre 1946 et 1951, représente aujourd’hui plus d’un kilomètre linéaire de documents, dont la majorité sont des publications étrangères. En 1913, 2 des 72 membres du personnel de la SGF travaillaient à plein temps pour la bibliothèque (Statistique générale de la France, 1913). Cet investissement témoigne de l’intérêt que les statisticiens publics portaient à leur bibliothèque, et aux publications statistiques étrangères en particulier. Mais à quoi leur servaient donc ces publications ?

Créer les statistiques internationales

Une première utilité de ces publications est de permettre la comparaison de chiffres et de servir la coordination statistique entre différents pays. Cette coordination trouve ses racines dans les Congrès internationaux de statistique, dont le premier a lieu en 1853 à Bruxelles, et qui sont organisés régulièrement jusqu’en 1878. À partir de 1885, ce sont les sessions du nouvel (International Statistical Institute, ISI) qui permettent la réunion des statisticiens publics de différents pays. Il faut attendre la création en 1919 de la Société des Nations, précurseur de l’Organisation des Nations unies (ONU), et de l’ pour qu’existent des institutions ayant mandat de publier des statistiques internationales harmonisées (à la manière aujourd’hui de l’ONU ou d’).

Avant l’émergence de ces institutions, la SGF est missionnée à plusieurs reprises par les statisticiens congressistes pour réaliser des publications de statistique internationale comparative : en 1873 sur l’agriculture, puis en 1905 et en 1910 sur ce que l’on appelle à l’époque le mouvement de la population, c’est-à-dire . Sur cette période, la coordination entre bureaux statistiques de différents pays est assurée directement par l’un d’entre eux, mandaté par les autres au cours des sessions des Congrès ou de l’Institut international de statistique. Or, pour réaliser ces travaux ambitieux de comparaison internationale, il est nécessaire de disposer d’une solide documentation statistique ! Les ouvrages étrangers de la bibliothèque servent naturellement de base à ces travaux, en complément desquels sont mobilisés des rapports des directeurs de bureaux étrangers, sollicités pour l’occasion.

L’essor des travaux de conjoncture économique au début du XXᵉ siècle s’appuie également sur les publications statistiques étrangères. Ainsi, le , publié trimestriellement à partir de 1911, inclut régulièrement des analyses tirant parti des dernières statistiques économiques parues dans d’autres pays – soit dans la rubrique des « statistiques générales », soit dans le cadre d’études plus approfondies.

Diffuser et inspirer les méthodes statistiques

Une seconde utilité des publications étrangères, qu’il s’agisse de publications officielles ou de revues scientifiques, est de servir de support à l’inspiration et à l'harmonisation internationale des méthodes statistiques. C’est en effet grâce à elles que les statisticiens s’informent des choix méthodologiques retenus à l’étranger, qui font ensuite l’objet de débats passionnés lors des rencontres internationales (Ouvrir dans un nouvel ongletBrian, 1989). Les publications de statistique étrangère servent ici d’opérateur de transfert international des techniques ou méthodes.

Par exemple, pour le recensement de la population bavaroise de 1871, le statisticien Georg von Mayr invente une technique visant à faciliter, au moment du dépouillement des bulletins, le travail manuel de comptage de la population par grande caractéristique (Ouvrir dans un nouvel ongletVon Oertzen, 2017). Appelée « Zählblättchen[system] » en allemand, puis « slip system » en anglais, cette technique repose sur l’utilisation de formes et de couleurs différentes pour les bulletins selon les caractéristiques des enquêtés. Elle est présentée en 1883, de manière résumée, dans un article du Journal of the Statistical Society of London (Ouvrir dans un nouvel ongletHooper, 1883). Pour le recensement des Indes britanniques de 1901, le statisticien britannique Riesley décide de s’en inspirer. Il demande alors à Georg von Mayr un rapport plus détaillé sur ce qui a été fait pour le recensement en Bavière. Les statisticiens de l’ mettent ensuite en place la méthode en faisant varier la couleur des bulletins selon la religion, et leur forme selon le sexe et le statut marital (figure 1 et figure 2).

La circulation des publications permet donc celle des méthodes statistiques. En mettant à disposition ces supports de communication que sont les documents papier, les bibliothèques sont alors au cœur des discussions internationales de méthodologie statistique.

 

 

Participer au rayonnement de la statistique publique

Que ce soit pour construire des statistiques internationales comparées ou pour discuter de l’harmonisation internationale des méthodes, les collections étrangères de la bibliothèque de la SGF ont rencontré leur public. Dans les années 1920 et au début des années 1930, 1 500 lecteurs extérieurs se rendent chaque année, en moyenne, à la bibliothèque. .

Les usages des publications statistiques étrangères sont donc bien établis. Mais ils supposent une infrastructure robuste d’acquisition de ces documents. Comment étaient‑ils récupérés par la bibliothèque de la SGF ?

Échanger entre pays des publications statistiques

Dès le XIXᵉ siècle, les bureaux statistiques échangent une masse considérable de données, sous la forme de publications statistiques, qui alimentent alors leurs bibliothèques respectives. L’échange de publications entre bibliothèques existait déjà auparavant, mais il prend désormais davantage d’ampleur (Lilja, 2006). Un ouvrage de la SGF (Statistique générale de la France, 1913) en donne une illustration :

« [L]a bibliothèque de la Statistique générale contenait [au 1ᵉʳ janvier 1913] 18 000 volumes […]. Elle s’accroît chaque année d’environ 1 500 volumes, la plupart transmis en échange des publications françaises, par les offices de statistique étrangers ».

Le dernier registre d’entrée existant de la bibliothèque, pour la période 1937-1951, témoigne de la diversité des arrivages (figure 3). Le 11 janvier 1938 arrivent seize publications statistiques de pays différents : les statistiques d’assistance publique des communes finlandaises (Helsinki), les statistiques baleinières internationales (Oslo), la situation des affaires en Argentine (Buenos Aires), une étude sur les compensations salariales (New York), les statistiques britanniques de naufrages et décès en mer (Londres), et la liste continue…

Au milieu du XXᵉ siècle, la bibliothèque de la SGF est donc insérée dans un réseau international dense en matière d’échange des publications. Comment ce réseau s’est-il mis en place, et comment se sont organisés ces échanges ?

 

Un sujet de discussion récurrent entre statisticiens internationaux

Les comptes rendus des Congrès internationaux de statistique, entre 1853 et 1878, et des sessions de l’Institut international de statistique, à partir de 1885, permettent de comprendre comment ces échanges se sont mis en place et organisés. En l’absence à l’époque d’institutions internationales assurant la coordination statistique, ces rencontres permettent aux d’échanger sur les différents aspects de leurs travaux (Randeraad, 2020). Dans la deuxième moitié du XIXᵉ siècle, le sujet des échanges de publications statistiques y constitue un serpent de mer, régulièrement discuté par les directeurs de bureaux statistiques : comment organiser rationnellement cet échange ?

Dès la session de 1853, à Bruxelles, un stand d’ouvrages est prévu pour que les participants volontaires puissent exposer certaines de leurs publications nationales à leurs collègues, voire en faire une présentation. . Il est à nouveau discuté lors de plusieurs congrès : à Berlin en 1863, à Florence en 1867 et encore à La Haye en 1869. Il faut cependant attendre 1895 pour que l’Institut international de statistique crée un « comité pour l’échange régulier des publications statistiques entre les différents pays ». L’existence de ce comité est mentionnée dans les comptes rendus des rencontres internationales jusqu’en 1903.

À chacune de ces discussions, les statisticiens butent sur des obstacles similaires, de nature économique et géopolitique. En effet, envoyer mensuellement des centaines d’ouvrages par la poste coûte très cher pour des administrations aux budgets et effectifs limités. Pour les pays n’ayant pas de frontière commune, ce coût est par ailleurs renchéri par l’absence de franchise postale de transit. Par exemple, si le bureau statistique suédois veut envoyer des publications à son homologue français, les ouvrages transiteront probablement par le Danemark et l’Allemagne. Ce ne sont donc pas moins de quatre services postaux qui doivent être rémunérés.

Certains pays acceptent d’accorder une franchise postale aux ouvrages de statistique, en plus d’échanges à titre gracieux, mais il n’y a pas d’harmonisation absolue en la matière. Ainsi, au début du XXᵉ siècle, alors que l’empreinte géopolitique de la guerre franco-prussienne de 1870-1871 reste vive, certains statisticiens déplorent que le bureau allemand refuse d’envoyer gratuitement ses publications, qui sont par ailleurs vendues en librairie.

L’organisation matérielle des échanges de publications

Comment ces échanges ont-ils été matériellement organisés ? Il est difficile de répondre à cette question, faute de conservation des archives de la bibliothèque. Des traces indirectes des échanges peuvent cependant ponctuellement être retrouvées dans les ouvrages eux-mêmes. Certaines acquisitions ont été occasionnelles : , réceptions d’ouvrages lors de Congrès internationaux ou d’expositions universelles, ou encore .

D’autres échanges ont été organisés de façon plus systématique, sur la base de listes de diffusion et d’attestations de réception. On retrouve ainsi ponctuellement des cartes préremplies attestant réception, n’attendant qu’un coup de tampon pour être renvoyées à l’expéditeur de la publication. Ces cartes renvoyées permettent en retour d’alimenter des listes de diffusion, dont le défaut met à mal l’organisation de ces échanges. En témoigne la désorganisation qu’a connue la bibliothèque statistique hongroise après un incendie lors du siège de Budapest de 1944-1945, comme l’évoque une lettre de l’office hongrois :

« [ J]e m’empresserai de vous faire expédier les numéros de nos publications parus depuis janvier 1940 dès que j’aurai votre réponse me signalant les derniers tomes ou livraisons de nos publications faisant l’objet de l’échange qui sont en votre possession, parce que la liste de distributions fut consumée par les flammes de l’incendie qui s’est déclaré dans notre bibliothèque pendant le Siège de Budapest ».

Une fois les documents acquis grâce aux échanges, il reste encore à savoir comment les trier au sein des rayonnages de la bibliothèque pour permettre leur accès au public. Si l’échange de données informatiques donne aujourd’hui lieu à de nombreuses discussions sur la normalisation des (Dondon et Lamarche, 2023), ces dernières jouent depuis longtemps un rôle central en bibliothèque.

Classer des données : un rôle central en bibliothèque depuis la plus haute Antiquité

Il ne suffit pas d'accumuler les documents, encore faut-il pourvoir les retrouver. La tâche n'est pas toujours simple pour un particulier disposant d’une belle collection d'ouvrages imprimés. Lorsqu’il s’agit de plusieurs kilomètres de rayonnages, elle devient impossible sans tout un ensemble de règles et de techniques de tri, de rangement et de signalement. Apparues très tôt dans l'histoire de l'humanité, ces dernières s'adaptent et se perfectionnent en permanence avec l'évolution des supports, des mentalités, des besoins et des technologies (Barbier, 2021 ; Viry, 2013 ; Ouvrir dans un nouvel ongletSalvan, 1962).

Dès la plus haute Antiquité, les premières grandes bibliothèques apparaissent dans les temples et les palais, réunissant des milliers de tablettes d'argile en Mésopotamie et de rouleaux de papyrus en Égypte. Autant de documents à stocker et à retrouver. À cette époque, différents moyens sont utilisés pour faciliter leur accès : regroupement par genre ou par sujet (littérature, religion, science, histoire, géographie, droit), étiquettes et , parfois catalogues et numérotations. Les métadonnées existent donc de longue date en bibliothèque (encadré 2).

Le besoin de classer le monde est un aspect essentiel de l'esprit humain. Chez les peuples premiers, une pensée classificatoire extrêmement développée appréhende le monde en ses moindres détails, et lui confère du sens tout en reflétant les structures sociales. Avec le développement de la pensée rationnelle et de l'écriture, les philosophes de l'Antiquité classique entreprennent des classifications du savoir : les classifications du monde laissent place aux classifications de la connaissance du monde. Parallèlement, la bibliothèque d'Alexandrie, de par son ambition et son ampleur, a dû perfectionner et développer les techniques de gestion documentaire. Elle marque une avancée notable dans le signalement des collections. Dès lors, le classement des ouvrages, physiquement dans les rayonnages comme intellectuellement dans les catalogues, évolue en regard des classifications de la connaissance, mais aussi des usages auxquels ils répondent.

Encadré 2. Qu'est-ce qu'une métadonnée en bibliothèque ?

Selon l’Organisation internationale de normalisation (International Organization for Standardization, ISO), une métadonnée est une « donnée qui définit et décrit une autre donnée » (norme ISO/IEC 11179-3:2023). L’organisation américaine National Information Standards Organization (NISO) la définit quant à elle comme « de l’information structurée qui décrit, explique, localise la ressource et en facilite la recherche, l’usage et la gestion » (Ouvrir dans un nouvel ongletRiley, 2017).

Les métadonnées peuvent être de plusieurs types. Dans le cas des bibliothèques, elles peuvent être notamment :

  • descriptives (pour identifier un document) : titre, auteur, date, éditeur, etc. ;
  • techniques : format, taille ou poids, date de création, compression, etc. ;
  • structurelles (sur l'organisation d'un document) : pour permettre par exemple de lier les différents fichiers qui le composent (textes, images, etc.) afin de le reconstituer ;
  • administratives : localisation du document, gestion des droits d'accès et d'usage, conditions de conservation, etc.

On remarque que, dans la mesure où elles permettent d'identifier, de décrire et de comprendre le contenu d'une ressource, les métadonnées descriptives et les données bibliographiques se confondent. La Bibliothèque nationale de France (BnF) indique d'ailleurs que « les métadonnées ne décrivent pas nécessairement des documents électroniques ». Notons encore qu'une métadonnée peut être externe à la ressource qu'elle décrit (c'est le cas d'une notice de catalogue) ou interne (par exemple les balises XML d'un document électronique). En passant des catalogues papier aux catalogues informatiques, la mise en abyme se poursuit : la notice bibliographique comporte à son tour des métadonnées ou, faudrait-il dire, des méta-métadonnées. Il en va de même pour les bases de données numériques, qui peuvent être décrites par une notice dans un catalogue informatique, laquelle s'accompagne de son lot de métadonnées.

Précisons enfin que, dans le domaine documentaire, les normes (normes Afnor* de catalogage, listes d'autorités** pour les noms propres ou les mots-matières***) et les formats (MARC**** pour les grilles de saisie des informations bibliographiques), qui servent à renseigner les métadonnées, ne font pas partie des métadonnées, contrairement à la définition des métadonnées statistiques (Bonnans, 2019).

* Association française de normalisation.

** Une liste d’autorités est un vocabulaire contrôlé, contenant des termes autorisés (et des termes interdits) pour identifier de manière harmonisée, et donc sans ambiguïté, des organisations, lieux géographiques, œuvres, objets ou concepts.

*** Mot ou groupe de mots qui caractérise le contenu d'un document (sujet traité) et en facilite le repérage.

**** Acronyme de MAchine-Readable Cataloging (catalogage lisible par une machine) : format d’échange informatique de données bibliographiques.

Au XVIIIᵉ siècle, la bibliographie acquiert une dimension épistémologique et un statut scientifique

À partir du XVᵉ siècle, avec le développement de l'imprimerie, qui concourt à la diffusion des idées, et le début de la révolution scientifique (travaux de Copernic au XVIᵉ siècle, de Newton au XVIIᵉ siècle…), les systèmes philosophiques d'organisation du savoir se reconfigurent. Parallèlement, parfois de concert, les systèmes de classification documentaire en font autant.

Au tournant des XVIIᵉ et XVIIIᵉ siècles, le contexte intellectuel est marqué par l'apparition des publications scientifiques et le développement des grandes bibliothèques publiques. En France et dans plusieurs pays du Nord-Ouest de l’Europe, les catalogues imprimés des bibliothèques connaissent alors un essor remarquable (Ouvrir dans un nouvel ongletNeveu, 2010, Ouvrir dans un nouvel onglet2013, Ouvrir dans un nouvel onglet2014 ; Ouvrir dans un nouvel ongletBlom, 2020).

La réflexion sur les relations entre, d'une part, la classification des livres et, d'autre part, celle des savoirs – c'est-à-dire entre et – se poursuit au XVIIIᵉ siècle, à l’époque des Lumières, chez les philosophes et chez les bibliographes. À leurs yeux, la diversité des systèmes de classement des bibliothèques – nécessairement imparfaits – témoigne de leur caractère arbitraire. Les aspects pratiques auxquels les classifications des catalogues se soumettent leur semblent contradictoires avec l’ambition scientifique. Ils restent convaincus qu'il est possible de parvenir à une classification satisfaisante, c'est‑à‑dire scientifique.

Les problèmes pratiques et théoriques posés par les catalogues donnent lieu à des réflexions qui sont parfois placées en tête de ces derniers et qui témoignent d'une interrogation épistémologique beaucoup plus fondamentale : à travers la question pratique du rangement des livres et celle théorique de l’accès au savoir se pose aussi la question de la relation entre le parcours physique dans la bibliothèque et le parcours intellectuel dans la connaissance. La pertinence d'une classification des connaissances permet d’organiser les livres dans un ordre adéquat afin de favoriser l’acquisition du savoir et, inversement, la classification des ouvrages permet de comprendre la généalogie des sciences.

Au XVIIIᵉ siècle, la notion de bibliographie recouvre non seulement la classification documentaire, mais aussi, dans un sens très contemporain, la connaissance des œuvres et de leurs éditions. Elle acquiert un statut scientifique et se voit reconnaître comme une discipline auxiliaire des sciences. Pour cela, elle a dû adopter les principes mis en œuvre dans la science de l'époque, c'est-à-dire faire preuve d'une rigueur dans ses méthodes, mais aussi inclure une dimension spéculative qui en théorise les principes. Avec son ordre méthodique, à plusieurs niveaux d’arborescence, selon des critères logiques abstraits, le catalogue devient une œuvre scientifique. Cette idée selon laquelle la bibliographie constitue une science qui sert d’introduction à la connaissance triomphe à la fin du XIXᵉ siècle lorsque Melvil Dewey la place en tête de sa classification (voir infra), puis au début du XXᵉ siècle avec la reconnaissance des sciences de l’information.

Au XIXᵉ siècle, les classifications documentaires s’inspirent des taxonomies du vivant

La réflexion théorique ne se limite pas aux spéculations sur la classification générale de la connaissance et des sciences. Elle porte aussi de manière très concrète sur un type particulier de classification apparu au XVIIIᵉ siècle et initié par le naturaliste suédois Carl von Linné (1707-1778), relatif cette fois aux êtres vivants : les taxonomies, que la rigueur et la valeur heuristique érigent en exemple. La révolution provoquée par Linné met cependant du temps à marquer les classifications documentaires. En effet, elle repose sur trois règles incompatibles avec les besoins des bibliothèques (Ouvrir dans un nouvel ongletParrochia, 2017) :

  1. Tout item doit être classé. Ce principe d'exhaustivité ne pose pas de difficulté. En revanche, il suppose un catalogue complet et achevé dans sa structure. Or, le principe même des classifications documentaires prévoit une extension toujours possible
    – théoriquement infinie – afin de suivre l'évolution incessante de la connaissance.
  2. Il ne peut pas y avoir de classe vide. Or, la classification documentaire présente des classes vides, soit parce que l'évolution du savoir conduit à des suppressions, soit parce que l'apparition de connaissances nouvelles est envisagée.
  3. Aucun item ne peut être classé dans plus d’une classe. Ce point est fondamental dans les sciences de la nature, car son non-respect remettrait en cause les critères de la classification, donc sa validité. Or, le contenu d’un ouvrage est souvent complexe, de sorte qu’il est impossible de lui assigner un seul descriptif sans limiter considérablement les chances de le trouver. Il est donc non seulement possible, mais fréquemment nécessaire, de lui associer plusieurs descripteurs ou indices, voire, lorsqu’on dispose de plusieurs exemplaires, de les ranger à des endroits différents. L’enjeu est que .

C'est au XIXᵉ siècle, aux États-Unis, que s’opère la synthèse entre les classifications documentaires et la taxonomie (Ouvrir dans un nouvel ongletEaton, 1959). Jusque-là, la réflexion est avant tout marquée par les débats philosophiques. Puis, la recherche scientifique et la production imprimée connaissent une croissance nouvelle. Parallèlement, le besoin de connaissance et d'information scientifiques s’accroît rapidement avec le développement industriel et social. Les opérations de stockage et de signalement des documents prennent une autre dimension. Le XIXᵉ siècle est d’abord une période d'expérimentation pour les classifications documentaires : en l'absence de modèle standard, chaque responsable de bibliothèque construit son propre système selon ses propres besoins.

Les États-Unis présentent deux particularités qui vont permettre d’aboutir aux grandes classifications documentaires modernes. D'une part, dans ce pays jeune, la proportion d'ouvrages récents est plus importante qu'en Europe, où les collections héritées de l’Ancien Régime s'insèrent bien dans les classifications traditionnelles. D'autre part, le libre accès y est très répandu, ce qui invite à porter sur le rangement des documents un regard plus ouvert aux besoins et aux pratiques des lecteurs. La question reste de placer ensemble les ouvrages relatifs à un même sujet. Il importe aussi que l'on puisse passer d’un sujet à l'autre selon une progression logique, reposant sur l'organisation du savoir, laquelle reflète l'organisation du monde.

En créant une indexation thématique selon un code décimal, le bibliothécaire américain Melvil Dewey (1851-1931) conçoit un système qui permet de placer (et retrouver) les documents dans le même ordre, à la fois dans les catalogues et dans les rayons, dans n'importe quelle bibliothèque (Béthery, 2013). Sa classification (Classification décimale de Dewey ou CDD), publiée en 1876 et régulièrement actualisée depuis, est claire, objective, hiérarchisée, souple, autant de qualités qui contribuent à son succès jusqu’à nos jours. Elle permet notamment de classer les publications statistiques (encadré 3).

Dewey élabora 12 éditions successives de sa classification avant son décès en 1931. La version actuellement en vigueur est la 23ᵉ, parue en 2011. La CDD se montre particulièrement bien adaptée au libre accès et à la lecture publique. En 1905, Henri La Fontaine et Paul Otlet publient, avec l'accord de Dewey, leur Classification décimale universelle (CDU). Celle-ci est inspirée de la CDD mais mieux adaptée aux bibliothèques d'étude et de recherche. En France, toutefois, l'accès du public aux collections reste indirect, aussi bien dans les bibliothèques municipales qu’universitaires. De ce fait, le catalogue imprimé demeure la règle. Si les fichiers sont connus pour le travail interne depuis le XVIIIᵉ siècle au moins, ils ne sont proposés au public qu’à partir du début du XXᵉ siècle (Ouvrir dans un nouvel ongletNeveu, 2015 ; Ouvrir dans un nouvel ongletSarrazin, 2015). Dans les bibliothèques ministérielles, comme celle de la SGF (dont nous étudierons le plan de classement spécifique dans la partie suivante), les solutions de classification sont quant à elles déterminées par la nature des fonds et l’usage qui en est fait.

Encadré 3. Classer des ouvrages statistiques avec la CDD

La Classification décimale de Dewey (CDD), utilisée dans de nombreuses bibliothèques pour classer les documents, permet de distinguer trois sens de la « statistique » :

  • Le premier renvoie à la statistique comme branche des mathématiques. Le code des documents est alors « 519.5 ».
  • Le second renvoie à la statistique économique et sociale (celle effectuée par les organismes officiels de la statistique publique, mais aussi dans la recherche en sciences sociales). Le code des documents est alors « 310 », suivi d’une éventuelle subdivision géographique.
  • Enfin, la CDD prévoit une subdivision de forme permettant d’indiquer, pour toute thématique de la CDD, les statistiques s’y rapportant. Il suffit alors d’ajouter « 021 » à l’indice du sujet concerné (en respectant les règles de construction), par exemple « 551.550 21 » pour les statistiques des ouragans, « 364.944 021 » pour celles des crimes et délits en France.
  • Ces différents sens sont parfois proches en pratique : pour le classement d’un ouvrage statistique donné, la CDD laisse donc une certaine marge d’appréciation à chaque bibliothèque se l’appropriant.

Classer des données : le cas des bibliothèques de statistique

Revenons-en à présent au circuit des documents étrangers à la bibliothèque de la SGF. Une fois que les publications statistiques étrangères ont été acquises, elles sont inscrites au registre d’inventaire, tamponnées, cataloguées sur une fiche cartonnée. Puis, elles sont équipées d’une étiquette indiquant leur cote, c’est-à-dire une suite de signes correspondant à un lieu précis de rangement dans les rayonnages.

Pour réaliser cette dernière opération, il est nécessaire de disposer d’un plan de cotation, qui permet d’organiser spatialement les données. Ce plan de cotation revient à organiser le savoir statistique, de façon hiérarchisée et exhaustive. Rétrospectivement, il s’agit d’une fenêtre permettant d’appréhender la vision du monde des statisticiens, non pas sur l’économie et la société (comme certains ont pu l’étudier au prisme des nomenclatures statistiques : Ouvrir dans un nouvel ongletGuibert et al., 1971 ; Desrosières et Thévenot, 1988), mais sur leur propre activité statistique.

Dans l’état d’esprit de la fin du XIXᵉ siècle, des discussions sont organisées à l’échelle internationale entre statisticiens publics (aux Congrès et à l’Institut international de statistique), afin d’arrêter un plan de classement universel du savoir statistique. L’harmonisation souhaitée n’a cependant pas lieu. L’un des partisans les plus véhéments de la conception d’un plan de classement harmonisé, Troïnitsky (directeur du bureau de la statistique russe), présente en 1895 à l'Institut la solution retenue en Russie pour tenir compte de besoins nationaux. Tout en tâchant de respecter au mieux la proposition du groupe de travail international mandaté par l’Institut, des ajustements ont ainsi été réalisés pour mieux distinguer la « statistique du bétail » et celle de la « propriété foncière », afin de correspondre à la spécialisation agricole de la statistique officielle russe tsariste des (Blum et Mespoulet, 2003).

Le plan de classement à la bibliothèque de la Statistique Générale de la France

Quelle solution a alors été retenue à la bibliothèque de la SGF ?

S’inspirant des discussions internationales, le plan de classement adopté imbrique trois dimensions : une dimension géographique et politique, une dimension thématique et une dimension chronologique. Par exemple, un ouvrage peut avoir pour cote « Ap – 6 – 1928 ». Le premier bloc renvoie à l’entité géographique : la majuscule pour le pays (« A » pour Allemagne), la minuscule pour une éventuelle subdivision régionale ou municipale (« p » pour Prusse). Le deuxième bloc renvoie au plan de classement thématique (« 6 » pour commerce extérieur et intérieur). Enfin, le dernier bloc précise l’année concernée par la publication. Ainsi, l’ensemble des publications du commerce extérieur et intérieur prussien sont rangées d’un seul tenant, par ordre chronologique.

Le classement thématique s’applique uniformément à chaque pays, permettant l’identification rapide de publications étrangères traitant du même sujet. Dix catégories principales sont distinguées, elles-mêmes subdivisées en plusieurs sous-classes gigognes :

0 – annuaires statistiques ;

1 – recensements de la population ;

2 – mouvement de la population (dont statistique sanitaire) ;

3 – éducation et justice ;

4 – travail ;

5 – économie productive (agriculture, industrie) ;

6 – commerce extérieur et intérieur (dont trafic ferroviaire, trafic fluvial ou maritime) ;

7 – successions, donations, finance et assurance ;

8 – budget de l’État, armée ;

9 – colonies.

Un plan qui témoigne des conceptions d’alors de la statistique

Le classement de la bibliothèque de la SGF est intéressant rétrospectivement en ce qu’il révèle le fossé qui nous sépare aujourd’hui des conceptions de la statistique qui prévalaient parmi les statisticiens publics. Le recensement de la population est pensé de façon distincte du mouvement de la population, car ce dernier se fonde sur l’exploitation de l’état civil (et implique une autre administration, celle du ministère de l’Intérieur). En tant que sous-catégorie de la catégorie 4, le logement a tendance à être pensé au prisme du travail, c’est-à-dire de la question sociale ouvrière. L’éducation et la justice sont rangées ensemble, comme choses du « fait moral », à l’inverse des budgets généraux de l’État et des statistiques militaires. La statistique sanitaire est subordonnée au mouvement de la population : la maladie est pensée comme une extension du domaine de la mortalité. La statistique coloniale est radicalement distinguée du reste de la nomenclature, reflétant la division administrative du travail statistique à ce sujet.

L’intérêt de ce plan de classement thématique réside aussi dans l’uniformité avec laquelle il est appliqué pour l’ensemble des pays : ces catégories permettent de comparer la place respective des statistiques de telle ou telle nature dans les collections aujourd’hui conservées.

L’usage du plan de classement de la SGF a pris fin lors de la création de l’Insee en 1946. Celle-ci a entraîné une réorganisation importante des collections de la bibliothèque. Alors qu’une nouvelle ère s’ouvre pour la statistique publique française, le plan de classement évolue en même temps que les mentalités et moyens des statisticiens. Le nouveau plan fait la part belle aux « études économiques » composant désormais le nom de l’institut. Les outils des bibliothécaires, comme ceux des statisticiens, sont ainsi amenés à évoluer. Nous allons voir dans la dernière partie ce qu’il reste aujourd’hui des outils d’hier.

Le fonds ancien étranger aujourd’hui : un témoignage précieux pour la recherche en sciences sociales

Le fonds ancien étranger de la bibliothèque, constitué de dizaines de milliers d’ouvrages échangés sur plus d’un siècle, a été clos en 1946 – au moment de la réorganisation de la bibliothèque et de la refonte du plan de classement. À quoi servent désormais ces documents ?

Si les publications ont pu servir aux statisticiens français à comparer des données internationales ou à s’inspirer des méthodes étrangères, le public désormais concerné est plutôt celui des universitaires. En tant que sources documentaires, ces publications renseignent sur de nombreux aspects quantifiés de la société et de l’économie des nombreux pays du fonds, ainsi bien sûr que sur l’histoire des méthodes statistiques. Les disciplines potentiellement intéressées par les collections sont de ce fait nombreuses : histoire bien sûr, mais aussi démographie, économie, sociologie…

Du fait de la tradition d’échanges, aucun de ces documents n’est unique au monde : les conserver en France présente cependant deux intérêts majeurs. D’une part, conserver un accès large à la documentation sur place des chercheurs français (un enjeu croissant à l’heure de la décarbonation de la recherche). D’autre part, tirer parti de la présence des différentes collections à un même endroit pour mieux les comparer, ainsi que nous y invite le plan de classement de la bibliothèque.

La bibliothèque de l’Insee Alain Desrosières s’engage aujourd’hui résolument dans la valorisation de ce patrimoine, pour faire rayonner la statistique publique auprès des publics universitaires. Débuté en 2022, un chantier pluriannuel de tri, conservation et catalogage du fonds ancien étranger permet de signaler l’existence des collections – désormais dans le catalogue interuniversitaire du . Ces ouvrages sont consultés en salle de lecture. Différentes actions de valorisation sont aussi construites à destination du monde universitaire : séminaire d’histoire de la statistique (« ») , accueil de colloques, partenariats d’enseignement…

La conservation de ce patrimoine présente aussi un intérêt pour les pays étrangers concernés par ces collections. Si chaque pays conserve des exemplaires de ses publications statistiques, aucun lieu de conservation n’est à l’abri de sinistres : dégâts des eaux (comme celui de 2002 à Prague), incendies (comme celui de 1944-1945 à Budapest), etc. Conserver les publications en plusieurs lieux réduit ainsi le risque de perte définitive. Un cas particulier mérite d’être signalé : l’histoire de la statistique a accompagné celle de la colonisation française et certains pays anciennement colonisés n’ont pas pu conserver sur leur territoire d’exemplaire des publications statistiques produites en contexte colonial. Une campagne de numérisation a ainsi été entreprise en 2018, en partenariat avec l’institut national de statistique tunisien, pour mettre à disposition du public en ligne plus d’une centaine d’ouvrages statistiques de la période coloniale. De quelque nature qu’ils soient, les changements de régime politique peuvent être la cause de pertes patrimoniales. L’histoire des échanges continue de s’écrire au présent.

Fondements juridiques

Parmi les institutions patrimoniales, les bibliothèques conservent tous les documents graphiques et audiovisuels édités (notamment les publications imprimées, comme les livres et les périodiques), mais aussi des manuscrits antérieurs à l’invention de l’imprimerie et des archives privées. Les musées conservent des objets d'intérêt historique, artistique, scientifique ou technique. Les archives conservent l'ensemble des documents (y compris les données), quels que soient leur forme et leur support, produits ou reçus par des services ou organismes publics ou privés dans l'exercice de leur activité.

Voir les références juridiques en fin d’article.

La carte perforée permettait de coder, stocker et récupérer des données en mode binaire (0 : absence de trou, 1 : présence de trou).

La mécanographie désigne les techniques mécaniques et électromécaniques de traitement de l’information mobilisant par exemple des cartes perforées.

Site web de l’OIT (International Labour Organization, ILO) : Ouvrir dans un nouvel onglethttps://www.ilo.org/fr.

Voir l’article de Bischoff et Piffeteau sur l’histoire d’Eurostat dans ce même numéro.

La statistique de la population puise à l’époque à deux sources : le recensement de la population, quinquennal et exhaustif, et le mouvement de la population, calculé annuellement au début du XXᵉ siècle à partir des naissances et décès enregistrés à l’état civil.

Haute fonction publique de l’Empire britannique en Inde entre 1858 et 1947.

Ces informations sont issues des rapports au conseil de la SGF, publiés au journal officiel de la République française entre 1908 et 1936.

Les participants des Congrès puis des sessions de l’Institut proviennent initialement principalement des pays d’Europe de l’Ouest, rejoints ensuite par les États-Unis et l’Europe de l’Est. À la fin du XIXᵉ siècle, des représentants de pays non occidentaux (Amérique du Sud, Turquie, Égypte…) assistent plus régulièrement aux séances.

C’est le philanthrope français Alexandre Vattemare (1796-1864) qui y prend la parole pour plaider la mise en place d’un « système régulier d’échanges entre tous les États, des documents statistiques publiés par les gouvernements et les particuliers ». Même s’il n’est pas statisticien (mais… ventriloque !), il travaille alors depuis vingt-cinq ans à l’édification d’un système d’échange des publications officielles (Richards, 1944), reposant sur une grande bibliothèque générale rassemblant l’ensemble des documents, puis les redistribuant vers des sociétés locales.

Comme ce quotidien nationaliste hongrois qui adresse en 1930 au directeur de la SGF un exemplaire de l’ouvrage « Justice pour la Hongrie ! » (dont la couverture représente la Hongrie à la fois démembrée et crucifiée par le traité de Trianon de 1920).

Comme cet ouvrage de la statistique du mouvement de la population espagnole de 1863, dédicacé par le vice-président du bureau statistique pour un envoi personnel au « docteur Bertillon ».

Une métadonnée est une donnée qui définit et décrit une autre donnée (encadré 2).

Note ajoutée à la fin d'un manuscrit par le copiste, indiquant son nom, celui de son commanditaire, la date et le lieu de la copie, le nom de l'auteur, le titre de l’œuvre, etc.

Science et technique de l'organisation et de la gestion d'une bibliothèque (source : Robert).

Discipline qui prend la connaissance scientifique pour objet (source : Larousse).

Tout comme les classifications documentaires, les nomenclatures statistiques comportent des redondances. Toutefois, là où la pratique bibliothéconomique permet de placer le même document en deux ou trois endroits différents afin de s'assurer qu'il sera plus facilement trouvé par le lecteur, le respect de la règle taxonomique de l'univocité impose le choix d'un emplacement unique dans la nomenclature. La préface de la nomenclature des activités économiques de l'Insee en 1949 témoigne de ce dilemme. Ce choix n'est jamais neutre ou objectif : il répond à un besoin, sociologiquement déterminé. La finalité interfère avec l'exigence scientifique de description objective (Ouvrir dans un nouvel ongletGuibert et al., 1971 ; Ouvrir dans un nouvel ongletDesrosières et Thévenot, 1979).

Le positivisme renvoie au système d'Auguste Comte, qui considère que toutes les activités philosophiques et scientifiques ne doivent s'effectuer que dans le seul cadre de l'analyse des faits réels vérifiés par l'expérience et que l'esprit humain peut formuler les lois et les rapports qui s'établissent entre les phénomènes et ne peut aller au-delà (source : Larousse).

Au singulier, zemtsvo : assemblée territoriale assurant l'administration locale dans les gouvernements de la Russie d'Europe (1864-1917) (source : Larousse).

Le Sudoc – Système Universitaire de Documentation – constitue le dispositif national de catalogage partagé des ressources documentaires à la disposition de l’ensemble des bibliothèques universitaires et de recherche : Ouvrir dans un nouvel onglethttps://abes.fr/reseau-sudoc/le-reseau/etablissements-membres/.

Pour en savoir plus

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