Insee Analyses Normandie · Novembre 2025 · n° 147

En Normandie, une personne de 15 à 64 ans sur six n’est ni en emploi, ni élève, ni étudiant, ni retraité

En 2022, 338 000 Normands en âge de travailler (de 15 à 64 ans) se déclarent sans emploi, et sans qu’ils soient élèves, étudiants ou à la retraite, soit 16,8 % de cette tranche d’âge, une part équivalente à celle de la France métropolitaine. Cette population recouvre deux ensembles. Le premier correspond aux chômeurs, à savoir des personnes sans emploi qui effectuent des recherches actives pour en trouver un. Le second regroupe les personnes sans emploi qui n’effectuent pas de recherche active pour en trouver un et se déclarent donc « inactives ». Une partie des personnes relevant de cette deuxième catégorie souhaiterait malgré tout occuper un emploi (les chômeurs découragés par exemple), et se situe alors dans le « halo » du chômage (encadré 1).

En 2022, un peu plus de 169 000 personnes se déclarent chômeurs en Normandie, soit la moitié des Normands sans emploi (hors élèves, étudiants et retraités). 98 600 d’entre eux sont au chômage depuis moins d’un an et 70 460 depuis plus d’un an (respectivement 29,2 % et 20,8 % des personnes sans emploi). L’autre moitié des personnes sans emploi se déclarent inactives.

Les autres régions métropolitaines affichent une répartition proche de celle de la Normandie (figure 1). La Corse et Provence-Alpes-Côte d’Azur comptent davantage de personnes inactives (respectivement 64,8 % et 56,7 % des personnes sans emploi) et les Pays de la Loire davantage de chômeurs de longue durée (35,2 % des personnes sans emploi).

Au sein du territoire normand, la part de personnes sans emploi (hors élèves, étudiants et retraités) parmi les personnes âgées de 15 à 64 ans varie nettement entre les zones d’emploi (figure 2). Dans la totalité des zones d’emploi de la Manche et dans celle de Caen, cette part est faible et varie de 12,9 % pour Avranches à 14,5 % pour Caen. Dans les autres zones d’emploi du Calvados, ainsi qu’une partie de l’Orne et de la Seine-Maritime, elle reste inférieure à la moyenne régionale et se situe entre 15,4 % à Nogent-le-Rotrou et 16,0 % à Dreux. L’essentiel des zones d’emploi de l’Eure et de la Seine-Maritime, comme une partie des zones d’emploi de l’Orne, ont une part de personnes sans emploi (hors élèves, étudiants et retraités) comprise entre 17,0 % (dans la zone d’emploi d’Yvetot-Vallée du Commerce) et 18,1 % (à Alençon, Rouen et Vernon-Gisors). Enfin, pour trois zones d’emploi normandes au sein desquelles les secteurs agricole ou industriel restent prépondérants, cette part est plus importante, et oscille entre 20,1 % pour L’Aigle et 20,7 % pour Le Havre. 

Les personnes sans emploi (hors élèves, étudiants et retraités) présentent des caractéristiques socio-économiques spécifiques et sensiblement différentes de la population en emploi (figure 3).

Élément clé de l’insertion vers l’emploi, près d’un quart d’entre elles ne disposent pas de voiture (19,2 % des chômeurs de courte durée, 26,6 % des chômeurs de longue durée et 24,5 % des inactifs) contre seulement 5,2 % des personnes en emploi. Elles habitent un peu plus souvent en ville, en particulier dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville, lesquels sont fortement dotés en logements à loyer modéré. [Hurard, Vignolles, 2025 ; pour en savoir plus (3)].

En outre, les personnes sans emploi (hors élèves, étudiants et retraités) sont, en proportion, moins diplômées : 22,2 % des chômeurs de courte période, 30,5 % des chômeurs de longue durée et 42,6 % des inactifs n’ont aucun diplôme. Cette proportion est de 8,0 % parmi les personnes en emploi.

La répartition par âge des chômeurs de longue durée est relativement similaire à celle des personnes en emploi. En revanche, les chômeurs de courte durée sont plus jeunes (30,3 % sont âgés de 15 à 24 ans contre seulement 10,4 % des personnes en emploi), tandis que les inactifs (hors élèves, étudiants et retraités) sont plus âgés (29,8 % ont entre 55 et 64 ans contre 16,9 %).

Il n’existe pas de spécificité de genre parmi les chômeurs qui comptent presque autant de femmes que d’hommes, quelle que soit l’ancienneté au chômage. En revanche, près de deux inactifs (hors élèves, étudiants et retraités) sur trois sont des femmes. Cette catégorie comporte, entre autres, les personnes se déclarant « au foyer ». Ces dernières sont quasiment exclusivement des femmes.

En l’absence de revenu du travail et donc avec un niveau de vie souvent plus modeste, les personnes sans emploi (hors élèves, étudiants et retraités) sont également plus souvent locataires : deux tiers d’entre elles contre un tiers seulement des personnes en emploi.

Enfin, dans la moitié des situations, ces personnes sans emploi vivent seules contre moins d’un tiers (30,8 %) des personnes en emploi.

En Normandie, un sans-emploi sur cinq (hors élèves, étudiants et retraités) n’a jamais eu d’expérience professionnelle, une proportion comparable à celle de la France métropolitaine hors Île-de-France. Cette population se décompose en deux sous-groupes. Le premier est constitué de personnes au chômage après leur sortie d’études (32 %), une situation légèrement plus fréquente dans la région qu’en France métropolitaine hors Île-de-France (28 % ; figure 4). Le second recouvre les personnes se déclarant inactives et n’ayant jamais travaillé (68 %).

Parmi les personnes sans emploi ayant déjà travaillé, les anciens ouvriers et employés sont un peu plus représentés dans la région qu’en France métropolitaine hors Île-de-France (respectivement 76 % contre 73 %). Ces spécificités sont identiques à celles observées sur l’ensemble de la population, la région demeurant parmi les plus industrielles et avec le moins de cadres au sein de l’ensemble national. Enfin, l’incidence de la catégorie socioprofessionnelle du conjoint apparaît comme limitée sur le fait qu’une personne soit sans emploi.