Insee Analyses Normandie · Février 2025 · n° 137

En 2024, 222 000 Normands vivent dans les 63 quartiers de la nouvelle géographie prioritaire

En 2024, 222 000 Normands vivent dans l’un des 63 quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) du territoire, soit 6,7 % de la population régionale. La Normandie se place en 5^e position des régions métropolitaines pour cette part, 1,4 point en dessous de la moyenne nationale et dans des proportions similaires aux régions Occitanie et Centre-Val de Loire. Les quartiers prioritaires sont, par construction, exclusivement urbains. Ainsi, la région Normandie, davantage rurale accueille 4 % de l’ensemble des résidents en QPV de France métropolitaine, tandis qu’elle représente 5 % de la population hexagonale.

122 200 personnes résident dans un QPV de Seine-Maritime. Ce département, à dominante urbaine, accueille la moitié des habitants des QPV de la région. Il se classe aussi au 10^e rang des départements métropolitains comptant le plus d’habitants en QPV alors qu’il se positionne au 17^e rang pour l’ensemble de la population. Les intercommunalités de la Métropole Rouen Normandie et du Havre Seine Métropole (figure 1) comportent 23 QPV dans lesquels résident 110 500 habitants. Par ailleurs, l’intercommunalité du Havre présente la plus forte part d’habitants en QPV dans sa population totale (17 %), loin devant celles de Dieppe et d’Alençon qui avoisinent les 10 %.

Dans les autres départements normands, la population vivant en QPV est bien plus faible : 36 500 dans l’Eure (6,1 % de la population), 31 900 dans le Calvados (4,6 %), 16 300 dans l’Orne (5,9 %) et 14 700 dans la Manche (3,0 %).

Les quartiers prioritaires normands sont de tailles diverses, allant de seulement 987 habitants au Quartier du Stade de Bernay, à 16 022 habitants à Caucriauville Soquence (au Havre ; figure 2). Mais la majorité des QPV de la région comprennent entre 1 000 et 3 000 habitants, en Normandie comme en France métropolitaine.

Les contours de la géographie prioritaire sont déterminés selon le seul critère du revenu. En 2024, le niveau de vie médian des QPV normands avoisine les 1 200 euros par mois, un niveau assez similaire aux autres QPV métropolitains, mais très inférieur aux 1 900 euros mensuels que représente le niveau de vie médian de l’ensemble des Normands. De ce fait, les habitants des QPV normands sont trois fois plus en situation de pauvreté monétaire que l’ensemble des Normands (46 % contre 14 %). Dans les QPV normands, les revenus des résidents sont composés pour près de 25 % de prestations sociales contre 6 % pour l’ensemble des Normands. La part des revenus d’activité n’y est que de 56 %, tandis qu’elle représente plus de 70 % des revenus pour tous les Normands.

Cette part importante des prestations sociales est notamment un effet du fort taux de chômage dans les QPV (33 % des actifs contre 13 % pour l’ensemble des Normands). Par ailleurs, les jeunes de 16 à 25 ans y sont deux fois plus souvent sans emploi ou sortis du système scolaire (31 % contre 16 %). Ces difficultés résultent en partie d’un plus faible niveau de diplôme en QPV où 44 % des habitants n’ont aucun diplôme, 20 points de plus que dans la région. En outre, les emplois occupés par les résidents de ces territoires sont bien plus fréquemment des postes précaires : 29 % des habitants sont en emploi à durée limitée contre 15 % de l’ensemble des Normands, et 26 % occupent un emploi à temps partiel (contre 16 %).

Dans les quartiers prioritaires normands, 38 % des ménages sont des familles monoparentales, une part deux fois plus élevée que dans l’ensemble de la région. De plus, alors que la Normandie présente un indice de jeunesse de 0,8 jeune de moins de 20 ans par personne de plus de 60 ans, les quartiers prioritaires ont un indice de jeunesse de 1,6. Ce niveau est légèrement inférieur à celui de l’ensemble des QPV de France métropolitaine (1,8). Dans un contexte national et régional de vieillissement de la population, les habitants des QPV se démarquent ainsi par un profil nettement plus jeune. Les quartiers prioritaires accueillent aussi une part plus importante de population étrangère (17 % contre un peu plus de 3 % en Normandie), un niveau qui reste néanmoins bien en deçà des autres QPV hexagonaux (23 %).

Les ménages résidant en QPV sont également confrontés à un certain nombre de difficultés liées au logement. Les résidents occupent en effet plus fréquemment un logement sur-occupé (7 % contre 2 % dans la région) et demeurent aussi plus longtemps dans leur logement (39 % de la population en QPV habite dans son logement depuis 10 ans ou plus, contre 28 % des Normands).

Les QPV normands se distinguent par une pauvreté monétaire plus forte que dans l’ensemble des QPV hexagonaux (+2 points). Le quartier La Madeleine – Maréchal Leclerc de L’Aigle apparaît ainsi parmi les plus concernés de France métropolitaine (15^e rang sur 1 362) et fait partie des 6 QPV normands qui figurent parmi les 100 quartiers les plus pauvres.

Facteur majeur de précarité, le taux de chômage est significativement plus élevé dans les QPV normands, cinq points supérieur à celui des QPV de France métropolitaine (+2 points par rapport à la France hors Île-de-France). L’unique QPV de L’Aigle apparaît de nouveau parmi les plus touchés de France (29^e rang), accompagné par les quartiers du Parc du Robec (Darnétal : 46^e) et du Chemin Vert (Caen : 47^e). En matière d’emploi, les QPV normands comportent également plus de jeunes de 16 à 25 ans n’étant ni en emploi ni en étude (+4 points par rapport aux QPV de l’Hexagone), plus d’emplois à durée limitée (+6 points) et plus souvent à temps partiel (+4 points).

Les QPV normands se distinguent enfin par une plus grande part de familles monoparentales (38 % contre 33 % dans tous les QPV de France métropolitaine). Le quartier de L’Europe à Pont-Audemer se positionne d’ailleurs au 1^er rang de France métropolitaine, avec près de 67 % de familles monoparentales, devant les quartiers Claires Fontaines (Coutances ; 61 %) et Bléville (Le Havre ; 53 %) aux 4^e et 12^e rangs.

À l’inverse, les QPV normands comptent deux fois moins de logements sur-occupés (7 % contre 14 %) et nettement moins d’étrangers (17 % contre 23 %).