Pas de confiance, un peu de croissance Note de conjoncture - septembre 2025

 

Note de conjoncture
Paru le :Paru le11/09/2025
Note de conjoncture- Septembre 2025
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Comment se comparent les approches directe et ascendante pour prévoir le PIB du trimestre courant ?

La prévision de la croissance du PIB de la France pour le trimestre en cours peut reposer soit sur une approche « directe », soit sur une approche « ascendante », fondée sur des prévisions réalisées à un niveau fin pour les différents postes de l’offre et de la demande. Ces deux types de méthodes peuvent être mis en œuvre à n’importe quel moment du trimestre et reposent sur le même ensemble d’informations conjoncturelles : d’une part les indicateurs quantitatifs disponibles (en général mensuels), d’autre part des indicateurs qualitatifs issus principalement des enquêtes de conjoncture. En revanche, ces deux approches se distinguent l’une de l’autre par la manière dont cette information est exploitée pour la prévision : dans l’approche directe, la croissance du PIB du trimestre en cours est directement prévue à partir de ces séries conjoncturelles, alors que la prévision par approche ascendante nécessite de reproduire la mécanique de construction des comptes trimestriels, éventuellement de façon simplifiée.

Les prévisions de la Note de conjoncture, publiée en général au milieu du troisième mois du trimestre, reposent sur une approche ascendante, ce qui permet de formuler un diagnostic conjoncturel précis, en analysant le comportement des différentes opérations des différentes branches d’activité. Pour chaque exercice de prévision, un modèle comptable interne au département de la conjoncture de l’Insee permet de répliquer la mécanique des comptes trimestriels en agrégeant les prévisions fines sur chaque poste. Se pose toutefois la question de la performance d’une telle approche pour prévoir le PIB par rapport à celle des approches directes. Afin d’étudier les performances relatives des deux approches, un nouveau modèle de prévision ascendant de la croissance du PIB de la France, inspiré du « GDPnow » de la Réserve Fédérale d’Atlanta, a été mis au point dans le cadre de cette étude. Dans un premier temps, les mois manquants des indicateurs utilisés dans les comptes trimestriels pour chaque opération comptable sont estimés à partir de modèles statistiques de prévision s’appuyant sur les enquêtes de conjoncture. Dans un deuxième temps, les opérations comptables élémentaires des comptes trimestriels sont reconstituées à partir des indicateurs prévus : la qualité de ces reconstitutions varie selon les opérations. Enfin, la troisième étape consiste à passer des opérations comptables au PIB. Du fait de la simplification du cadre comptable utilisé en prévision par rapport à celui utilisé dans la construction des comptes trimestriels, cette étape est affectée d’une erreur moyenne d’agrégation, faible mais non négligeable. Les performances de cette approche ascendante sont comparées à celles d’approches directes à différents moments du trimestre, en utilisant le même ensemble d’informations. Cet exercice de comparaison a une visée principalement pédagogique : en pratique, l’approche ascendante utilisée par l’Insee pour sa Note de conjoncture est plus sophistiquée que celle présentée ici, et repose à la fois sur l’exploitation des enquêtes de conjoncture, sur une analyse fine des multiples indicateurs conjoncturels d’activité, ainsi que sur des modèles économiques comportementaux.

En début de trimestre, l’approche directe est légèrement plus performante que l’approche ascendante : en effet, peu d’indicateurs quantitatifs sont alors disponibles et la plus-value que représente l’utilisation d’un cadre comptable complet est limitée par rapport à un modèle direct, naturellement plus parcimonieux. À partir de la fin du deuxième mois en revanche, les indicateurs quantitatifs disponibles deviennent plus nombreux et l’approche ascendante présente des performances légèrement meilleures que l’approche directe estimée dans cette étude, c’est en particulier le cas au moment de la publication de la Note de conjoncture. Enfin, la différence de performance entre les deux approches est nette entre la fin du trimestre et la publication des premières estimations des comptes trimestriels trente jours plus tard : au cours de cette période, il est largement préférable d’exploiter l’information disponible via une approche ascendante plutôt que par une approche directe.

Il est par ailleurs possible d’étudier, sur un grand nombre de trimestres, l’évolution de la prévision de croissance par approche ascendante au fil du trimestre. Cela permet en particulier de quantifier la volatilité de la prévision de croissance à différents moments du trimestre, et de calculer les contributions relatives des indicateurs quantitatifs disponibles et des enquêtes de conjoncture à cette volatilité. En début de trimestre, la volatilité de la prévision est faible car elle repose essentiellement sur les enquêtes de conjoncture. Cette volatilité augmente au fil du trimestre, au fur et à mesure que les indicateurs quantitatifs disponibles sont intégrés à la prévision. Ce sont en particulier l’indice de production industrielle et les indices de chiffre d’affaires qui alimentent cette volatilité : d’une part ces indicateurs sont eux-mêmes volatiles, d’autre part l’élasticité de la croissance du PIB à ces indicateurs est élevée...

Note de conjoncture

Paru le :11/09/2025