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Insee Flash Centre-Val de Loire · Avril 2025 · n° 96
Insee Flash Centre-Val de LoireEn 20 ans, la proportion d’actifs des couronnes des aires d’attraction des villes se déplaçant pour aller travailler a augmenté

Alexis Collard (Insee)

En 2021, 730 000 personnes quittent leur commune de résidence pour se rendre sur leur lieu de travail, soit près de sept actifs occupés du Centre‑Val de Loire sur dix. Les mobilités domicile‑travail concernent davantage les actifs des couronnes des aires d’attraction des villes. La proportion de navetteurs y augmente le plus depuis 1999. Plus de la moitié des actifs occupés des couronnes travaillent au‑dehors. Depuis 2010, la population croît davantage dans les communes des pôles situées à proximité immédiate des communes-centres que dans les communes des couronnes. Cette évolution traduit un changement dans la dynamique de la périurbanisation. D’abord étendue à des territoires toujours plus éloignés des pôles, elle tend désormais à se recentrer contribuant au ralentissement de l’étalement urbain.

Insee Flash Centre-Val de Loire
No 96
Paru le :Paru le03/04/2025
Étalement urbain en Centre‑Val de Loire

L’étalement urbain correspond à une progression des surfaces urbanisées en périphérie des villes sous l’effet d’un accroissement démographique et de l’implantation de nouvelles activités économiques. Ce phénomène est en particulier favorisé par l’essor des mobilités individuelles et l’attrait pour la maison individuelle. L’étalement urbain est étudié sur vingt ans, depuis 1999. Cette publication qui étudie donc les villes, leurs pôles d’emploi et leurs territoires d’influences selon une approche fonctionnelle du territoire est complémentaire de l’analyse proposée dans la publication Insee Analyses no 123 (Depuis 1999, près d’une unité urbaine sur trois s’est étendue ou est nouvellement créée), sur les unités urbaines qui repose sur une approche morphologique de la ville, basée sur la continuité du bâti.

Près de sept actifs en emploi sur dix travaillent en dehors de leur commune de résidence

En vingt ans, la part des actifs qui travaillent là où ils vivent a diminué. En 2021, près de sept actifs occupés sur dix (69,9 %) exercent leur emploi en dehors de leur commune de résidence dans la région, contre 60,2 % en 1999 (figure 1). Cette hausse permet d’apprécier dans une certaine mesure l’étalement urbain dans la mesure où cette tendance va de pair avec une installation dans les communes périphériques des pôles d’emploi. Le Centre‑Val de Loire se place au 4e rang des régions de France métropolitaine hors Île‑de‑France où la part de parmi les actifs en emploi est la plus élevée (66,7 %). Cette proportion est plus haute dans les Hauts‑de‑France, le Grand Est et la Normandie. La proximité avec la région Île‑de‑France où une part importante de navetteurs se rend pour travailler contribue à expliquer ce constat. Depuis 1999, la part de navetteurs progresse de 9,7 points, davantage qu’en France métropolitaine hors Île‑de‑France (+8,1 points).

Figure 1Évolution de la part des actifs occupés qui travaillent en dehors de leur commune de résidence

(en %)
Évolution de la part des actifs occupés qui travaillent en dehors de leur commune de résidence ((en %))
Aire d’attraction des villes 1999 2010 2021
Commune-centre 33,4 38,5 38,9
Autre commune du pôle 72,8 75,5 77,2
Commune de la couronne 72,2 78,0 81,1
Commune hors d'attraction des villes 58,6 67,9 73,4
Ensemble 60,2 66,8 69,9
  • Champ : Personnes âgées de 15 à 64 ans en emploi qui résident dans la région Centre-Val de Loire.
  • Source : Composition communale des aires d’attraction des villes 2021, Recensements de la population 1999, 2010 et 2021.

Plus de la moitié des actifs en emploi quittent les couronnes où ils résident pour se rendre sur leur lieu de travail

Plus de la moitié de la régionale (53,5 %) réside dans les couronnes des en 2021. Dans le même temps, environ quatre personnes en emploi sur dix (38,5 %) y travaillent. La part de la population active vivant dans ces couronnes a augmenté plus fortement (+4,2 points) que celle des actifs en emploi y exerçant leur activité (+1,4 point) entre 1999 et 2021.

Les couronnes des AAV accueillent plus d’habitants que d’emplois. Avec 60 emplois pour 100 résidents actifs, le est relativement faible et en baisse depuis 1999 dans ces espaces (-4 points). Dans les pôles des AAV, ce taux est beaucoup plus élevé et augmente (123 emplois pour 100 actifs résidents, soit 10 points de plus qu’en 1999), en particulier dans les communes‑centres (137 emplois pour 100 actifs résidents, soit 12 points de plus qu’en 1999). En d’autres termes en deux décennies, la vocation de pôle d’emploi des pôles urbains s’est renforcée tout comme le caractère résidentiel des couronnes périurbaines.

Les navetteurs quittent plus fréquemment les couronnes pour rejoindre leur lieu de travail que vingt ans auparavant. En 1999, la moitié des actifs en emploi qui résident dans la couronne d’une AAV travaillent hors de cette couronne. En 2021, ils sont près de 56 % dans cette situation (figure 2).

Figure 2Évolution de la répartition des lieux de travail selon le lieu de vie des actifs en emploi

(en %)
Évolution de la répartition des lieux de travail selon le lieu de vie des actifs en emploi ((en %)) - Lecture : En 2021, 60,9 % des actifs en emploi qui résident dans la commune centre d’une aire d’attraction des villes y travaillent ; 44,2 % de ceux qui résident dans une commune de la couronne travaillent également dans cette couronne (dans leur commune de résidence ou une autre commune de la couronne).
Lieu de résidence Année Lieu de travail
Commune-centre du pôle de l’aire d’attraction des villes de résidence Autre commune du pôle de l’aire d’attraction des villes de résidence Commune de la couronne de l’aire d’attraction des villes de résidence Hors de l’aire d’attraction des villes de résidence
Commune-centre 1999 66,6 8,4 12,1 12,9
2021 60,9 8,4 13,5 17,1
Autre commune du pôle 1999 34,8 42,0 14,1 9,1
2021 32,7 38,4 17,6 11,4
Commune de la couronne 1999 24,4 9,8 50,0 15,8
2021 24,1 12,0 44,2 19,7
  • Lecture : En 2021, 60,9 % des actifs en emploi qui résident dans la commune centre d’une aire d’attraction des villes y travaillent ; 44,2 % de ceux qui résident dans une commune de la couronne travaillent également dans cette couronne (dans leur commune de résidence ou une autre commune de la couronne).
  • Champ : Personnes âgées de 15 à 64 ans en emploi qui résident dans une aire d’attraction des villes de la région Centre-Val de Loire.
  • Source : Composition communale des aires d’attraction des villes 2021, Recensements de la population 1999 et 2021.

Figure 2Évolution de la répartition des lieux de travail selon le lieu de vie des actifs en emploi

  • Lecture : En 2021, 60,9 % des actifs en emploi qui résident dans la commune centre d’une aire d’attraction des villes y travaillent ; 44,2 % de ceux qui résident dans une commune de la couronne travaillent également dans cette couronne (dans leur commune de résidence ou une autre commune de la couronne).
  • Champ : Personnes âgées de 15 à 64 ans en emploi qui résident dans une aire d’attraction des villes de la région Centre-Val de Loire.
  • Source : Composition communale des aires d’attraction des villes 2021, Recensements de la population 1999 et 2021.

La densité de population augmente plus fortement en périphérie des grandes villes

Le desserrement de la population et des activités, c’est-à-dire le déplacement du centre vers la périphérie des villes, entraîne l’allongement des distances domicile-travail. Une part plus importante de personnes résident en dehors des pôles que vingt ans auparavant. Entre 1999 et 2021, la population augmente plus dans les couronnes (+12,9 %). Elle progresse moins dans les communes des pôles des AAV à proximité immédiate des communes‑centres (+6,3 %). La hausse de la population régionale de ces communes des pôles à proximité immédiate des communes-centres est uniquement portée par les aires de plus de 200 000 habitants (respectivement +13,0 % et +13,2 % dans les aires de Tours et Orléans). Contrairement à la tendance observée en France métropolitaine hors Île‑de‑France (+4 %), la population régionale diminue dans les communes‑centres des pôles (-5,1 %).

En 2021, les communes des couronnes comptent près de 50 habitants par km2. La densité de population des couronnes augmente (+5 habitants supplémentaires par km2 depuis 1999), comme celle des communes des pôles à proximité immédiate des communes‑centres. Avec plus de 675 habitants par km2, la densité de population de ces communes des pôles à proximité immédiate des communes‑centres est la plus élevée en 2021, dépassant celle des communes‑centres (625 habitants par km2). En 1999, ces deux types de communes présentaient pourtant une densité de population similaire au sein des pôles, avoisinant 630 habitants par km2. Par ailleurs, la densité de population augmente plus à proximité des grandes villes de la région (figure 3), en particulier le long de l’axe ligérien et entre Orléans et Chartres. Dans les autres territoires, la densité de population baisse, notamment entre Vendôme et Châteaudun et à proximité des aires de Châteauroux et Bourges.

Figure 3Variation lissée des densités de population entre 1999 et 2021

  • Les données de la carte ne peuvent pas être diffusées car elles ont été lissées.
  • Source : Composition communale des aires d’attraction des villes 2021, Recensements de la population 1999 et 2021.

La population des communes des pôles à proximité immédiate des communes‑centres croît plus vite sur la période récente que celle des couronnes

L’évolution de la population en périphérie des grandes villes diffère selon les périodes. Jusqu’en 2010, la hausse de la population est particulièrement marquée dans les couronnes (+9,8 %), avec plus de 115 000 habitants supplémentaires. Entre 2010 et 2021, cette croissance est moins importante qu’à la période précédente (+2,8 %) et ralentit au fil des années (+2,5 % entre 2010 et 2015 contre +0,2 % entre 2015 et 2021).

À l’inverse, les communes situées à proximité immédiate des communes‑centres connaissent un regain de croissance démographique. Entre 1999 et 2010, leur population reste stable (+0,9 % entre 1999 et 2010). Elle progresse entre 2010 et 2021 (+5,3 %). Cette croissance est régulière, avec une hausse de +3,0 % entre 2010 et 2015 et de +2,3 % entre 2015 et 2021. L’augmentation de la population dans les communes des pôles à proximité immédiate des communes‑centres entre 2010 et 2021 est près de deux fois plus importante que celle dans les communes des couronnes. Cette évolution reflète un changement dans la dynamique de la périurbanisation. Longtemps marquée par une extension continue vers des territoires de plus en plus éloignés des pôles, elle se caractérise désormais par une croissance démographique davantage recentrée dans les communes des pôles situées à proximité immédiate des communes‑centres.

Publication rédigée par :Alexis Collard (Insee)

Sources

Le recensement de la population fournit des informations sur la population et leurs caractéristiques : répartition par sexe et âge, professions exercées, conditions de logement, modes de transport, déplacements domicile‑travail. Les personnes en emploi au sens du recensement de la population sont celles ayant déclaré avoir un emploi dans le formulaire du recensement.

Définitions

Les navetteurs sont les personnes ayant un emploi (ou actifs occupés) qui ne travaillent pas dans leur commune de résidence.

La population active au sens du recensement correspond aux personnes en emploi (population active occupée) auxquelles s’ajoutent les chômeurs en recherche d’emploi.

Une aire d’attraction des villes (AAV) définit l’étendue de l’influence d’une ville sur les communes environnantes, mesurée par les déplacements domicile‑travail. Une aire est un ensemble de communes, d’un seul tenant et sans enclave, constitué d’un pôle de population et d’emploi, et d’une couronne qui regroupe les communes dont au moins 15 % des actifs travaillent dans le pôle. Au sein du pôle, la commune la plus peuplée est appelée commune‑centre. Une commune hors attraction des villes est une commune située hors des pôles et des couronnes des aires d’attraction des villes.

Le taux de couverture de l’emploi est le rapport entre le nombre d’emplois et le nombre d’actifs résidents.

Pour en savoir plus

(1) Retrouvez davantage de données associées à cette publication en téléchargement.

(2) Collard A., « Depuis 1999, près d’une unité urbaine sur trois s’est étendue ou est nouvellement créée », Insee Analyses Centre‑Val de Loire no 123, avril 2025.

(3) Coudray C., Tillard T., « Une population stable dans la région, croissante dans les deux métropoles », Insee Flash Centre‑Val de Loire no 94, décembre 2024.

(4) Ménard B., Movellan J-B., Tillard T., Olivier J., Leconte E., « En Centre‑Val de Loire, près de 70 % des trajets courts pour aller au travail sont effectués en voiture », Insee Analyses Centre‑Val de Loire no 116, novembre 2024.

(5) Coudène M., Levy D., « De plus en plus de personnes travaillent en dehors de leur commune de résidence », Insee Première no 1605, juin 2016.

(6) Chaumeron S., Lécroart A., « Le trajet médian domicile‑travail augmente de moitié en vingt ans pour les habitants du rural », Insee Première no 1948, mai 2023.