Insee Première ·
Mars 2025 · n° 2042
Forte hausse attendue de la demande de services à la personne d’ici 2050
En France métropolitaine, en Martinique et à La Réunion, 3,9 millions de ménages ont recours aux services à la personne en 2019, soit 13,8 % de l’ensemble des ménages. Dans l’Hexagone, le taux de recours à ces services est plus marqué dans les départements de l’Ouest. Il est plus faible en Martinique et à La Réunion.
Ces écarts s’expliquent en partie par les caractéristiques des populations : les ménages âgés et ceux dont le niveau de vie est élevé utilisent davantage les services à la personne. Le vieillissement de la population a ainsi fortement contribué à la hausse du nombre de ménages utilisateurs (+7,5 %) par rapport à 2013, plus marquée que celle de l’ensemble des ménages (+4,5 %).
Cette croissance se poursuivrait dans les années à venir, de manière plus prononcée sur la façade atlantique et dans le Sud-Est. D’ici 2050, dans le scénario central, 5 millions de ménages utiliseraient ces services en France métropolitaine, en Martinique et à La Réunion.
- Davantage de recours aux services à la personne dans l’ouest de l’Hexagone
- Un recours nettement plus fréquent pour les ménages les plus âgés et les plus aisés
- Pour les personnes âgées, un recours plus faible en présence de potentiels aidants familiaux
- Le vieillissement de la population, moteur de la hausse du recours aux services à la personne
- Une hausse du recours aux services à la personne plus forte sur la façade atlantique et dans le Sud-Est
- Encadré – Des centaines de milliers de salariés à former et à recruter d’ici 2050
Davantage de recours aux services à la personne dans l’ouest de l’Hexagone
En 2019, 3,9 millions de ménages ont recours aux services à la personne en France métropolitaine, en Martinique et à La Réunion (sources). Cela représente 13,8 % de l’ensemble des ménages qui y résident. Entre 2013 et 2019, le nombre de ménages utilisateurs de services à la personne a augmenté de 270 000. Portée principalement par le vieillissement de la population, cette hausse a été plus rapide que celle de l’ensemble des ménages (+7,5 % contre +4,5 %).
En 2019, le fort recours des ménages résidant à l’Ouest de l’Hexagone contraste avec une utilisation nettement moins fréquente dans l’Est, en Corse, en Martinique et à La Réunion (figure 1).
tableauFigure 1 – Taux de recours aux services à la personne en 2019, par département
Code de département | Département | Taux de recours |
---|---|---|
1 | Ain | 14,0 |
2 | Aisne | 11,3 |
3 | Allier | 14,8 |
4 | Alpes-de-Haute-Provence | 11,0 |
5 | Hautes-Alpes | 10,2 |
6 | Alpes-Maritimes | 10,1 |
7 | Ardèche | 14,5 |
8 | Ardennes | 10,5 |
9 | Ariège | 13,9 |
10 | Aube | 12,6 |
11 | Aude | 12,0 |
12 | Aveyron | 17,9 |
13 | Bouches-du-Rhône | 10,2 |
14 | Calvados | 15,3 |
15 | Cantal | 15,6 |
16 | Charente | 15,7 |
17 | Charente-Maritime | 16,1 |
18 | Cher | 13,6 |
19 | Corrèze | 18,2 |
21 | Côte-d'Or | 14,4 |
22 | Côtes-d'Armor | 17,8 |
23 | Creuse | 15,3 |
24 | Dordogne | 16,2 |
25 | Doubs | 12,0 |
26 | Drôme | 14,6 |
27 | Eure | 12,0 |
28 | Eure-et-Loir | 12,9 |
29 | Finistère | 17,3 |
2A | Corse-du-Sud | 7,2 |
2B | Haute-Corse | 6,4 |
30 | Gard | 12,1 |
31 | Haute-Garonne | 14,2 |
32 | Gers | 15,5 |
33 | Gironde | 14,8 |
34 | Hérault | 12,4 |
35 | Ille-et-Vilaine | 16,6 |
36 | Indre | 14,4 |
37 | Indre-et-Loire | 16,6 |
38 | Isère | 13,4 |
39 | Jura | 13,4 |
40 | Landes | 15,5 |
41 | Loir-et-Cher | 16,5 |
42 | Loire | 15,0 |
43 | Haute-Loire | 15,4 |
44 | Loire-Atlantique | 17,5 |
45 | Loiret | 14,3 |
46 | Lot | 16,0 |
47 | Lot-et-Garonne | 14,9 |
48 | Lozère | 12,1 |
49 | Maine-et-Loire | 19,0 |
50 | Manche | 18,2 |
51 | Marne | 13,5 |
52 | Haute-Marne | 12,4 |
53 | Mayenne | 19,6 |
54 | Meurthe-et-Moselle | 11,8 |
55 | Meuse | 11,2 |
56 | Morbihan | 17,4 |
57 | Moselle | 11,3 |
58 | Nièvre | 13,2 |
59 | Nord | 12,8 |
60 | Oise | 9,9 |
61 | Orne | 16,1 |
62 | Pas-de-Calais | 12,2 |
63 | Puy-de-Dôme | 14,7 |
64 | Pyrénées-Atlantiques | 17,2 |
65 | Hautes-Pyrénées | 14,5 |
66 | Pyrénées-Orientales | 11,8 |
67 | Bas-Rhin | 13,4 |
68 | Haut-Rhin | 13,6 |
69 | Rhône | 14,3 |
70 | Haute-Saône | 11,8 |
71 | Saône-et-Loire | 15,4 |
72 | Sarthe | 16,1 |
73 | Savoie | 11,5 |
74 | Haute-Savoie | 10,5 |
75 | Paris | 17,9 |
76 | Seine-Maritime | 13,4 |
77 | Seine-et-Marne | 10,1 |
78 | Yvelines | 17,4 |
79 | Deux-Sèvres | 18,5 |
80 | Somme | 12,4 |
81 | Tarn | 17,8 |
82 | Tarn-et-Garonne | 14,4 |
83 | Var | 11,2 |
84 | Vaucluse | 12,0 |
85 | Vendée | 19,8 |
86 | Vienne | 16,5 |
87 | Haute-Vienne | 16,4 |
88 | Vosges | 12,2 |
89 | Yonne | 12,4 |
90 | Territoire de Belfort | 11,5 |
91 | Essonne | 11,8 |
92 | Hauts-de-Seine | 17,9 |
93 | Seine-Saint-Denis | 5,7 |
94 | Val-de-Marne | 11,0 |
95 | Val-d'Oise | 9,4 |
971 | Guadeloupe | nd |
972 | Martinique | 6,6 |
973 | Guyane | nd |
974 | La Réunion | 7,4 |
976 | Mayotte | nd |
/// | France métropolitaine, Martinique et La Réunion | 13,8 |
- /// : absence de résultat due à la nature des choses ; nd : non disponible.
- Lecture : En 2019, dans les Pyrénées-Atlantiques, 17,2 % des ménages ont recours aux services à la personne.
- Champ : Ensemble des foyers fiscaux déclarant avoir recours aux services à la personne en France métropolitaine, en Martinique et à La Réunion.
- Source : Insee, Filosofi 2019.
graphiqueFigure 1 – Taux de recours aux services à la personne en 2019, par département

- Lecture : En 2019, dans les Pyrénées-Atlantiques, 17,2 % des ménages ont recours aux services à la personne.
- Champ : Ensemble des foyers fiscaux déclarant avoir recours aux services à la personne en France métropolitaine, en Martinique et à La Réunion.
- Source : Insee, Filosofi 2019.
Au sein des aires d’attraction des villes, le taux de recours est plus fort dans les couronnes que dans les pôles. Ainsi, 16,0 % des ménages de la couronne de l’agglomération toulousaine recourent aux services à la personne, contre 12,9 % des ménages du pôle toulousain et 13,8 % des occitans habitant en dehors des aires d’attraction des villes, ce qui s’explique par des différences entre les caractéristiques des populations peuplant ces territoires.
En 2019, en France métropolitaine, en Martinique et à La Réunion, la moitié des ménages utilisateurs ont dépensé plus de 1 430 euros (dépense médiane). Cependant, ces montants varient très fortement d’un ménage à l’autre : les 10 % des ménages qui dépensent le plus y consacrent 5 510 euros. Cette somme est 24 fois supérieure à celle des 10 % des ménages qui dépensent le moins.
Parmi les utilisateurs, la dépense médiane est nettement supérieure à la médiane nationale en Martinique (2 200 euros) et à La Réunion (2 430 euros), alors que le taux de recours y est faible. De manière générale, plus le recours est répandu dans un territoire, moins l’usage est intensif. Ainsi, si le taux de recours est nettement supérieur à la moyenne nationale en Bretagne, seule la moitié des ménages de cette région y consacre plus de 1 160 euros en 2019. Le recours est en revanche nettement plus rare en Corse, mais la moitié des ménages concernés dépensent plus de 1 660 euros, et ce montant dépasse même 7 310 euros pour 10 % d’entre eux.
En Île-de-France la dépense médiane est la plus élevée de l’Hexagone (2 240 euros). Tous les départements de cette région se situent au-dessus de la médiane nationale, alors que les taux de recours y sont très hétérogènes, avec des taux parmi les plus élevés de France (Paris, Hauts-de-Seine) et d’autres parmi les plus bas (Seine-Saint-Denis, Val-d’Oise).
Un recours nettement plus fréquent pour les ménages les plus âgés et les plus aisés
Le recours aux services à la personne augmente avec le niveau de vie (figure 2). Si les écarts en bas et au milieu de la distribution des revenus restent faibles, les ménages les plus aisés se détachent nettement des autres. En particulier, parmi les 10 % de ménages les plus aisés, 40 % ont recours à ces services. Les montants dépensés suivent une tendance similaire. Ainsi, l’usage par les ménages aisés ne se limiterait pas à satisfaire des besoins essentiels, comme pallier une perte d’autonomie, mais pourrait aussi s’inscrire dans une recherche d’un meilleur confort de vie [Ouvrir dans un nouvel ongletBenoteau, Goin, 2015], ou d’une meilleure conciliation entre vie familiale et vie professionnelle, avec une aide pour les tâches domestiques et la garde d’enfants par exemple.
graphiqueFigure 2 – Taux de recours aux services à la personne en 2019, selon l’âge et le niveau de vie

- Lecture : En France métropolitaine, en Martinique et à La Réunion, 68 % des ménages dont le niveau de vie est supérieur au 9e décile et dont la personne de référence a 80 ans ou plus ont recours aux services à la personne en 2019.
- Champ : Ensemble des foyers fiscaux déclarant avoir recours aux services à la personne en France métropolitaine, en Martinique et à La Réunion.
- Source : Insee, Filosofi 2019.
Les ménages dont la personne de référence a 80 ans ou plus se distinguent par un taux de recours très élevé (41 %). L’assistance aux personnes âgées ou dépendantes constitue la principale activité des organismes prestataires [Ouvrir dans un nouvel ongletDares, 2023]. Le recours est facilité par l’existence d’aides sociales pour le maintien à domicile des personnes âgées. Ainsi, l’usage de services à la personne est supérieur à celui de l’ensemble de la population même pour les ménages âgés les plus modestes (20 % des 10 % de ménages âgés les plus modestes ont recours aux services à la personne) et il progresse fortement dès le bas de la distribution des revenus. Par rapport aux autres tranches d’âge, le recours des ménages âgés semble davantage tourné vers la satisfaction de besoins essentiels.
L’Île-de-France diffère des autres régions par une forte proportion de ménages aux revenus très élevés : 10 % d’entre eux y ont un niveau de vie annuel supérieur à 49 100 euros en 2019, soit 10 000 euros de plus que pour l’ensemble de la France métropolitaine, de la Martinique et de La Réunion. Cette situation contribue à accroître le recours aux services à la personne. Cependant, l’Île-de-France se distingue aussi par la jeunesse de sa population, ce qui a au contraire tendance à freiner ce recours. La Nouvelle-Aquitaine se caractérise par une situation inverse, avec une population âgée favorisant un taux de recours élevé, mais un niveau de vie relativement modeste des ménages qui l’atténue.
Dans d’autres régions, les effets de l’âge et du niveau de vie vont dans le même sens. C’est le cas des Hauts-de-France qui combinent une population jeune et des ménages au faible niveau de vie. Ces particularités contribuent au taux de recours relativement bas (12,1 %) de cette région.
Pour les personnes âgées, un recours plus faible en présence de potentiels aidants familiaux
Le recours aux services à la personne dépend également de la composition des ménages et du mode de cohabitation. Lorsque la personne de référence a moins de 65 ans, les familles avec enfants font plus souvent appel aux services à la personne que les ménages sans enfants. Au-delà de la garde de jeunes enfants à domicile, cette tendance s’explique par des besoins d’accompagnement scolaire ou d’aide aux tâches ménagères accrus. Les jeunes familles monoparentales, également concernées par ces besoins, utilisent pourtant moins ces services que les couples. Leurs moyens financiers, souvent plus faibles, peuvent l’expliquer.
À l’inverse, pour les ménages plus âgés, le recours aux services à la personne est moindre en présence d’enfants, souvent majeurs, dans le foyer. En effet, les enfants représentent plus de la moitié des proches aidants d’une personne âgée, limitant ainsi le besoin d’aide extérieure [Ouvrir dans un nouvel ongletBellidenty, Radé, 2021]. En revanche, le besoin est très marqué pour les personnes âgées vivant seules, en particulier celles de 80 ans ou plus, dont le taux de recours est de 44 % en 2019. À tous âges, le taux de recours est plus faible pour les familles monoparentales que pour les couples.
La composition des ménages varie relativement peu d’une région de France métropolitaine à une autre. À l’échelle départementale, Paris se distingue nettement par une faible part de couples et une forte proportion de personnes seules. La jeunesse de la population parisienne, notamment de jeunes vivant seuls, limite le recours aux services à la personne.
En Martinique et à La Réunion, la présence de différentes générations au sein d’un même ménage est fréquent, ce qui diminue les besoins d’aide extérieure pour les personnes âgées. Ces îles comptent aussi un grand nombre de familles monoparentales ; or, ces dernières ont globalement moins recours aux services à la personne que les couples (4,2 %, contre 11,2 % à La Réunion).
Le vieillissement de la population, moteur de la hausse du recours aux services à la personne
D’ici 2050, le nombre de ménages utilisateurs augmenterait pour atteindre 4,4 à 5,5 millions selon le scénario (méthodes, figure 3). Dans le scénario central, environ 5 millions de ménages auraient recours aux services à la personne en France métropolitaine, en Martinique et à La Réunion. Cela représente une hausse d’un peu plus d’un quart des utilisateurs entre 2019 et 2050 (+27 %).
tableauFigure 3 – Projections du nombre de ménages utilisateurs de services à la personne
Année | Scénario démographique et hypothèses de cohabitation hautes | Scénario démographique central et hausse du maintien à domicile des personnes âgées | Scénario démographique central et hypothèses de cohabitation centrales | Scénario démographique central et personnes âgées plus souvent en communauté | Scénario démographique et hypothèses de cohabitation basses |
---|---|---|---|---|---|
2018 | 3 870 000 | 3 870 000 | 3 870 000 | 3 870 000 | 3 870 000 |
2019 | 3 910 000 | 3 900 000 | 3 900 000 | 3 890 000 | 3 890 000 |
2020 | 3 950 000 | 3 940 000 | 3 930 000 | 3 920 000 | 3 910 000 |
2021 | 3 970 000 | 3 960 000 | 3 950 000 | 3 930 000 | 3 920 000 |
2022 | 4 010 000 | 3 990 000 | 3 980 000 | 3 950 000 | 3 930 000 |
2023 | 4 050 000 | 4 030 000 | 4 010 000 | 3 970 000 | 3 940 000 |
2024 | 4 110 000 | 4 070 000 | 4 050 000 | 4 000 000 | 3 960 000 |
2025 | 4 160 000 | 4 110 000 | 4 080 000 | 4 030 000 | 3 980 000 |
2026 | 4 210 000 | 4 150 000 | 4 120 000 | 4 060 000 | 4 000 000 |
2027 | 4 280 000 | 4 210 000 | 4 170 000 | 4 110 000 | 4 040 000 |
2028 | 4 360 000 | 4 270 000 | 4 230 000 | 4 160 000 | 4 080 000 |
2029 | 4 430 000 | 4 340 000 | 4 290 000 | 4 210 000 | 4 120 000 |
2030 | 4 510 000 | 4 400 000 | 4 350 000 | 4 260 000 | 4 150 000 |
2031 | 4 580 000 | 4 460 000 | 4 410 000 | 4 300 000 | 4 190 000 |
2032 | 4 650 000 | 4 510 000 | 4 460 000 | 4 350 000 | 4 220 000 |
2033 | 4 720 000 | 4 570 000 | 4 500 000 | 4 380 000 | 4 240 000 |
2034 | 4 780 000 | 4 620 000 | 4 550 000 | 4 420 000 | 4 260 000 |
2035 | 4 840 000 | 4 660 000 | 4 590 000 | 4 450 000 | 4 280 000 |
2036 | 4 900 000 | 4 710 000 | 4 630 000 | 4 490 000 | 4 300 000 |
2037 | 4 960 000 | 4 750 000 | 4 670 000 | 4 520 000 | 4 320 000 |
2038 | 5 020 000 | 4 790 000 | 4 700 000 | 4 550 000 | 4 330 000 |
2039 | 5 070 000 | 4 830 000 | 4 730 000 | 4 570 000 | 4 350 000 |
2040 | 5 120 000 | 4 860 000 | 4 760 000 | 4 590 000 | 4 350 000 |
2041 | 5 160 000 | 4 880 000 | 4 780 000 | 4 610 000 | 4 360 000 |
2042 | 5 200 000 | 4 910 000 | 4 800 000 | 4 630 000 | 4 360 000 |
2043 | 5 240 000 | 4 930 000 | 4 820 000 | 4 650 000 | 4 360 000 |
2044 | 5 280 000 | 4 950 000 | 4 840 000 | 4 660 000 | 4 370 000 |
2045 | 5 320 000 | 4 980 000 | 4 860 000 | 4 680 000 | 4 370 000 |
2046 | 5 360 000 | 5 000 000 | 4 880 000 | 4 700 000 | 4 370 000 |
2047 | 5 400 000 | 5 030 000 | 4 900 000 | 4 720 000 | 4 370 000 |
2048 | 5 440 000 | 5 050 000 | 4 920 000 | 4 730 000 | 4 370 000 |
2049 | 5 480 000 | 5 070 000 | 4 940 000 | 4 740 000 | 4 370 000 |
2050 | 5 510 000 | 5 090 000 | 4 950 000 | 4 750 000 | 4 360 000 |
- Note : Hypothèses démographiques et de cohabitation (méthodes).
- Lecture : En France métropolitaine, en Martinique et à la Réunion, en 2050, il y aurait 5 510 000 ménages utilisateurs de services à la personne si les hypothèses démographiques et de cohabitation hautes se réalisaient.
- Champ : Ensemble des ménages ayant recours aux services à la personne en France métropolitaine, en Martinique et à La Réunion.
- Source : Insee, Filosofi 2019, projections démographiques Omphale 2018-2050.
graphiqueFigure 3 – Projections du nombre de ménages utilisateurs de services à la personne

- Note : Hypothèses démographiques et de cohabitation (méthodes).
- Lecture : En France métropolitaine, en Martinique et à la Réunion, en 2050, il y aurait 5 510 000 ménages utilisateurs de services à la personne si les hypothèses démographiques et de cohabitation hautes se réalisaient.
- Champ : Ensemble des ménages ayant recours aux services à la personne en France métropolitaine, en Martinique et à La Réunion.
- Source : Insee, Filosofi 2019, projections démographiques Omphale 2018-2050.
Quel que soit le scénario, le vieillissement de la population, et tout particulièrement la hausse du nombre de personnes de 80 ans ou plus, serait le principal moteur de la hausse du recours. Dans le scénario central, il représente 85 % de l’effet total. L’augmentation de la population totale contribuerait à hauteur de 10 %, tandis que l’évolution de la structure des ménages jouerait pour 5 %. Ce dernier effet est la conséquence du recul de la mise en couple à âge donné et du vieillissement de la population qui augmentent la proportion de personnes vivant seules.
En 2019, 41 % des personnes âgées de 80 ans ou plus recourent aux services à la personne. Dans le scénario central, retenu pour la suite, la demande de services serait stimulée par l’augmentation de 3,6 millions de personnes dans cette tranche d’âge d’ici 2050.
À l’horizon de projection, la proportion de ménages utilisateurs composés d’une personne seule augmenterait de 7 points, atteignant 44 % en 2050. Ces ménages sont très utilisateurs de services lorsqu’il s’agit de seniors isolés. À l’inverse, la part des couples dans l’ensemble des ménages utilisateurs reculerait de 8 points pour représenter 47 % de l’ensemble. Deux causes principales à cela : d’une part le vieillissement de la population qui augmente le nombre de personnes âgées vivant seules, d’autre part la baisse des mises en ménages des populations plus jeunes. La part de familles monoparentales et de personnes vivant hors famille, qui ont des taux de recours très faibles, resterait stable.
Une hausse du recours aux services à la personne plus forte sur la façade atlantique et dans le Sud-Est
Sur la façade atlantique allant du Morbihan aux Landes, la progression du recours aux services à la personne serait la plus forte, autour de 45 % (figure 4).
Elle se situerait entre 30 % et 48 % dans le Sud-Est. Les Bouches-du-Rhône et les Alpes-Maritimes feraient figures d’exception, avec seulement 20 % de hausse. Dans ces départements la population resterait en moyenne plus jeune, notamment dans les aires d’attraction des villes de Marseille et de Nice. Du centre jusqu’au Nord-Est, la population diminuerait et ne vieillirait plus beaucoup. L’augmentation de la demande y serait faible, de l’ordre de 10 à 20 %.
tableauFigure 4 – Évolution du nombre de ménages utilisateurs de services à la personne entre 2019 et 2050, par département
Code de département | Département | Évolution du nombre de ménages utilisateurs de services à la personne |
---|---|---|
01 | Ain | 48 |
02 | Aisne | 21 |
03 | Allier | 12 |
04 | Alpes-de-Haute-Provence | 33 |
05 | Hautes-Alpes | 41 |
06 | Alpes-Maritimes | 20 |
07 | Ardèche | 37 |
08 | Ardennes | 12 |
09 | Ariège | 36 |
10 | Aube | 19 |
11 | Aude | 39 |
12 | Aveyron | 27 |
13 | Bouches-du-Rhône | 22 |
14 | Calvados | 24 |
15 | Cantal | 20 |
16 | Charente | 19 |
17 | Charente-Maritime | 44 |
18 | Cher | 10 |
19 | Corrèze | 22 |
21 | Côte-d'Or | 20 |
22 | Côtes-d'Armor | 29 |
23 | Creuse | 13 |
24 | Dordogne | 32 |
25 | Doubs | 23 |
26 | Drôme | 38 |
27 | Eure | 26 |
28 | Eure-et-Loir | 22 |
29 | Finistère | 28 |
2A | Corse-du-Sud | 44 |
2B | Haute-Corse | 53 |
30 | Gard | 36 |
31 | Haute-Garonne | 42 |
32 | Gers | 32 |
33 | Gironde | 46 |
34 | Hérault | 48 |
35 | Ille-et-Vilaine | 41 |
36 | Indre | 10 |
37 | Indre-et-Loire | 25 |
38 | Isère | 33 |
39 | Jura | 25 |
40 | Landes | 46 |
41 | Loir-et-Cher | 12 |
42 | Loire | 20 |
43 | Haute-Loire | 27 |
44 | Loire-Atlantique | 45 |
45 | Loiret | 28 |
46 | Lot | 35 |
47 | Lot-et-Garonne | 24 |
48 | Lozère | 30 |
49 | Maine-et-Loire | 28 |
50 | Manche | 20 |
51 | Marne | 15 |
52 | Haute-Marne | 6 |
53 | Mayenne | 19 |
54 | Meurthe-et-Moselle | 16 |
55 | Meuse | 15 |
56 | Morbihan | 45 |
57 | Moselle | 21 |
58 | Nièvre | 7 |
59 | Nord | 20 |
60 | Oise | 28 |
61 | Orne | 10 |
62 | Pas-de-Calais | 23 |
63 | Puy-de-Dôme | 26 |
64 | Pyrénées-Atlantiques | 35 |
65 | Hautes-Pyrénées | 25 |
66 | Pyrénées-Orientales | 44 |
67 | Bas-Rhin | 33 |
68 | Haut-Rhin | 28 |
69 | Rhône | 25 |
70 | Haute-Saône | 21 |
71 | Saône-et-Loire | 19 |
72 | Sarthe | 17 |
73 | Savoie | 38 |
74 | Haute-Savoie | 43 |
75 | Paris | 0 |
76 | Seine-Maritime | 18 |
77 | Seine-et-Marne | 39 |
78 | Yvelines | 18 |
79 | Deux-Sèvres | 24 |
80 | Somme | 23 |
81 | Tarn | 30 |
82 | Tarn-et-Garonne | 40 |
83 | Var | 38 |
84 | Vaucluse | 29 |
85 | Vendée | 46 |
86 | Vienne | 26 |
87 | Haute-Vienne | 14 |
88 | Vosges | 15 |
89 | Yonne | 20 |
90 | Territoire de Belfort | 4 |
91 | Essonne | 24 |
92 | Hauts-de-Seine | 12 |
93 | Seine-Saint-Denis | 34 |
94 | Val-de-Marne | 23 |
95 | Val-d'Oise | 34 |
972 | Martinique | -3 |
974 | La Réunion | 33 |
971 | Guadeloupe | nd |
973 | Guyane | nd |
976 | Mayotte | nd |
/// | France métropolitaine, Martinique et La Réunion | 27 |
- /// : absence de résultat due à la nature des choses ; nd : non disponible.
- Lecture : En Haute-Corse, entre 2019 et 2050, le nombre de ménages utilisateurs de services à la personnes augmenterait de 53 %.
- Champ : Ensemble des ménages ayant recours aux services à la personne en France métropolitaine, en Martinique et à La Réunion.
- Source : Insee, Filosofi 2019, projections démographiques Omphale 2018-2050.
graphiqueFigure 4 – Évolution du nombre de ménages utilisateurs de services à la personne entre 2019 et 2050, par département

- Lecture : En Haute-Corse, entre 2019 et 2050, le nombre de ménages utilisateurs de services à la personnes augmenterait de 53 %.
- Champ : Ensemble des ménages ayant recours aux services à la personne en France métropolitaine, en Martinique et à La Réunion.
- Source : Insee, Filosofi 2019, projections démographiques Omphale 2018-2050.
En Île-de-France, le taux de recours des ménages des départements situés au Nord et à l’Est de Paris progresserait de façon plus marquée que ceux du reste de la région. La population de ces départements amorcerait son vieillissement d’ici 2050, ce qui augmenterait la demande. À Paris même, la stagnation de la demande serait due à la baisse de la population qui compenserait son vieillissement. D’ici 2050, les vingt départements les plus peuplés, avec de grandes agglomérations, contribueraient pour 50 % à la hausse du nombre de ménages utilisateurs. Cette hausse serait portée par le vieillissement des périphéries, alors que les pôles urbains resteraient jeunes. Dans les DOM, le nombre de ménages utilisateurs à La Réunion progresserait d’environ 33 %, portés par une forte augmentation du nombre de personnes âgées. En Martinique, la forte hausse du nombre de personnes de 80 ans ou plus (+141 %) limiterait l’effet de la baisse de la population (-33 %) sur le nombre de ménages utilisateurs, qui ne reculerait que de 3 %.
Encadré – Des centaines de milliers de salariés à former et à recruter d’ici 2050
En France, en 2019, un peu plus d’un million de salariés travaillent dans les services à la personne, la plupart à temps partiel. L’activité du secteur représente environ 400 000 emplois en équivalent temps plein [Borey et al., 2024]. Si la consommation de services progressait au même rythme que le nombre de ménages utilisateurs d’ici 2050, les évolutions à venir nécessiteraient 100 000 emplois en équivalent temps plein de plus, soit 300 000 salariés de plus à comportements de temps partiel constants.
Ce chiffre est probablement une estimation basse car, en 2050, les ménages utilisateurs seront plus âgés et auront de ce fait un usage des services à la personne plus intensif. Une méthode de prise en compte du vieillissement des ménages utilisateurs suggère que le besoin d’emplois additionnels atteindrait 170 000 équivalent temps plein, soit 500 000 salariés supplémentaires (méthodes).
En plus de salariés supplémentaires à recruter d’ici 2050, le secteur devra également faire face au renouvellement de 800 000 salariés qui y travaillent actuellement et qui auront plus de 65 ans à l’horizon de projection.
Sources
Le Fichier localisé social et fiscal (Filosofi) est issu de l’exploitation de données fiscales exhaustives et de données sur les prestations sociales. La notion de ménages utilisée dans l’étude fait référence aux ménages fiscaux selon Filosofi. La source permet d’identifier les foyers fiscaux ayant déclaré des dépenses de services à domicile, ici les « ménages utilisateurs de services à la personne ». Elle couvre la France métropolitaine, la Martinique et La Réunion. L’étude s’appuie sur les données observées de 2019 et sur des projections sur la période 2019-2050 selon diverses hypothèses (méthodes).
Méthodes
Le modèle Omphale permet de projeter d’année en année la pyramide des âges d’un territoire. Les projections sont établies à partir des comportements observés sur le territoire et d’hypothèses d’évolution de trois composantes : la fécondité, la mortalité et les migrations (flux internes et solde migratoire avec l’étranger). Les scénarios standards, dont le scénario central, sont construits à partir d’hypothèses faites au niveau national.
Les projections de ménages du territoire sont obtenues à partir de ces projections de population et de la répartition des modes de cohabitation. Les projections de ménages utilisateurs de services à la personne reposent sur l’application des taux de recours par tranche d’âge et mode de cohabitation d’un territoire observés dans Filosofi 2019 à la projection de ménages de ce même territoire. L’hypothèse prospective consiste à maintenir constants ces taux de recours sur l’ensemble de la période de projection.
Méthodologie des projections de besoins en emploi
Méthode simple :
Les projections de besoins en emplois sont obtenues en appliquant l’évolution du nombre de ménages utilisateurs des services à la personne au nombre d’heures travaillées dans le secteur [Borey et al., 2024]. Ce volume d’heures est ensuite transformé en équivalent temps plein. En appliquant des hypothèses de maintien des proportions de salariés travaillant à temps complet et de quotité de temps partiel, on obtient également des hypothèses de besoin en salariés.
Méthodologie des projections de besoins en emploi :
Les projections de besoins en emplois sont obtenues en appliquant les nombres moyens d’heures par salarié et par ménage utilisateur selon leur catégorie d’âge (moins de 80 ans et 80 ans ou plus) en 2019, aux projections de ménages entre 2019 et 2050. On fait l’hypothèse que ces nombres d’heures restent stables, avec le postulat que les ménages de 80 ans ou plus sont les utilisateurs des activités de services à la personne dédiées aux personnes âgées ou dépendantes. Enfin, il est supposé que la part de l’assistance aux personnes âgées ou dépendantes est la même pour les particuliers-employeurs que pour les organismes de services à la personne.
Définitions
Les services à la personne regroupent des activités de soutien aux individus et aux familles, réalisées au domicile des ménages qui y font appel (assistance aux personnes âgées ou dépendantes, ménage, jardinage, soutien scolaire, etc.), que ce soit de gré à gré (particulier-employeur) ou par l’intermédiaire d’un organisme (prestataire).
L’aire d’attraction d’une ville définit l’étendue de son influence sur les communes environnantes. Une aire est un ensemble de communes, d’un seul tenant et sans enclave, constitué d’un pôle de population et d’emploi, et d’une couronne qui regroupe les communes dont au moins 15 % des actifs travaillent dans le pôle.
Le niveau de vie est égal au revenu disponible du ménage divisé par le nombre d'unités de consommation. Les déciles de niveau de vie sont les valeurs qui partagent les ménages en dix parties égales en fonction de leur niveau de vie.
Dans cette étude, nous identifions quatre modes de cohabitation correspondant à des comportements différents vis-à-vis du recours aux services à
la personne :
- les personnes vivant seules ;
- les adultes des familles monoparentales ;
- les personnes vivant en couple (avec ou sans enfants) ;
- les personnes vivant avec d'autres personnes sans liens familiaux.
Pour en savoir plus
Retrouvez plus de données en téléchargement.
Kauffmann P., Richard M., « Dans le Grand Est, un ménage sur huit a recours aux services à la personne », Insee Analyses Grand Est no 192, janvier 2025.
Diel O., Dabadie S., Birot N., Tamadazt D., « 30 000 ménages supplémentaires feraient appel aux services à la personne en 2050 », Insee Analyses Centre-Val de Loire no 117, décembre 2024.
Borey G., Warmoës J., Beltzung M., Lefebvre M., « En moyenne, 4 % de l’emploi salarié total dans les services à la personne et jusqu’à 6 % dans le Sud-Ouest », Insee Première no 1981, janvier 2024.
Dares, « Ouvrir dans un nouvel ongletL’activité des organismes de services à la personne de 2013 à 2021 », novembre 2023.
Bellidenty J., Radé É., « Ouvrir dans un nouvel ongletAider son parent âgé en ayant des enfants à charge – Quelle est la situation de cette « génération pivot » ? », Les dossiers de la Drees no 83, octobre 2021.
Benoteau I., Goin A., « Ouvrir dans un nouvel ongletServices à la personne : aides publiques et coût pour l’utilisateur », Document d’études no 194, Dares, novembre 2015.