Insee Analyses Centre-Val de Loire · Décembre 2024 · n° 117

30 000 ménages supplémentaires feraient appel aux services à la personne en 2050

Les services à la personne (SAP) regroupent des activités de soutien aux individus et aux familles (aide à domicile, garde d’enfants, soutien scolaire, etc.). Ils répondent à une demande croissante principalement en raison du vieillissement de la population et de l’évolution des structures familiales. Cette demande est influencée par plusieurs facteurs majeurs qui façonnent les comportements et les besoins des ménages.

En Centre-Val de Loire, en 2019, 167 900 ménages ont déclaré des dépenses de services à la personne (source). Environ 7 400 ménages supplémentaires utilisent les SAP par rapport à 2013. Le nombre de ménages usagers progresse plus rapidement que le nombre total de ménages.

Le recours à ces services est plus fréquent dans la région que dans l'ensemble de la France métropolitaine hors Île-de-France (14,8 % contre 14,0 %). Le Centre-Val de Loire se situe au 4^e rang des régions françaises derrière les Pays de la Loire, la Bretagne et la Nouvelle Aquitaine. Parmi les départements de la région, l’Indre-et-Loire et le Loir-et-Cher affichent les taux de recours les plus élevés (respectivement 16,6 % et 16,5 %). À l’inverse, l’Eure-et-Loir présente le taux de recours le plus faible (12,9 %) (figure 1).

Le recours aux SAP augmente nettement avec le niveau de vie (figure 2). Les ménages plus aisés, notamment les 20 % ayant le niveau de vie le plus élevé, recourent davantage aux SAP que les autres. Ces ménages plus aisés tendent à plus faire appel aux services améliorant le confort, tels que le ménage ou le jardinage. Au-delà du niveau de vie, le statut d’occupation du logement (locataire ou propriétaire) peut également avoir une incidence sur le recours aux SAP.

Pour les ménages plus modestes, le recours aux SAP est davantage limité aux besoins essentiels, comme l’assistance aux personnes dépendantes. Les taux de recours diffèrent peu entre les 20 % des ménages au niveau de vie le plus bas et ceux ayant un niveau de vie médian. Quand la personne de référence est âgée de moins de 65 ans, le recours aux SAP concerne moins d’un ménage sur vingt parmi les ménages ayant un niveau de vie inférieur au niveau de vie médian.

Le besoin d’assistance s’accentue avec l’âge. Les ménages dont la personne de référence est âgée de 80 ans ou plus recourent aux SAP dans une forte proportion, même les plus modestes. Ainsi, parmi les 10 % des ménages au niveau de vie le plus bas, un quart des ménages dont la personne de référence est âgée de 80 ans ou plus utilisent les SAP. À ces âges le taux de recours augmente très régulièrement et très nettement avec le niveau de vie.

Le vieillissement de la population contribue ainsi fortement à la hausse de la demande de SAP. Avec l'augmentation de l'espérance de vie et le nombre croissant de seniors, les besoins en assistance pour les activités de la vie quotidienne (toilette, repas, soins, etc.) sont en forte hausse.

La composition des ménages a aussi un impact significatif sur le recours aux services à la personne. Cet impact varie également selon l’âge de la personne de référence du ménage. Parmi les ménages où cette personne a moins de 65 ans, les familles avec enfants recourent davantage aux SAP que les ménages sans enfant (figure 3). Cela s’explique principalement par les besoins de garde d’enfants et d’accompagnement scolaire. À l'inverse, pour les ménages âgés de 65 ans ou plus, la présence d'enfants, souvent majeurs, dans le foyer réduit le recours aux SAP. Les enfants représentent en effet plus de la moitié des proches aidants d’une personne âgée à l‘échelle nationale [Drees, 2015 ; pour en savoir plus (6)], limitant ainsi le besoin d'aide extérieure.

La structure des ménages en termes d’âge, de mode de cohabitation et de niveau de vie diffèrent selon les territoires. Ces différences expliquent en partie les écarts de taux de recours aux SAP entre ceux-ci, mais elles peuvent avoir des effets opposés au sein d’un même territoire. Ainsi, l’Indre et le Cher sont deux départements où la part des habitants de plus de 65 ans est relativement élevée, ce qui peut contribuer à accroître le recours aux SAP. Toutefois, les ménages de ces mêmes départements ont également des niveaux de vie relativement modestes, ce qui a tendance à freiner ce recours. Par ailleurs, d’autres caractéristiques des territoires peuvent influer sur le recours aux SAP, comme la présence de structures d’accueil des personnes âgées ou la part de seniors vivant à leur domicile.

Dans les années à venir, plusieurs évolutions pourraient influer sur le recours aux services à la personne. Dans une hypothèse de poursuite des tendances actuelles en matière de fécondité, mortalité, migrations et modes de cohabitation (pour comprendre), le nombre de ménages usagers des SAP en Centre-Val de Loire augmenterait de 29 900 d'ici 2050 par rapport à 2019. Il atteindrait 197 800 ménages usagers, soit une hausse de 17,8 %. Cette progression serait néanmoins moins importante qu’en France métropolitaine hors Île-de-France (+27,4 % soit 879 200 ménages usagers supplémentaires). La hausse du nombre de ménages usagers des SAP concernerait tous les départements de la région, le Loiret en tête avec une croissance de 26,0 %.

En l’absence d’hypothèse sur l’évolution des niveaux de vie, l’accroissement du nombre de ménages usagers des SAP entre 2019 et 2050 serait la résultante de trois effets : évolution de la population, évolution du nombre de ménages liées aux comportements de cohabitation ou de décohabitation et enfin structure par âge de la population.

En Centre-val de Loire, à l’horizon 2050 la population baisserait (-2,8 % entre 2019 et 2050), ce qui, isolément, aurait un impact négatif sur le recours aux SAP. Néanmoins, l’évolution des modes de cohabitation compenserait cet effet : malgré cette baisse de population, la poursuite de la tendance de décohabitation entraînerait une augmentation du nombre total de ménages. Enfin, l’évolution de la structure de la pyramide des âges serait le facteur le plus déterminant (figure 4). Le vieillissement de la population devrait accroître le recours aux SAP, les ménages âgés en étant les principaux usagers. En 2050, 71 % des ménages usagers des SAP seraient constitués de personnes âgées de 65 ans ou plus, contre 62 % en 2019. Près de 48 % des usagers des SAP seraient des personnes seules, contre 41 % en 2019. Le vieillissement accentuerait en effet l’utilisation des SAP par les personnes âgées seules : 29 % des ménages usagers en 2050 seraient des personnes seules de 80 ans ou plus, illustrant l’impact qu’aurait le maintien à domicile des personnes âgées isolées, notamment à la suite d’un veuvage. L’arrivée progressive des générations du baby boom dans ces classes d’âge est un puissant moteur de la croissance de la demande de services à la personne dans les décennies à venir.

En France métropolitaine hors Île-de-France, les tendances seraient semblables, à la différence que la population devrait continuer à croître d’ici 2050 (+2,6 % entre 2019 et 2050). Comme en Centre-Val de Loire, l’évolution des modes de cohabitation et surtout de la structure de la pyramide des âges contribueraient également à accroître le nombre de ménages usagers des SAP.

L’évolution du nombre total de ménages varierait selon les départements de la région. Ce nombre diminuerait dans l’Indre, le Cher et le Loir-et-Cher, mais augmenterait dans le Loiret, l’Indre-et-Loire et l’Eure-et-Loir. Néanmoins, le taux de recours aux SAP et le nombre de ménages usagers progresseraient dans tous les départements, témoignant d’une demande croissante dans toute la région.

Quel que soit le scénario d’évolution de la population et des modes de cohabitation, le nombre de ménages usagers des SAP augmenterait globalement entre 2019 et 2050 en Centre-Val de Loire (figure 5). Cependant, cette hausse pourrait varier significativement selon la manière dont la démographie et les modes de cohabitation évolueront effectivement. Le nombre de ménages usagers des SAP pourrait atteindre 220 900 en 2050, soit une augmentation de 53 000, dans le cas d‘un scénario de forte croissance (pour comprendre). À l’inverse, un scénario combinant des hypothèses moins favorables en termes d’évolution de la population ou de mode de cohabitation ne prévoit qu’une augmentation globale de 5 700 ménages usagers d’ici 2050 et une possible diminution à partir de 2040.

Le maintien à domicile ou non des personnes âgées est le facteur qui devrait avoir le plus d’impact sur l’augmentation du nombre de ménages usagers des SAP. En effet, une personne âgée vivant en communauté (comme en Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes, EHPAD) ne recourt plus aux SAP. La hausse de 29 900 ménages usagers à l’horizon 2050 repose sur la poursuite de la tendance actuelle de réduction des départs en communauté des personnes âgées. Si ces départs diminuent davantage, le nombre de ménages usagers des SAP pourrait augmenter de plus de 36 000. En revanche, si ces départs repartent à la hausse jusqu’à retrouver leur niveau de 2008, cette augmentation se limiterait à 20 900 ménages usagers des SAP supplémentaires d’ici 2050.