Insee Analyses Guyane ·
Mars 2025 · n° 76
En 2022, la catégorie socio-professionnelle explique la moitié des écarts salariaux
entre femmes et hommes dans les hauts salaires du privé en Guyane
En Guyane, en 2022, les salariés du secteur privé ont une rémunération médiane inférieure à ceux de la France hexagonale. Les écarts de salaires entre les femmes et les hommes sont moins prononcés en Guyane qu’en France hexagonale, quel que soit le niveau de salaire considéré. Ces écarts, en faveur des hommes, sont plus élevés au sein des hauts salaires. La source de ces écarts est multiple. L’analyse des différences de caractéristiques entre les salariés permet d’en expliquer les trois quarts. En Guyane la catégorie socio-professionnelle est le principal déterminant de la formation des inégalités entre hauts salaires féminins et masculin. Le secteur d’activité, la taille et la localisation de l’établissement expliquent un cinquième de ces écarts. En revanche l’âge n’apparaît pas comme un facteur explicatif de cette différence.
- En Guyane, le salaire médian du secteur privé est inférieur de 9,2 % à celui de l’Hexagone
- Dans les hauts salaires, l’écart de rémunération entre les femmes et les hommes est moins élevé en Guyane qu’en Hexagone
- Au sein des haut salaires de Guyane, la catégorie socio-professionnelle explique la moitié des écarts
- Le secteur d’activité et la taille de l’établissement expliquent 15,8 % des écarts dans les hauts salaires
- La localisation géographique de l’établissement explique 6,6 % des écarts entre les femmes et les hommes au sein des hauts salaires en Guyane
- Encadré 1 - La spécificité du temps partiel
En Guyane, le salaire médian du secteur privé est inférieur de 9,2 % à celui de l’Hexagone
En 2022, en Guyane, les salaires sont plus concentrés dans le bas de la distribution qu’en France hexagonale (figure 1). Le niveau du salaire médian guyanais, inférieur de 9,2 % à celui de l’Hexagone, témoigne de cette situation. Un salarié sur deux perçoit en effet moins de 1 819 euros mensuels net en Guyane en équivalent temps plein (EQTP), contre 1 987 euros dans l’Hexagone. Par ailleurs un salarié du privé sur dix (1er décile) gagne moins que le Smic. À l’autre extrémité de l’échelle des rémunérations, un salarié sur dix (9e décile) perçoit plus de trois fois le Smic (3 863 euros par mois), comme dans l’Hexagone.
tableauFigure 1 – Distribution des salaires mensuels nets en équivalent temps plein (EQTP) en 2022
Salaires (en euros) | Guyane | Hexagone |
---|---|---|
Moins de 1 200 | 2,1 | 1,7 |
1 200 à 1 400 | 15,4 | 7,5 |
1 400 à 1 600 | 18,3 | 15,6 |
1 600 à 1 800 | 13,0 | 14,6 |
1 800 à 2 000 | 9,3 | 11,2 |
2 000 à 2 200 | 7,1 | 8,8 |
2 200 à 2 400 | 5,6 | 6,8 |
2 400 à 2 600 | 4,3 | 5,4 |
2 600 à 2 800 | 3,6 | 4,4 |
2 800 à 3 000 | 2,9 | 3,5 |
3 000 à 3 200 | 2,5 | 3,0 |
3 200 à 3 400 | 2,1 | 2,4 |
3 400 à 3 600 | 1,7 | 2,0 |
3 600 à 3 800 | 1,5 | 1,6 |
3 800 à 4 000 | 1,2 | 1,4 |
4 000 à 4 200 | 1,1 | 1,2 |
4 200 à 4 400 | 0,9 | 1,0 |
4 400 à 4 600 | 0,8 | 0,9 |
4 600 à 4 800 | 0,7 | 0,8 |
4 800 à 5 000 | 0,6 | 0,6 |
5 000 à 5 200 | 0,5 | 0,6 |
5 200 à 5 400 | 0,5 | 0,5 |
5 400 à 5 600 | 0,4 | 0,4 |
5 600 à 5 800 | 0,3 | 0,4 |
Plus de 5 800 | 3,1 | 3,7 |
- Note : Certains salaires en EQTP sont inférieurs au Smic ; ceci est en effet permis par certains statuts. Cependant, l'existence de rémunérations inférieures au Smic peut aussi provenir d’incohérences entre salaires et durées travaillées dans les déclarations administratives, qui ne peuvent être toutes redressées.
- Lecture : En Guyane, dans le secteur privé, 18,3 % des salariés gagnent entre 1 400 et 1 600 euros net par mois en EQTP.
- Champ : Guyane et France hexagonale, salariés du privé, y compris bénéficiaires de contrats aidés et de contrats de professionnalisation ; hors apprentis, stagiaires, salariés agricoles et salariés des particuliers employeurs.
- Source : Insee, Base Tous Salariés 2022.
graphiqueFigure 1 – Distribution des salaires mensuels nets en équivalent temps plein (EQTP) en 2022

- Note : Certains salaires en EQTP sont inférieurs au Smic ; ceci est en effet permis par certains statuts. Cependant, l'existence de rémunérations inférieures au Smic peut aussi provenir d’incohérences entre salaires et durées travaillées dans les déclarations administratives, qui ne peuvent être toutes redressées.
- Lecture : En Guyane, dans le secteur privé, 18,3 % des salariés gagnent entre 1 400 et 1 600 euros net par mois en EQTP.
- Champ : Guyane et France hexagonale, salariés du privé, y compris bénéficiaires de contrats aidés et de contrats de professionnalisation ; hors apprentis, stagiaires, salariés agricoles et salariés des particuliers employeurs.
- Source : Insee, Base Tous Salariés 2022.
Dans les hauts salaires, l’écart de rémunération entre les femmes et les hommes est moins élevé en Guyane qu’en Hexagone
En Guyane, les 10 % des femmes salariées du privé ayant les salaires les plus élevés perçoivent plus de 3 544 euros net par mois en EQTP, soit 2,7 fois le Smic (figure 2). Ce montant atteint 4 128 euros pour leurs homologues masculins (3,1 fois le Smic). Cet écart de rémunération nette mensuelle entre les femmes et les hommes s’élève à 14,2 % et équivaut à 584 euros. Il est en revanche quasi nul pour les bas salaires (6 euros).
En France hexagonale, l’écart entre les rémunérations des femmes et des hommes est plus prononcé qu’en Guyane, tout au long de la distribution des salaires. Il s’élève à 15,8 % pour les hauts salaires (9e décile).
Ces disparités salariales reflètent en partie des différences en matière de quotité de travail (encadré 1). Dans les analyses de contributions des facteurs aux écarts des salaires qui suivent, cet effet est « neutralisé » en ne tenant compte que des salariés à temps complet, présents au moins onze mois dans l’année sur leur poste (Champ restreint). Ceci entraîne mécaniquement une hausse des salaires versés. Toutefois cette prise en compte de la durée du travail entraîne une diminution de l’écart relatif entre le 9e décile des femmes et celui des hommes (13,9 % en Guyane et 14,3 % en France hexagonale sur ce champ réduit).
tableauFigure 2 – Distribution par sexe des salaires mensuels nets en équivalent temps plein (EQTP) en 2022
Quantiles | Guyane | Hexagone | ||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Salaire hommes | Salaire femmes | Écart relatif (H-F)/H (en %) | Écart | Salaire hommes | Salaire femmes | Écart relatif (H-F)/H (en %) | Écart | |
1er décile | 1 327 | 1 321 | 0,4 | 6 | 1 432 | 1 393 | 2,7 | 39 |
1er quartile | 1 491 | 1 456 | 2,4 | 35 | 1 645 | 1 560 | 5,2 | 85 |
Médiane | 1 840 | 1 795 | 2,5 | 45 | 2 077 | 1 889 | 9,1 | 188 |
3e quartile | 2 670 | 2 503 | 6,3 | 167 | 2 909 | 2 549 | 12,4 | 360 |
9e décile | 4 128 | 3 544 | 14,2 | 584 | 4 309 | 3 628 | 15,8 | 681 |
Salaire moyen | 2 406 | 2 210 | 8,1 | 196 | 2 648 | 2 317 | 12,5 | 331 |
- Note : Les déciles partagent la population en dix et les quartiles la partagent en quatre.
- Lecture : Parmi les salariés du secteur privé en Guyane, 25 % (1er quartile) des hommes gagnent moins de 1 491 euros et 25 % des femmes moins de 1 456 euros. L’écart de salaire entre eux s’élève à 35 euros, soit une différence de 2,4 %.
- Champ : Guyane et France hexagonale, salariés du privé, y compris bénéficiaires de contrats aidés et de contrats de professionnalisation ; hors apprentis, stagiaires, salariés agricoles et salariés des particuliers employeurs.
- Source : Insee, Base Tous Salariés 2022.
En contrôlant les caractéristiques d’âge, de temps de travail, de type de contrat, de catégorie socio-professionnelle, de secteur d’activité, de taille et localisation géographique de l’établissement afin qu’ils n’influencent plus la mesure, l’écart entre les femmes et les hommes dans les hauts salaires en Guyane ne s’élèverait en effet plus qu’à 3,2 % (figure 3). Ainsi, la prise en compte de l’ensemble de ces caractéristiques permet d’expliquer les trois quarts de l’écart initial (pour comprendre).
En Guyane, contrairement à l’Hexagone, l’âge n’est pas une source d’écart salarial dans les hauts salaires. Dans la région comme au niveau national les salaires progressent avec l’âge. Cependant, au sein des hauts salaires en Guyane, les hommes et les femmes ont une faible différence d’âge (49,7 ans contre 49,1 ans). En revanche, dans l’Hexagone, les écarts salariaux entre les femmes et les hommes augmentent avec l’âge tout le long de la distribution des salaires. Au sein des hauts salaires, l’âge explique 14,4 % des écarts. Corrigé de cet effet âge, l’écart serait de 12,2 %.
Par ailleurs, dans les hauts salaires, le volume horaire de travail et le type de contrat ont peu d’influence sur les écarts de salaire en Guyane et en France hexagonale.
tableauFigure 3 – Écart de salaire entre les femmes et les hommes, à caractéristiques équivalentes, dans les hauts salaires en 2022
Écarts de salaire | Guyane | Hexagone | ||
---|---|---|---|---|
Hauts salaires | Part expliquée | Hauts salaires | Part expliquée | |
Écart initial entre les femmes et les hommes | 13,9 | // | 14,3 | // |
Écart à âge équivalent | 13,9 | 0,6 | 12,2 | 14,4 |
Écart à âge, temps de travail et type de contrat équivalents | 13,5 | 2,7 | 12,6 | -2,3 |
Écart à âge, temps de travail, type de contrat et CSP équivalents | 6,3 | 51,7 | 6,7 | 41,3 |
Écart à âge, temps de travail, type de contrat, CSP, secteur d’activité et taille de l’établissement équivalents | 4,1 | 15,8 | 6,6 | 0,5 |
Écart à âge, temps de travail, type de contrat, CSP, secteur d’activité, taille et localisation géographique de l’établissement équivalents | 3,2 | 6,6 | // | // |
Part expliquée des écarts | // | 77,4 | // | 58,5 |
- // : Sans objet.
- Note : Pour la France hexagonale, le modèle ne contient pas le secteur d’activité et la localisation géographique de l’établissement.
- Lecture : En Guyane, dans les hauts salaires du secteur privé, l’écart de salaire entre les femmes et les hommes serait de 13,9 % si les femmes et les hommes avaient le même âge. L’âge explique 0,6 % de l’écart de salaire initial entre les femmes et les hommes.
- Champ : Guyane et France hexagonale, salariés du privé à temps complet ayant travaillé plus de 11 mois dans l’année, y compris bénéficiaires de contrats aidés et de contrats de professionnalisation ; hors apprentis, stagiaires, salariés agricoles et salariés des particuliers employeurs.
- Source : Insee, Base Tous Salariés 2022.
Au sein des haut salaires de Guyane, la catégorie socio-professionnelle explique la moitié des écarts
La catégorie socio-professionnelle est le principal facteur explicatif des écarts salariaux. En Guyane, sur le champ restreint d’analyse, elle explique 51,7 % des écarts au sein des hauts salaires, contre 41,3 % en France hexagonale. À âge, volume horaire de travail et type de contrat équivalents, si la répartition des femmes et des hommes au sein de chaque catégorie socio-professionnelle était similaire, l’écart ne serait plus que de 6,3 % en Guyane et 6,7 % en France hexagonale. En Guyane, les femmes avec de hauts salaires sont plus souvent cadres (69,0 %) que les hommes (65,6 %) [figure complémentaire 2 ; pour en savoir plus (1)]. Pour ces dernières la rémunération nette mensuelle médiane est inférieure de 920 euros à celle de leurs homologues masculins (5 030 euros contre 5 950 euros) (figure 4). Parmi les hauts salaires, les femmes sont également plus souvent employées que les hommes (9,6 % contre 3,1 %). Au sein de cette catégorie l’écart de rémunération mensuelle médian s’élève à 990 euros (le salaire médian étant de 4 480 euros pour les femmes et 5 470 euros pour les hommes). En revanche, parmi les hauts salaires, les femmes occupent moins fréquemment que les hommes des emplois d’ouvriers (0,9 % contre 8,9 %) ou de professions intermédiaires (20,6 % contre 22,4 %). Dans ces catégories l’écart de salaire médian est moindre (respectivement 420 euros et 670 euros), même s’il reste systématiquement favorable aux hommes.
tableauFigure 4 – Médiane des hauts salaires en équivalent temps plein (EQTP), par sexe et catégorie socio-professionnelle
Catégorie socio-professionnelle | Guyane | Hexagone | ||
---|---|---|---|---|
Salaire médian mensuel en EQTP | Part (%) | Salaire médian mensuel en EQTP | Part (%) | |
Cadres | ||||
Hommes | 5 950 | 63 | 5 900 | 64 |
Femmes | 5 030 | 37 | 5 020 | 36 |
Professions Intermédiaires | ||||
Hommes | 5 120 | 66 | 5 240 | 59 |
Femmes | 4 450 | 34 | 4 490 | 41 |
Employés | ||||
Hommes | 5 470 | 37 | 5 440 | 44 |
Femmes | 4 480 | 63 | 4 500 | 56 |
Ouvriers | ||||
Hommes | 5 400 | 95 | 5 060 | 85 |
Femmes | 4 980 | 5 | 4 400 | 15 |
- Lecture : En Guyane, le salaire médian des femmes cadres percevant un haut salaire est de 5 030 euros par mois en équivalent temps plein et 37 % des cadres à hauts salaire sont des femmes.
- Champ : Guyane et France hexagonale, salariés du privé, dont le salaire est supérieur au 9e décile, à temps complet ayant travaillé plus de 11 mois dans l’année, y compris bénéficiaires de contrats aidés et de contrats de professionnalisation ; hors apprentis, stagiaires, salariés agricoles et salariés des particuliers employeurs.
- Source : Insee, Base Tous Salariés 2022.
Le secteur d’activité et la taille de l’établissement expliquent 15,8 % des écarts dans les hauts salaires
En Guyane, le secteur d’activité et la taille de l’établissement expliquent 15,8 % des inégalités salariales au sein des hauts salaires. En effet, à âge, volume horaire de travail, type de contrat et catégorie socio-professionnelle équivalents, si les femmes et les hommes étaient répartis de la même manière entre les secteurs d’activité et dans des établissements de même taille, l’écart de salaire serait de 4,1 %.
Le secteur spatial, qui représente un emploi sur six dans le secteur privé en 2019 en Guyane [Douriaud et al., 2022 ; pour en savoir plus (3)], contribue à expliquer une partie de ces écarts. En effet, les salaires versés par les entreprises de la base spatiale dépassent les moyennes salariales de la région. En outre, ce secteur est marqué par une proportion élevée d’hommes, notamment dans la construction aérospatiale où 75 % des salariés sont des hommes.
La localisation géographique de l’établissement explique 6,6 % des écarts entre les femmes et les hommes au sein des hauts salaires en Guyane
En Guyane, la localisation géographique de l’établissement à l’échelle des établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) explique 6,6 % des écarts entre les femmes et les hommes au sein des hauts salaires en 2022. En effet, parmi eux, les femmes sont plus représentées que les hommes dans la Communauté d’Agglomération du Centre Littoral (69,1 % contre 59,9 %), alors qu’il s’agit de l’EPCI où les écarts de salaire mensuel médian sont les plus marqués (1 050 euros en faveur des hommes). À l’inverse elles sont moins représentées dans la Communauté de Communes des Savanes (27,9 % contre 38,5 %), où l’écart de salaire médian est moindre (850 euros). Ainsi, à caractéristiques équivalentes (âge, volume horaire de travail, type de contrat, catégorie socio-professionnelle, secteur d’activité et taille d’établissement), si les lieux de travail des femmes et des hommes étaient répartis de façon homogène sur le territoire, l’écart salarial dans les hauts revenus serait de 3,2 % en Guyane.
L’écart de rémunération résiduel, non expliqué, relève des caractéristiques non prises en compte dans cette étude comme le diplôme, l’ancienneté sur le poste et dans l’entreprise, l’expérience professionnelle, le nombre d’enfants ou encore les pratiques salariales.
Encadré 1 - La spécificité du temps partiel
Les écarts de salaires entre femmes et hommes dans le secteur privé en Guyane s’expliquent en partie par la proportion plus élevée de femmes à temps partiel : 20 % des femmes sont à temps partiel en 2022, contre 10 % des hommes. En Guyane, toute quotité de travail confondue, la moitié des femmes salariées du secteur privé perçoivent au moins 1 795 euros nets mensuels en EQTP, soit 2,5 % de moins que leurs homologues masculins (1 840 euros). Or, en ne tenant compte que des salariés à temps partiel, cet écart s’inverse à 1,4 % en faveur des femmes, ce qui suggère que la quotité de travail est un déterminant dans la comparaison des écarts de rémunération. En ne tenant compte que des salariés à temps complet, l’écart au seuil des hauts salaires diminue : il passe de 14,2 % à 13,0 %. Néanmoins, ce choix n’exclut pas toutes les situations qui pourraient correspondre à du temps partiel, comme les salariés présents moins de onze mois dans l’année sur leur poste. En excluant également ces salariés du champ de l’étude, l’écart passe de 13,0 % à 13,9 %.
La compréhension de l’origine des écarts de rémunération entre femmes et hommes nécessite de séparer l’effet mécanique de la quotité de travail qui entraîne une augmentation de la rémunération avec le volume de travail. Comme la source utilisée ne permet pas une caractérisation fine de la quotité de travail d’une part, et une mesure de l’expérience professionnelle et de l’ancienneté sur le poste d’autre part, le choix a été fait de retirer du modèle explicatif de cette étude la population à temps partiel et présente moins de onze mois dans l’année sur leur poste. Cela permet d’étudier les sources des écarts de salaire sur une population plus homogène en termes de carrières, de primes d’ancienneté ou de performance.
Les femmes restant dans l’échantillon pourraient être confrontées à des dynamiques de « plafond de verre » qui limitent leur accession aux fonctions à haut revenu [Ponthieux, Meurs, 2015 ; pour en savoir plus (8)].
Pour comprendre
Dans cette étude, une méthode de décomposition par quantile est mise en œuvre [Firpo et al., 2009 ; pour en savoir plus (7)]. Cette dernière permet d’examiner les écarts de rémunération à différents points de la distribution des salaires. La première partie de la décomposition est qualifiée d’« expliquée » car elle correspond à la part de l’écart de rémunération entre les femmes et les hommes qui résulte de différences dans leurs caractéristiques observables au niveau quantile (âge, volume horaire de travail, type de contrat de travail (CDD, CDI), catégorie socio-professionnelle, taille de l'établissement et secteur d’activité). La seconde est qualifiée au contraire d’« inexpliquée » car elle correspond à certaines caractéristiques inobservées dans cette étude comme le diplôme, l’ancienneté sur le poste, la quotité de travail, le nombre d’enfants, l’expérience professionnelle (variables non disponibles dans la Base Tous Salariés) ou certaines pratiques salariales.
Champ
Le champ retenu pour l’analyse descriptive est le suivant : les salariés du secteur privé en Guyane et en France hexagonale (postes non annexes, hors apprentis, stagiaires, particuliers employeurs, agriculteurs et chefs d’entreprise) en 2022. Afin de corriger en partie l’effet des caractéristiques liées à l’ancienneté sur le poste, à l’expérience professionnelle, à la quotité de travail et au temps de travail qui sont absentes de la base tous salariés, le champ retenu de l’étude sur les hauts salaires est restreint aux salariés à temps complet présents au moins onze mois dans l’année sur leur poste. Ce champ restreint a été utilisé pour quantifier les sources des écarts de rémunération entre les femmes et les hommes dans les hauts salaires.
Sources
La base Tous salariés est une base statistique sur l’ensemble des salariés, produite à partir des déclarations administratives de leurs employeurs. Sur le champ privé, les salaires annuels et les effectifs sont principalement issus des déclarations sociales nominatives (DSN) que les entreprises adressent à l’administration et que l’Insee traite ensuite.
Définitions
La durée légale du travail effectif des salariés à temps complet est une durée de référence. Elle est fixée à 35 heures hebdomadaires (1 607 heures annuelles) pour toutes les entreprises.
Un temps partiel est un temps de travail inférieur à la durée légale du travail ou à la durée conventionnelle si celle-ci est inférieure. Il doit obligatoirement faire l’objet d’un contrat de travail écrit. Le travail à temps partiel peut être mis en place à l'initiative de l'employeur ou du salarié.
La quotité de travail est le pourcentage de temps de travail d’un salarié par rapport à la durée légale ou conventionnelle de travail. Un salarié à mi-temps a une quotité de travail de 50 %.
Le secteur privé s’entend au sens large, c’est-à-dire y compris entreprises publiques. Une entreprise publique est une entreprise sur laquelle l’État peut exercer directement ou indirectement une influence dominante du fait de la propriété ou de la participation financière, en disposant soit de la majorité du capital, soit de la majorité des voix attachées aux parts émises. Les entreprises publiques sont donc à bien distinguer de la fonction publique (qui regroupe les personnes morales et organismes soumis au droit administratif dans lequel le recrutement se fait sur la base du droit public).
Le salaire en équivalent temps plein (EQTP) est un salaire converti à un temps plein pendant toute l'année, quel que soit le volume de travail effectif. Par exemple, pour un agent ayant occupé un poste de travail pendant six mois à 80 % et ayant perçu un total de 10 000 euros, le salaire en EQTP est de 10 000/(0,5×0,8) = 25 000 euros par an. Pour calculer le salaire moyen en EQTP ou sa distribution, tous les postes y compris les postes à temps partiel sont pris en compte au prorata de leur volume de travail effectivement rémunéré (soit 0,5×0,8=0,4 EQTP dans l'exemple précédent).
Le salaire net (de prélèvements sociaux) est le salaire que perçoit effectivement le salarié avant prélèvement de l’impôt sur le revenu. Il s’obtient en retranchant du salaire brut les cotisations sociales salariales, la contribution sociale généralisée (CSG) et la contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS). Calculé à partir du salaire net fiscal (qui sert d’assiette à l’impôt sur le revenu), il ne comprend pas la participation et l’intéressement placés sur un plan d’épargne entreprise, car ceux-ci ne sont principalement pas imposables, mais comprend les cotisations patronales pour les complémentaires santé obligatoires.
Le salaire minimum interprofessionnel de croissance, plus connu sous l'acronyme Smic, anciennement salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG), est, en France, le salaire minimum horaire en dessous duquel aucun salarié de plus de 18 ans ne peut être payé. Dans cette étude, la valeur du Smic mensuel net de référence (correspondant à un temps plein) est celle valable au 1er août 2022, soit 1 329 euros.
Pour en savoir plus
(1) Retrouvez davantage de données associées à cette publication en téléchargement.
(2) Chareyron S., Leborgne M., L’horty Y., « Ouvrir dans un nouvel ongletLes écarts de rémunération au recrutement des hommes et des femmes : une investigation en entreprise », Revue française d’économie, 37(1), 13-44, 2022.
(3) Charrier R., Douriaud C., Garandeau C., « L’impact de l’activité spatiale dans l’économie guyanaise en 2019 », Insee Dossier Guyane no 11, décembre 2022.
(4) Godet F., Sanchez Gonzalez J., « Les salaires dans le secteur privé en 2022 », Insee Première no 1971, novembre 2023.
(5) Brefort M., Riem B., « Le temps de travail et le poste occupé : deux facteurs explicatifs majeurs des écarts de salaires femmes - hommes », Insee Analyses Hauts-de-France, mars 2023.
(6) Boutchenik B., Coudin E., Maillard S., « Les méthodes de décomposition appliquées à l’analyse des inégalités », Direction de la Méthodologie et de la Coordination Statistique et Internationale, avril 2019.
(7) Firpo S., Fortin N. M., Lemieux T., « Ouvrir dans un nouvel onglet Unconditional Quantile Regressions », Econometrica, 77(3) : 953-973, mai 2009.
(8) Ponthieux S., Meurs D., « Ouvrir dans un nouvel onglet Gender inequality », in Handbook of income distribution (Vol. 2, pp. 981-1146), Elsevier, 2015.