Insee
Insee Première · Novembre 2023 · n° 1971
Insee PremièreLes salaires dans le secteur privé en 2022 Une nette baisse du pouvoir d’achat, hormis au niveau du Smic

Fanny Godet, Joan Sanchez Gonzalez (Insee)

En 2022, un salarié du secteur privé gagne en moyenne 2 630 euros nets par mois en équivalent temps plein (EQTP). Dans un contexte de fort regain d’inflation, le salaire net moyen a diminué en euros constants : -1,0 %. Ce recul est le plus fort observé sur les vingt-cinq dernières années, hormis les évolutions en trompe-l’œil en 2020 et 2021, qui résultaient en grande partie de modifications dans la composition de l’emploi pendant la crise sanitaire.

La moitié des salariés du secteur privé perçoivent moins de 2 091 euros nets par mois en EQTP. Un salarié sur dix gagne moins de 1 436 euros, tandis qu’un sur dix perçoit plus de 4 162 euros. En 2022, seul le pouvoir d’achat des plus bas salaires s’est maintenu, du fait des revalorisations du Smic à hauteur de l’inflation, si bien que les disparités salariales ont diminué.

Les femmes gagnent en moyenne 14,1 % de moins que les hommes en EQTP. Cet écart s’est réduit de 0,7 point par rapport à 2021 et de 6,8 points depuis 2008.

Les salaires dans le secteur privé en 2022 - Une nette baisse du pouvoir d’achat, hormis au niveau du Smic
Publication rédigée par :Fanny Godet, Joan Sanchez Gonzalez (Insee)

En 2022, dans le secteur privé, le salaire net en équivalent temps plein atteint en moyenne 2 630 euros par mois

En 2022, le salaire dans le est en moyenne de 3 466 euros par mois, soit 2 630 euros de cotisations et contributions sociales (figure 1). Il a nettement augmenté en euros courants : +4,4 % par rapport à 2021 pour le brut, +4,2 % pour le net. Ces hausses, particulièrement élevées au regard des trente dernières années, sont directement liées au fort regain d’inflation : la hausse des prix à la consommation a en effet entraîné trois revalorisations automatiques du Smic dans l’année (+0,9 % en janvier, +2,6 % en mai, +2,0 % en août) et favorisé des renégociations d’accords salariaux en cours d’année au sein des branches et des entreprises. Le versement de primes pour soutenir le pouvoir d’achat (prime exceptionnelle de pouvoir d’achat puis prime de partage de valeur) a également contribué à la progression d’ensemble (encadré). Toutefois, en 2022, les prix à la consommation ont augmenté plus fortement (+5,2 %, après +1,6 % en 2021), si bien que le salaire net moyen en a diminué de 1,0 %. Entre 1996 et 2019, les salaires nets en euros constants avaient augmenté de 0,6 % en moyenne par an. Ils ont bondi en 2020 (+3,2 %) puis se sont repliés en 2021 (-1,3%), ces évolutions en trompe-l’œil des salaires résultant en grande partie de modifications dans la composition de l’emploi durant la crise sanitaire [Sanchez Gonzalez et al., 2023]. Si l’on excepte le repli de 2021, la baisse du pouvoir d’achat des salaires nets en EQTP en 2022 est la plus forte depuis 1996, année depuis laquelle l’Insee mesure cet indicateur.

Figure 1 – Salaires mensuels moyens et répartition des effectifs en équivalent temps plein (EQTP) en 2022

Figure 1 – Salaires mensuels moyens et répartition des effectifs en équivalent temps plein (EQTP) en 2022 - Lecture : Entre 2021 et 2022, le salaire net moyen de l'ensemble des salariés a diminué de 1,0 % en euros constants.
Catégories Salaires mensuels1 bruts Salaires mensuels1 nets Évolution 2022/2021 de la RMPP3 nette
(en %, en euros constants)
Répartition des effectifs1 en 2022
(en %)
2022
(en euros)
Évolution 2022/2021
(en %)
2022
(en euros)
Évolution 2022/2021
(en %)
en euros courants en euros constants en euros courants en euros constants
Cadres2 6 003 4,3 -0,9 4 489 3,9 -1,2 2,1 22,6
Professions intermédiaires 3 401 4,4 -0,8 2 572 4,3 -0,9 1,5 20,4
Employés 2 443 4,4 -0,8 1 879 4,3 -0,9 1,1 27,1
Ouvriers 2 518 4,3 -0,8 1 943 4,2 -0,9 0,7 29,9
Femmes 3 173 4,9 -0,3 2 401 4,7 -0,5 1,4 41,9
Hommes 3 677 4,1 -1,0 2 795 3,9 -1,2 1,3 58,1
Industrie 3 890 5,0 -0,2 2 906 4,7 -0,5 1,7 16,3
Construction 3 065 3,6 -1,5 2 344 3,4 -1,7 0,0 8,2
Tertiaire 3 418 4,4 -0,8 2 601 4,2 -1,0 1,3 75,5
Ensemble 3 466 4,4 -0,8 2 630 4,2 -1,0 1,3 100
  • 1. En EQTP.
  • 2. Y compris les chefs d'entreprise salariés.
  • 3. Rémunération moyenne des personnes en place (RMPP).
  • Lecture : Entre 2021 et 2022, le salaire net moyen de l'ensemble des salariés a diminué de 1,0 % en euros constants.
  • Champ : France hors Mayotte, salariés du privé, y compris bénéficiaires de contrats aidés et de contrats de professionnalisation ; hors apprentis, stagiaires, salariés agricoles et salariés des particuliers employeurs.
  • Source : Insee, base Tous salariés 2022.

En 2022, le pouvoir d’achat des salaires a diminué sauf au niveau du Smic

En 2022, la moitié des salariés du secteur privé perçoivent moins de 2 091 euros nets par mois en EQTP. Ce salaire net médian est inférieur de 20,5 % au salaire moyen, ce qui traduit une plus forte concentration des salaires dans le bas de la distribution (figure 2). Près de huit salariés sur dix ont un salaire net mensuel compris entre le Smic (1 269 euros, nets de contributions et de cotisations sociales, en début d’année, 1 329 euros en fin d’année) et 3 500 euros.

Figure 2 – Distribution des salaires mensuels nets en équivalent temps plein (EQTP) en 2022

Figure 2 – Distribution des salaires mensuels nets en équivalent temps plein (EQTP) en 2022 - Lecture : En 2022, un salarié sur deux gagne plus de 2 091 euros nets en EQTP par mois.
Salaires mensuels nets
(en euros)
Effectifs
(en milliers d’EQTP)
Moins de 1 300 531
De 1 300 à 1 400 832
De 1 400 à 1 500 1 027
De 1 500 à 1 600 1 174
De 1 600 à 1 700 1 198
De 1 700 à 1 800 1 116
De 1 800 à 1 900 1 030
De 1 900 à 2 000 938
De 2 000 à 2 100 861
De 2 100 à 2 200 770
De 2 200 à 2 300 688
De 2 300 à 2 400 616
De 2 400 à 2 500 547
De 2 500 à 2 600 495
De 2 600 à 2 700 447
De 2 700 à 2 800 402
De 2 800 à 2 900 359
De 2 900 à 3 000 323
De 3 000 à 3 100 294
De 3 100 à 3 200 266
De 3 200 à 3 300 240
De 3 300 à 3 400 220
De 3 400 à 3 500 200
De 3 500 à 3 600 183
De 3 600 à 3 700 168
De 3 700 à 3 800 152
De 3 800 à 3 900 139
De 3 900 à 4 000 130
De 4 000 à 4 100 120
De 4 100 à 4 200 110
De 4 200 à 4 300 102
De 4 300 à 4 400 94
De 4 400 à 4 500 85
De 4 500 à 4 600 79
De 4 600 à 4 700 74
De 4 700 à 4 800 69
De 4 800 à 4 900 63
De 4 900 à 5 000 59
De 5 000 à 5 100 56
De 5 100 à 5 200 51
De 5 200 à 5 300 47
De 5 300 à 5 400 44
De 5 400 à 5 500 42
De 5 500 à 5 600 39
De 5 600 à 5 700 37
De 5 700 à 5 800 34
De 5 800 à 5 900 32
De 5 900 à 6 000 30
De 6 000 à 6 100 29
De 6 100 à 6 200 27
De 6 200 à 6 300 25
De 6 300 à 6 400 24
De 6 400 à 6 500 22
De 6 500 à 6 600 21
De 6 600 à 6  700 20
De 6 700 à 6 800 19
De 6 800 à 6 900 18
De 6 900 à 7 000 17
De 7 000 à 7 100 16
De 7 100 à 7 200 15
De 7 200 à 7 300 14
De 7 300 à 7 400 13
De 7 400 à 7 500 13
De 7 500 à 7 600 12
De 7 600 à 7 700 12
De 7 700 à 7 800 11
De 7 800 à 7 900 11
De 7 900 à 8 000 10
De 8 000 à 8 100 10
De 8 100 à 8 200 9
De 8 200 à 8 300 9
De 8 300 à 8 400 8
De 8 400 à 8 500 8
De 8 500 à 8 600 8
De 8 600 à 8 700 7
De 8 700 à 8 800 7
De 8 800 à 8 900 7
De 8 900 à 9 000 6
9 000 ou plus 224
  • Note : Certains salaires en EQTP sont inférieurs au Smic ; ceci est en effet permis par certains statuts. Cependant, l'existence de rémunérations inférieures au Smic peut aussi provenir d’incohérences entre salaires et durées travaillées dans les déclarations administratives, qui ne peuvent être toutes redressées.
  • Lecture : En 2022, un salarié sur deux gagne plus de 2 091 euros nets en EQTP par mois.
  • Champ : France hors Mayotte, salariés du privé, y compris bénéficiaires de contrats aidés et de contrats de professionnalisation ; hors apprentis, stagiaires, salariés agricoles et salariés des particuliers employeurs.
  • Source : Insee, base Tous salariés 2022.

Figure 2 – Distribution des salaires mensuels nets en équivalent temps plein (EQTP) en 2022

  • Note : Certains salaires en EQTP sont inférieurs au Smic ; ceci est en effet permis par certains statuts. Cependant, l'existence de rémunérations inférieures au Smic peut aussi provenir d’incohérences entre salaires et durées travaillées dans les déclarations administratives, qui ne peuvent être toutes redressées.
  • Lecture : En 2022, un salarié sur deux gagne plus de 2 091 euros nets en EQTP par mois.
  • Champ : France hors Mayotte, salariés du privé, y compris bénéficiaires de contrats aidés et de contrats de professionnalisation ; hors apprentis, stagiaires, salariés agricoles et salariés des particuliers employeurs.
  • Source : Insee, base Tous salariés 2022.

Aux extrémités de la distribution, un salarié sur dix gagne moins de 1 436 euros nets par mois (1er décile, D1), tandis qu’un sur dix perçoit plus de 4 162 euros (9e décile, D9) (figure 3). Un salarié sur cent gagne plus de 9 973 euros nets (99e centile), soit environ 7,5 fois le Smic. L’accélération des prix en 2022 a déformé l’échelle salariale : en euros constants, seuls les salaires en bas de la distribution se sont presque stabilisés (-0,1 % pour le 1er décile), du fait des revalorisations du Smic à hauteur de l’inflation, et les autres ont baissé, de plus en plus fortement à mesure que l’on grimpe dans le reste de la distribution (-0,5 % dès le 2e décile, -1,3 % pour le salaire médian et -1,4 % pour le 9e décile). Les disparités salariales, mesurées par le rapport interdécile D9/D1, ont donc baissé (2,90 après 2,93), à leur plus bas niveau depuis 2014 ; elles avaient diminué dans les années 2000, avant d’augmenter, dans une moindre ampleur, durant la décennie suivante (figure 4). Elles ont globalement baissé entre 1996 et 2022, reflétant le fait que le 1er décile a un peu plus augmenté que le 9e (+18,7 % contre +14,9 %).

Figure 3 – Distribution par sexe des salaires mensuels nets en équivalent temps plein (EQTP) en 2022

Figure 3 – Distribution par sexe des salaires mensuels nets en équivalent temps plein (EQTP) en 2022 - Lecture : En 2022, 10 % (1er décile) des salariés en EQTP perçoivent un salaire mensuel net inférieur à 1 436 euros.
Quantiles Femmes Hommes Ensemble
2022 Évolution 2022/2021
(en %, en euros constants)
2022 Évolution 2022/2021
(en %, en euros constants)
2022 Évolution 2022/2021
(en %, en euros constants)
1er décile 1 410 0,2 1 466 -0,5 1 436 -0,1
2e décile 1 541 -0,1 1 637 -1,0 1 591 -0,5
3e décile 1 665 -0,3 1 798 -1,3 1 736 -0,9
4e décile 1 807 -0,5 1 977 -1,4 1 900 -1,1
Médiane 1 975 -0,7 2 182 -1,5 2 091 -1,3
6e décile 2 185 -0,9 2 441 -1,5 2 330 -1,3
7e décile 2 472 -1,0 2 796 -1,4 2 657 -1,3
8e décile 2 904 -0,9 3 354 -1,4 3 159 -1,3
9e décile 3 732 -0,8 4 469 -1,6 4 162 -1,4
95e centile 4 730 -0,8 5 863 -1,7 5 400 -1,5
99e centile 8 101 -0,3 11 206 -1,2 9 973 -1,2
Moyenne 2 401 -0,5 2 795 -1,2 2 630 -1,0
  • Lecture : En 2022, 10 % (1er décile) des salariés en EQTP perçoivent un salaire mensuel net inférieur à 1 436 euros.
  • Champ : France hors Mayotte, salariés du privé, y compris bénéficiaires de contrats aidés et de contrats de professionnalisation ; hors apprentis, stagiaires, salariés agricoles et salariés des particuliers employeurs.
  • Source : Insee, base Tous salariés 2022.

Figure 4 – Évolution de la distribution du salaire net en équivalent temps plein (EQTP) depuis 1996, en euros constants

Figure 4 – Évolution de la distribution du salaire net en équivalent temps plein (EQTP) depuis 1996, en euros constants - Lecture : Entre 1996 et 2022, le 9e décile des salaires nets en EQTP a augmenté de 14,9 %, en euros constants.
Décile 1er décile Médiane 9e décile Rapport D9/D1
(échelle de droite)
1996 100 100 100 2,99
1997 101,5 100,7 100,2 2,95
1998 103,5 101,8 101 2,92
1999 104,7 102,5 102,8 2,94
2000 104,5 102,3 103,3 2,96
2001 106,3 102,8 104,4 2,94
2002 107,2 103,4 104,2 2,91
2003 107,2 103,5 104 2,90
2004 108,3 103,3 103,9 2,87
2005 110,3 104,3 105 2,85
2006 110,2 104,4 104,8 2,85
2007 111 105,6 106,4 2,87
2008 111,6 106,2 106,3 2,85
2009 113,8 108,3 107,9 2,84
2010 113,7 108,6 108,4 2,85
2011 114,1 108,7 108,9 2,86
2012 114 108,1 108,8 2,86
2013 113,3 108 108,6 2,87
2014 113,4 108,1 109,6 2,89
2015 114,1 108,8 111,1 2,91
2016 114,2 109,3 111,7 2,93
2017 115 110,3 112,8 2,94
2018 115,2 110,5 113,4 2,95
2019 117,2 113,3 114,2 2,92
2020 118,5 116,4 119 3,01
2021 118,8 115 116,5 2,93
2022 118,7 113,5 114,9 2,90
  • Lecture : Entre 1996 et 2022, le 9e décile des salaires nets en EQTP a augmenté de 14,9 %, en euros constants.
  • Champ : France hors Mayotte, salariés du privé ; hors salariés agricoles et salariés des particuliers employeurs. À partir de 2009, les apprentis et les stagiaires sont exclus ; de 2009 à 2011, les bénéficiaires de contrats aidés et de contrats de professionnalisation sont exclus.
  • Source : Insee, bases Tous salariés, séries longues sur les salaires.

Figure 4 – Évolution de la distribution du salaire net en équivalent temps plein (EQTP) depuis 1996, en euros constants

  • Lecture : Entre 1996 et 2022, le 9e décile des salaires nets en EQTP a augmenté de 14,9 %, en euros constants.
  • Champ : France hors Mayotte, salariés du privé ; hors salariés agricoles et salariés des particuliers employeurs. À partir de 2009, les apprentis et les stagiaires sont exclus ; de 2009 à 2011, les bénéficiaires de contrats aidés et de contrats de professionnalisation sont exclus.
  • Source : Insee, bases Tous salariés, séries longues sur les salaires.

L’écart de salaire entre femmes et hommes s’est de nouveau réduit

En 2022, les femmes gagnent en moyenne 14,1 % de moins que les hommes en EQTP dans le secteur privé. En euros constants, le salaire net moyen en EQTP des femmes a diminué de 0,5 % en 2022 (figure 1), soit moins que celui des hommes (-1,2 %). La surreprésentation des femmes dans le bas de la distribution, où le pouvoir d’achat des salaires a mieux résisté, explique en partie ces écarts entre évolutions. L’écart de salaire moyen entre femmes et hommes continue donc de se réduire en 2022 : -0,7 point, portant à -6,8 points la réduction depuis 2008.

L’écart salarial moyen entre femmes et hommes traduit une sous-représentation des femmes dans le haut de la distribution des salaires. Elles ne représentent que 22,9 % des 1 % des salariés les mieux rémunérés, contre 41,9 % de l’ensemble des salariés du privé. Ainsi, l’écart de salaire entre les femmes et les hommes sur les 99 premiers centiles, de 10,2 %, est inférieur de 3,9 points à l’écart moyen sur l’ensemble des salariés.

L’écart salarial entre femmes et hommes reflète en premier lieu l’effet de la ségrégation professionnelle et des inégalités qui l’accompagnent : la structure des emplois par secteur d’activité, taille d’entreprise, âge, catégorie socioprofessionnelle et condition d’emploi n’est pas la même pour les femmes et pour les hommes. À poste comparable, c’est-à-dire à profession identique exercée au sein d’un même établissement, l’écart de salaire moyen en EQTP entre les femmes et les hommes se réduit à 4,0 % dans le secteur privé en 2022 (après 4,3 % en 2021). Pour autant, cet écart résiduel ne peut pas s’interpréter comme une mesure de l’ampleur des discriminations salariales entre femmes et hommes, du fait de différences de caractéristiques non observables dans les sources administratives sur les salaires (ancienneté, expérience, niveau de responsabilités et tâches effectuées, etc.).

Le salaire net moyen en euros constants a diminué pour toutes les catégories socioprofessionnelles

En euros constants, le salaire net moyen a diminué pour toutes les catégories socioprofessionnelles, un peu moins cependant pour les ouvriers, les employés et les professions intermédiaires (-0,9 %) que pour les cadres (-1,2 %). En effet les cadres sont davantage représentés dans la moitié haute de l’échelle salariale, où le décrochage des salaires vis‑à‑vis de l’inflation est le plus marqué.

Le salaire net moyen en EQTP en 2022 est de 2 906 euros dans l’industrie, 2 344 euros dans la construction et 2 601 euros dans le tertiaire. Il est notamment plus élevé dans les secteurs où les cadres sont surreprésentés, comme les services financiers (4 018 euros) ou l’information-communication (3 783 euros). À l’inverse, il est plus faible dans l’hébergement-restauration (1 901 euros), qui concentre une forte part d’employés. Le salaire net moyen a diminué de 0,5 % en euros constants dans l’industrie, de 1,7 % dans la construction et de 1,0 % dans le tertiaire.

Le salaire net des personnes en place a augmenté de 1,3 % en euros constants

Les « personnes en place », c’est-à-dire les salariés présents du 1er janvier 2021 au 31 décembre 2022 dans le même établissement et avec la même quotité de travail sur les deux années, représentent 52,2 % du volume de travail en EQTP en 2022. Leur profil est différent de celui de l’ensemble des salariés : en particulier, les hommes, les salariés en seconde partie de carrière, ainsi que les salariés à temps complet ou en contrat à durée indéterminée (CDI) y sont surreprésentés. Le salaire net moyen en EQTP de ces salariés, appelé , a augmenté de 1,3 % en euros constants en 2022 (après +0,8 % en 2021). Cette hausse reflète les gains liés à l’ancienneté et aux progressions de carrière. Elle contribue pour +0,9 point à l’évolution du salaire moyen en euros constants de l’ensemble des salariés. Cette dernière est à l’inverse grevée notamment par le fait que les jeunes générations de salariés entrant sur le marché du travail ont des salaires plus faibles en moyenne que celles partant à la retraite : cet effet « de noria » pèse pour -1,1 point sur l’évolution d’ensemble en 2022.

Le salaire horaire net moyen atteint 17,0 euros en 2022

Le salaire horaire net moyen s’établit à 17,0 euros pour l’ensemble des salariés du secteur privé en 2022, en baisse de 1,1 % en euros constants par rapport à 2021. Celui des femmes est inférieur de 13,3 % à celui des hommes (15,6 euros contre 18,0 euros), contre 14,1 % pour l’écart salarial mesuré en équivalent temps plein. Cela est dû au fait que le volume de travail, mesuré par le concept d’équivalent temps plein ne prend pas en compte les heures supplémentaires, qui sont plus fréquentes pour les hommes. Femmes et hommes confondus, le salaire horaire des cadres est environ 2,4 fois plus élevé que celui des employés et des ouvriers dans le secteur privé : il s’élève en moyenne à 29,3 euros nets pour les cadres, contre 16,6 euros pour les professions intermédiaires, 12,5 euros pour les ouvriers et 12,1 euros pour les employés.

Encadré – En 2022, plus d’un salarié sur quatre a touché une prime de soutien au pouvoir d’achat, pour un montant moyen de 803 euros par bénéficiaire

Le dispositif de prime exceptionnelle de pouvoir d’achat (Pepa), initialement mis en œuvre début 2019, a été reconduit une dernière fois entre juin 2021 et mars 2022 : durant cette période, les employeurs pouvaient verser jusqu’à 1 000 euros de primes désocialisées et défiscalisées par salarié ayant une rémunération annuelle inférieure à trois fois le Smic (et même jusqu’à 2 000 euros au sein des entreprises ayant un accord d’intéressement). Depuis juillet 2022, la prime de partage de la valeur (PPV) succède à la prime Pepa en en reprenant les principes, les plafonds de versement étant relevés à 3 000 euros par année civile et par salarié dans le cas général, 6 000 euros en cas d’accord d’intéressement. La part des salariés ayant perçu une prime de pouvoir d’achat (Pepa) ou de partage de la valeur (PPV), a pratiquement doublé entre 2021 et 2022, passant de 13,8 % à 26,5 % (figure). Elle a augmenté pour toutes les professions, mais de façon plus marquée pour les cadres et les professions intermédiaires. Cela peut s’expliquer par le fait que la PPV a été étendue à tous les salariés, y compris ceux rémunérés à plus de trois Smic (pour ces derniers, toutefois, la prime n’est pas défiscalisée). Comme en 2021, les salariés exerçant une profession intermédiaire sont relativement plus nombreux à percevoir une prime de pouvoir d’achat (34,9 %).

En outre, le montant annuel moyen de prime par bénéficiaire a nettement augmenté : 803 euros en 2022, après 559 euros en 2021. Par secteur d’activité, le recours à la prime est particulièrement répandu, et les montants versés sont relativement élevés dans la cokéfaction‑raffinage (plus de sept salariés bénéficiaires sur dix, pour un montant de 3 548 euros en moyenne sur l’année) et les services financiers (plus d’un salarié bénéficiaire sur deux, pour un montant de 1 280 euros en moyenne).

Même si le recours à ces primes ne peut pas, en théorie, se substituer à des revalorisations ou à d’autres primes prévues par un accord salarial ou par le contrat de travail, des employeurs auraient sans doute versé, sous une forme différente, une partie au moins du montant de la prime à leurs salariés [Fosse et al., 2023].

Parts de salariés ayant perçu les primes Pepa¹ et PPV¹ et montants moyens par bénéficiaire, selon les caractéristiques des salariés

Parts de salariés ayant perçu les primes Pepa¹ et PPV¹ et montants moyens par bénéficiaire, selon les caractéristiques des salariés - Lecture : En 2022, 25,8 % des femmes salariées dans le secteur privé ont perçu une prime Pepa et/ou PPV, pour un montant moyen par bénéficiaire de 794 euros.
Caractéristiques 2021 2022
Part
(en %)
Montant annuel moyen
(en euros courants)
Part
(en %)
Montant annuel moyen
(en euros courants)
Femmes 14,6 546 25,8 794
Hommes 13,3 571 27,1 810
Cadres 8,5 675 26,5 1 045
Professions intermédiaires 17,6 609 34,9 866
Employés 13,3 529 22,5 676
Ouvriers 15,3 512 25,5 708
Ensemble 13,8 559 26,5 803
  • 1. Prime de pouvoir d’achat (Pepa) ou de partage de la valeur (PPV).
  • Note : La catégorie socioprofessionnelle est relative au poste principal du salarié.
  • Lecture : En 2022, 25,8 % des femmes salariées dans le secteur privé ont perçu une prime Pepa et/ou PPV, pour un montant moyen par bénéficiaire de 794 euros.
  • Champ : France hors Mayotte, salariés du privé, y compris bénéficiaires de contrats aidés et de contrats de professionnalisation ; hors apprentis, stagiaires, salariés agricoles et salariés des particuliers employeurs.
  • Source : Insee, base Tous salariés 2022.
Publication rédigée par :Fanny Godet, Joan Sanchez Gonzalez (Insee)
Publication rédigée par :Fanny Godet, Joan Sanchez Gonzalez (Insee)

Sources

La base Tous salariés est une base statistique sur l’ensemble des salariés, produite à partir des déclarations administratives de leurs employeurs. Sur le champ privé, les salaires annuels et les effectifs sont principalement issus des déclarations sociales nominatives (DSN) que les entreprises adressent à l’administration et que l’Insee traite ensuite. Les salariés du secteur agricole, les agents du secteur public, les salariés des particuliers employeurs, ainsi que les apprentis et les stagiaires sont exclus de cette étude. Les bénéficiaires de contrats aidés et de professionnalisation sont en revanche inclus. Des analyses centrées sur les salaires des agents du secteur public sont par ailleurs régulièrement effectuées dans des publications dédiées par versant de la fonction publique.

Une observation de salaire correspond à un poste salarié, soit un individu dans un établissement une année donnée (un individu présent dans deux établissements est donc comptabilisé dans deux postes distincts). Toutefois, dans l’encadré portant sur les primes de soutien au pouvoir d’achat, l’unité statistique est le salarié.

Définitions

Le secteur privé s’entend au sens large, c’est-à-dire y compris entreprises publiques. Une entreprise publique est une entreprise sur laquelle l'État peut exercer directement ou indirectement une influence dominante du fait de la propriété ou de la participation financière, en disposant soit de la majorité du capital, soit de la majorité des voix attachées aux parts émises. Les entreprises publiques sont donc à bien distinguer de la fonction publique (qui regroupe les personnes morales et organismes soumis au droit administratif dans lequel le recrutement se fait sur la base du droit public).

Le salaire en équivalent temps plein (EQTP) est un salaire converti à un temps plein pendant toute l'année, quel que soit le volume de travail effectif. Par exemple, pour un agent ayant occupé un poste de travail pendant six mois à 80 % et ayant perçu un total de 10 000 euros, le salaire en EQTP est de 10 000/(0,5×0,8) = 25 000 euros par an. Pour calculer le salaire moyen en EQTP ou sa distribution, tous les postes y compris les postes à temps partiel sont pris en compte au prorata de leur volume de travail effectivement rémunéré (soit 0,5×0,8=0,4 EQTP dans l'exemple précédent).

Le salaire brut correspond à l’intégralité des sommes perçues par le salarié au titre de son contrat de travail, avant toute déduction de cotisations et contributions salariales obligatoires. Il intègre les sommes versées dans le cadre de l’épargne salariale (participation et intéressement).

Le salaire net (de prélèvements sociaux) est le salaire que perçoit effectivement le salarié avant prélèvement de l’impôt sur le revenu. Il s’obtient en retranchant du salaire brut les cotisations sociales salariales, la contribution sociale généralisée (CSG) et la contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS). Calculé à partir du salaire net fiscal (qui sert d’assiette à l’impôt sur le revenu), il ne comprend pas la participation et l’intéressement placés sur un plan d’épargne entreprise, car ceux-ci ne sont principalement pas imposables, mais comprend les cotisations patronales pour les complémentaires santé obligatoires.

Les évolutions en euros constants sont calculées en référence aux évolutions de l’indice des prix à la consommation (y compris tabac) de l’ensemble des ménages.

La rémunération moyenne des personnes en place (RMPP) est le salaire net moyen en équivalent temps plein (EQTP) des seules personnes présentes deux années complètes chez le même employeur et avec la même condition d’emploi les deux années. Calculée sur une sous‑population stable par construction, l’évolution de la RMPP mesure les effets liés à l’ancienneté et aux progressions de carrière de cette sous‑population et ne reflète pas les évolutions salariales liées aux mouvements de main‑d’œuvre (entrées, sorties).

Pour en savoir plus

Outil de datavisualisation sur les salaires.

« Séries longues sur les salaires dans le secteur privé et dans la fonction publique », Insee Résultats, octobre 2023.

« Les salaires bruts dans le secteur privé en 2021 – Base Tous salariés », Insee Résultats, octobre 2023.

Bour R., Fabre M., Brembilla L., « Davantage de salariés ont changé d’entreprise en 2022 qu’avant la crise sanitaire », in Emploi, chômage, revenus du travail, coll. « Insee Références », édition 2023.

Godet F., « Dans le secteur privé, l’écart de salaire entre femmes et hommes est d’environ 4 % à temps de travail et à postes comparables en 2021 », Insee Focus n° 292, mars 2023.

Fosse M.-A., Guggemos F., Thélot H., « Prime de partage de la valeur : des versements massifs fin 2022, avec de potentiels effets d’aubaine », in Note de conjoncture, Insee, mars 2023.

Sanchez Gonzalez J., Sokhna N. P., « Les salaires dans le secteur privé en 2022 – Des évolutions encore affectées par la crise sanitaire », Insee Première n° 1938, février 2023.