Insee Flash Grand Est ·
Janvier 2025 · n° 104
Avec le vieillissement de la population, davantage d’utilisateurs de services à la
personne en 2050
D’ici 2050, dans le Grand Est, si les tendances démographiques se poursuivaient, les ménages utilisateurs de services à la personne seraient 20 % de plus. Cette hausse aurait lieu partout sur le territoire et particulièrement à l’est de la région. Les besoins accrus de ce type de services proviendraient essentiellement du vieillissement de la population et de la réduction de la taille des ménages. Si le nombre de salariés des services à la personne augmentait de la même façon que le nombre de ménages utilisateurs, 16 000 emplois supplémentaires seraient nécessaires d’ici une trentaine d’années.
- En 2050, 65 000 ménages supplémentaires seraient utilisateurs des services à la personne
- Près de la moitié des utilisateurs seraient âgés de 80 ans ou plus
- La demande de services à la personne augmenterait plus fortement dans les départements alsaciens
- Encadré - 16 000 emplois nécessaires d’ici 2050
En 2050, 65 000 ménages supplémentaires seraient utilisateurs des services à la personne
Les activités de services à la personne (SAP) sont liées à l’assistance des personnes dans leurs tâches quotidiennes et sont accomplies à leur domicile, comme l’aide aux personnes âgées ou handicapées, pour les travaux domestiques, la garde d’enfants ou encore le soutien scolaire. En France, le secteur s’est développé depuis les années 1980 sous l’effet du besoin croissant des ménages, lié au vieillissement de la population et à l’évolution des structures familiales. Ces activités de SAP se développent du fait de l’arrivée des générations du baby-boom à un âge avancé, nécessitant davantage de prise en charge de la dépendance.
En 2018, 5,6 millions d’habitants, soit 2,5 millions de ménages, résident dans le Grand Est. Parmi ces ménages, près de 300 000 sont utilisateurs des services à la personne. D’ici 2050, si les tendances démographiques et de comportements de cohabitation se poursuivaient, la population de la région atteindrait 5,2 millions, soit 2,6 millions de ménages. De fait, presque 360 000 ménages feraient appel aux SAP, soit environ 65 000 ménages supplémentaires (+22 %). Le taux de recours aux SAP passerait alors de 12 % en 2018 à 14 % en 2050.
Entre 2018 et 2050, près de 1 900 ménages supplémentaires chaque année feraient appel aux SAP, soit une croissance moyenne de 0,6 % par an. Ce rythme serait inférieur à celui de la France métropolitaine (0,8 %), comme à celui des Hauts-de-France (0,7 %). Les régions Normandie, Centre-Val de Loire, Île-de-France et Bourgogne-Franche-Comté auraient la même croissance que le Grand Est. À l’inverse, la hausse du taux de recours serait la plus importante en Corse (1,3 %), suivie de l’Occitanie et de la Bretagne (1,0 % chacune), des régions avec une plus forte attractivité migratoire, en particulier pour les jeunes retraités.
Dans le Grand Est, l’évolution du nombre de ménages utilisateurs résulterait de trois facteurs (figure 1). D’abord, le vieillissement de la population implique une évolution de la structure de la pyramide des âges, avec davantage de personnes âgées. Ce phénomène contribuerait à augmenter le nombre de ménages utilisateurs de 27 % d’ici 2050. Ensuite, l’évolution des modes de cohabitation ferait accroître leur nombre de 2 %, puisque les ménages sont de plus en plus composés de personnes seules. Enfin, la baisse de la population sur la période ferait au contraire reculer la demande de SAP de 7 %.
tableauFigure 1 – Décomposition de l’évolution du nombre de ménages utilisateurs des services à la personne entre 2018 et 2050 dans le Grand Est
Décomposition de l’évolution du nombre de ménages utilisateurs des SAP | Évolution |
---|---|
Évolution du nombre de ménages utilisateurs de SAP | 22 |
Effet dû à la croissance démographique | -7 |
Effet dû à l’évolution de la structure de la pyramide des âges | 27 |
Effet dû à l’évolution des modes de cohabitation | 2 |
- Lecture : Sur la période 2018-2050, la contribution de l’évolution démographique du Grand Est à l’évolution du nombre de ménages utilisateurs de services à la personne est de -7 %. La structure de la pyramide des âges y contribue à hauteur de 27 % et l’évolution des modes de cohabitation de 2 %.
- Source : Projections de ménages Insee Omphale 2022, scénario central de projections de populations, hypothèses centrales d’évolution des modes de cohabitation.
graphiqueFigure 1 – Décomposition de l’évolution du nombre de ménages utilisateurs des services à la personne entre 2018 et 2050 dans le Grand Est

- Lecture : Sur la période 2018-2050, la contribution de l’évolution démographique du Grand Est à l’évolution du nombre de ménages utilisateurs de services à la personne est de -7 %. La structure de la pyramide des âges y contribue à hauteur de 27 % et l’évolution des modes de cohabitation de 2 %.
- Source : Projections de ménages Insee Omphale 2022, scénario central de projections de populations, hypothèses centrales d’évolution des modes de cohabitation.
Près de la moitié des utilisateurs seraient âgés de 80 ans ou plus
Dans la région comme en France, la population est vieillissante : 12 % des habitants auraient 80 ans ou plus en 2050, soit deux fois plus qu’en 2018. Or, les ménages les plus âgés sont ceux qui ont le plus recours aux services à la personne : en 2050, les ménages de 80 ans ou plus représenteraient la moitié des utilisateurs. Leur nombre passerait de près de 89 000 en 2018 à plus de 160 000 en 2050, soit +81 % (figure 2). La demande de SAP progresserait de 20 % chez les personnes de 65 à 79 ans. À l’inverse, le recours diminuerait chez les autres tranches d’âge et surtout chez les plus jeunes : le nombre de ménages de 35 ans ou moins utilisateurs de SAP baisserait de 23 % entre 2018 et 2050.
tableauFigure 2 – Évolution du nombre de ménages utilisateurs de services à la personne à l’horizon 2050, selon la tranche d’âge
Année | 80 ans ou plus | De 65 à 79 ans | De 50 à 64 ans | De 35 à 49 ans | Moins de 35 ans |
---|---|---|---|---|---|
2018 | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 | 100,0 |
2019 | 101,2 | 102,8 | 99,8 | 99,1 | 99,1 |
2020 | 102,5 | 105,7 | 99,5 | 98,1 | 98,0 |
2021 | 102,1 | 108,7 | 99,3 | 97,2 | 96,8 |
2022 | 101,2 | 112,2 | 99,1 | 96,3 | 95,4 |
2023 | 101,6 | 115,4 | 98,9 | 95,5 | 94,1 |
2024 | 102,1 | 118,4 | 98,6 | 94,8 | 92,8 |
2025 | 102,7 | 121,3 | 97,8 | 94,5 | 91,7 |
2026 | 103,5 | 124,2 | 96,6 | 94,5 | 90,7 |
2027 | 107,6 | 125,4 | 95,3 | 94,6 | 89,9 |
2028 | 112,4 | 126,2 | 94,2 | 94,4 | 89,2 |
2029 | 117,6 | 126,9 | 92,9 | 94,0 | 89,0 |
2030 | 122,8 | 127,7 | 91,8 | 93,4 | 88,9 |
2031 | 128,0 | 128,1 | 91,2 | 92,4 | 88,8 |
2032 | 132,6 | 128,6 | 90,6 | 91,4 | 88,7 |
2033 | 137,3 | 128,7 | 90,1 | 90,5 | 88,8 |
2034 | 141,6 | 128,8 | 89,5 | 89,9 | 88,8 |
2035 | 145,8 | 128,9 | 88,8 | 89,2 | 88,8 |
2036 | 149,8 | 129,0 | 88,2 | 88,8 | 88,5 |
2037 | 153,5 | 129,2 | 87,6 | 88,1 | 88,2 |
2038 | 156,9 | 129,3 | 87,0 | 87,5 | 88,1 |
2039 | 159,9 | 129,2 | 86,6 | 86,8 | 87,9 |
2040 | 162,8 | 128,5 | 86,4 | 86,3 | 87,6 |
2041 | 165,4 | 127,2 | 86,5 | 85,8 | 87,1 |
2042 | 167,6 | 125,9 | 86,7 | 85,6 | 86,3 |
2043 | 169,6 | 124,7 | 86,7 | 85,5 | 85,5 |
2044 | 171,9 | 123,3 | 86,4 | 85,8 | 84,4 |
2045 | 174,1 | 122,1 | 86,0 | 86,0 | 83,3 |
2046 | 175,9 | 121,7 | 85,2 | 86,4 | 82,0 |
2047 | 177,4 | 121,4 | 84,4 | 86,6 | 80,7 |
2048 | 178,5 | 121,1 | 83,7 | 86,9 | 79,3 |
2049 | 179,5 | 120,6 | 83,3 | 87,1 | 78,0 |
2050 | 180,7 | 120,0 | 82,8 | 87,3 | 76,7 |
- Lecture : Entre 2018 et 2050, le nombre d’utilisateurs des services à la personne de 80 ans ou plus augmenterait de 80,7 %.
- Source : Projections de ménages Insee Omphale 2022, scénario central de projections de populations, hypothèses centrales d’évolution des modes de cohabitation.
graphiqueFigure 2 – Évolution du nombre de ménages utilisateurs de services à la personne à l’horizon 2050, selon la tranche d’âge

- Lecture : Entre 2018 et 2050, le nombre d’utilisateurs des services à la personne de 80 ans ou plus augmenterait de 80,7 %.
- Source : Projections de ménages Insee Omphale 2022, scénario central de projections de populations, hypothèses centrales d’évolution des modes de cohabitation.
La demande de services à la personne augmenterait plus fortement dans les départements alsaciens
Entre 2018 et 2050, le nombre de ménages utilisateurs des services à la personne augmenterait partout sur le territoire, et le plus fortement dans les départements alsaciens, avec une croissance de 1 % chaque année dans le Bas-Rhin et de 0,9 % dans le Haut-Rhin (figure 3). La hausse de la demande de SAP en Moselle serait également plus forte que la moyenne régionale (0,7 % contre 0,6 %). En 2050, le nombre de ménages ayant recours aux SAP serait le plus élevé dans ces trois départements : environ 87 000 dans le Bas-Rhin, 62 000 en Moselle et 58 000 dans le Haut-Rhin. La croissance serait la plus faible en Haute-Marne (0,3 % par an), département qui abriterait environ 10 000 ménages utilisateurs à l’horizon 2050. La population des départements les plus âgés en 2018 (Haute-Marne, Vosges, Meuse et Ardennes, avec un âge moyen entre 42 et 44 ans) est déjà la plus vieillissante du territoire, l’évolution du nombre de ménages utilisateurs y sera donc plus faible que dans les autres départements. Dans les départements ayant une population plus jeune, un phénomène de rattrapage devrait s’opérer ultérieurement : l’effet du vieillissement de la population devrait être plus fort, entraînant une demande accrue de services à la personne.
tableauFigure 3 – Évolution annuelle moyenne du nombre de ménages utilisateurs des services à la personne dans les départements du Grand Est entre 2018 et 2050
Code départements | Départements | Utilisateurs en 2018 | Utilisateurs en 2050 | Évolution du nombre d’utilisateurs par an entre 2018 et 2050 (en %) |
---|---|---|---|---|
67 | Bas-Rhin | 63 000 | 86 900 | 1,04 |
57 | Moselle | 49 500 | 62 200 | 0,74 |
68 | Haut-Rhin | 43 600 | 57 800 | 0,91 |
54 | Meurthe-et-Moselle | 36 500 | 43 600 | 0,58 |
51 | Marne | 33 100 | 39 300 | 0,56 |
88 | Vosges | 19 700 | 23 300 | 0,54 |
10 | Aube | 16 800 | 20 500 | 0,64 |
08 | Ardennes | 12 300 | 14 200 | 0,46 |
55 | Meuse | 8 800 | 10 500 | 0,57 |
52 | Haute-Marne | 9 500 | 10 400 | 0,29 |
- Lecture : Le nombre de ménages utilisateurs des services à la personne dans le Bas-Rhin augmenterait de 1,04 % par an entre 2018 et 2050 pour atteindre 86 900 ménages utilisateurs en 2050.
- Source : Projections de ménages Insee Omphale 2022, scénario central de projections de populations, hypothèses centrales d’évolution des modes de cohabitation.
graphiqueFigure 3 – Évolution annuelle moyenne du nombre de ménages utilisateurs des services à la personne dans les départements du Grand Est entre 2018 et 2050

- Lecture : Le nombre de ménages utilisateurs des services à la personne dans le Bas-Rhin augmenterait de 1,04 % par an entre 2018 et 2050 pour atteindre 86 900 ménages utilisateurs en 2050.
- Source : Projections de ménages Insee Omphale 2022, scénario central de projections de populations, hypothèses centrales d’évolution des modes de cohabitation.
Encadré - 16 000 emplois nécessaires d’ici 2050
Si le nombre de salariés des services à la personne augmentait de la même façon que le nombre de ménages utilisateurs, on compterait 88 000 salariés en 2050, soit 16 000 de plus qu’en 2018. Ce chiffre est probablement une estimation basse de ce que pourrait être la réalité, puisque le vieillissement de la population induirait un nombre plus élevé de personnes âgées faisant appel aux SAP en 2050. En outre, les ménages les plus âgés sont aussi ceux qui utilisent en moyenne le plus d’heures de SAP. Ainsi, une grande partie des emplois supplémentaires seraient dédiés à l’assistance et l’accompagnement des personnes âgées ou dépendantes.
De plus, six salariés des SAP sur dix sont âgés de 45 à 64 ans en 2019. À moyen terme, les départs à la retraite seront nombreux, augmentant les enjeux de recrutement et de formation, dans un secteur qui souffre actuellement d’une faible attractivité du fait des conditions d’emploi et du niveau des salaires. À l’échelle régionale, en 2019, le salaire brut moyen est de 13,1 € de l’heure, contre 18,6 € tous secteurs confondus.
Pour comprendre
Méthodologie des projections de ménages utilisateurs
Les projections de population sont réalisées à l’aide de l’outil Omphale 2022. Celui-ci permet de réaliser, pour un territoire, une projection de l’évolution de la population par sexe et âge en se basant sur des hypothèses d’évolution de la fécondité, de la mortalité et des migrations. Le scénario « central » utilisé pour cette étude se base sur l’hypothèse d’un prolongement des tendances observées en matière de fécondité, d’espérance de vie et de migrations. Les projections de ménages 2018-2050 sont ensuite obtenues à partir de ces projections de population et de la répartition des modes de cohabitation en 2018.
Enfin, les projections de ménages utilisateurs de services à la personne sont calculées en appliquant les taux de recours 2018 par âge de la personne de référence du ménage et par mode de cohabitation aux projections de ménages, en faisant l’hypothèse que les taux de recours par caractéristique restent stables. L’éventuelle augmentation de l’espérance de vie en bonne santé des seniors n’est pas prise en compte ; si c’était le cas, le taux de recours pourrait diminuer. Par ailleurs, les hypothèses ne prennent pas non plus en compte les facteurs exogènes comme les éventuelles évolutions des politiques publiques.
Champ
Cette étude porte sur les ménages fiscaux ayant déclaré des dépenses de services à domicile au titre de l’impôt sur le revenu. Les services à la personne sont encadrés par la loi (Ouvrir dans un nouvel ongletdécret no 2011-1133 du 20 septembre 2011) et les ménages qui y ont recours bénéficient d’avantages socio-fiscaux (crédits d’impôt, exonérations de cotisations patronales, taux de TVA réduits).
Les activités des assistants maternels sont exclues du champ, car elles ne s’effectuent pas au domicile de l’employeur (mais au domicile de l’employé ou dans une maison d’assistant maternel). De même, les prestations de soins à domicile (infirmiers, aides-soignants), qui relèvent du secteur social et médico-social, sont exclues.
Sources
Pour réaliser les projections, le nombre de ménages et le nombre de ménages utilisateurs de services à la personne par commune, tranche d’âge et mode de cohabitation sont obtenus à partir de la Source Filosofi 2019. Le nombre de salariés travaillant dans le secteur des services à la personne est obtenu avec la Base tous salariés 2019.
Définitions
Les activités de services à la personne (SAP) sont définies comme les activités de garde d’enfants, d’assistance aux personnes âgées ou dépendantes, et les services à la vie quotidienne réalisés au domicile de la personne (travaux ménagers, soutien scolaire…) ou dans l’environnement immédiat de son domicile. La liste des 26 activités de services à la personne sont mentionnées à l’article Ouvrir dans un nouvel ongletD. 7231-1 du Code du travail.
Les ménages utilisateurs de services à la personne sont les ménages fiscaux ayant déclaré des dépenses de SAP au titre de l’impôt sur le revenu.
Le taux de recours aux services à la personne mesure le nombre de ménages utilisateurs de services à la personne rapporté au nombre total de ménages.
Pour en savoir plus
(1) Kauffmann P., Richard M., « Dans le Grand Est, un ménage sur huit a recours aux services à la personne », Insee Analyses Grand Est no 192, janvier 2025.
(2) Hilary S., Moineau A., Pen L., « Le recours aux services à la personne augmenterait fortement d’ici 2050 », Insee Analyses Hauts-de-France no 128, octobre 2021.
(3) Gass C., Vinhal Goncalves Alvarenga J., « De forts besoins en aides à domicile et agents de service hospitaliers à l’horizon 2030 », Insee Analyses Grand Est no 125, décembre 2020.
(4) Goupil S., Hillau M., Taugourdeau M., « 190 000 ménages utilisateurs de services à la personne en 2030 : un défi et une opportunité pour le secteur », Insee Analyses Centre-Val de Loire no 51, février 2019.