Insee Analyses Centre-Val de Loire · Janvier 2025 · n° 119

Les femmes et les moins diplômés plus fréquemment en sous-emploi ou dans le halo du chômage

En 2023 en Centre‑Val de Loire, 1 525 000 personnes sont en « âge de travailler », c’est-à-dire ont entre 15 à 64 ans. Les trois quarts d’entre elles (75,3 %) sont actives au sens du bureau international du travail (BIT), une proportion qui n’est pas significativement différente de celle en France métropolitaine (73,8 %), et au même niveau que dans l’Union européenne (75,0 %).

En mars 2000, le Conseil européen de Lisbonne faisait le constat d’un taux d’emploi globalement peu élevé et d’une faible participation des femmes et des plus âgés au marché du travail. Il définissait un objectif global à 10 ans de 70 % pour le taux d’emploi et de 60 % pour celui des femmes. En juin 2010, l’Union européenne a adopté la stratégie décennale « Europe 2020 » pour augmenter la participation au marché du travail notamment, en visant un taux d’emploi de 75 % des femmes et des hommes âgés de 20 à 64 ans à l’horizon 2020. En 2023, cet objectif est globalement atteint au niveau communautaire, bien que le taux d’emploi des femmes reste sous la cible. L’objectif est dépassé dans 19 pays (10 seulement au regard du taux d’emploi des femmes), dont la France ne fait pas partie. Aux premiers rangs figurent des pays du nord de l’Europe comme les Pays‑Bas et la Suède. Parmi les grandes économies européennes, la France se positionne bien au-dessous de l’Allemagne, mais bien au-dessus de l’Italie.

Avec un taux d’emploi des 15‑64 ans de 68,6 % en 2023, sous la moyenne de l’Union européenne (70,4 %), la France se classe à la 21^e position des 27 pays membres. Le taux d’emploi de la région Centre‑Val de Loire est proche de celui de l’Union européenne (70,9 %). La région se classe à la 51^e position des 92 régions (NUTS1) de l’Union européenne. Le taux d’emploi des femmes de la région est en revanche plus élevé qu’au niveau européen (68,5 % contre 65,7 %). La région Centre‑Val de Loire occupe ainsi une position moyenne par rapport à d’autres régions européennes en termes de participation au marché du travail. La comparaison aux régions européennes aux caractéristiques proches permet d’apprécier la situation régionale. Le Land de Thuringe par exemple, occupe une position géographique centrale en Allemagne. Il est de taille comparable en termes de population et d’emploi et ses principales villes sont également de tailles comparables à celles de la région Centre‑Val de Loire. L’industrie y pèse plus dans l’économie qu’en Centre‑Val de Loire, mais le poids de l’industrie en Thuringe est un peu supérieur à celui au niveau national, comme c’est aussi le cas en Centre‑Val de Loire. Les taux d’emploi total et des femmes (respectivement 76,0 % et 74,6 %) dépassent nettement ceux du Centre‑Val de Loire.

En Centre‑Val de Loire, environ 160 000 personnes sont contraintes dans leur offre de travail en moyenne sur l’année 2023. Une personne âgée de 15 à 64 ans sur dix est dans cette situation. Chômage, halo autour du chômage et sous-emploi constituent différentes formes de contrainte rencontrées par les personnes sur le marché du travail, dont l’offre de travail se trouve non utilisée (chômage et halo) ou sous-utilisée (sous-emploi).

Parmi les actifs exerçant un emploi, certains ne travaillent pas à temps plein, mais souhaiteraient travailler plus. Cela concerne 3,4 % de la population en emploi âgée entre 15 et 64 ans en Centre‑Val de Loire et moins de 40 000 personnes, dites en sous-emploi. Plus des trois quarts d’entre eux sont disponibles pour travailler plus, mais sans rechercher de nouvel emploi (figure 1). Un sur cinq recherchent un emploi, et les autres sont au chômage partiel (chômage technique, chômage intempéries, dispositif d’activité partielle).

Les femmes en emploi sont plus souvent en situation de sous-emploi que les hommes (4,7 % contre 2,2 %). Enfin, les personnes sans diplôme ou aux niveaux de diplôme moins élevés (CEP, brevet des collèges) sont également en sous-emploi dans une plus grande proportion (5,7 %).

La part d’actifs au chômage est plus faible en Centre‑Val de Loire qu’en France métropolitaine (6,8 % en 2023, contre 7,1 %). Le Centre‑Val de Loire se classe en 7^e position des régions de France métropolitaine par taux de chômage croissant. Le taux de chômage est plus faible dans les Pays de la Loire (5,8 %) et en Bretagne (5,9 %), plus élevé dans les Hauts‑de‑France (9,0 %) et en Occitanie (8,7 %).

Parmi la population inactive au sens du Bureau international du travail (BIT), 58 000 personnes âgées de 15 à 64 ans recherchent un emploi sans être disponibles immédiatement pour travailler ou souhaitent travailler sans rechercher activement un emploi. Cette situation proche de celle du chômage est qualifiée de halo autour du chômage. Ces personnes représentent 3,8 % des 15-64 ans, une part très légèrement inférieure à celle en France métropolitaine (4,4 %). Comme pour le sous-emploi, les femmes et les personnes pas ou peu diplômées sont plus souvent dans le halo autour du chômage. Les plus jeunes font davantage partie du halo autour du chômage (5,6 % des personnes âgées de 15 à 34 ans).

Le taux de chômage du Centre‑Val de Loire au 2^e trimestre 2024 est à un niveau proche de celui vingt ans plus tôt (figure 2). Cependant, différents chocs économiques et financiers internationaux l’ont fait fluctuer sur la période. Le niveau le plus bas sur la période a été observé au premier trimestre 2008 (5,9 %). Suite à la crise financière de 2008 et des dettes souveraines de la zone euro entre 2010 et 2012, le taux de chômage a régulièrement augmenté pendant plusieurs années. Comme au niveau national, il est ensuite resté à un niveau élevé entre 2013 et 2016. En Centre‑Val de Loire, le niveau le plus élevé de la période a été atteint entre fin 2014 et début 2015, à près 10 % de la population active. Le taux de chômage a ensuite diminué régulièrement pendant quatre ans. En 2020, la crise sanitaire a d’abord provoqué une forte baisse du taux de chômage en trompe-l’œil, la recherche d’emploi étant limitée par les restrictions sanitaires. Cette baisse a été rapidement suivie d’une forte hausse du chômage, puis d’une reprise du recul selon la tendance d’avant la crise sanitaire. Depuis le troisième trimestre 2023, le chômage se stabilise autour de 7 %.

Entre 2004 et 2024, le taux de chômage du Centre‑Val de Loire reste inférieur à celui de la France métropolitaine. L’écart a néanmoins nettement diminué : de 1,0 point au deuxième trimestre 2004 à 0,2 point au deuxième trimestre 2024 (figure 3). Au 2^e trimestre 2004, la région était en 3^e position des régions (dans leurs limites territoriales en 2024) par taux de chômage croissant. Vingt ans plus tard, elle est en 7^e position.

Au sein de la région, les disparités sont fortes entre les zones d’emploi. Certaines sont très faiblement touchées par le chômage, comme celles de Chinon et de Vendôme, au taux de chômage le plus faible de la région (5,7 %). Ces deux zones d’emploi font partie des 20 % de celles au taux de chômage le plus bas en France métropolitaine. À l’inverse, le taux de chômage dépasse 10 % dans les zones d’emploi de Vierzon et Montargis, qui appartiennent aux 10 % des zones où le taux de chômage est le plus haut.

Le taux de chômage est plus haut que vingt ans auparavant que dans seulement trois des dix-neuf zones d’emploi du Centre‑Val de Loire : Gien, Pithiviers et Montargis (figure 4). Le taux de chômage est à un niveau similaire à vingt ans auparavant dans les zones d’emplois d’Orléans, de Châteaudun et de Châteauroux. Il est plus bas dans toutes les autres zones d’emploi de la région. Sur vingt ans, la baisse la plus importante concerne la zone d’emploi de Romorantin‑Lanthenay.