La désinflation en bonne voie Note de conjoncture - décembre 2023
Éclairage – Les prix à la consommation des services, déterminés avant tout par le coût du travail, resteraient soutenus sans pour autant accélérer en 2024
Si l’inflation reflue depuis la mi-2023, du fait notamment du ralentissement sensible des prix alimentaires, les prix des services demeurent quant à eux relativement dynamiques. Ainsi, les services, compte tenu par ailleurs de leur poids (environ 50 %) dans le panier de consommation des ménages, sont depuis octobre 2023 les principaux contributeurs à l’inflation d’ensemble. De ce fait, l’évolution des prix des services, où le coût du travail joue un rôle prépondérant, renseigne sur le risque d’un emballement de la boucle prix-salaire.
À la vive progression des prix à la consommation des produits énergétiques en 2021 et 2022, a tout d’abord succédé une forte inflation des produits alimentaires (et dans une moindre mesure des produits manufacturés). La hausse des prix des services a été à la fois plus tardive et plus contenue. Ces différences s’expliquent par la nature essentiellement importée du choc de prix. Ce choc s’est certes diffusé aux prix intérieurs, mais l’ampleur et le calendrier de cette diffusion dépendent notamment de la structure des intrants de chaque secteur (majoritairement des matières premières ou bien majoritairement de la main-d’œuvre) ainsi que d’autres facteurs (degré de concurrence, types de contrats en amont et en aval de la production, etc.).
Cet éclairage propose une modélisation de l’évolution des prix à la consommation des services. Si ces derniers représentent près de 50 % du panier de l’indice des prix à la consommation, le champ retenu dans cet éclairage se restreint à un sous-champ des services, expliquant la majeure partie de l’évolution des prix dans les services ; sont retranchés notamment les prix administrés ou bien trop volatils. Ce sous-champ comprend donc l’hébergement-restauration d’une part et un ensemble dénommé dans cet éclairage les « services divers » d’autre part (services d’entretien et de réparation, services informatiques, juridiques, culturels et récréatifs, esthétiques, etc.). Le prix des « services divers » s’est accru d’environ 5 % en 2023 par rapport à 2022 et d’environ 9,4 % par rapport à 2021. Selon la modélisation retenue dans cet éclairage, le coût du travail expliquerait près de 65 % de la hausse des prix des « services divers » entre 2021 et 2023. Dans l’hébergement-restauration, les produits agro-alimentaires – dont les prix ont été particulièrement dynamiques sur la période – constituent des intrants importants, à côté de la main-d’œuvre. Ainsi, le coût du travail expliquerait un peu plus de 45 % de la hausse des prix de l’hébergement-restauration entre 2021 et 2023 (qui est d’environ +10 %) quand le renchérissement des produits agro-alimentaires en aurait expliqué près de 25 %. La modélisation suggère que les prix à la consommation des services évolueraient selon leur « comportement historique », sans emballement de la boucle prix-salaire.
La modélisation retenue suggère deux raisons principales à la hausse continue (environ +1 % par trimestre depuis début 2023) et plus tardive des prix des services. Tout d’abord, le poids prépondérant du facteur travail dans la fonction de production : le dynamisme du prix des services est plus tardif car les salaires s’ajustent avec retard à l’inflation. De plus, les délais de transmission des prix des services sont structurellement élevés : l’intégralité du renchérissement passé du coût du travail ne serait pas encore transmis aux prix. Cela justifierait, en prévision, une hausse des prix des « services divers » et de l’hébergement-restauration autour de +1 % par trimestre sans pour autant accélérer en 2024...
Note de conjoncture
Paru le :14/12/2023