Insee Focus ·
Octobre 2023 · n° 310Quels sont les Français qui voyagent ?
En 2022, quatre adultes sur cinq ont voyagé pour motif personnel. Le manque d’argent est le principal frein aux voyages, mais de nombreuses personnes déclarent préférer rester chez elles ou être empêchées par leur santé, leur travail ou des contraintes familiales.
Un cadre a passé en moyenne 26 nuits en voyages personnels en 2022, contre 15 pour un employé et 11 pour un ouvrier. Un tiers des nuits en voyages ont lieu lors de la saison estivale. Les employés et les ouvriers privilégient particulièrement cette période, tandis que les cadres morcellent un peu plus leurs vacances. Les retraités concentrent le moins leurs départs durant ces mois d’été (un quart de leurs nuits passées hors du domicile).
En moyenne, les hommes ont passé près de deux fois plus de nuits en voyage professionnel hors de leur domicile que les femmes, alors que les hommes et les femmes ont voyagé autant pour motif personnel.
- Les personnes aux revenus modestes ou âgées sont plus nombreuses à ne pas être parties en voyage
- Le manque de moyens financiers est le principal frein aux voyages, mais de nombreuses personnes disent préférer rester chez elles
- Un cadre passe beaucoup plus de temps en voyage personnel qu’un employé ou un ouvrier
- Les hommes voyagent davantage pour motif professionnel
- Encadré – Une personne sur quatre ne part pas en vacances par manque de moyens financiers
Les personnes aux revenus modestes ou âgées sont plus nombreuses à ne pas être parties en voyage
En 2022, 82 % des personnes de 15 ans ou plus vivant en logement ordinaire en France métropolitaine ont passé au moins une nuit hors de leur domicile lors d’un voyage pour motif personnel (figure 1). Il peut s’agir par exemple de vacances, de visites à des proches, d’évènements familiaux. Les personnes de 35 à 49 ans sont celles qui partent le plus (86 %), juste devant les 15-34 ans (84 %) et les 50-64 ans (83 %). Les plus âgés sont moins nombreux à partir en voyage au moins une nuit : ils sont 79 % parmi les 65 à 74 ans, la part descend à 64 % pour les 75 ans ou plus.
tableauFigure 1a – Taux de départ en voyage pour motif personnel selon l’âge en 2022
Âge | Taux de départ |
---|---|
15-24 ans | 84 |
25-34 ans | 84 |
35-49 ans | 86 |
50-64 ans | 83 |
65-74 ans | 79 |
75 ans ou plus | 64 |
Ensemble | 82 |
- Note : Voyages d’au moins une nuit, pour motif personnel.
- Lecture : 84 % des personnes de 25 à 34 ans ont passé au moins une nuitée en voyage en 2022.
- Champ : France métropolitaine, personnes vivant en logement ordinaire, âgées de 15 ans ou plus.
- Source : Insee, enquête Suivi de la demande touristique 2022.
graphiqueFigure 1a – Taux de départ en voyage pour motif personnel selon l’âge en 2022
La part de personnes qui voyagent au moins une nuit par an augmente avec le revenu : 62 % des personnes vivant dans un foyer dont le revenu est inférieur à 1 500 euros par mois partent en voyage dans l’année, contre 90 % pour celles dont le revenu du foyer dépasse 3 000 euros par mois. Le plus souvent, voyager nécessite de payer au moins le transport, et éventuellement l’hébergement, la restauration, les activités, même si la moitié des nuitées en voyages personnels sont passées dans des hébergements gratuits, et notamment dans la famille ou auprès d’amis [Insee, 2023].
Les personnes qui n’ont pas ou peu de diplômes sont également plus souvent restées chez elles. Le taux de départ varie selon la catégorie socioprofessionnelle, car celle-ci est fortement liée aux revenus et aux diplômes : plus de 90 % des cadres ou des personnes occupant une profession intermédiaire sont partis au moins une nuit en voyage en 2022, contre 76 % des ouvriers et 81 % des employés. En lien avec leur âge, la part des retraités qui partent en voyage au moins une nuit est inférieure à la moyenne (74 %).
D’autres facteurs influent sur le fait de voyager. À autres caractéristiques identiques, les personnes n’ayant pas le permis de conduire voyagent moins que les autres. C’est également le cas des personnes qui vivent en maison, ou qui résident dans un département jouxtant la Méditerranée ou la Manche, ou encore qui résident dans le quart nord-est de la France. À l’inverse, posséder une résidence secondaire favorise fortement les voyages.
Le manque de moyens financiers est le principal frein aux voyages, mais de nombreuses personnes disent préférer rester chez elles
La principale raison pour laquelle les personnes ne partent pas en voyage personnel au moins une nuit dans l’année est financière (figure 2) : 46 % des personnes de 15 ans ou plus qui ne sont pas parties invoquent un manque d’argent ou l’absence d’argent disponible pour partir l’année en question (encadré).
tableauFigure 2 – Raisons de non-départ en voyage pour motif personnel en 2022
Raisons citées | Proportion de personnes l'ayant cité |
---|---|
Pour des raisons financières1 | 46 |
Parce que vous préfériez rester chez vous ou que vous n’aviez pas envie de voyager | 30 |
Pour des raisons de santé ou de difficultés à vous déplacer | 24 |
Par manque de temps, en raison du travail ou des études | 13 |
Par manque de temps, en raison de contraintes familiales | 12 |
Pour des raisons de sécurité | 6 |
Pour d’autres raisons | 18 |
- 1. Le questionnaire précise « par manque d’argent ou pas d’argent disponible pour partir en vacances cette année ».
- Lecture : 46 % des personnes qui ne sont pas parties au moins une nuit en 2022 ont mentionné un motif financier.
- Champ : France métropolitaine, personnes vivant en logement ordinaire, âgées de 15 ans ou plus, qui ne sont pas parties en voyage dans l’année pour motif personnel.
- Source : Insee, enquête Suivi de la demande touristique 2022.
graphiqueFigure 2 – Raisons de non-départ en voyage pour motif personnel en 2022
30 % des personnes disent préférer rester chez elles ou n’avoir pas envie de voyager. Outre un manque d’intérêt pour les voyages, ces personnes peuvent ne pas vouloir partir tous les ans, ne pas vouloir partir seules, ou accorder une moindre importance aux voyages parce qu’elles résident dans une zone touristique.
24 % des personnes qui ne sont pas parties mettent en avant des raisons de santé (difficultés à se déplacer, hospitalisation…). Le manque de temps pour des motifs liés au travail ou aux études est mentionné par 13 % des personnes, le manque de temps pour des motifs familiaux, par 12 %.
Pour trois personnes sur dix, les motifs de non-départ sont multiples, et c’est le cumul des freins qui empêche de voyager. Néanmoins, le manque de moyens financiers et les raisons personnelles sont davantage invoqués seuls que les autres motifs.
Un cadre passe beaucoup plus de temps en voyage personnel qu’un employé ou un ouvrier
En 2022, les cadres ont passé en moyenne 26 nuits en voyage dans l’année, contre 15 pour les employés et 11 pour les ouvriers (figure 3). Cet écart tient en partie au fait que les employés et les ouvriers sont moins nombreux à partir que les cadres mais également au fait que, parmi les personnes qui sont parties de leur domicile, les cadres ont voyagé plus longtemps (28 nuitées) que les ouvriers (14).
tableauFigure 3 – Nombre moyen de nuitées passées en voyage personnel selon la catégorie socioprofessionnelle en 2022
Catégorie socioprofessionnelle de la personne enquêtée | Nombre moyen de nuitées en 2022 | Part de nuitées en juillet et août (en %) |
Part de nuitées en janvier, février, mars et décembre (en %) |
---|---|---|---|
Indépendant | 13 | 34 | 22 |
Cadre | 26 | 38 | 25 |
Profession intermédiaire | 21 | 42 | 21 |
Employé | 15 | 42 | 19 |
Ouvrier | 11 | 45 | 17 |
Retraité | 23 | 27 | 20 |
Autre inactif | 17 | 38 | 24 |
Ensemble | 19 | 36 | 22 |
- Notes : Voyages pour motifs personnels uniquement. Le nombre de nuitées est estimé en sommant les nuitées de chaque catégorie au sein de chaque mois.
- Lecture : En 2022, les cadres sont partis en moyenne 26 nuitées dans l’année pour motif personnel. 38 % de ces nuitées ont eu lieu aux mois de juillet et août.
- Champ : France métropolitaine, personnes vivant en logement ordinaire, âgées de 15 ans ou plus.
- Source : Insee, enquête Suivi de la demande touristique 2022.
Ces déplacements plus nombreux des cadres sont liés à leur plus grande capacité à prendre en charge le coût des voyages, mais peuvent également tenir au besoin de se déplacer pour voir leurs proches. En effet, les cadres déménagent plus loin que les autres catégories socioprofessionnelles [Ouvrir dans un nouvel ongletHaran, Garnier, 2018]. La possession plus fréquente de résidence secondaire permet également aux cadres de faire des voyages plus longs ou plus nombreux, ce qui est aussi le cas des retraités. Bien qu’ils ne soient proportionnellement pas plus nombreux que les ouvriers à être partis en voyage pour motif personnel, les retraités passent en moyenne 23 nuits par an en voyage personnel : en effet, ceux qui sont partis ont en moyenne passé 31 nuits en voyage dans l’année.
En moyenne, un tiers des voyages ont lieu en juillet-août. Les saisons touristiques diffèrent cependant entre catégories socioprofessionnelles. Alors que les employés et les ouvriers concentrent près de la moitié de leurs voyages pour motif personnel lors de ces deux mois d’été (respectivement 42 % et 45 %), principalement en août, les cadres les morcellent davantage : 38 % de leurs nuitées se déroulent en juillet‑août et 25 % entre décembre et mars. Les retraités partent le plus hors saison : les mois de juillet et août ne totalisent que 27 % de leurs nuitées en voyage.
Les hommes voyagent davantage pour motif professionnel
Même si les voyages professionnels ne représentent qu’une faible part de l’ensemble des nuits hors du domicile, ils renforcent les différences de temps passé en voyage selon la catégorie socioprofessionnelle. En moyenne, un cadre passe 3,4 nuits par an en déplacement, contre 0,6 à 0,7 pour les employés et les ouvriers.
Alors que les personnes âgées de 65 à 74 ans effectuent en moyenne le plus de nuitées pour motif personnel (25 nuitées dans l’année, contre de 16 à 21 pour toutes les tranches d’âge de moins de 64 ans), ce sont les plus jeunes qui cumulent le plus de nuits pour motif professionnel ou d’études : 1,9 nuitée par an pour les 15-24 ans, et 1,5 nuitée par an pour toutes les personnes de 25 à 64 ans.
Les femmes et les hommes passent en moyenne le même nombre de nuits dans l’année hors de leur domicile pour motif personnel. Ce n’est pas le cas des déplacements professionnels : les hommes cumulent près de deux fois plus de nuits hors du domicile pour motif professionnel que les femmes (1,6 contre 0,9 nuit).
Encadré – Une personne sur quatre ne part pas en vacances par manque de moyens financiers
D’après l’enquête Statistiques sur les ressources et les conditions de vie (SRCV, sources), début 2022, en France métropolitaine, 24 % des personnes vivent dans un ménage qui ne peut pas partir en vacances une semaine par an pour raisons financières, pas même dans une résidence secondaire, en famille ou chez des amis (figure). Cette part est supérieure à celle observée début 2021 (21 %) ; elle avait baissé entre 2005, où elle était de 31 %, et 2021. Cette hausse de la privation de vacances pour raisons financières en 2022 s’inscrit dans une hausse plus globale des privations matérielles et sociales [Albouy et al., 2023].
55 % des personnes vivant dans un ménage dont le niveau de vie est en dessous du seuil de pauvreté monétaire déclarent être privées de vacances pour raisons financières.
Les privations affectent toutefois inégalement les membres d’un même ménage, les enfants étant souvent « protégés » par leurs parents de ces privations [Gleizes, Pla, 2023]. La privation de vacances est ainsi deux fois moins fréquente pour les moins de 16 ans que pour les adultes. Toutefois, en 2021, un enfant sur dix vit dans un ménage qui n’a pas les moyens financiers de payer une semaine de vacances par an à ses enfants.
tableauPart de personnes ne pouvant pas partir en vacances pour raisons financières
Année | Personnes en situation de pauvreté monétaire |
Ensemble des personnes |
---|---|---|
2005 | 62,1 | 31,3 |
2006 | 64,7 | 31,4 |
2007 | 61,0 | 29,9 |
2008 | 66,8 | 31,9 |
2009 | 66,4 | 30,9 |
2010 | 62,0 | 28,6 |
2011 | 61,2 | 27,6 |
2012 | 60,1 | 27,7 |
2013 | 60,4 | 27,6 |
2014 | 57,7 | 24,9 |
2015 | 57,1 | 24,1 |
2016 | 57,2 | 23,3 |
2017 | 56,6 | 23,1 |
2018 | 55,4 | 22,6 |
2019 | 57,4 | 22,3 |
2020 | 48,6 | 22,3 |
2021 | 49,7 | 21,2 |
2022 | 55,4 | 24,4 |
- Note : L’enquête SRCV a fait l’objet d’une refonte, qui génère une rupture de série entre 2019 et 2020.
- Lecture : Début 2022, 24,4 % de la population déclare ne pas pouvoir partir en vacances une semaine par an pour des raisons financières.
- Champ : France métropolitaine, population vivant en logement ordinaire.
- Source : Insee, enquêtes Statistiques sur les ressources et les conditions de vie (SRCV) 2005 à 2022.
graphiquePart de personnes ne pouvant pas partir en vacances pour raisons financières
Sources
L’enquête sur le Suivi de la demande touristique (SDT) permet d’estimer le nombre de nuitées passées par les résidents de France métropolitaine dans l’ensemble des hébergements de France métropolitaine, marchands ou non marchands, dans les départements d’outre-mer (DOM) et à l’étranger, à partir de leurs déclarations. Dans cette enquête, les revenus ne sont pas mesurés directement, mais le ménage déclare un ordre de grandeur de ses ressources mensuelles nettes.
L’enquête Statistiques sur les ressources et les conditions de vie (SRCV) est la version française de l’enquête européenne European Union - Statistics on Income and Living Conditions (EU-Silc). En 2022, plus de 17 000 ménages vivant en logement ordinaire, soit près de 39 000 personnes, ont répondu à l’enquête. L’enquête permet de mesurer les situations de privation matérielle et sociale, en interrogeant sur treize éléments considérés comme souhaitables, voire nécessaires, pour avoir un niveau de vie acceptable. L’un de ces éléments est le fait de ne pas pouvoir se payer une semaine de vacances dans l’année hors du domicile. En 2021, un module spécifique de l’enquête permet de mesurer les privations des enfants, dont les privations de vacances.
Définitions
Le voyage est défini comme tout déplacement comportant au moins une nuit passée en dehors du domicile et en dehors de l’environnement habituel (à l'exception des nuits passées à l’hôpital, clinique ou caserne).
Un voyage pour motif personnel est un déplacement pour un autre motif que professionnel. Les voyages pour motifs mixtes sont comptés comme des voyages professionnels.
Un voyage pour motif professionnel est un déplacement réalisé dans le cadre d’une activité professionnelle en dehors de l’environnement habituel de travail : par exemple dans le cadre de congrès, colloque, séminaire, foire, exposition, participation à une réunion, visite à un client, formation professionnelle, etc.
Le non-départ en voyages et la privation de vacances sont deux concepts complémentaires. Les personnes qui ne partent pas en voyage font partie des personnes privées de vacances, mais d’autres ont pu passer quelques nuits hors de leur domicile, sans que leur ménage puisse se payer une semaine de vacances dans l’année.
Pour en savoir plus
Insee, L’essentiel sur le tourisme, septembre 2023.
Albouy V., Gleizes F., Solard J., « La part des personnes en situation de privation matérielle et sociale augmente en 2022 », Insee Focus n° 304, juillet 2023.
Gleizes F., Pla A., « En 2021, un enfant sur dix ne part pas en vacances pour des raisons financières », Insee Focus n° 294, mars 2023.
Haran L., Garnier M., « Ouvrir dans un nouvel ongletLes mobilités résidentielles en France - tendances et impacts territoriaux », Rapport 2018 de l’Observatoire des territoires p 18, 2018.
Dauphin L., Le Garrec M.A., Tardieu F., « Les vacances des Français depuis 40 ans », in Le Tourisme en France, coll. « Insee Références », édition 2008.