Insee Conjoncture Occitanie · Juillet 2023 · n° 38

Reprise dans l’industrie aérospatiale, repli dans la construction Note de conjoncture régionale - 1^er trimestre 2023

Entre fin décembre 2022 et fin mars 2023, l’emploi salarié augmente de nouveau en Occitanie : +0,5 % (comme au trimestre précédent), soit +11 500 emplois. Il est supérieur de 1,7 % à son niveau d’un an auparavant, soit 36 100 emplois supplémentaires. Un quart de la hausse résulte du développement des contrats d’apprentissage, dont l’impact diminue toutefois comparativement aux trimestres précédents.

La hausse de l’emploi est plus soutenue dans la région qu’au niveau national où il n’augmente que de 0,3 % ce trimestre et de 1,3 % sur un an (figure 1).

En Occitanie, au premier trimestre 2023, la croissance de l’emploi salarié est à la fois portée par l’emploi privé qui augmente de 0,6 % et par l’emploi public qui progresse de 0,4 %.

Au premier trimestre 2023, l’emploi salarié est en hausse dans presque tous les départements de la région (figure 2). Le Gers et le Tarn-et-Garonne, où l’emploi diminue très légèrement (respectivement -0,2 % et -0,1 %), font exception. Les plus fortes progressions concernent la Haute-Garonne (+0,8 %), le Lot (+0,8 %), l’Hérault (+0,7 %) et les Hautes-Pyrénées (+0,7 %). L’emploi augmente de 0,4 % dans l’Aude, l’Aveyron et le Gard, de 0,3 % dans le Tarn et de 0,1 % dans les Pyrénées-Orientales. Il est stable en Ariège et en Lozère.

Sur un an, l’emploi salarié progresse dans tous les départements d’Occitanie, sauf dans le Gers et la Lozère où il est stable. La progression est particulièrement forte en Haute-Garonne (+2,9 %).

L’emploi dans l’intérim est en net repli au premier trimestre après un rebond au 4^e trimestre 2022 (figure 3) : -3,0 %, soit 1 700 emplois en moins. En France, les effectifs intérimaires reculent également (-2,2 %). En Occitanie, au premier trimestre, l’emploi intérimaire diminue nettement dans le secteur tertiaire (-5,6 %) et dans la construction (-4,5 %). En revanche, il progresse dans l’industrie de 3,2 %.

Sur un an, les effectifs intérimaires augmentent de 0,5 % dans la région alors qu’ils diminuent de 2,2 % au niveau national.

Dans l’industrie, la hausse de l’emploi s’intensifie. Au premier trimestre, 2 000 emplois sont créés, soit une hausse de 0,9 %. Tous les secteurs industriels profitent de cette croissance, à l’exception de la fabrication des équipements électriques où l’emploi stagne. La plus forte progression est enregistrée dans la fabrication des matériels de transports (+2,2 %, soit 1 000 emplois supplémentaires). L’essentiel de ces emplois sont créés en Haute-Garonne où la progression de l’emploi industriel atteint +2,5 %. Dans l’industrie, l’emploi dépasse pour la première fois son niveau d’avant-crise : +1,8 % par rapport à fin 2019.

Sur un an, l’industrie en Occitanie compte 5 500 emplois supplémentaires, soit une hausse de 2,4 %, deux fois plus rapide qu’en France (+1,2 %).

En croissance continue depuis 2017 en Occitanie (figure 4), l’emploi dans la construction est en léger recul ce trimestre (-0,3 %, soit 400 emplois en moins dans le secteur). Néanmoins, sur un an, les effectifs de la construction restent en légère hausse (+0,3 %, soit +400 emplois).

En France, après plusieurs trimestres de hausse modérée, l’emploi dans la construction marque également le pas : -0,1 % soit -1 500 emplois. Néanmoins, sur un an, il augmente de 0,4 %.

Hors intérim, le secteur tertiaire marchand reste très dynamique en Occitanie. L’emploi y est en hausse de 0,9 % au premier trimestre 2023, soit 8 800 emplois supplémentaires. C’est une progression plus forte qu’au trimestre précédent où l’emploi progressait de 0,3 %. En France, la hausse est un peu plus faible (+0,7 %).

Au sein des services marchands, les activités de services aux entreprises progressent fortement : +2,0 %, représentant plus de la moitié des créations nettes d’emploi du tertiaire marchand. Il en est de même dans les activités de services orientées vers les ménages (arts, spectacles et activités récréatives, activités des organisations associatives et activités de services personnels), où le nombre de salariés augmente de 1,6 %. L’emploi progresse également dans le secteur des transports et de l’entreposage (+0,8 %), dans l’hébergement et la restauration (+0,5 %) et dans les activités financières et d’assurance (+0,4 %). Dans le commerce, les effectifs repartent à la hausse (+0,3 % après -0,2 % au trimestre précédent). En revanche, après plusieurs trimestres de croissance soutenue, les effectifs se stabilisent dans l’information et la communication (+0,1 %) et diminuent légèrement dans les activités immobilières (-0,2 %).

Sur un an, l’emploi dans le tertiaire marchand hors intérim augmente de 2,4 % dans la région, comme au niveau national (+2,3 %).

Dans le tertiaire non marchand, l’emploi salarié continue de progresser : +0,4 %, soit 2 800 emplois en plus au 1^er trimestre. Il dépasse son niveau d’un an auparavant de 0,9 %.

Au premier trimestre 2023, le taux de chômage est quasi stable à 8,5 % de la population active en Occitanie (-0,1 point par rapport au trimestre précédent). Il est inférieur de 0,3 point à son niveau d’un an auparavant. Au niveau national (France hors Mayotte), 7,1 % des actifs sont à la recherche d’un emploi, comme au trimestre précédent (figure 5).

En Occitanie, le taux de chômage est quasi stable dans l’ensemble des départements et varie de 4,6 % en Lozère à 11,7 % dans les Pyrénées-Orientales. En un an, les baisses du chômage sont les plus prononcées en Haute-Garonne (-0,5 point) et dans l’Hérault (-0,4 point).

Au premier trimestre 2023, le nombre de demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi et sans activité (catégorie A) baisse de 0,6 % et s’établit à 305 490 inscrits en Occitanie. Sur un an, il baisse de 4,8 %. Au premier trimestre, il diminue dans l’ensemble des départements à l’exception des Pyrénées-Orientales où la demande d’emploi de catégorie A progresse de 0,2 % par rapport au trimestre précédent. En France métropolitaine, la diminution est un peu plus marquée : -1,3 % au premier trimestre, et -5,8 % sur un an. En Occitanie, le nombre de demandeurs d’emploi (catégorie A) âgés de moins de 25 ans augmente de 1,0 %. Il baisse de 0,8 % pour ceux âgés de 25 à 49 ans et de 1,0 % pour ceux âgés de 50 ou plus. Sur un an, la demande d’emploi des jeunes (moins de 25 ans) augmente de 2,7 % alors qu’elle diminue de 6 % pour les demandeurs de 25 ans ou plus.

Si l’on prend l’ensemble des inscrits tenus de rechercher un emploi (catégories A, B, C), Pôle emploi comptabilise 546 330 demandeurs d’emploi en Occitanie au premier trimestre 2023, un nombre quasi stable par rapport au trimestre précédent (-0,1 %) et en baisse de 1,5 % sur un an. Néanmoins, la demande d’emploi des catégories A, B, C progresse de 0,3 % en Aveyron, dans le Lot et dans les Pyrénées-Orientales et de 0,2 % en Lozère. Elle diminue ou reste stable dans les autres départements. En France métropolitaine, le nombre de demandeurs d’emploi en catégories A, B ou C baisse de 0,4 % ce trimestre et de 3,0 % sur un an.

Au premier trimestre 2023, l’activité économique, mesurée par le nombre d’heures rémunérées par les entreprises privées (hors agriculture), est supérieure de 3,1 % à celle du 1^er trimestre 2022 dans la région. Cette hausse s’explique pour partie par la faible activité au début 2022 liée à la vague Omicron. Ainsi la hausse sur un an est plus forte au mois de janvier et s’atténue en février puis en mars.

En avril, l’activité se réduit encore et n’est plus supérieure que de 1,3 % par rapport au même mois de 2022 (figure 6). Ce ralentissement concerne tous les grands secteurs, notamment la construction dont l’activité est inférieure de 1,6 % par rapport à avril 2022 alors que le mois précédent elle était stable par rapport à la même période de 2022. Les heures rémunérées ralentissent également dans les activités de services, en particulier dans le commerce (+0,5 % par rapport à avril 2022), secteur pénalisé par les tensions sur le pouvoir d’achat des ménages causées par l’inflation.

L’hébergement et la restauration (+3,7 %), l’information et la communication (+2,8 %) ainsi que les autres activités de services (+2,6 %) (arts, spectacles, activités récréatives, associatives et services personnels), secteurs auparavant très dynamiques, ralentissent également. L’activité industrielle progresse de 1,5 % par rapport à avril 2022, marquée par un recul dans les industries agro-alimentaires.

Le ralentissement de l’activité en avril concerne tous les départements de la région. Le volume d’heures rémunérées est en diminution dans le Gers (-1,0 %), le Tarn (-0,8 %) et en Lozère (-0,4 %). La croissance reste encore assez élevée dans l’Hérault (+1,6 %). Elle ralentit sensiblement dans les autres départements du littoral, notamment dans les Pyrénées-Orientales (+0,7 %) et le Gard (+0,6 %) où l’activité dans la construction recule nettement. Les Hautes-Pyrénées, avec une progression de 2,0 % des heures rémunérées sur l’année, bénéficient notamment d’un rebond d’activité dans le secteur de l’hébergement et de la restauration (+11,9 %). La Haute-Garonne reste le département le plus dynamique de la région (+2,3 % sur un an) comme depuis la mi-2022.

Selon l’Association du transport aérien international (IATA), le trafic aérien mondial progresse fortement au premier trimestre 2023 grâce à une hausse continue du trafic de passagers en partie dopée par l’abandon de la politique « zéro-covid » en Chine en janvier.

En fin de trimestre, la demande (mesurée en kilomètres-passagers payants) progresse de 52 % par rapport à 2022. Cette hausse se poursuit au même rythme en avril 2023 : le trafic international de passagers continue son ascension (+43 % par rapport à avril 2022). La demande intérieure progresse également et dépasse pour la première fois son niveau d’avant-crise (+3 % par rapport au niveau d’avril 2019).

Dans les 900 établissements d’Occitanie consacrant tout ou partie de leur activité à l’aérospatial, l’emploi continue à progresser au premier trimestre 2023. Le nombre de salariés (hors intérimaires) augmente de 1,2 % par rapport au trimestre précédent, soit deux fois plus que dans l’ensemble de l’économie de la région. Sur un an, l’emploi augmente de 4,7 % dans la filière.

La reprise se confirme tout particulièrement pour les établissements industriels de la filière où la dynamique d’emploi est désormais plus forte que pour ceux du tertiaire (respectivement +1,4 % et +0,9 % sur le trimestre).

Dans ce contexte porteur, Airbus maintient son objectif de livraison de 720 appareils en 2023, soit 57 de plus qu’en 2022. Cependant, au cours du premier trimestre 2023, l’avionneur ne cumule que 127 livraisons (contre 142 au premier trimestre 2022). Cette situation est en partie due à des tensions persistantes sur la chaîne d’approvisionnement mondiale. Toutefois, on observe une amélioration en mai (63 appareils livrés au cours de ce seul mois) qui permet à Airbus de totaliser 244 livraisons au 31 mai (contre 237 en 2022). Par ailleurs, le carnet de commandes d’Airbus s’étoffe de 144 commandes nettes au cours des cinq premiers mois de l’année.

De son côté, Boeing poursuit son rétablissement. Avec 206 livraisons et 127 commandes (nettes d’annulations) au 31 mai, l’avionneur américain se rapproche des résultats d’Airbus.

En juin, au salon du Bourget, Airbus engrange le plus important contrat en volume jamais conclu dans l'aviation civile avec la commande par la compagnie aérienne indienne à bas coûts IndiGo de 500 monocouloirs de la famille Airbus A320neo. Par ailleurs, durant le salon, la compagnie Air India confirme sa commande de 250 avions auprès d’Airbus et de 220 auprès de Boeing.

En ce qui concerne le spatial, en avril, pour son avant-dernière mission, Ariane 5 a lancé avec succès la sonde Juice qui avait été assemblée par Airbus et testée à Toulouse. L’incertitude demeure cependant sur son successeur, Ariane 6. Ce nouveau lanceur n’en est encore qu’au début de la phase de qualification et son vol inaugural n’est pas prévu avant la fin de l’année 2023.

Fin mars 2023, le nombre de logements autorisés (permis de construire) s’établit à 45 400 en cumul sur douze mois en Occitanie, soit une baisse de 7,4 % sur un trimestre et de 14,7 % sur un an. En France hors Mayotte, les autorisations suivent la même tendance avec des reculs respectivement de 8,7 % et de 11,1 % (figure 7).

Depuis maintenant quatre trimestres, les autorisations de construction de logements diminuent en raison notamment de la remontée des taux d’intérêt et du renchérissement du coût des matériaux de construction. L’application de la nouvelle norme environnementale RE 2020 au 1^er janvier 2022 pour les logements neufs a pu également contribuer à l’augmentation des coûts de construction.

Au premier trimestre, ce recul des permis de construire concerne l’ensemble des départements de la région, à l’exception de l’Ariège (+17,3 %).

Le nombre de logements commencés est également en recul (-4,6 % sur le trimestre et -13,0 % sur un an). Fin mars 2023, 36 200 logements sont mis en chantier sur les douze derniers mois, soit un niveau proche de celui historiquement faible du printemps 2015. Au niveau national, les mises en chantier diminuent de 4,8 % sur le trimestre et de 10,5 % sur un an.

Sur le trimestre, la baisse est forte en Haute-Garonne (-7,3 %), dans l’Hérault (-6,2 %) et le Gard (-5,6 %). À l’inverse, les mises en chantier progressent dans le Gers et les Hautes-Pyrénées.

La construction de locaux professionnels est mieux orientée. Les surfaces de plancher autorisées progressent dans la région de 3,5 % sur le trimestre et de 12,6 % sur un an. Elles progressent dans dix départements mais reculent en Ariège (-1,9 %) dans le Tarn (-7,6 %) et en Aveyron (-15,0 %). En France, les autorisations de construction de locaux sont quasi stables sur le trimestre et augmentent de 3,4 % sur un an.

Les surfaces de locaux mises en chantier augmentent de 4,6 % sur le trimestre mais restent en recul de 2,3 % sur un an en Occitanie. La dynamique est meilleure qu’au niveau national, où les surfaces de locaux commencés reculent de 3,3 % sur le trimestre et de 2,9 % sur un an.

Au premier trimestre 2023, 23 900 créations d’entreprises sont enregistrées en Occitanie. Après une légère hausse au dernier trimestre 2022, les créations reculent de 1,7 % sur le premier trimestre 2023. Elles diminuent de 0,5 % sur un an. En France, les créations d’entreprises diminuent plus fortement, de 5,0 % sur un trimestre et de 1,2 % sur un an (figure 8).

La baisse sur un an provient des créations d’entreprises dites classiques (-5,9 % en Occitanie et -4,8 % en France). En revanche, les créations d’entreprises sous le statut de microentrepreneur sont en augmentation de 2,7 % sur un an en Occitanie et de 1,1 % en France.

Dans le secteur des services, qui représente pratiquement six créations sur dix, les créations d’entreprises sont en légère hausse au premier trimestre 2023 (+0,8 %) mais quasi stables sur un an. Dans le commerce, l’hébergement, le transport et la restauration, qui représentent plus de deux créations sur dix, elles baissent au cours du premier trimestre (-5,6 %) comme sur un an (-5,4 %).

Dans le secteur de la construction, les créations d’entreprises diminuent de 2,3 % au premier trimestre 2023 mais restent en hausse de 9,8 % sur un an. Dans l’industrie, elles baissent au premier trimestre (-7,8 %) et également par rapport au même trimestre de 2022 (-3,7 %).

En 2020 et en 2021, les mesures de soutien aux entreprises mises en œuvre pour faire face à la crise Covid ont induit une forte diminution des défaillances. En 2021, à peine 2 200 défaillances ont été enregistrées. Avec l’arrêt progressif de ces mesures, les défaillances se rapprochent du niveau de 2019 au premier trimestre 2023. Sur la période, les défaillances d’entreprise dessinent ainsi une courbe en « U » (figure 9).

Fin mars 2023, 4 100 défaillances sont enregistrées dans la région en cumul sur un an, quasiment le niveau de 2019 avant la crise du Covid.

Les secteurs de la construction, du commerce et de la réparation automobile, de l’hébergement et de la restauration concentrent la majorité des défaillances. Néanmoins, les défaillances y restent inférieures d’environ 10 % par rapport à l’avant-crise.

Les défaillances retrouvent leur niveau de 2019 dans les activités immobilières, l’information et la communication et le soutien aux entreprises. Elles dépassent ce niveau de 16 % dans le secteur du transport et de l’entreposage qui s’était particulièrement développé pendant le Covid avec la multiplication des livraisons à domicile et qui subit la forte hausse des prix du carburant.