Insee Conjoncture Provence-Alpes-Côte d'Azur ·
Juin 2023 · n° 44
Bilan économique 2022 - Provence-Alpes-Côte d'Azur L’activité se normalise dans un contexte économique incertain
Au cours de cette année 2022, marquée par la persistance de tensions sur les approvisionnements liées notamment à la crise sanitaire et à la guerre en Ukraine et par une inflation élevée, l’économie française résiste. Toutefois, en raison de la hausse des prix de l’énergie et du renchérissement des produits alimentaires, la consommation des ménages s’est repliée, notamment au quatrième trimestre 2022.
En Provence-Alpes-Côte d’Azur, l’activité économique dépasse son niveau d’avant-crise. L’emploi franchit le cap des deux millions, mais il progresse lentement au second semestre. Parallèlement, le taux de chômage recule sur tout le territoire. Sur le plan social, le nombre de bénéficiaires du revenu de solidarité active (RSA) diminue, de manière inégale sur le territoire, et le nombre d’allocataires de la prime d’activité est en hausse. Les créations d’entreprises poursuivent leur essor, portées par les micro-entreprises. La fréquentation touristique est dynamique, malgré un retour encore partiel des touristes étrangers. La reprise est nette dans l’industrie.
Cependant, les défaillances d’entreprises accélèrent avec l’arrêt progressif des mesures de soutien « Covid », et les difficultés sont palpables dans la construction. Les marchés agricoles sont perturbés par des conditions climatiques défavorables. Le transport de passagers reprend, sans revenir à son niveau de 2019.
Ce bilan économique fait partie des 17 bilans économiques régionaux 2022 publiés par l'Insee.
Transports - L’activité ne se rétablit que partiellement Bilan économique 2022
Etienne Lenzi (Insee), Yohan Urie (Observatoire régional des transports)
En 2022, l’activité poursuit une reprise dynamique dans le secteur des transports en Provence-Alpes-Côte d’Azur, en particulier en ce qui concerne les voyageurs aériens et maritimes. Le retard par rapport à l’avant-crise sanitaire persiste.
Le transport aérien de passagers progresse, tiré par le low cost, mais reste légèrement inférieur à celui d’avant-crise. Dans le transport maritime, la reprise se poursuit. Les volumes de marchandises du port de Marseille-Fos suivent la même tendance, avec un rebond en 2021 qui se prolonge en 2022, sans retrouver les niveaux de 2019. Le transport routier de marchandises accuse une légère baisse.
Les ventes de véhicules neufs reculent fortement, touchées notamment par les contraintes sur l’offre et l’inflation, qui jouent à la fois sur les coûts de production et le budget des ménages.
- Le « low cost » aérien devient majoritaire
- Transport maritime de passagers : reprise à Marseille, Nice toujours en retrait
- Le transport maritime de marchandises reprend
- Le transport routier de marchandises interne à la région en progression
- Nouvelle baisse des ventes de véhicules neufs
- Encadré - En 2021, le fret ferroviaire connaît une forte progression
Le « low cost » aérien devient majoritaire
Le transport aérien de passagers en 2022 dans les aéroports de Provence-Alpes-Côte d’Azur poursuit sa reprise (+88 % sur un an, après +42 % en 2021, figure 1). En particulier, le nombre de passagers transportés via des vols internationaux redécolle en 2022 (+145 %), après une année 2021 encore marquée par de nombreuses restrictions internationales. Malgré cela, le nombre total de passagers demeure inférieur à celui de 2019 (-14 %). La situation reste toutefois plus favorable que celle de la France (-19 %).
Cette reprise du trafic aérien en 2022 par rapport à 2021 est particulièrement portée par le low cost, dont le nombre de passagers a plus que doublé en un an. C’est le seul segment sur lequel la clientèle est plus nombreuse qu’en 2019. Le low cost représente désormais plus d’un passager transporté sur deux dans les aéroports de Provence-Alpes-Côte d’Azur.
tableauFigure 1 – Évolution du nombre de passagers des aéroports - Provence-Alpes-Côte d'Azur
National ¹ | International | À bas coût (low cost) | |
---|---|---|---|
2016 | 100,0 | 100,0 | 100,0 |
2017 | 103,4 | 108,7 | 111,4 |
2018 | 106,8 | 114,3 | 119,3 |
2019 | 110,3 | 122,5 | 136,1 |
2020 | 51,9 | 29,2 | 40,4 |
2021 | 71,8 | 42,5 | 70,0 |
2022 | 97,3 | 104,2 | 145,2 |
- ¹ : la fréquentation des aéroports français comptabilise les passagers embarqués ou débarqués. Ainsi, tous les passagers ayant effectué un vol national à l’intérieur du périmètre défini (France métropolitaine et DROM) sont comptés deux fois. Par exemple, un passager Bordeaux-Lyon est compté une fois au départ de Bordeaux et une fois à l’arrivée à Lyon.
- Source : Union des aéroports français.
graphiqueFigure 1 – Évolution du nombre de passagers des aéroports - Provence-Alpes-Côte d'Azur

- ¹ : la fréquentation des aéroports français comptabilise les passagers embarqués ou débarqués. Ainsi, tous les passagers ayant effectué un vol national à l’intérieur du périmètre défini (France métropolitaine et DROM) sont comptés deux fois. Par exemple, un passager Bordeaux-Lyon est compté une fois au départ de Bordeaux et une fois à l’arrivée à Lyon.
- Source : Union des aéroports français.
Transport maritime de passagers : reprise à Marseille, Nice toujours en retrait
En 2022, 4,7 millions de passagers sont passés par les trois principaux ports de la région : Marseille, Toulon et Nice (figure 2). Le trafic maritime de passagers poursuit sa reprise initiée en 2021 où il s’élevait à 2,9 millions de passagers après le point bas de 2,0 millions en 2020. La hausse est ainsi de plus de 60 % par rapport à 2021, mais le nombre de passagers ne retrouve pas son niveau d’avant crise sanitaire (6,2 millions en 2019, soit une baisse de 26 %). En particulier, le port de Nice demeure en net repli, passant de 1,1 million de passagers avant-crise à seulement 300 000 en 2022, alors que celui de Marseille se rapproche de son niveau d’avant-crise.
Les croisiéristes font un retour progressif dans les ports de Provence-Alpes-Côte d’Azur. En particulier, dans le port de Marseille qui concentre l’essentiel de ces passagers, ils sont 500 000 de moins qu’en 2019.
tableauFigure 2 – Transport de passagers des principaux ports de Provence-Alpes-Côte d’Azur
Port | Nombre de passagers (en millions) | Évolution entre 2019 et 2022 (en %) | |
---|---|---|---|
2019 | 2022 | ||
Marseille | 3,1 | 2,9 | -6,5 |
dont lignes régulières | 1,3 | 1,5 | 15,4 |
dont croisières | 1,9 | 1,4 | -26,3 |
Nice | 1,1 | 0,3 | -72,7 |
Toulon | 1,9 | 1,5 | -21,1 |
Total des trois ports* | 6,2 | 4,7 | -24,2 |
- * données partielles.
- Sources : Grand Port Maritime de Marseille, CCI de Nice Côte d’Azur, CCI du Var, CCI de Corse (pour les données lignes régulières des ports de Nice et Toulon).
Le transport maritime de marchandises reprend
En 2022, l’activité du port de Marseille-Fos, qui concentre la quasi-totalité du trafic maritime de marchandises de la région, est en hausse (+2,9 % sur un an, figure 3). Cette hausse fait suite à une baisse très forte en 2020 du fait de la crise sanitaire (-12,6 %), suivie d’un rebond marqué en 2021 (+9,0 %).
On retrouve également cette tendance d’une hausse mesurée en 2022 suite à un rebond important en 2021 dans les deux autres principaux ports maritimes métropolitains (Haropa et Dunkerque).
L’activité reste légèrement inférieure à l’avant-crise sanitaire au sein du port de Marseille-Fos (-2,0 % par rapport à 2019). Toutefois, la plupart des autres ports de France métropolitaine ont un niveau d’activité encore plus éloigné de celui d’avant crise, seul le port de La Rochelle étant aussi proche de son activité de 2019 (-1,9 %). Haropa (port du Havre), le plus important en termes de volumes de marchandises juste devant Marseille-Fos, a encore une activité réduite de 5,2 % par rapport à 2019.
tableauFigure 3 – Évolution du transport de marchandises dans les principaux ports français
Année | Marseille-Fos | Haropa | Dunkerque | Calais | Nantes | La Rochelle |
---|---|---|---|---|---|---|
2013 | 79 953 | 89 555 | 43 570 | 41 168 | 27 612 | 9 702 |
2014 | 78 521 | 88 576 | 47 103 | 43 274 | 26 500 | 9 401 |
2015 | 81 732 | 90 836 | 46 592 | 41 874 | 25 387 | 9 811 |
2016 | 80 627 | 86 405 | 46 708 | 42 993 | 25 472 | 9 230 |
2017 | 80 360 | 92 102 | 50 199 | 50 551 | 29 870 | 8 559 |
2018 | 80 451 | 93 893 | 51 594 | 46 167 | 32 429 | 9 640 |
2019 | 78 887 | 89 286 | 52 655 | 44 059 | 30 684 | 9 781 |
2020 | 68 914 | 74 556 | 45 117 | 39 559 | 27 935 | 8 925 |
2021 | 75 083 | 83 571 | 48 356 | 38 096 | 18 913 | 8 828 |
2022 | 77 272 | 84 654 | 49 024 | 37 139 | 29 555 | 9 594 |
- Note : données CVS-CJO, Haropa : Ports du Havre, Rouen et Paris.
- Champ : principaux ports maritimes de France métropolitaine (GPM).
- Source : Service des données et études statistiques (SDES) du ministère de la Transition écologique.
graphiqueFigure 3 – Évolution du transport de marchandises dans les principaux ports français

- Note : données CVS-CJO, Haropa : Ports du Havre, Rouen et Paris.
- Champ : principaux ports maritimes de France métropolitaine (GPM).
- Source : Service des données et études statistiques (SDES) du ministère de la Transition écologique.
Le trafic de marchandises diverses (composé majoritairement de conteneurs) dépasse son niveau d’avant-crise, alors que le vrac demeure à des niveaux inférieurs (figure 4).
tableauFigure 4 – Trafic de marchandises du Grand Port Maritime de Marseille
Port | Trafic de marchandises (en millions de tonnes) | Évolution entre 2019 et 2022 (en %) | |
---|---|---|---|
2019 | 2022 | ||
Grand Port Maritime de Marseille | 78,9 | 77,3 | -2,0 |
dont marchandises diverses | 20,6 | 21 | 1,9 |
dont vrac solide | 12,7 | 11,4 | -10,2 |
dont vrac liquide | 45,6 | 45 | -1,3 |
- Source : Grand Port Maritime de Marseille.
Le transport routier de marchandises interne à la région en progression
Le transport routier de marchandises en Provence-Alpes-Côte d’Azur est en légère baisse sur un an (-0,8 % de tonnes-kilomètres). Le volume de marchandises transportées reste ainsi en deçà de son niveau d’avant-crise sanitaire (-3,8 %).
Le total du transport de marchandises est constitué de trois composantes. Les entrées de marchandises dans la région, qui augmentent légèrement sur un an (+1,1 %), sont toujours largement inférieures à leur niveau de 2019 (-7,9 %, figure 5). Les sorties de la région sont en baisse cette année par rapport à 2021 (-1,2 %), et sont également plus faibles qu’avant la crise sanitaire, suivant la tendance nationale. C’est le trafic intérieur à la région qui se porte le mieux : en hausse de 2,7 % sur un an, il dépasse son niveau de 2019 de 3,6 %.
tableauFigure 5 – Évolution du transport routier de marchandises - Provence-Alpes-Côte d'Azur
Entrées dans la région | Sorties de la région | Intérieur de la région | |
---|---|---|---|
2016 | 100,0 | 100,0 | 100,0 |
2017 | 104,2 | 102,6 | 109,1 |
2018 | 105,1 | 104,9 | 116,4 |
2019 | 109,4 | 112,9 | 109,6 |
2020 | 101,5 | 101,5 | 107,8 |
2021 | 99,7 | 107,3 | 110,5 |
2022 | 100,8 | 106,0 | 113,5 |
- Note : 2022 provisoire.
- Champ : hors transport international.
- Source : SDES, Enquête Transport routier de marchandises.
graphiqueFigure 5 – Évolution du transport routier de marchandises - Provence-Alpes-Côte d'Azur

- Note : 2022 provisoire.
- Champ : hors transport international.
- Source : SDES, Enquête Transport routier de marchandises.
Nouvelle baisse des ventes de véhicules neufs
Après la forte baisse enregistrée en 2020 et le léger rebond de 2021, les immatriculations de véhicules neufs diminuent sensiblement en 2022 en Provence-Alpes-Côte d’Azur (-9,3 %, figure 6). Les ventes sont désormais inférieures de plus d’un quart au niveau de 2019. Cette baisse et son ampleur sont généralisées à tous les départements.
Les contraintes fortes sur l’offre avec encore des difficultés d’approvisionnement et le renchérissement des coûts de production dans l’industrie, ainsi que la contraction du pouvoir d’achat des ménages due à l’inflation ont diminué d’autant la capacité des ménages à se doter de véhicules neufs.
tableauFigure 6 – Évolution du nombre d'immatriculations de véhicules particuliers neufs
Provence-Alpes-Côte d'Azur | France entière | |
---|---|---|
2016 | 100,0 | 100,0 |
2017 | 104,5 | 104,7 |
2018 | 106,4 | 107,9 |
2019 | 110,4 | 109,6 |
2020 | 87,8 | 82,2 |
2021 | 88,3 | 82,9 |
2022 | 83,0 | 76,5 |
- Note : données brutes.
- Champ : les immatriculations de véhicules neufs sont issues du répertoire statistique des véhicules routiers (Rsvero) qui recense les véhicules routiers immatriculés sur le territoire français (départements d’outre-mer compris). Ces données ne comprennent pas les véhicules immatriculés en transit temporaire (TT), importés en transit (IT), de l’administration civile de l’État, militaires, ainsi que les immatriculations provisoires (plaques W ou WW).
- Source : SDES, Rsvero.
graphiqueFigure 6 – Évolution du nombre d'immatriculations de véhicules particuliers neufs

- Note : données brutes.
- Champ : les immatriculations de véhicules neufs sont issues du répertoire statistique des véhicules routiers (Rsvero) qui recense les véhicules routiers immatriculés sur le territoire français (départements d’outre-mer compris). Ces données ne comprennent pas les véhicules immatriculés en transit temporaire (TT), importés en transit (IT), de l’administration civile de l’État, militaires, ainsi que les immatriculations provisoires (plaques W ou WW).
- Source : SDES, Rsvero.
Les données d’immatriculations sont calculées sur un champ homogène avec les données de parc publiées. Toutes les immatriculations sont prises en compte, à l’exception des immatriculations provisoires et transit temporaire. Des corrections aux séries diffusées en 2022 sur ce nouveau champ ont également été apportées afin de refléter les caractéristiques des véhicules lors de leur première immatriculation. En effet, certains véhicules avaient été dénombrés selon leurs caractéristiques et localisation actuelles qui pouvaient être, dans certains cas, différentes de celles de leur première immatriculation (par exemple, un véhicule utilitaire léger immatriculé en 2015 puis revendu en 2017 comme voiture avait été comptabilisé comme voiture particulière en 2015). Ces véhicules sont désormais reclassés dans leur catégorie initiale.
Encadré - En 2021, le fret ferroviaire connaît une forte progression
Après une année 2020 marquée par un ralentissement significatif du transport de marchandises tous modes confondus en raison de la crise sanitaire, le fret ferroviaire a fortement rebondi en 2021 (+28 %, figure 7). Cette performance, double de celle au niveau national, lui permet de dépasser ainsi largement son niveau d’avant-crise.
tableauFigure 7 – Transport ferroviaire de marchandises
Année | Volume en Provence-Alpes-Côte d'Azur (en millions de tonnes-kilomètres) | Variation annuelle en Provence-Alpes-Côte d'Azur (en %) | Variation annuelle en France (en %) |
---|---|---|---|
2016 | 5 578 | - | - |
2017 | 6 032 | 8,1 | 2,0 |
2018 | 6 058 | 0,4 | -9,0 |
2019 | 5 662 | -6,5 | 4,0 |
2020 | 5 158 | -8,9 | -10,5 |
2021 | 6 609 | 28,1 | 14,7 |
- Source : Service des données et études statistiques (SDES) du ministère de la Transition écologique.
Avertissement
Les données chiffrées sont parfois arrondies (selon les règles mathématiques). Le résultat arrondi d'une combinaison de données chiffrées (qui fait intervenir leurs valeurs réelles) peut se trouver légèrement différent de celui que donnerait la combinaison de leurs valeurs arrondies.
Sources
Définitions
la tonne-kilomètre (t-km) est l’unité de mesure du transport de marchandises combinant la masse de marchandises et la distance du déplacement. Par exemple, 1 t-km est l’équivalent d’une tonne de marchandises déplacée sur un kilomètre ou de 2 tonnes déplacées sur 500 m.
Immatriculations de véhicules neufs
Les immatriculations de véhicules neufs sont issues du répertoire statistique des véhicules routiers (Rsvero) qui recense les véhicules routiers immatriculés sur le territoire français (départements d’outre-mer compris). Les immatriculations provisoires de véhicules neufs et celles des véhicules en transit temporaire ne sont pas comptabilisées.
Pour en savoir plus
(1) Observatoire Régional des Transports, « Ouvrir dans un nouvel ongletLe journal des transports », no 119, décembre 2022.
(2) Observatoire Régional des Transports, « Ouvrir dans un nouvel ongletLes chiffres clés des transports », édition 2021.