Insee Conjoncture Bourgogne-Franche-Comté · Octobre 2022 · n° 34

Au 2^e trimestre 2022, l’économie régionale résiste malgré des points de tensions Note de conjoncture régionale - 2^e trimestre 2022

Dans la région comme en France, l’activité économique reste sous l’influence de plusieurs chocs extérieurs. La suite des conséquences de l’épidémie de Covid-19, la crise géopolitique liée à la guerre en Ukraine et enfin la sécheresse sont autant de freins à la croissance en ce début d’été. Dans ce contexte, depuis le printemps 2021, le nombre d’heures rémunérées stagne autour de son niveau d’avant-crise en Bourgogne-Franche-Comté. En juillet, il reste inférieur de 2,1 % à 2019 (figure 1).

Ces difficultés impactent toujours fortement le secteur de l’industrie, les heures rémunérées y sont inférieures de 7,4 %. La construction subit également ces contraintes mais dans des proportions moins importantes. En juillet, le volume d’heures rémunérées est inférieur de près de 3 % à celui de trois ans auparavant.

Les heures rémunérées dans les services marchands se maintiennent à un niveau proche de celui d’avant-crise (- 0,5 %). L’hébergement-restauration profite d’une belle embellie depuis le printemps et les heures rémunérées dépassent de 3,2 % en juillet leur niveau de 2019. Malgré la hausse des prix, le commerce se stabilise (+ 0,6 %) en juillet.

Moins sensible aux chocs externes, l’activité dans les services non marchands reste dynamique. En juillet, le volume d’heures rémunérées est supérieur de 3,0 % à celui de juillet 2019.

Dans un contexte de hausse des prix, le montant des transactions par cartes bancaires CB, qui contribuent à estimer la consommation des ménages, reste en mai-juin 2022 bien supérieur à son niveau d’avant-crise en Bourgogne-Franche-Comté (figure 2). Ainsi, ces opérations par cartes CB sont 13 % supérieures à celles relevées en 2019, une évolution quasi identique à la moyenne métropolitaine. Cet écart est surtout significatif les deux premières semaines de mai, où les transactions CB sont supérieures de 20 % à leur niveau de 2019.

Cette dynamique se retrouve naturellement au niveau départemental. Elle est particulièrement marquée en Haute-Saône, + 22 % et dans le Jura, + 18 %.

Au deuxième trimestre 2022, l’emploi salarié ne progresse plus en Bourgogne-Franche-Comté (+ 0,0 %), alors que la région en avait gagné plus de 2 000 au trimestre précédent (figure 3). L’emploi privé affiche une très légère hausse avec 650 emplois supplémentaires (+ 0,1 %). Le secteur public perd près de 300 emplois, soit une baisse de 0,1 %.

Au niveau local, l’emploi évolue peu ce trimestre dans la plupart des départements de Bourgogne-Franche-Comté (figure 4). Seul le Jura affiche une nette progression (+ 0,4 %). Il bénéficie de la bonne dynamique du commerce (+ 1,0 %) et de la construction (+ 0,7 %).

L’emploi dans les services marchands hors intérim progresse de 0,7 %, porté par le dynamisme de l’hébergement-restauration. Ce secteur gagne près de 900 emplois, soit + 2,5 %.

En croissance continue depuis le premier trimestre 2020, le secteur de la construction confirme sa vitalité avec une augmentation de ses effectifs de 0,3 %.

L’industrie progresse également de 0,2 % malgré des difficultés persistantes d’approvisionnement et d’enchérissement des matières premières. Ainsi la fabrication d’autres produits industriels est en hausse de 0,4 %.

Plus gros employeur de la région, avec 348 100 emplois, le tertiaire non marchand est en léger retrait (- 0,1 %), dans la lignée de la baisse de l’emploi au sein du secteur public.

En hausse constante en 2021, l’emploi intérimaire baisse de 4,7 % (- 1 800 emplois) au deuxième trimestre 2022, après un recul de 1,6 % au premier trimestre. La construction perd ainsi 8,0 % de ses effectifs intérimaires, une contraction plus importante qu’au trimestre précédent. Le moindre recours à l’intérim s’accentue également dans le tertiaire marchand (- 5,5 %). Avec la suppression de plus 300 emplois intérimaires, le secteur des transports et de l’entreposage concentre près de la moitié des pertes du secteur marchand. Le tertiaire non marchand perd aussi des effectifs intérimaires (- 3,1 %). L'industrie perd 3,4 % de ses effectifs intérimaires bien que certains secteurs comme la fabrication de matériel de transports et celle des denrées alimentaires continuent d'en embaucher (+ 4,3 % et + 0,8 %).

Tous les départements de la région sont concernés par le repli de l’intérim. La Côte-d’Or est le plus touché (- 8,6 %) du fait de la forte réduction des effectifs dans l’industrie et la construction, - 9,9 % chacun. Le Doubs et le Jura résistent davantage, grâce notamment, à l’industrie dont l’emploi intérimaire est en légère progression.

Au deuxième trimestre 2022, le nombre de frontaliers bourguignons-francs-comtois travaillant en Suisse continue de croître (+ 2,8 %), pour atteindre 42 000 ce trimestre. Cette hausse trimestrielle de 1 100 navetteurs est inédite depuis le deuxième trimestre 2018.

Sur un an, 3 200 travailleurs supplémentaires habitant la région rejoignent la Suisse, soit une hausse de 8,3 %. Cette progression annuelle est la plus importante depuis 2012.

Les frontaliers domiciliés dans le Doubs représentent 72 % des travailleurs. Ils progressent de 2,7 %. La hausse est encore plus sensible dans le Territoire de Belfort, + 3,4 %.

Les cantons de Vaud, de Neuchâtel et du Jura suisse concentrent 90 % des navetteurs issus de la région. Au deuxième trimestre, le canton du Jura gagne 3,7 % de travailleurs supplémentaires, le canton de Vaud progresse de 2,8 % et celui de Neuchâtel de 2,5 %.

Au deuxième trimestre 2022, 6,4 % de la population active est au chômage en Bourgogne-Franche-Comté, un taux inférieur de un point au niveau national (figure 5). Le taux de chômage augmente de 0,2 point dans la région entre le premier et le deuxième trimestre 2022, tandis qu’il est quasi stable au niveau national (+ 0,1 point).

La Bourgogne-Franche-Comté se situe au quatrième rang des régions les moins touchées, à égalité avec Auvergne-Rhône-Alpes et derrière la Bretagne, les Pays de la Loire et la Corse.

Le Territoire de Belfort reste le seul département de la région où le taux de chômage (8,5 %) est plus élevé qu’au niveau national. Le taux de chômage est à l’inverse particulièrement bas dans le Jura (5,1 %) et en Côte-d’Or (5,7 %). Il avoisine la moyenne régionale dans les autres départements, allant de 6,4 % en Saône-et-Loire à 6,9 % dans l’Yonne.

Malgré la hausse trimestrielle, le taux de chômage baisse, sur une année, de 0,4 point dans la région, à un rythme proche du niveau national (- 0,5 point). Tous les départements de la région sont concernés par cette baisse. Les départements les plus touchés par le chômage enregistrent les baisses annuelles les plus importantes, - 0,6 point dans le Doubs et le Territoire de Belfort.

Au deuxième trimestre 2022, le nombre de demandeurs d’emploi en fin de mois (DEFM) en Bourgogne-Franche-Comté continue à diminuer mais moins fortement qu’au trimestre précédent (- 1,9 %). Pour la première fois depuis 2013, leur nombre passe en dessous des 200 000 demandeurs d’emploi. En France, ce retrait est du même ordre (- 1,8 %).

Ce trimestre, avec une baisse de 2 %, les hommes ont davantage profité de cette amélioration sur le marché du travail que les femmes (- 1,8 %).

Contrairement au trimestre précédent, l’amélioration est plus franche pour les personnes exerçant une activité réduite (catégories B et C), dont le nombre recule de plus de 4 %. À l’inverse, le nombre des personnes sans emploi (catégorie A) augmente légèrement après sept trimestres consécutifs de baisse.

Dans la lignée des trimestres précédents, les effectifs de demandeurs d’emploi de moins de 25 ans diminuent de 3,2 %. Sur un an, plus de 15 % ont quitté Pôle emploi. Le nombre de demandeurs de plus de 50 ans baisse également mais de façon moins marquée (- 1,1 %).

La situation des demandeurs d’emploi de longue durée continue également de s’améliorer. Leur nombre recule (- 3,6 %) pour le quatrième trimestre consécutif. Avec 95 500 inscrits à Pôle emploi ce trimestre, leur nombre atteint son plus bas niveau depuis début 2017.

Le nombre de défaillances d’entreprises augmente à nouveau dans la région au deuxième trimestre 2022. Ainsi, plus de 1 200 défaillances sont enregistrées sur un an, soit une hausse de 11,6 %. Le maintien à un niveau élevé de l’inflation, l’arrêt des mesures de soutien en trésorerie et les difficultés persistantes d’approvisionnements fragilisent la santé financière de certaines activités. Néanmoins, le nombre de défaillances reste largement inférieur à son niveau de fin 2019 (- 35,3 %).

Ce trimestre, le nombre de créations d’entreprises diminue en Bourgogne-Franche-Comté (- 4,5 %) comme au niveau national, (- 2,6 %) (figure 6). Le nombre de créations reste cependant élevé, 7 200 immatriculations dans la région contre moins de 7 000 fin 2019.

Les créations de micro-entreprises sont en repli de 8,0 % alors que les créations de sociétés progressent de 1,6 %.

Au deuxième trimestre 2022, la fréquentation dans les hôtels de Bourgogne-Franche-Comté enregistre 1 870 000 nuitées, soit 85 000 unités de moins qu’au deuxième trimestre 2019 (- 4,4 %). Cependant, cela représente presque cinq fois plus de nuitées qu’au plus fort de la crise sanitaire. Les nuitées des résidents français sont le moteur de cette reprise, puisqu’elles ont désormais rattrapé leur niveau d’avant-crise. Pénalisées par la moindre présence des clientèles chinoises et américaines, le niveau de fréquentation de la clientèle étrangère reste inférieur de 84 000 nuitées (- 14 %).

La tendance est la même en France métropolitaine. Les nuitées des non-résidents ont du mal à retrouver leur niveau d’avant-crise (- 13,4 %) quand celles des résidents sont légèrement au-dessus (+ 2,5 %).

Le chiffre d’affaires dans l’hôtellerie en Bourgogne-Franche-Comté se rapproche de celui du deuxième trimestre 2019. Le mois de mai est largement excédentaire (+ 10,5 %). Dans la restauration, le bilan du chiffre d’affaires est un peu plus positif avec un gain par rapport à 2019 se situant entre + 3,2 % en avril à + 8,0 % en mai. Cette embellie reste néanmoins très en retrait par rapport à la France métropolitaine qui oscille entre + 16,5 et + 24,5 %.