Insee Première ·
Mai 2022 · n° 1900Produits intérieurs bruts régionaux de 2000 à 2020 D’importantes disparités, de l’outre-mer à l’Île‑de‑France
En 2020, le PIB par habitant est de 34 100 euros en France. Il s’élève à 57 600 euros en Île‑de‑France, contre 29 200 euros en France métropolitaine hors Île-de-France et 20 200 euros dans les régions d’outre-mer. Le niveau élevé du PIB par emploi en Île‑de‑France, en lien avec la présence de secteurs à forte valeur ajoutée, ainsi que la contribution de travailleurs résidant dans d’autres régions et la faible proportion de personnes âgées expliquent l’écart de PIB par habitant avec les autres régions.
En écartant l’année 2020, où les effets de la pandémie de Covid-19 ont fortement mais transitoirement affecté l’activité économique, les PIB par habitant augmentent dans toutes les régions entre 2000 et 2019, en particulier aux Antilles et à La Réunion où les niveaux se rapprochent ainsi de ceux des régions métropolitaines.
- Le PIB de l’Île‑de‑France représente plus de 30 % du PIB de la France
- D’importantes disparités de PIB par habitant entre régions
- Un PIB par emploi plus élevé en Île-de-France
- Un ratio emploi par habitant plus élevé dans le quart Sud-Est, en Île-de-France et sur la façade Atlantique
- Entre 2000 et 2019, le PIB par habitant augmente plus rapidement aux Antilles et à La Réunion
- Encadré 1 - Pour presque tous les pays de l’Union européenne, le PIB par habitant est le plus élevé dans la région de la capitale
- Encadré 2 - Entre 2019 et 2020, les PIB régionaux diminuent jusqu’à – 8,9 % en volume
Le PIB de l’Île‑de‑France représente plus de 30 % du PIB de la France
En 2020, le produit intérieur brut (PIB) de la France s’élève à 2 300 milliards d’euros. Le PIB de l’Île‑de‑France représente 31 % du total, celui d’Auvergne-Rhône-Alpes 12 %. Le poids du PIB des autres régions est inférieur à 8 %, l’ensemble des régions d’outre-mer représente 2 % du PIB national.
Le premier facteur expliquant ces disparités interrégionales est la population, le nombre d’habitants conditionnant en grande partie la capacité de production d’une région. L’analyse du PIB par habitant permet ainsi de corriger cet effet dans les comparaisons d’une région à l’autre.
D’importantes disparités de PIB par habitant entre régions
En 2020, le PIB par habitant s’établit à 34 100 euros en moyenne en France (figure 1). Cependant les écarts entre régions sont grands. Le PIB par habitant est le plus élevé en Île‑de‑France, avec 57 600 euros par habitant, contre 29 200 euros en France métropolitaine hors Île‑de‑France et 20 200 euros dans les régions d’outre-mer. L’Île‑de‑France est par ailleurs la seule région avec un PIB par habitant supérieur à la moyenne nationale. Dans la plupart des autres pays européens, le PIB par habitant est également le plus élevé dans la région où se trouve la capitale, en lien avec la concentration des activités économiques du pays (encadré 1).
Les PIB par habitant sont les plus faibles à Mayotte et en Guyane, où ils s’élèvent respectivement à 9 700 euros et 15 100 euros. Au sein des régions de France métropolitaine hors Île‑de‑France, les disparités sont moindres, avec des PIB par habitant s’échelonnant de 25 600 euros en Corse à 33 200 euros en Auvergne-Rhône-Alpes.
Bien que la crise sanitaire n’ait pas affecté toutes les régions de manière identique (encadré 2), elle ne remet pas en cause les enseignements que l’on peut tirer de l’étude des écarts de PIB par habitant entre les régions. Ces différences régionales de PIB par habitant peuvent notamment s’expliquer en prenant en compte deux indicateurs, le PIB par emploi et l’emploi par habitant. Le premier, aussi intitulé productivité apparente du travail, reflète la structure d’activité régionale et la productivité de l’emploi dans chaque secteur. Le second facteur traduit des effets sociodémographiques et liés au marché du travail. Cette décomposition permet de tenir compte du fait que tous les habitants d’une région ne travaillent pas, et donc que tous ne contribuent pas directement à la création de richesse.
tableauFigure 1 – PIB par habitant en 2020
Région | PIB par habitant |
---|---|
Île-de-France | 57 600 |
France métropolitaine | 34 536 |
France | 34 089 |
Auvergne-Rhône-Alpes | 33 205 |
Provence-Alpes-Côte d'Azur | 31 580 |
Pays de la Loire | 30 258 |
Bretagne | 29 500 |
France métropolitaine hors Île-de-France | 29 175 |
Nouvelle-Aquitaine | 28 467 |
Occitanie | 28 157 |
Centre-Val de Loire | 27 859 |
Grand Est | 27 529 |
Normandie | 27 168 |
Bourgogne-Franche-Comté | 27 026 |
Hauts-de-France | 26 948 |
Corse | 25 571 |
Martinique | 24 728 |
Guadeloupe | 23 198 |
La Réunion | 22 148 |
Guyane | 15 091 |
Mayotte | 9 711 |
- Note : les données sont provisoires.
- Lecture : en 2020, le PIB par habitant dans les Pays de la Loire s’élève à 30 258 euros.
- Champ : France.
- Source : Insee, comptes régionaux base 2014, estimations de population moyennes en 2020, estimées au 1er janvier 2022.
graphiqueFigure 1 – PIB par habitant en 2020
Un PIB par emploi plus élevé en Île-de-France
Les disparités de PIB par emploi sont moindres que celles de PIB par habitant : en particulier, le PIB par emploi de l’Île‑de‑France (111 100 euros, figure 2) est 1,5 fois plus élevé que celui du reste de la France métropolitaine, alors que le PIB par habitant est 2 fois plus élevé. Ce PIB par emploi élevé s’accompagne d’une surreprésentation des secteurs à forte valeur ajoutée. À titre d’exemple, le secteur des activités scientifiques et techniques représente 21 % de la valeur ajoutée de l’Île‑de‑France, contre 14 % au niveau national.
Dans le reste de la France métropolitaine, les PIB par emploi en Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur sont légèrement supérieurs à ceux des autres régions (respectivement + 8 % et + 4 % par rapport à la moyenne de France métropolitaine hors Île‑de‑France). À l’inverse, les PIB par emploi sont plus faibles à La Réunion (62 800 euros) et à Mayotte (55 900 euros).
tableauFigure 2 – PIB par emploi en 2020
Région | PIB par emploi |
---|---|
Île-de-France | 111 073 |
France métropolitaine | 81 725 |
France | 81 362 |
Auvergne-Rhône-Alpes | 78 486 |
Provence-Alpes-Côte d'Azur | 75 670 |
France métropolitaine hors Île-de-France | 72 886 |
Hauts-de-France | 72 748 |
Grand Est | 71 993 |
Occitanie | 71 763 |
Bretagne | 71 649 |
Centre-Val de Loire | 71 426 |
Guyane | 71 172 |
Pays de la Loire | 71 136 |
Nouvelle-Aquitaine | 70 396 |
Bourgogne-Franche-Comté | 69 842 |
Normandie | 69 771 |
Guadeloupe | 68 560 |
Martinique | 67 676 |
Corse | 66 645 |
La Réunion | 62 841 |
Mayotte | 55 857 |
- Note : les données sont provisoires.
- Lecture : en 2020, le PIB par emploi en Auvergne-Rhône-Alpes s’élève à 78 486 euros.
- Champ : France.
- Source : Insee, comptes régionaux base 2014, estimations de population moyennes en 2020, estimées au 1er janvier 2022.
graphiqueFigure 2 – PIB par emploi en 2020
Un ratio emploi par habitant plus élevé dans le quart Sud-Est, en Île-de-France et sur la façade Atlantique
Les écarts de PIB par emploi entre les régions s’accompagnent d’écarts dans le ratio emploi par habitant (figure 3). Comme pour le PIB par emploi, les régions Île‑de‑France, Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur ont un ratio emploi par habitant supérieur à la moyenne de France métropolitaine hors Île‑de‑France (40 %). L’écart entre l’Île‑de‑France et le reste des régions françaises est cependant moindre que pour le PIB par emploi. En outre, les régions de la façade Atlantique (Pays de la Loire, Bretagne et Nouvelle-Aquitaine) ont également un ratio emploi par habitant supérieur à celui de la France métropolitaine hors Île‑de‑France. À l’inverse, à Mayotte et en Guyane, les ratios sont nettement plus faibles et s’établissent aux alentours de 20 %.
tableauFigure 3 – Emploi par habitant en 2020
Région | Emploi par habitant |
---|---|
Île-de-France | 51,9 |
Pays de la Loire | 42,5 |
France métropolitaine | 42,3 |
Auvergne-Rhône-Alpes | 42,3 |
France | 41,8 |
Provence-Alpes-Côte d'Azur | 41,7 |
Bretagne | 41,2 |
Nouvelle-Aquitaine | 40,4 |
France métropolitaine hors Île-de-France | 40,0 |
Occitanie | 39,2 |
Centre-Val de Loire | 39,0 |
Normandie | 38,9 |
Bourgogne-Franche-Comté | 38,7 |
Corse | 38,4 |
Grand Est | 38,2 |
Hauts-de-France | 37,0 |
Martinique | 36,5 |
La Réunion | 35,2 |
Guadeloupe | 33,8 |
Guyane | 21,2 |
Mayotte | 17,4 |
- Lecture : en 2020, il y a 41,7 emplois pour 100 habitants en Provence-Alpes-Côte d’Azur.
- Champ : France.
- Source : Insee, estimations d’emploi en 2020, estimations de population moyennes en 2020, estimées au 1er janvier 2022.
graphiqueFigure 3 – Emploi par habitant en 2020
Pour décrire les mécanismes à l’œuvre, le facteur emploi par habitant peut être décomposé en trois termes : le premier, l’emploi rapporté à la population active occupée, traduit les déplacements domicile-travail entre régions ; le deuxième, la population active occupée rapportée à la population en âge de travailler (ensemble des habitants de 15 à 64 ans), correspond au taux d’emploi ; le troisième, la population en âge de travailler rapportée à la population totale, traduit un effet démographique.
L’emploi rapporté à la population active occupée, traduit le fait que l’influence de Paris en matière d’emploi s’étend au-delà de l’Île‑de‑France : seule région avec un ratio supérieur à 1, elle attire des travailleurs résidant dans les régions voisines, notamment en Bourgogne-Franche-Comté, Centre-Val de Loire et dans les Hauts-de-France (figure 4). Ces travailleurs contribuent au PIB de l’Île‑de‑France sans être comptabilisés dans le nombre d’habitants, ce qui contribue à la hausse du PIB par habitant de la région.
tableauFigure 4 – Nombre d’emplois par personne active occupée
Région | Nombre d’emplois par personne active occupée |
---|---|
Île-de-France | 1,05 |
Martinique | 1,00 |
La Réunion | 1,00 |
Mayotte | 1,00 |
Guadeloupe | 1,00 |
Guyane | 1,00 |
Occitanie | 0,99 |
Provence-Alpes-Côte d'Azur | 0,99 |
Pays de la Loire | 0,99 |
Nouvelle-Aquitaine | 0,99 |
Bretagne | 0,99 |
Corse | 0,99 |
France métropolitaine | 0,98 |
France | 0,98 |
Normandie | 0,97 |
Bourgogne-Franche-Comté | 0,96 |
Auvergne-Rhône-Alpes | 0,96 |
France métropolitaine hors Île-de-France | 0,96 |
Centre-Val de Loire | 0,95 |
Hauts-de-France | 0,93 |
Grand Est | 0,92 |
- Lecture : en 2018 en Île-de-France, il y a 1,05 emploi par personne résidant dans la région et occupant un emploi.
- Champ : France, personnes âgées de 15 à 64 ans.
- Source : Insee, recensement de la population 2018.
graphiqueFigure 4 – Nombre d’emplois par personne active occupée
À l’inverse, dans le Grand Est, et dans une moindre mesure en Auvergne-Rhône-Alpes, les travailleurs transfrontaliers sont à l’origine d’un ratio emploi par population active occupée parmi les plus faibles.
Les disparités de taux d’emploi contribuent aussi aux disparités de PIB par habitant, notamment entre la France métropolitaine et les régions d’outre-mer. En effet, en France métropolitaine, le taux d’emploi varie entre 60 % (Hauts-de-France) et 67 % (Pays de la Loire, Île‑de‑France et Auvergne-Rhône-Alpes), alors qu’outre-mer, il se situe entre 30 % (Mayotte) et 55 % (Martinique).
Le facteur démographique, rapportant la population en âge de travailler au nombre d’habitants, s’élève à un peu plus de 60 % en moyenne, avec relativement peu de disparités interrégionales. Seules l’Île‑de‑France et La Réunion se démarquent, avec un facteur démographique supérieur à 65 %, grâce à leur faible proportion de personnes de plus de 65 ans. Cette caractéristique démographique contribue à creuser l’écart entre l’Île‑de‑France et le reste des régions en matière de PIB par habitant.
À l’inverse, beaucoup de Mahorais ne sont pas encore en âge de travailler (44 % des habitants ont moins de 15 ans en 2020), ce qui explique le ratio démographique relativement plus faible pour Mayotte (54 %), malgré une faible proportion de personnes âgées de 65 ans ou plus.
Entre 2000 et 2019, le PIB par habitant augmente plus rapidement aux Antilles et à La Réunion
En 2019, pour chacune des régions, le PIB par habitant est supérieur à celui de 2000 (PIB mesurés en volume). En 2020, sous l’effet de la crise sanitaire, le PIB a diminué dans l’ensemble des régions avec une baisse de 7,9 % au niveau national ; cette baisse a été la plus marquée dans les Hauts-de-France (– 8,9 %) ainsi qu’en Normandie et en Île‑de‑France (– 8,7 %). Le choc a été tel que, dans certaines régions, le PIB par habitant est revenu à un niveau inférieur à celui mesuré vingt ans auparavant. Cependant, les conséquences macroéconomiques de ce choc ont été en grande partie résorbées en 2021 puisque le PIB a connu un rebond estimé à 7,0 % au niveau national. Considérant que le choc de 2020 est transitoire et régi par des ressorts différents de ceux de la dynamique économique sur longue période, l’analyse qui suit porte uniquement sur les tendances structurelles à l’œuvre entre 2000 et 2019. La production des PIB régionaux 2021 permettra de quantifier les disparités régionales dans l’évolution de l’activité post-crise sanitaire, en lien avec la structure sectorielle de chaque région.
Sur la période 2000-2019, parmi les régions métropolitaines, le PIB par habitant (mesuré en volume) augmente faiblement dans le Grand Est, en Bourgogne-Franche-Comté, en Centre-Val de Loire et en Normandie (entre + 0,2 et + 0,3 % par an, figure 5). Ce faible taux de croissance est le résultat d’une croissance peu dynamique du PIB par emploi, conjuguée à une légère baisse du ratio emploi par habitant. Cette diminution de l’emploi par habitant s’explique par une intensification des déplacements domicile-travail vers l’Île‑de‑France, notamment pour la Bourgogne-Franche-Comté, une croissance modérée du taux d’emploi, et le vieillissement de la population sur la période, relativement plus marqué en Normandie.
tableauFigure 5 – Décomposition du taux de croissance annuel moyen du PIB par habitant sur la période 2000-2019
Région | Taux de croissance 2000-2019 (en %) | ||
---|---|---|---|
PIB par emploi | Emploi par habitant | PIB par habitant | |
Guadeloupe | 1,11 | 0,72 | 1,84 |
Martinique | 1,01 | 0,66 | 1,68 |
La Réunion | 0,31 | 1,12 | 1,43 |
Île-de-France | 0,98 | 0,06 | 1,04 |
Corse | 0,52 | 0,45 | 0,98 |
Provence-Alpes-Côte d'Azur | 0,46 | 0,43 | 0,89 |
Occitanie | 0,73 | 0,14 | 0,87 |
Hauts-de-France | 0,76 | 0,04 | 0,79 |
France hors Mayotte | 0,72 | 0,04 | 0,77 |
France métropolitaine | 0,73 | 0,03 | 0,76 |
Auvergne-Rhône-Alpes | 0,76 | – 0,02 | 0,73 |
Pays de la Loire | 0,67 | 0,06 | 0,73 |
Bretagne | 0,61 | 0,08 | 0,68 |
Nouvelle-Aquitaine | 0,67 | – 0,01 | 0,66 |
France métropolitaine hors Île-de-France | 0,61 | 0,02 | 0,63 |
Normandie | 0,40 | – 0,11 | 0,29 |
Centre-Val de Loire | 0,44 | – 0,17 | 0,27 |
Guyane | 1,27 | – 1,03 | 0,23 |
Bourgogne-Franche-Comté | 0,40 | – 0,19 | 0,20 |
Grand Est | 0,43 | – 0,23 | 0,19 |
- Notes : les données en 2000 ne sont pas disponibles pour Mayotte, devenue une région française en 2014. Les données 2019 sont semi-définitives.
- Lecture : entre 2000 et 2019, le PIB par habitant (mesuré en volume) a augmenté en moyenne de 1,84 % par an en Guadeloupe, dont 1,11 % dû à la croissance du PIB par emploi (mesuré en volume) et 0,72 % dû à l’évolution du ratio emploi par habitant.
- Champ : France hors Mayotte.
- Source : Insee, comptes régionaux base 2014, estimations d’emploi en 2020, estimations de population moyennes en 2020, estimées au 1er janvier 2022.
graphiqueFigure 5 – Décomposition du taux de croissance annuel moyen du PIB par habitant sur la période 2000-2019
À l’opposé, l’Île‑de‑France et la Corse sont les régions métropolitaines qui enregistrent les taux de croissance de leur PIB par habitant les plus élevés, de l’ordre de + 1,0 % par an. Le rythme est sensiblement le même en Provence-Alpes-Côte d’Azur et en Occitanie (+ 0,9 % par an), les autres régions étant dans une situation intermédiaire, avec des taux de croissance compris entre + 0,7 et + 0,8 % par an. En moyenne, la croissance du PIB par emploi explique l’essentiel de la croissance du PIB par habitant. Cependant, en Provence-Alpes-Côte d’Azur et en Corse, le dynamisme du ratio emploi par habitant, dû à la hausse du taux d’emploi, explique près de la moitié de cette croissance.
L’évolution du PIB par habitant dans les régions d’outre-mer est particulière. En effet, les taux de croissance annuels du PIB par habitant sont nettement plus élevés qu’en France métropolitaine : + 1,8 % par an en Guadeloupe, + 1,7 % en Martinique et + 1,4 % à La Réunion. Dans ces trois régions, l’augmentation de l’emploi par habitant sur la période contribue relativement plus qu’en France métropolitaine à la croissance du PIB par habitant. Ce constat est notamment vrai à La Réunion, qui enregistre la plus forte hausse du taux d’emploi sur les vingt dernières années. Par ailleurs, c’est aussi la seule région avec la Guyane où le ratio de la population en âge de travailler rapportée au nombre d’habitants ne diminue pas sur la période.
La Guyane fait figure d’exception avec un taux de croissance du PIB par habitant de 0,2 % par an. En effet, malgré un taux de croissance du PIB par emploi le plus élevé de toutes les régions, la diminution du ratio emploi par habitant est telle que le taux de croissance du PIB par habitant est finalement tout juste positif. Cette diminution de l’emploi par habitant s’explique par une forte baisse du taux d’emploi guyanais sur la période.
Encadré 1 - Pour presque tous les pays de l’Union européenne, le PIB par habitant est le plus élevé dans la région de la capitale
Dans la totalité des États membres de l’Union européenne ayant plusieurs régions NUTS-1 (le niveau correspondant aux régions françaises actuelles), le PIB par habitant de la région de la capitale est supérieur au PIB par habitant national. En Belgique, en France, en Pologne et en Hongrie, le PIB par habitant de la région de la capitale représente plus de 1,5 fois le PIB par habitant moyen du pays en 2020.
Le PIB par habitant de la région de la capitale est même le PIB régional le plus élevé du pays, sauf dans trois pays :
- l’Allemagne, avec, entre autres, la région d’Hambourg dont le PIB par habitant est 1,6 fois supérieur au PIB par habitant national (la région de Berlin ayant un PIB par habitant presque identique au PIB par habitant allemand) ;
- l’Italie, où la région du Nord-Ouest enregistre un PIB par habitant 1,2 fois supérieur au PIB par habitant du pays (1,1 pour la région de Rome) ;
- l’Autriche, où la région de l’Est a un PIB par habitant 1,1 fois supérieur au PIB par habitant du pays (la région de Vienne ayant un PIB par habitant égal au PIB par habitant autrichien).
Encadré 2 - Entre 2019 et 2020, les PIB régionaux diminuent jusqu’à – 8,9 % en volume
Sur l’ensemble de la période 2000-2020, deux chocs majeurs ont affecté la croissance des PIB régionaux, en 2009 et en 2020. Pour l’ensemble des régions (hors Mayotte), le choc de 2020 s’est avéré être bien plus important que celui de 2009, avec une diminution de 7,9 % du PIB en volume entre 2019 et 2020, contre une baisse de 2,9 % entre 2008 et 2009.
En France métropolitaine, entre 2019 et 2020, la contraction du PIB en volume a été comprise entre – 8,9 % (Hauts-de-France) et – 4,8 % (Bretagne), principalement du fait de la chute de la consommation privée (figure). Dans les régions Grand Est, Normandie, Bourgogne-Franche-Comté et Centre-Val de Loire, le PIB par habitant en 2020 (mesuré en volume) s’est ainsi retrouvé à un niveau inférieur à celui de 2000.
Comme en 2009, la diminution des PIB en volume dans les régions d’outre-mer en 2020 est bien moins importante qu’en France métropolitaine (– 3,8 % en moyenne), l’activité économique y ayant été moins affectée par la crise.
tableauÉvolution des PIB régionaux en volume entre 2019 et 2020
Région | Évolution PIB 2019-2020 |
---|---|
Guyane | – 2,7 |
Martinique | – 3,9 |
La Réunion | – 4,2 |
Bretagne | – 4,8 |
Guadeloupe | – 4,9 |
Pays de la Loire | – 6,7 |
Auvergne-Rhône-Alpes | – 7,2 |
Bourgogne-Franche-Comté | – 7,3 |
Centre-Val de Loire | – 7,4 |
Nouvelle-Aquitaine | – 7,5 |
Occitanie | – 7,6 |
France métropolitaine hors Île-de-France | – 7,6 |
France métropolitaine | – 7,9 |
France | – 7,9 |
Provence-Alpes-Côte d'Azur | – 8,0 |
Grand Est | – 8,3 |
Corse | – 8,5 |
Normandie | – 8,7 |
Île-de-France | – 8,7 |
Hauts-de-France | – 8,9 |
Mayotte | non disponible |
- Note : les données 2019 sont semi-définitives et les données 2020 sont provisoires.
- Lecture : entre 2019 et 2020, dans les Hauts-de-France le PIB diminue de 8,9 % en volume.
- Champ : France hors Mayotte.
- Source : Insee, comptes régionaux base 2014.
graphiqueFigure – Évolution des PIB régionaux en volume entre 2019 et 2020
Sources
Les PIB des régions métropolitaines en volume sont évalués à partir du PIB métropolitain en volume. Il est obtenu depuis 2021 à partir du PIB national en volume après déduction des PIB des DOM en volume, de celui de Saint-Martin et du « hors territoire ». Le PIB métropolitain en volume ainsi que les valeurs ajoutées (VA) en volume sont obtenus selon la structure régionale des VA en valeur.
Les PIB des régions métropolitaines en volume doivent être utilisés avec prudence car ils ne découlent pas d’un calcul utilisant des indices de prix régionaux. En effet, les prix sont supposés évoluer de manière identique sur tout le territoire. Mais en pratique, cette hypothèse peut ne pas être vérifiée pour certaines branches (par exemple, les prix de l’immobilier n’évoluent pas au même rythme dans toutes les régions) ou pour certains territoires.
La valeur ajoutée des branches marchandes au niveau régional est déterminée par l’appariement des fichiers Fare (Fichier approché des résultats d’Esane) et Flores (Fichier localisé des rémunérations et de l’emploi salarié). Ces deux sources permettent de localiser l’ensemble de l’activité économique au travers des effectifs et des rémunérations des établissements.
Le Fare, qui contient les principales variables des comptes des entreprises, donne la valeur ajoutée de chaque entreprise. Cette valeur ajoutée est régionalisée au prorata de la masse salariale de chaque établissement via les données de Flores. Les valeurs ajoutées des établissements sont ensuite agrégées par secteur d’activité et région.
Les produits intérieurs bruts régionaux et les valeurs ajoutées régionales par branche d’activité ont fait l’objet d’une rétropolation en base 2014 depuis 2000. Les données de l’année 2020 sont encore provisoires.
Définitions
Le produit intérieur brut (PIB) est un indicateur de la production d’un pays ou d’une région. Il reflète la valeur totale de tous les biens et services produits, diminué de la valeur des biens et services utilisés dans la consommation intermédiaire pour leur production.
Le PIB par habitant rapporte le PIB de la zone au nombre d’habitants de ce territoire. Il mesure la richesse créée par habitant.
Le PIB par emploi rapporte le PIB de la zone au nombre d’emplois dans la zone considérée. Il mesure la richesse créée par emploi. Ce ratio, appelé « productivité apparente du travail », ne tient compte que du seul facteur travail comme ressource mise en œuvre. Le terme « apparente » rappelle que la productivité dépend de l'ensemble des facteurs de production et de la façon dont ils sont combinés.
La valeur ajoutée (VA) correspond au solde du compte de production. Elle est égale à la valeur de la production diminuée de la consommation intermédiaire.
La population active occupée (ou population active ayant un emploi) comprend, au sens du recensement de la population, les personnes qui déclarent être dans l’une des situations suivantes :
- exercer une profession (salariée ou non), même à temps partiel ;
- aider une personne dans son travail (même sans rémunération) ;
- être apprenti, stagiaire rémunéré ;
- être chômeur tout en exerçant une activité réduite ;
- être étudiant ou retraité mais occupant un emploi.
Le taux d’emploi est le rapport entre le nombre de personnes en emploi et le nombre total de personnes.
L’effet démographique correspond au rapport entre la population en âge de travailler (ensemble des habitants de 15 à 64 ans) et le nombre d’habitants. Un ratio élevé signifie qu’une forte part de la population est potentiellement disponible pour travailler.
L’évolution du PIB en volume, c’est-à-dire corrigée de l’évolution générale des prix, mesure la croissance économique.
Pour en savoir plus
Insee, « Produits intérieurs bruts régionaux et valeurs ajoutées régionales de 2000 à 2020, série en base 2014 », Bases de données, février 2022.
Baleyte J., Bourgeois A., Favetto B., Heam J.-C., Lequien M., Ralle P., « L’économie française en 2020 : une année de bouleversements », Insee Analyses n° 64, mai 2021.
Hurpeau B., « Les produits intérieurs bruts régionaux de 1990 à 2013 », Insee Focus n° 60, juillet 2016.
Brière L., Koumarianos H., « Nouvelles régions : moins de différences interrégionales », in La France et ses territoires, coll. « Insee Références », édition 2015.