L'essentiel sur... la pauvreté
L'essentiel sur… se compose de données clés, d'un jeu de questions-réponses apportant des éclairages plus spécifiques, de précisions méthodologiques et des liens vers des publications de l'Insee ou d'autres organismes pour aller plus loin. Sur le même modèle, retrouvez d'autres essentiels sur...
Avertissement : en raison de difficultés de production, l’Insee a décidé de ne pas publier les résultats détaillés sur les revenus, les niveaux de vie et la pauvreté en 2020. Les principaux tableaux peuvent néanmoins être retrouvés dans la publication accompagnant la diffusion sur les revenus en 2020.
En 2019, 9,2 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté monétaire
En 2019, en France métropolitaine, 9,2 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté monétaire. Le taux de pauvreté est ainsi de 14,6 %. Cet indicateur n’inclut pas les personnes pauvres vivant en communauté ou dans les DOM, qui conduiraient à rehausser le nombre de personnes pauvres à 10,1 millions en 2018 (Question 1).
Le seuil de pauvreté est fixé par convention à 60 % du niveau de vie médian de la population. Il correspond à un revenu disponible de 1 102 euros par mois pour une personne vivant seule et de 2 314 euros pour un couple avec deux enfants âgés de moins de 14 ans.
En 2020, selon des estimations provisoires, le taux de pauvreté serait stable.
L'intensité de la pauvreté, qui mesure l’écart relatif entre le niveau de vie médian de la population pauvre et le seuil de pauvreté, est de 19,7 % en 2019.
tableau Taux de pauvreté et seuils de pauvreté
Année | Seuil de pauvreté mensuel (en euros) |
Taux de pauvreté¹ (en %) |
---|---|---|
2015 | 1 057 | 14,2 |
2016 | 1 067 | 14,0 |
2017 | 1 072 | 14,1 |
2018 | 1 074 | 14,8 |
2019 | 1 102 | 14,6 |
20202 | nd | 14,6 |
- nd : donnée non disponible.
- 1. Taux de pauvreté à 60 % du niveau de vie médian.
- 2. Le taux de pauvreté est estimé par microsimulation pour 2020. Le seuil de pauvreté n’a en revanche pas été estimé pour 2020.
- Lecture : en 2019, 14,6 % de la population vit sous le seuil de pauvreté de pauvreté monétaire, soit 1 102 euros par mois.
- Champ : France métropolitaine, individus vivant dans un ménage dont le revenu déclaré est positif ou nul et dont la personne de référence n'est pas étudiante.
- Sources : Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, enquête Revenus fiscaux et sociaux 2015 à 2019 ; modèle Ines 2020 (ERFS 2019 actualisée).
graphique Taux de pauvreté et seuils de pauvreté

- 1. Taux de pauvreté à 60 % du niveau de vie médian.
- 2. Le taux de pauvreté est estimé par microsimulation pour 2020. Le seuil de pauvreté n’a en revanche pas été estimé pour 2020.
- Lecture : en 2019, 14,6 % de la population vit sous le seuil de pauvreté de pauvreté monétaire, soit 1 102 euros par mois.
- Champ : France métropolitaine, individus vivant dans un ménage dont le revenu déclaré est positif ou nul et dont la personne de référence n'est pas étudiante.
- Sources : Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, enquête Revenus fiscaux et sociaux 2015 à 2019 ; modèle Ines 2020 (ERFS 2019 actualisée).
Les chômeurs et les familles monoparentales sont les plus touchés par la pauvreté monétaire
La pauvreté monétaire touche en premier lieu les chômeurs (38,9 %). Parmi les personnes en emploi, les travailleurs indépendants sont plus vulnérables (17,6 %) que les salariés (6,8 %). Les retraités sont moins fréquemment en situation de pauvreté (9,5 %).
Les ménages sont différemment exposés à la pauvreté selon leur configuration familiale. Les familles monoparentales sont les plus concernées (32,8 %).
En 2019, 31,5 % des immigrés sont pauvres, en particulier ceux nés en Afrique (39,2 %).
tableau Taux de pauvreté¹ par statut d’activité en 2019
Statut d'activité | Taux de pauvreté |
---|---|
Salariés | 6,8 |
Indépendants | 17,6 |
Chômeurs | 38,9 |
Retraités | 9,5 |
Autres inactifs | 32,5 |
Enfants | 20,2 |
Ensemble | 14,6 |
- 1. Au seuil de 60 %.
- Lecture : en 2019, 6,8 % des salariés vivent sous le seuil de pauvreté monétaire.
- Champ : France métropolitaine, individus vivant dans un ménage dont le revenu déclaré est positif ou nul et dont la personne de référence n'est pas étudiante.
- Sources : Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, enquête Revenus fiscaux et sociaux 2019.
graphique Taux de pauvreté¹ par statut d’activité en 2019

- 1. Au seuil de 60 %.
- Lecture : en 2019, 6,8 % des salariés vivent sous le seuil de pauvreté monétaire.
- Champ : France métropolitaine, individus vivant dans un ménage dont le revenu déclaré est positif ou nul et dont la personne de référence n'est pas étudiante.
- Sources : Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, enquête Revenus fiscaux et sociaux 2019.
Le taux de pauvreté en France est inférieur à la moyenne de l’Union européenne
En 2018, 16,8 % des Européens sont pauvres. En France, d’après le dispositif européen SILC, qui diffère de la mesure nationale (Question 1), 13,6 % des personnes sont pauvres. La France se situe au 10ᵉ rang des pays avec les taux de pauvreté les plus faibles, devant l’Allemagne (14,8 %), l’Italie (20,1 %) ou l’Espagne (20,7 %).
Ces comparaisons sont relatives, les seuils de pauvreté étant calculés en fonction du niveau de vie médian de chaque pays.
tableau Taux de pauvreté dans l'Union européenne en 2018
Pays | Taux de pauvreté |
---|---|
République tchèque | 10,1 |
Finlande | 11,6 |
Slovaquie | 11,9 |
Slovénie | 12,0 |
Hongrie | 12,3 |
Danemark | 12,5 |
Irlande | 13,1 |
Pays-Bas | 13,2 |
Autriche | 13,3 |
France1 | 13,6 |
Chypre | 14,7 |
Allemagne | 14,8 |
Belgique | 14,8 |
Pologne | 15,4 |
Zone euro | 16,4 |
UE 28 (e) | 16,8 |
Malte | 17,1 |
Suède | 17,1 |
Portugal | 17,2 |
Luxembourg | 17,5 |
Grèce | 17,9 |
Croatie | 18,3 |
Royaume-Uni2 | 18,6 |
Italie | 20,1 |
Lituanie | 20,6 |
Espagne | 20,7 |
Estonie | 21,7 |
Bulgarie | 22,6 |
Lettonie | 22,9 |
Roumanie | 23,8 |
- e : donnée estimée.
- 1. Les indicateurs pour la France diffèrent de ceux présentés dans les autres figures. Ils sont calculés à partir d’une autre source statistique et sur un champ différent pour disposer de statistiques comparables entre les pays.
- 2. Donnée SILC-2018 portant sur l’année 2017.
- Note : le seuil de pauvreté est fixé à 60 % du niveau de vie national médian en 2018 (année de perception des revenus et non 2019, année de l'enquête retenue dans les publications d'Eurostat).
- Lecture : en 2018, 16,8 % des habitants de l’Union européenne vivent sous le seuil de pauvreté monétaire.
- Champ : Union européenne à 28 pays.
- Source : Eurostat , dispositif EU-Silc.
graphique Taux de pauvreté dans l'Union européenne en 2018

- e : donnée estimée.
- 1. Les indicateurs pour la France diffèrent de ceux présentés dans les autres figures. Ils sont calculés à partir d’une autre source statistique et sur un champ différent pour disposer de statistiques comparables entre les pays.
- 2. Donnée SILC-2018 portant sur l’année 2017.
- Note : le seuil de pauvreté est fixé à 60 % du niveau de vie national médian en 2018 (année de perception des revenus et non 2019, année de l'enquête retenue dans les publications d'Eurostat).
- Lecture : en 2018, 16,8 % des habitants de l’Union européenne vivent sous le seuil de pauvreté monétaire.
- Champ : Union européenne à 28 pays.
- Source : Eurostat , dispositif EU-Silc.
Le taux de pauvreté a diminué depuis 1970 mais est aujourd’hui plus élevé qu’au milieu des années 2000
Entre 1970 et 1984, le taux de pauvreté a fortement diminué, passant de 18,2 % de la population à 14,3 %. De 1984 à 1996, sous l’effet de la hausse du chômage, il augmente de 2 points.
De 1997 à 2004, il recule à nouveau avec l’embellie économique pour atteindre 12,7 % de la population. Il varie ensuite peu jusqu’en 2008. Il augmente jusqu’en 2011 avec la crise économique de 2008, et se stabilise jusqu’en 2017. Après une hausse de 0,7 point en 2018, liée notamment à la baisse des allocations logement (en partie compensée par la réduction des loyers sociaux), le taux de pauvreté se replie de 0,2 point en 2019 et s’établit à 14,6 %.
Sur longue période, la pauvreté a nettement reculé parmi les retraités, particulièrement entre 1970 et 1984. Depuis vingt ans, elle a fortement augmenté pour les familles monoparentales.
tableau Taux de pauvreté¹
Année | Y compris revenus financiers et prestations hors champ |
Hors revenus financiers et prestations hors champ |
---|---|---|
1970 | 18,2 | |
1975 | 17,9 | |
1979 | 15,3 | |
1984 | 14,3 | |
1990 | 15,2 | |
1996 | 14,6 | 16,2 |
1997 | 14,3 | 15,9 |
1998 | 13,9 | 15,9 |
1999 | 13,6 | 15,4 |
2000 | 13,7 | 15,7 |
2001 | 13,5 | 15,5 |
2002 | 13,1 | 15,3 |
2003 | 13,1 | 15,0 |
2004 | 12,7 | 14,9 |
2005 | 13,2 | 15,0 |
2006 | 13,3 | 15,0 |
2007 | 13,6 | 15,2 |
2008 | 13,2 | 15,1 |
2009 | 13,6 | 15,1 |
2010 | 14,3 | 15,9 |
2011 | 14,6 | 16,2 |
2012 | 14,2 | 15,8 |
2013 | 13,8 | 15,4 |
2014 | 14,0 | 15,6 |
2015 | 14,2 | 15,8 |
2016 | 14,0 | 15,9 |
2017 | 14,1 | 15,7 |
2018 | 14,8 | 16,3 |
2019 | 14,6 | 16,3 |
- 1. Au seuil de 60 %.
- Note : pour assurer une comparabilité temporelle sur longue période, les taux de pauvreté sont calculés sur un périmètre de revenus constant mais incomplet, celui de 1975. Ne sont en effet pas pris en compte les revenus financiers et certaines prestations sociales (allocation aux adultes handicapés, prestation d’accueil du jeune enfant, allocation d’éducation de l’enfant handicapé et allocation de soutien familial). En 1970, le périmètre de revenus est plus restreint que sur la période 1975-2018 car l’enquête Revenus fiscaux de 1970 ne contient pas de données relatives à la taxe d’habitation (intitulée alors « contribution mobilière ») et à l’allocation de logement familiale (ALF). Pour assurer une comparaison temporelle sans ruptures de série (en 1996, 2010 et 2012), les nombres de personnes pauvres ont par ailleurs été rétropolés de 1975 à 2011.
- Champ : France métropolitaine, individus vivant dans un ménage dont le revenu déclaré est positif ou nul et dont la personne de référence n'est pas étudiante.
- Sources : Insee-DGI, enquêtes revenus fiscaux 1970 à 1990 ; Insee-DGI, enquêtes Revenus fiscaux et sociaux rétropolées de 1996 à 2004 ; Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, enquêtes Revenus fiscaux et sociaux 2005 à 2019.
graphique Taux de pauvreté¹

- 1. Au seuil de 60 %.
- Note : pour assurer une comparabilité temporelle sur longue période, les taux de pauvreté sont calculés sur un périmètre de revenus constant mais incomplet, celui de 1975. Ne sont en effet pas pris en compte les revenus financiers et certaines prestations sociales (allocation aux adultes handicapés, prestation d’accueil du jeune enfant, allocation d’éducation de l’enfant handicapé et allocation de soutien familial). En 1970, le périmètre de revenus est plus restreint que sur la période 1975-2018 car l’enquête Revenus fiscaux de 1970 ne contient pas de données relatives à la taxe d’habitation (intitulée alors « contribution mobilière ») et à l’allocation de logement familiale (ALF). Pour assurer une comparaison temporelle sans ruptures de série (en 1996, 2010 et 2012), les nombres de personnes pauvres ont par ailleurs été rétropolés de 1975 à 2011.
- Champ : France métropolitaine, individus vivant dans un ménage dont le revenu déclaré est positif ou nul et dont la personne de référence n'est pas étudiante.
- Sources : Insee-DGI, enquêtes revenus fiscaux 1970 à 1990 ; Insee-DGI, enquêtes Revenus fiscaux et sociaux rétropolées de 1996 à 2004 ; Insee-DGFiP-Cnaf-Cnav-CCMSA, enquêtes Revenus fiscaux et sociaux 2005 à 2019.
13,1 % de la population est en situation de privation matérielle et sociale en 2019
En 2019, 13,1 % de la population est en situation de privation matérielle et sociale. Ces personnes ne peuvent pas, pour des raisons financières, couvrir les dépenses d’au moins cinq éléments de la vie courante sur une liste de treize (pouvoir chauffer son logement, acheter des vêtements neufs, etc.).
Plus des deux tiers des ménages dont la personne de référence est au chômage sont dans cette situation.
Pauvreté monétaire et privation matérielle et sociale ne se recoupent pas complètement : 42 % des personnes pauvres au sens monétaire sont en situation de privation matérielle et sociale en 2019.
tableau Privations matérielles et sociales selon la configuration familiale en 2019
Configuration familiale | Privation matérielle et sociale |
---|---|
Personne seule | 10,3 |
Famille monoparentale | 15,1 |
Couple sans enfant | 4,0 |
Couple avec 1 ou 2 enfants | 5,5 |
Couple avec 3 enfants ou plus | 7,8 |
Ensemble | 13,1 |
- Note : les autres types de ménage, bien que faisant partie du champ, ne sont pas représentés sur le graphique.
- Lecture : en 2019, 10,3 % des personnes seules sont en situation de privation matérielle et sociale.
- Champ : France métropolitaine, population vivant en ménage ordinaire.
- Source : Insee, enquête Statistiques sur les revenus et les conditions de vie (SRCV) 2019.
graphique Privations matérielles et sociales selon la configuration familiale en 2019

- Note : les autres types de ménage, bien que faisant partie du champ, ne sont pas représentés sur le graphique.
- Lecture : en 2019, 10,3 % des personnes seules sont en situation de privation matérielle et sociale.
- Champ : France métropolitaine, population vivant en ménage ordinaire.
- Source : Insee, enquête Statistiques sur les revenus et les conditions de vie (SRCV) 2019.
Comment est défini le seuil de pauvreté ?
Le seuil de pauvreté est calculé en fonction de la distribution des niveaux de vie, de la population de France métropolitaine. Un seuil à 60 % du niveau de vie médian est généralement retenu en France ainsi qu’au sein des pays de l'Union européenne. Conformément aux recommandations du rapport du Conseil national de l'information statistique (Cnis) sur la mesure des inégalités, des seuils à 40 %, 50 % et 70 % sont également diffusés.
Ainsi, en 2019, avec un seuil de pauvreté à 60 % à 1 102 euros pour une personne vivant seule, un couple sans enfant dont le revenu disponible est inférieur à 1 653 euros est considéré comme pauvre. Pour un couple avec deux enfants âgés de moins de 14 ans, le revenu correspondant est de 2 314 euros. La pauvreté monétaire est une mesure relative de la pauvreté. Le seuil de pauvreté varie chaque année selon l’évolution du niveau de vie médian de la population. Ainsi, un ménage dont le niveau de vie ne varierait pas entre deux années peut basculer dans la pauvreté.
Au niveau européen, les seuils de pauvreté nationaux sont calculés par chaque pays à l’aide du dispositif SILC-EU, permettant la comparaison des taux de pauvreté entre pays. Le taux de pauvreté européen correspond ainsi à la part de personnes vivant sous le seuil de pauvreté de leur pays. Les personnes pauvres au sens monétaire en Europe peuvent ainsi avoir des niveaux de vie très différents. Il diffère du taux présenté au niveau national en France en raison de différences de champ et de concepts ainsi que de l’aléa de sondage. L’aléa statistique est plus réduit pour la source nationale, qui s’appuie sur un échantillon de plus grande taille.
Le taux de pauvreté monétaire en France métropolitaine est évalué à partir de l’enquête Revenus fiscaux et sociaux (ERFS). N’entrent pas dans le champ de cette enquête les personnes résidant en communautés, les habitations mobiles et sans abris, les ménages d’étudiants. Pour les départements d’outre-mer, le taux de pauvreté est mesuré à partir d’autres sources. Tous les ans, le dispositif Filosofi fournit le nombre de personnes pauvres à La Réunion et en Martinique. Par ailleurs, l’enquête Budget de famille, dont la dernière collecte a eu lieu en 2017, recueille les revenus permettant de mesurer la pauvreté dans les DOM.
Quelles alternatives à la pauvreté monétaire ?
La pauvreté ne se limite pas à sa dimension monétaire. C’est en effet un phénomène multidimensionnel, qui recouvre d’autres dimensions comme les relations sociales, la santé, les conditions de logement ou l’insertion sur le marché du travail.
La privation matérielle et sociale, définie au niveau européen, approche la pauvreté de façon différente que la pauvreté monétaire. Elle repose sur les conditions de vie et établit un même seuil pour tous les pays. Selon cette approche, une personne est considérée comme pauvre si elle fait partie d’un ménage faisant face à une situation de difficulté économique durable, définie comme l’incapacité à couvrir (plutôt que le choix de ne pas couvrir) au moins les dépenses liées à 5 éléments de la vie courante parmi une liste de 13. En 2019, 13,1 % de la population est en situation de privation matérielle et sociale en France métropolitaine.
La pauvreté administrative, définie comme le fait de percevoir un minimum social, est un autre indicateur utilisé pour suivre l’évolution de la pauvreté de façon précoce. Les bénéficiaires des minima sociaux (7 millions de personnes couvertes) perçoivent un revenu minimal pour faire face à la situation de précarité. Le revenu de solidarité active (RSA), l'allocation aux adultes handicapés (AAH), l'allocation spécifique de solidarité (ASS) et l'allocation spécifique aux personnes âgées (Aspa) sont les principaux minima sociaux. Pauvreté administrative et pauvreté monétaire ne se recouvrent pas totalement. Les niveaux de vie de personnes bénéficiaires de minima sociaux un ou plusieurs mois de l’année peuvent dépasser le seuil de pauvreté monétaire, si ces dernières ont eu un emploi rémunéré au cours de la période. Enfin, les associations d’aides aux personnes en difficultés apportent des éclairages, par le biais de rapports et de bilans d’activité, sur les conditions de vie et le vécu des populations les plus en difficultés.
Pourquoi les données sur la pauvreté arrivent avec plus d’un an et demi de décalage ?
L’enquête Revenus fiscaux et sociaux (ERFS) est la référence pour mesurer le taux de pauvreté au niveau national. Elle s’appuie sur les données de l’enquête Emploi en continu. Ces dernières sont rapprochées individuellement de données administratives comme les revenus déclarés, les impôts payés et les prestations sociales perçues.
Les enquêtes statistiques ont leurs limites, les personnes évaluant leurs revenus avec une marge d’erreur. Ainsi, les données recueillies par l’Insee auprès d’autres administrations sont plus précises et limitent la charge d’enquête qui pèse sur les ménages. Compte tenu des délais de disponibilité de ces données et de la complexité des traitements à réaliser, l’Insee publie à partir de l’ERFS le taux de pauvreté et les principaux indicateurs d’inégalités de niveau de vie relatifs à l’année N en septembre de l’année N+2, soit 21 mois plus tard.
De même, les données issues du dispositif Filosofi, élaboré à partir des fichiers fiscaux et sociaux, sont produites à des niveaux géographiques fins et permettent d’analyser les revenus et la pauvreté selon les caractéristiques du ménage. Les indicateurs, déclinés localement, sont disponibles en décembre N+2. Pour évaluer plus rapidement l’efficacité des politiques publiques de lutte contre la pauvreté et les inégalités, l’Insee produit à l’automne N+1 des indicateurs avancés sur l’année N, à partir d’un modèle de simulation (Ines) commun avec la Drees et la Cnaf. Le modèle, adossé sur l’ERFS, simule la législation relative à l’année N sur un échantillon dont les caractéristiques de population et de niveau de revenus sont calés sur la situation de l’année N.
Le dispositif des Statistiques sur les revenus et conditions de vie (SRCV), partie française du système communautaire EU-SILC, qui mesure la privation matérielle et sociale, produit les données de l’année N en avril N+1 soit 12 mois après l’enquête.
Depuis quand mesure-t-on la pauvreté en France ?
La pauvreté monétaire est mesurée en France depuis 1970. De 1970 à 1990, elle est établie à partir des enquêtes sur les revenus fiscaux basées sur le recensement de la population. De 1996 à 2004, les enquêtes sur les revenus fiscaux s’appuient sur l’enquête Emploi et sont appariées avec des données fiscales. À partir de 2005, les enquêtes Revenus fiscaux et sociaux (ERFS) remplacent l'enquête Revenus fiscaux (ERF) et sont disponibles annuellement. Avec l’ERFS, les revenus sociaux non imposables (prestations familiales, prestations logement et minima sociaux) sont collectés auprès de la Caisse nationale des allocations familiales (Cnaf), de la Caisse nationale de l'assurance vieillesse (Cnav) et de la Caisse centrale de la mutualité sociale agricole (CCMSA). Dans l’ERF ces ressources étaient estimées sur barèmes, sur la base des revenus de l'année, et étaient attribuées pour l'année entière. Les revenus financiers non déclarés à l’administration fiscale sont imputés alors qu’ils ne l’étaient pas auparavant.
Les comparaisons sur longue période ne peuvent se faire que sur un champ restreint. Les données sur les revenus financiers et certaines prestations (allocation aux adultes handicapés, prestation d’accueil du jeune enfant, allocation d’éducation de l’enfant handicapé et allocation de soutien familial) ne sont en effet pas disponibles avant 1996. En 1970, le périmètre de revenus est plus restreint que sur la période 1975‑2018 car l’ERF ne contient pas de données relatives à la taxe d’habitation (intitulée alors « contribution mobilière ») et à l’allocation de logement familiale (ALF). Pour assurer une comparaison temporelle sans ruptures de série (en 1996, 2010 et 2012), les données ont été rétropolées de 1975 à 2011.
Définitions
Un individu (ou un ménage) est considéré comme pauvre lorsqu'il vit dans un ménage dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté. En France et en Europe, le seuil est le plus souvent fixé à 60 % du niveau de vie médian.
Le taux de pauvreté monétaire correspond à la proportion d'individus (ou de ménages) étant en situation de pauvreté monétaire.
L'intensité de la pauvreté permet d'apprécier à quel point le niveau de vie de la population pauvre est éloigné du seuil de pauvreté. Comme Eurostat, l'Insee mesure cet indicateur comme l'écart relatif entre le niveau de vie médian de la population pauvre et le seuil de pauvreté. Plus cet indicateur est élevé et plus la pauvreté est dite intense.
Un immigré est une personne née étrangère à l'étranger et résidant en France. Les personnes nées françaises à l'étranger et vivant en France ne sont donc pas comptabilisées. A l’inverse, certains immigrés ont pu devenir français, les autres restant étrangers. Un individu continue à être immigré même s'il acquiert la nationalité française.
Eurostat est l'une des directions générales de la Commission européenne. Elle est l'autorité statistique communautaire désignée par la Commission pour développer, produire et diffuser des statistiques européennes.
La pauvreté en conditions de vie, ou privation matérielle et sociale, au sens d’Eurostat désigne, depuis 2017, une situation de difficulté économique
durable définie comme l’incapacité à couvrir (plutôt que le choix de ne pas couvrir)
au moins 5 dépenses parmi les 13 de la liste suivante :
1. Avoir eu des arriérés de paiement du loyer, d’un emprunt hypothécaire ou des factures
d’eau/gaz/électricité dans les 12 derniers mois ;
2. Pouvoir chauffer son logement ;
3. Faire face à des dépenses imprévues ;
4. Pouvoir consommer de la viande ou une autre source de protéines au moins tous les 2 jours ;
5. Pouvoir s’offrir une semaine de vacances hors du logement ;
6. Posséder une voiture personnelle ;
7. Capacité à remplacer des meubles abîmés ;
8. Pouvoir acheter des vêtements neufs en remplacement de vêtements abîmés ;
9. Se réunir avec des amis ou de la famille autour d’un verre ou d’un repas au moins une fois par mois ;
10. Posséder au moins deux paires de chaussures ;
11. Dépenser une petite somme chaque semaine pour soi-même ;
12. Avoir des activités de loisir régulières ;
13. Avoir accès à Internet pour un usage privé.
Les quartiers prioritaires de la politique de la ville sont des territoires d'intervention du ministère de la Ville, définis par la loi de programmation pour la ville et la cohésion urbaine du 21 février 2014.
Le niveau de vie est égal au revenu disponible du ménage divisé par le nombre d'unités de consommation (uc).
Le niveau de vie est donc le même pour tous les individus d'un même ménage. Les unités de consommation sont généralement calculées selon l'échelle d'équivalence dite de l'OCDE modifiée qui attribue 1 uc au premier adulte du ménage, 0,5 uc aux autres personnes de 14 ans ou plus et 0,3 uc aux enfants de moins de 14 ans.