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Insee Focus · Mai 2025 · n° 353
Insee FocusPrivation matérielle et sociale en 2024 Une personne sur huit est en situation de privation matérielle et sociale

François Gleizes, Julie Solard (Insee)

Début 2024, en France, 13,0 % de la population vivant dans un logement ordinaire, soit 8,6 millions de personnes, sont en situation de privation matérielle et sociale. En France métropolitaine, ce taux s’établit à 12,7 %.

La proportion de personnes en situation de privation matérielle et sociale baisse légèrement par rapport à début 2023. En particulier, la privation d’une semaine de vacances par an hors du domicile est en recul sur un an. La privation d’Internet devient résiduelle. Toutefois, le taux global reste à un niveau relativement élevé, 0,6 point au-dessus de la moyenne observée entre 2013 et 2020.

Les personnes au chômage, celles qui vivent en famille monoparentale, et les locataires du parc social, sont les plus exposés au risque de privation.

Insee Focus
No 353
Paru le :Paru le06/05/2025
Privation matérielle et sociale en 2024
Publication rédigée par :François Gleizes, Julie Solard (Insee)

Pour la troisième année consécutive, la proportion de personnes en situation de privation matérielle et sociale est à un niveau relativement élevé au regard de la tendance historique

Début 2024, en France, 13,0 % de la population vivant dans un logement ordinaire, soit 8,6 millions de personnes, sont en situation de (figure 1). Cet indicateur repère les personnes ne pouvant pas couvrir les dépenses liées à au moins cinq éléments de la vie courante parmi treize, comme chauffer son logement à la bonne température, s’acheter des vêtements neufs, accéder à Internet depuis son domicile ou se réunir avec des amis autour d’un verre ou d’un repas au moins une fois par mois (sources).

Figure 1 – Répartition des personnes selon le nombre de privations matérielles et sociales rencontrées

en %
Figure 1 – Répartition des personnes selon le nombre de privations matérielles et sociales rencontrées (en %) - Lecture : Début 2024, 55 % de la population ne déclare aucune privation.
Niveau de difficultés rencontrées Part
Aucune privation 55
1 à 4 privations 32
En situation de privation matérielle et sociale – 5 ou 6 privations 7
En situation de privation matérielle et sociale – au moins 7 privations 6
  • Note : Les chiffres sont provisoires.
  • Lecture : Début 2024, 55 % de la population ne déclare aucune privation.
  • Champ : France hors Mayotte, population vivant dans un logement ordinaire.
  • Source : Insee, enquête Statistiques sur les ressources et les conditions de vie (SRCV) 2024.

Figure 1 – Répartition des personnes selon le nombre de privations matérielles et sociales rencontrées

  • Note : Les chiffres sont provisoires.
  • Lecture : Début 2024, 55 % de la population ne déclare aucune privation.
  • Champ : France hors Mayotte, population vivant dans un logement ordinaire.
  • Source : Insee, enquête Statistiques sur les ressources et les conditions de vie (SRCV) 2024.

Sur les treize privations matérielles ou sociales répertoriées, une majorité de la population n’en déclare aucune (55 %). À l'opposé, 6 % de la population cumule au moins sept privations et se trouve en situation de privation matérielle et sociale sévère. Plus des trois quarts des personnes ne déclarant aucune privation sont propriétaires de leur logement. Ce n'est le cas que de 21 % des personnes en situation de privation matérielle et sociale sévère.

Sur la seule France métropolitaine, 12,7 % de la population est en situation de privation matérielle et sociale début 2024 (figure 2). Ce taux s’élevait à 12,1 % sur la période de début 2013 à début 2020, puis avait fortement chuté début 2021 en raison de la crise sanitaire. D’une part, les mesures exceptionnelles de soutien aux ménages les plus modestes avaient permis de maintenir leurs ressources. D’autre part, les restrictions de déplacement et d’activités, ainsi que les fermetures de commerces et services, avaient limité les possibilités de consommer et, par ce biais, réduit les privations ressenties par les personnes. L’indicateur avait rebondi à un niveau élevé (12,9 % début 2022, puis 13,1 % début 2023), à la suite de la forte hausse des prix, venue éroder le pouvoir d’achat des ménages. Début 2024, la privation matérielle et sociale reste à un niveau élevé, mais baisse légèrement, portée notamment par une baisse de la privation de vacances.

Figure 2 – Proportion de personnes en situation de privation matérielle et sociale ou vivant dans un ménage déclarant avoir des difficultés pour finir le mois de 2013 à 2024

en %
Figure 2 – Proportion de personnes en situation de privation matérielle et sociale ou vivant dans un ménage déclarant avoir des difficultés pour finir le mois de 2013 à 2024 (en %) - Lecture : Début 2024, 12,7 % de la population est en situation de privation matérielle et sociale et 21,4 % vit dans un ménage qui estime parvenir difficilement ou très difficilement à finir le mois en subvenant aux dépenses courantes.
Année Population en situation de privation matérielle et sociale Population vivant dans un ménage déclarant avoir des difficultés pour finir le mois
2013 11,7 nd
2014 12,9 nd
2015 11,8 nd
2016 12,1 nd
2017 11,4 nd
2018 11,9 nd
2019 12,4 nd
2020 12,3 18,6
2021 10,5 16,6
2022 12,9 20,9
2023 13,1 21,6
2024p 12,7 21,4
  • p : données provisoires ; nd : donnée non disponible, la question n'est posée que depuis 2020.
  • Note : Les chiffres de 2013 à 2022 sont rétropolés pour éviter les ruptures de séries (changements globaux sur l’enquête en 2020, modification de la formulation des questions sur l’impossibilité de remplacer des meubles en 2023).
  • Lecture : Début 2024, 12,7 % de la population est en situation de privation matérielle et sociale et 21,4 % vit dans un ménage qui estime parvenir difficilement ou très difficilement à finir le mois en subvenant aux dépenses courantes.
  • Champ : France métropolitaine, population vivant dans un logement ordinaire.
  • Source : Insee, enquêtes Statistiques sur les ressources et les conditions de vie (SRCV) 2013 à 2024.

Figure 2 – Proportion de personnes en situation de privation matérielle et sociale ou vivant dans un ménage déclarant avoir des difficultés pour finir le mois de 2013 à 2024

  • p : données provisoires.
  • Note : Les chiffres de 2013 à 2022 sont rétropolés pour éviter les ruptures de séries (changements globaux sur l’enquête en 2020, modification de la formulation des questions sur l’impossibilité de remplacer des meubles en 2023).
  • Lecture : Début 2024, 12,7 % de la population est en situation de privation matérielle et sociale et 21,4 % vit dans un ménage qui estime parvenir difficilement ou très difficilement à finir le mois en subvenant aux dépenses courantes.
  • Champ : France métropolitaine, population vivant dans un logement ordinaire.
  • Source : Insee, enquêtes Statistiques sur les ressources et les conditions de vie (SRCV) 2013 à 2024.

Cette évolution du taux de privation matérielle et sociale va de pair avec celle de la  : 21 % des personnes vivent dans un ménage qui dit avoir des difficultés pour finir le mois, une proportion qui dépasse 20 % pour la troisième année consécutive. À l’opposé, 59 % des personnes vivent dans un ménage qui déclare parvenir assez facilement, facilement ou très facilement à finir le mois en subvenant aux dépenses courantes. Dans une situation intermédiaire, 20 % de la population déclare arriver assez difficilement à finir le mois.

Les privations de protéines et de chauffage sont bien plus présentes qu’il y a 10 ans

De nombreuses personnes sont dans l’incapacité financière de chauffer correctement leur logement : cette privation se stabilise début 2024 (12 %) à un niveau bien plus élevé qu’il y a 10 ans (6 %), en lien avec la hausse des prix de l’énergie des dernières années (figure 3).

Figure 3 – Proportion de personnes ayant déclaré subir une privation selon le type de privation

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Figure 3 – Proportion de personnes ayant déclaré subir une privation selon le type de privation (en %) - Lecture : Début 2024, 21,2 % de la population déclare ne pas pouvoir partir en vacances une semaine dans l’année pour des raisons financières.
Personnes qui déclarent ne pas pouvoir, pour des raisons financières… 2014 2020 2022 2023 2024p
Faire face à une dépense non prévue de 1 000 euros 33,3 30,4 30,3 28,4 28,5
Se payer une semaine de vacances dans l’année 24,9 22,2 24,3 24,1 21,2
Remplacer des meubles usés ou abîmés nd 15,5 16,4 16,6 17,8
Avoir une activité de loisir payante régulière 15,8 16,3 15,9 15,9 15,5
Dépenser une petite somme librement 17,1 14,3 13,1 12,5 12,5
Chauffer suffisamment leur logement 5,9 6,7 10,2 11,7 11,5
S’acheter des vêtements neufs 9,9 9,5 10,1 10,5 10,5
Payer à temps les loyers, intérêts, factures 9,8 9,1 9,6 9,4 10,2
Manger de la viande, du poisson ou un équivalent végétarien tous les deux jours 7,2 7,3 9,4 12,3 10,0
Se retrouver régulièrement avec des amis ou de la famille autour d’un verre ou d’un repas 6,7 7,3 6,5 6,6 6,4
Se payer une voiture 3,0 3,8 3,5 3,2 3,5
Posséder deux paires de chaussures 6,2 4,2 4,1 3,4 3,4
Avoir accès à Internet à domicile 2,6 1,8 1,5 1,3 1,2
  • nd : non disponible ; p : données provisoires.
  • Note : La fréquence de la privation de meubles entre 2020 et 2022 a été rétropolée pour éviter une rupture de série (modification de la formulation des questions sur l’impossibilité de remplacer des meubles en 2023).
  • Lecture : Début 2024, 21,2 % de la population déclare ne pas pouvoir partir en vacances une semaine dans l’année pour des raisons financières.
  • Champ : France métropolitaine, population vivant dans un logement ordinaire.
  • Source : Insee, enquêtes Statistiques sur les ressources et les conditions de vie (SRCV) 2014 à 2024.

La part des personnes déclarant se priver de repas avec de la viande, du poisson ou l’équivalent végétarien a diminué cette année : elle est de 10 % début 2024, en baisse de plus de 2 points par rapport à début 2023. Cette baisse survient après deux années de forte inflation au cours desquelles cette privation avait fortement augmenté. Le niveau de privation reste néanmoins en début 2024 bien supérieur à celui observé en 2014 (7 % des personnes).

Moins de personnes déclarent ne pas pouvoir se payer une semaine de vacances dans l’année

Début 2024, 21 % des personnes déclarent ne pas avoir les moyens financiers de prendre au moins une semaine de vacances hors de leur domicile, soit une nette baisse par rapport à 2023 (24 %) et par rapport à 2014 (25 %). Les personnes les plus modestes notamment sont un peu plus parties en voyage personnel en 2023 qu’en 2022, d’après l’enquête sur le suivi de la demande touristique. Les voyages dans la famille ou chez des amis, donc à moindre coût, ont beaucoup contribué à ces départs.

D’autres privations baissent depuis dix ans. Moins de personnes déclarent avoir des difficultés financières pour s’acheter des chaussures (privation qui diminue de 6 % à 3 % de la population en dix ans) ou pour accéder à Internet à leur domicile (seulement 1 % des personnes début 2024, contre 3 % dix ans plus tôt).

Les chômeurs sont particulièrement exposés au risque de privation

La privation matérielle et sociale touche plus d’un chômeur sur trois. En 2024, les personnes au chômage déclarent en moyenne 3,3 privations, contre 1,2 privation pour les personnes en emploi et les retraités (figure 4a).

Parmi les personnes en emploi, ce sont les ouvriers et les employés qui déclarent le plus de privations (respectivement, 2,0 et 1,7 en moyenne) ; les indépendants en déclarent 1,0, les professions intermédiaires 0,8 et les cadres 0,3.

Figure 4a – Privation matérielle et sociale selon la situation vis-à-vis de l’emploi

Figure 4a – Privation matérielle et sociale selon la situation vis-à-vis de l’emploi - Lecture : Début 2024, 16,1 % des ouvriers sont en situation de privation matérielle et sociale. Ils déclarent en moyenne 2,3 difficultés matérielles et sociales.
Situation vis-à-vis de l’emploi Personnes en situation de privation matérielle et sociale
(en %)
Nombre moyen de privations
En emploi, dont : 8,6 1,2
Indépendants 7,0 1,1
Salariés, dont : 8,7 1,2
Cadres 1,2 0,3
Professions intermédiaires 5,1 0,9
Employés 14,1 1,9
Ouvriers 16,1 2,3
Au chômage 34,7 3,3
En retraite 9,2 1,2
Autres inactivités 21,6 2,3
Ensemble 12,7 1,5
  • Note : Les chiffres 2024 sont provisoires.
  • Lecture : Début 2024, 16,1 % des ouvriers sont en situation de privation matérielle et sociale. Ils déclarent en moyenne 2,3 difficultés matérielles et sociales.
  • Champ : France métropolitaine, population vivant dans un logement ordinaire.
  • Source : Insee, enquête Statistiques sur les ressources et les conditions de vie (SRCV) 2024.

Figure 4a – Privation matérielle et sociale selon la situation vis-à-vis de l’emploi

  • Note : Les chiffres 2024 sont provisoires.
  • Lecture : Début 2024, 16,1 % des ouvriers sont en situation de privation matérielle et sociale. Ils déclarent en moyenne 2,3 difficultés matérielles et sociales.
  • Champ : France métropolitaine, population vivant dans un logement ordinaire.
  • Source : Insee, enquête Statistiques sur les ressources et les conditions de vie (SRCV) 2024.

Les familles monoparentales et les familles nombreuses sont les plus exposées au risque de privation

Début 2024, les personnes les plus affectées par la privation matérielle et sociale restent celles vivant dans une famille monoparentale, et, dans une moindre mesure, celles en couple avec au moins trois enfants (figure 4b).

Pour ces deux types de familles, la privation diminue sur un an, en lien avec la moindre privation de vacances, mais également avec une amélioration sur d’autres postes. Cette baisse peut être liée à un ressenti moins négatif sur l’état des finances du ménage, dans un contexte de moindre inflation : 39 % des personnes vivent dans une famille monoparentale qui déclare avoir des difficultés pour finir le mois, contre 43 % en 2023. C’est également le cas de 29 % des personnes vivant en couple avec au moins trois enfants contre 34 % en 2023. Cette amélioration relative est possiblement liée pour les familles monoparentales à la sécurisation des revenus permise d’une part par le vécu d’une année pleine suite à la revalorisation de l’allocation de soutien familial (ASF), et d'autre part, par l’augmentation de l’intermédiation des pensions alimentaires, pour celles qui en touchent.

Les femmes sont plus fréquemment en situation de privation matérielle et sociale que les hommes (13,5 % des femmes, contre 10,4 % des hommes, figure 4c). Elles sont en effet plus souvent à la tête d’une famille monoparentale. Toutefois, les femmes en couple sont également davantage en situation de privation que les hommes en couple, en particulier lorsqu’il y a des enfants dans le ménage, notamment parce qu’elles déclarent plus fréquemment deux difficultés : ne pas pouvoir dépenser une petite somme pour soi-même sans avoir à consulter les autres membres du ménage, et ne pas disposer des moyens financiers pour avoir une activité de loisir régulière.

Être propriétaire de son logement diminue le risque de privation

Début 2024, seules 5 % des personnes propriétaires de leur logement sont en situation de privation matérielle et sociale (figure 4d). En revanche, 19 % des locataires du parc privé et 31 % des locataires du parc social le sont.

Publication rédigée par :François Gleizes, Julie Solard (Insee)
Publication rédigée par :François Gleizes, Julie Solard (Insee)

Sources

L’enquête Statistiques sur les ressources et les conditions de vie (SRCV) est la version française de l’enquête European Union - Statistics on Income and Living Conditions (EU-Silc), en partie subventionnée par l’Union européenne. Chaque année depuis 2004, des ménages résidant en logement ordinaire en France sont interrogés : les personnes résidant en communauté (établissements pour personnes âgées, foyers de travailleurs, etc.) et les personnes sans abri ou en habitation mobile ne sont pas concernées, et n’entrent donc pas dans les moyennes présentées dans cette étude.

En 2024, plus de 17 000 ménages, soit environ 38 000 personnes, ont répondu à l’enquête.

L’enquête SRCV, traditionnellement conduite en France métropolitaine, a été étendue aux départements d’outre-mer (DOM) hors Mayotte depuis 2022.

L’enquête permet de mesurer les situations de privation matérielle et sociale, en interrogeant sur treize éléments considérés comme souhaitables, voire nécessaires, pour avoir un niveau de vie acceptable :

• Au niveau individuel :
1. ne pas pouvoir s’acheter de vêtements neufs pour des raisons financières ;
2. ne pas posséder deux paires de chaussures en bon état pour des raisons financières ;
3. ne pas pouvoir se réunir avec des amis ou de la famille autour d’un verre ou d’un repas au moins une fois par mois pour des raisons financières ;
4. ne pas pouvoir dépenser une petite somme pour soi-même sans avoir à consulter les autres membres du ménage ;
5. ne pas pouvoir avoir une activité de loisir régulière par manque de moyens financiers ;
6. ne pas avoir accès à Internet pour un usage privé par manque de moyens financiers.

• Au niveau du ménage :
7. avoir des arriérés de traites d’achats à crédit, loyers, emprunts ou factures d’eau, de gaz, d’électricité ou de téléphone ;
8. ne pas pouvoir faire face à des dépenses imprévues d’un montant d’environ 1 000 euros ;
9. ne pas pouvoir maintenir le logement à bonne température pour des raisons financières ;
10. ne pas pouvoir se payer une semaine de vacances dans l’année hors du domicile ;
11. ne pas pouvoir remplacer des meubles usés ou abîmés pour des raisons financières ;
12. ne pas pouvoir manger de la viande, du poulet ou du poisson (ou équivalent végétarien) tous les deux jours pour des raisons financières ;
13. ne pas pouvoir se payer une voiture personnelle.

Est considérée comme privée une personne ayant au moins cinq privations sur les treize. La méthode de calcul diffère légèrement au niveau français et européen, car les non-réponses ne sont pas traitées de la même manière.

Les questions relatives aux privations concernent les douze mois précédant l’interrogation pour les retards et difficultés de paiement, mais des périodes indéfinies et a priori plus étendues pour les privations prenant sens avec la répétition (impossibilité de se payer une semaine de vacances par an, par exemple). Le questionnaire de l’enquête fait la différence entre les personnes qui sont incapables de se procurer un bien ou un service donné pour des raisons financières et celles qui n’en éprouvent pas le besoin.

La privation matérielle et sociale est définie quel que soit l’âge des individus. Or seules les personnes de 16 ans ou plus sont interrogées dans l’enquête. Il est donc nécessaire d’estimer les privations individuelles des enfants de moins de 16 ans : la méthode retenue est de considérer qu’ils sont concernés par une privation si au moins la moitié des individus de 16 ans ou plus de leur ménage sont concernés par cette privation. Cette méthode constitue toutefois une approximation : les privations affectent en effet inégalement tous les membres d’un même ménage, les enfants étant souvent « protégés » par leurs parents de ces privations [Gleizes, Pla, 2023]. Les enfants de moins de 16 ans considérés comme étant en situation de privation matérielle et sociale sont ceux pour lesquels au moins cinq privations ont été estimées sur la liste de treize et dont le ménage présente au moins trois privations parmi la liste de sept privations définies au niveau ménage.

En 2023, les questions permettant de recueillir l’impossibilité financière de remplacer des meubles ont été reformulées afin de se conformer aux recommandations européennes, changeant fortement le niveau de cette privation. Pour pouvoir comparer les évolutions dans le temps, l’effet de cette modification a été rétropolé [Gleizes, Solard, 2024].

Définitions

L’indicateur de privation matérielle et sociale de l’Union européenne est défini comme la part de personnes vivant en logement ordinaire ne pouvant pas couvrir les dépenses liées à au moins cinq éléments de la vie courante sur treize considérés comme souhaitables, voire nécessaires, pour avoir un niveau de vie acceptable.

La perception de la situation financière est définie par rapport à la question « De quelle manière votre ménage parvient-il à finir le mois en subvenant à ses dépenses courantes ? ». Six modalités de réponse sont proposées, de « Très difficilement » à « Très facilement ». Cette question sert à définir la pauvreté subjective, qui consiste à considérer comme pauvres les ménages qui, à la question « De quelle manière votre ménage parvient-il à finir le mois en subvenant à ses dépenses courantes ? », répondent « Difficilement » ou « Très difficilement ».