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Insee Analyses Auvergne-Rhône-Alpes · Septembre 2021 · n° 129
Insee Analyses Auvergne-Rhône-AlpesUn premier confinement aux conséquences financières plus importantes pour les ménages savoyards et isérois Crise sanitaire de 2020

Sandrine Chaumeron, Aline Labosse (Insee)

Du fait de ses spécificités, Auvergne-Rhône-Alpes a été l’une des régions les plus durement touchées économiquement pendant le premier confinement. Dans ce contexte économique heurté, 23 % des personnes de plus de 15 ans déclarent ressentir une dégradation de leur situation financière, une part toutefois proche du niveau national. Les ménages les plus modestes sont les plus affectés financièrement, au contraire des retraités. Néanmoins, les disparités territoriales sont marquées. La situation financière des ménages s’est plus souvent détériorée dans les départements savoyards, en Isère et en Ardèche, où le tissu productif local est davantage tourné vers le tourisme, alors que les pertes de revenus sont moins fréquentes dans la plupart des départements les plus ruraux.

Insee Analyses Auvergne-Rhône-Alpes
No 129
Paru le :Paru le22/09/2021

De mi-mars à mai 2020, un confinement généralisé de la population a été mis en place en France pour freiner la pandémie de Covid-19. La mise à l’arrêt de l’ensemble des activités, ou a minima leurs réductions, ont eu des répercussions économiques importantes en Auvergne-Rhône-Alpes. L’activité, mesurée par le volume d’heures rémunérées, a atteint un minimum en avril 2020 (– 34 % par rapport au niveau d’avril 2019) et, malgré un rebond, n’était pas revenue à son niveau d’avant crise (– 6 % entre janvier et mars 2021 en deçà de la même période en 2019).

La région figure parmi les plus durement touchées de par ses particularités économiques. En premier lieu, les activités liées au tourisme ont particulièrement souffert, notamment par la fermeture des stations de ski. En effet, le secteur de l’hôtellerie-restauration et les activités de loisirs sont très présents dans les départements alpins. De plus, l’industrie concentre aussi une part importante des effectifs d’emplois salariés de la région (16 %). Ce contexte économique difficile n’a donc pas été sans conséquences pour les ménages vivant dans la région. L’enquête EpiCov (source), dont la première vague a eu lieu en mai 2020, permet de les mettre en lumière notamment sur le plan financier.

Un enquêté sur quatre perçoit une dégradation de sa situation financière

En Auvergne-Rhône-Alpes, 23 % des personnes âgées de 15 ans ou plus déclarent que la situation financière de leur ménage s’est dégradée lors du premier confinement. La situation est restée stable pour une majorité d’habitants (66 %) alors que 8 % ne se prononcent pas. Une minorité (3 %) a même ressenti une amélioration de ses finances, peut-être du fait d’un recours plus important au télétravail et d’une diminution des frais de transports inhérente au confinement. La fermeture des commerces et l’impossibilité de voyager ou d’accéder aux loisirs a également pu générer des économies. En dépit du contexte économique fortement dégradé, les ménages de la région ne sont pas plus affectés qu’au niveau national. Ils perçoivent même moins souvent une détérioration de leurs finances que dans d’autres régions dotées elles aussi d’importantes capacités touristiques (28 % en Guadeloupe, 26 % en Île-de-France, Paca et Corse).

Cette relative résistance des ménages d’Auvergne-Rhône-Alpes face à la crise tient sans doute en partie à la diversité du tissu productif régional, et à la présence de certaines activités peu affectées par la crise (activités financières et d’assurances, fabrication de denrées alimentaires, par exemple). Leurs employés ont pu conserver leur activité ou se voir proposer une adaptation de celle-ci (développement du télétravail). Les habitants de la région bénéficient également d’un élevé, juste derrière l’Île-de-France. Il s’élève à plus de 1 873 euros par mois pour la moitié d’entre eux en 2018 (soit 3 933 euros par mois de pour un couple avec deux enfants de moins de 14 ans). Ces revenus élevés ont pu préserver davantage de ménages.

Des conséquences financières plus difficiles pour les ménages modestes

Derrière ces constats généraux, le ressenti d’une dégradation financière lors du premier confinement est alors d’autant plus fréquent que le revenu du ménage était initialement faible. Parmi les 10 % des ménages dont le niveau de vie est le plus modeste, 35 % des personnes interrogées déclarent avoir subi une perte de revenu. Cette part est plus de deux fois supérieure à celle enregistrée parmi les 10 % des foyers les plus aisés (16 %). De même, le ressenti d’une détérioration des finances est 11 fois plus fréquent pour les ménages qui déclarent ne pas pouvoir s’en sortir sans s’endetter même hors contexte de crise sanitaire (77 %) que pour ceux qui estiment disposer d’un niveau de vie aisé, pour lesquels les conséquences sont beaucoup plus faibles (7 %) (figure 1).

Figure 1Part de la population percevant une dégradation de sa situation financière lors du premier confinement selon le niveau de vie subjectif

en %
Part de la population percevant une dégradation de sa situation financière lors du premier confinement selon le niveau de vie subjectif (en %) - Lecture : dans la région, parmi les personnes jugeant que leur niveau de vie ne leur permet pas de s’en sortir sans faire de dettes, 77 % ont perçu une dégradation de leur situation financière lors du premier confinement, contre 71 % en France.
Zone géographique Auvergne-Rhône-Alpes France
Niveau de vie subjectif Impossible sans faire de dettes 76,5 70,8
Difficile 57,1 55,7
Juste 30,2 29,1
Ça va 11,9 11,5
Aisé 6,5 6,8
Ensemble 22,8 23,0
  • Lecture : dans la région, parmi les personnes jugeant que leur niveau de vie ne leur permet pas de s’en sortir sans faire de dettes, 77 % ont perçu une dégradation de leur situation financière lors du premier confinement, contre 71 % en France.
  • Champ : personnes âgées de 15 ans ou plus résidant hors Ehpad, maisons de retraite et prisons.
  • Source : Inserm-Drees, enquête EpiCov, vague 1

Figure 1Part de la population percevant une dégradation de sa situation financière lors du premier confinement selon le niveau de vie subjectif

  • Lecture : dans la région, parmi les personnes jugeant que leur niveau de vie ne leur permet pas de s’en sortir sans faire de dettes, 77 % ont perçu une dégradation de leur situation financière lors du premier confinement, contre 71 % en France.
  • Champ : personnes âgées de 15 ans ou plus résidant hors Ehpad, maisons de retraite et prisons.
  • Source : Inserm-Drees, enquête EpiCov, vague 1

Les artisans, commerçants et ouvriers sont les plus affectés financièrement

Les actifs ont davantage subi une perte financière due au confinement (30 % des actifs en emploi, une part légèrement inférieure à la moyenne nationale). À l’opposé, les retraités, qui représentent 27 % des plus de 15 ans en Auvergne-Rhône-Alpes (comme au niveau national), ont été moins touchés par les conséquences financières, leurs pensions n’ayant pas été modifiées par la dégradation du contexte économique. Comme au niveau national, seuls 6 % ressentent une baisse de revenus. Par ailleurs, les étudiants déclarent une baisse de leurs finances dans une proportion similaire à la population régionale dans son ensemble (23 %), nombre d’entre eux étant indécis sur l’évolution de leur situation (25 % soit un  point de moins qu’au niveau national).

Les mesures exceptionnelles de soutien à l’activité, notamment le recours à l’activité partielle ou au télétravail, ont permis d’amortir les conséquences financières de cette crise pour les actifs en emploi. Mais, elles ne sont pas accessibles à tous de la même façon. En particulier, les artisans et les commerçants sont les plus pénalisés financièrement par la chute d’une activité complètement mise à l’arrêt. 51 % d’entre eux, soit 2,2 fois plus que les habitants de la région, déclarent subir une perte de revenus (figure 2). Cette part est toutefois inférieure de 2 points au niveau national. Les ouvriers comptent également parmi les plus affectés, 35 % d’entre eux ressentant une dégradation de leur situation financière. Ils sont 1,5 fois plus nombreux que les habitants de la région à le déclarer. En effet, plus de la moitié ont été placés en activité partielle (33 % en partie et 23 % totalement), soit 1,5 fois plus que la population régionale, sachant qu’au-delà du salaire minimum, la rémunération des salariés n’était plus garantie à 100 %. Dans une moindre mesure, les employés eux aussi sont plus souvent concernés par le dispositif de , et plus fréquemment touchés financièrement que l’ensemble des habitants de la région (29 %).

Figure 2Spécificités d’indicateurs de l’enquête EpiCov pour différentes catégories d’actifs en emploi

Spécificités d’indicateurs de l’enquête EpiCov pour différentes catégories d’actifs en emploi - Lecture : la part des personnes déclarant une dégradation de l’évolution de leur situation financière est 2,2 fois plus importante chez les artisans, commerçants que pour l’ensemble de la population d’Auvergne-Rhône-Alpes.
Artisans, commerçants Cadres et professions intellectuelles supérieures Employés Ouvriers Professions intermédiaires
Perception dégradée de l'évolution de la situation financière 2,25 1,09 1,27 1,55 1,15
Chômage partiel ou technique - en partie 0,63 0,88 0,96 1,46 0,98
Chômage partiel ou technique - totalement 1,17 0,47 1,19 1,53 0,86
Télétravail (partiel ou exclusif) 0,52 1,79 0,77 0,19 1,10
  • Lecture : la part des personnes déclarant une dégradation de l’évolution de leur situation financière est 2,2 fois plus importante chez les artisans, commerçants que pour l’ensemble de la population d’Auvergne-Rhône-Alpes.
  • Champ : personnes âgées de 15 ans ou plus, résidant en Auvergne-Rhône-Alpes hors Ehpad, maisons de retraite et prisons.
  • Source : Inserm-Drees, enquête EpiCov, vague 1

Figure 2Spécificités d’indicateurs de l’enquête EpiCov pour différentes catégories d’actifs en emploi

  • Lecture : la part des personnes déclarant une dégradation de l’évolution de leur situation financière est 2,2 fois plus importante chez les artisans, commerçants que pour l’ensemble de la population d’Auvergne-Rhône-Alpes.
  • Champ : personnes âgées de 15 ans ou plus, résidant en Auvergne-Rhône-Alpes hors Ehpad, maisons de retraite et prisons.
  • Source : Inserm-Drees, enquête EpiCov, vague 1

Des conséquences plus limitées pour les cadres

Les cadres sont les actifs occupés les moins nombreux à estimer avoir subi une perte financière (25 %, dans la moyenne nationale). Le recours à l’activité partielle a été peu répandu : seuls 27 % d’entre eux ont eu recours au chômage partiel. Cette part est cependant supérieure d’un point à celle des cadres au niveau national.

L’accès au télétravail a davantage permis un maintien de leur situation financière. Le fait de pouvoir télétravailler est en effet très lié à la catégorie sociale. Les cadres y ont recouru près de deux fois plus que la population régionale (78 % contre 44 %), devant les professions intermédiaires (48 %), les employés (33 %), les artisans commerçants (23 %), les ouvriers (8 %) et les agriculteurs (6 %).

Les personnes qui ont pu télétravailler sont relativement épargnées financièrement. Ainsi, 20 % des télétravailleurs partiels, proportionnellement plus nombreux en Auvergne-Rhône-Alpes qu’en France et 19 % des télétravailleurs exclusifs déclarent une dégradation de leur situation financière contre 28 % pour le reste de la population. Près de 7 % des télétravailleurs exclusifs considèrent même que leur situation financière s’est améliorée.

Des pertes de revenus ressenties plus fréquemment dans les départements savoyards, en Isère et en Ardèche

Les spécificités socioéconomiques des départements de la région conduisent à des impacts financiers très contrastés pour leurs ménages. La situation financière se dégrade plus souvent pour les résidents en Haute-Savoie, en Savoie, en Isère et en Ardèche. Pour les départements savoyards et l’Isère, cette situation peut s’expliquer en partie par une économie davantage tournée vers des activités liées au tourisme telles que l’hôtellerie-restauration. De nombreuses zones d’emploi se caractérisent par des capacités d’accueil de visiteurs importantes (Le Chablais, Le Mont Blanc, La Tarentaise, La Maurienne). Le confinement, en interrompant brutalement la saison touristique hivernale, a entraîné le départ massif des personnes présentes (jusqu’à 30 % en Savoie), et une chute des transactions par carte bancaire de plus de 60 %. Le volume d’heures rémunérées en avril 2020, permettant d’approcher l’activité économique, chute de plus de 40 % en Savoie et en Haute-Savoie par rapport au mois d’avril 2019 (contre – 34 % pour la région).

Ces difficultés économiques pèsent sur le ressenti financier des habitants, plus nombreux à déclarer une baisse de leurs revenus que dans le reste de la région (25 % en Savoie et en Haute-Savoie, 24 % en Isère). Dans les départements savoyards, les habitants ont plus souvent été en chômage partiel total (figure 3), et 32 % des actifs en emploi déclarent une perte de revenu, soit deux points de plus qu’au niveau régional.

Figure 3Part de passage au chômage partiel ou technique totalement, par département

en %
Part de passage au chômage partiel ou technique totalement, par département (en %) - Lecture : en Savoie, 20 % de personnes ont été placées en chômage partiel totalement, alors qu’en Haute-Loire, cette part n’est que de 10 %.
DEP Libellé DEP Chômage partiel ou technique – totalement
01 Ain 14,6
02 Aisne 19,8
03 Allier 18,7
04 Alpes-de-Haute-Provence 9,3
05 Hautes-Alpes 17,9
06 Alpes-Maritimes 19,9
07 Ardèche 12,2
08 Ardennes 20,2
09 Ariège 14,8
10 Aube 15,9
11 Aude 18,1
12 Aveyron 12,6
13 Bouches-du-Rhône 15,0
14 Calvados 17,3
15 Cantal 13,1
16 Charente 11,1
17 Charente-Maritime 15,6
18 Cher 12,1
19 Corrèze 19,3
21 Côte-d'Or 14,4
22 Côtes-d'Armor 11,5
23 Creuse 11,4
24 Dordogne 16,8
25 Doubs 16,9
26 Drôme 14,3
27 Eure 11,6
28 Eure-et-Loir 16,2
29 Finistère 12,7
2A Corse-du-Sud 20,5
2B Haute-Corse 15,3
30 Gard 17,9
31 Haute-Garonne 14,8
32 Gers 12,9
33 Gironde 14,3
34 Hérault 15,5
35 Ille-et-Vilaine 14,0
36 Indre 14,2
37 Indre-et-Loire 14,9
38 Isère 15,6
39 Jura 13,2
40 Landes 16,1
41 Loir-et-Cher 13,3
42 Loire 16,9
43 Haute-Loire 10,0
44 Loire-Atlantique 15,5
45 Loiret 14,0
46 Lot 10,3
47 Lot-et-Garonne 13,9
48 Lozère 10,5
49 Maine-et-Loire 14,0
50 Manche 13,2
51 Marne 14,4
52 Haute-Marne 12,5
53 Mayenne 13,7
54 Meurthe-et-Moselle 13,3
55 Meuse 17,5
56 Morbihan 12,5
57 Moselle 15,1
58 Nièvre 11,9
59 Nord 18,2
60 Oise 15,9
61 Orne 14,5
62 Pas-de-Calais 17,3
63 Puy-de-Dôme 15,0
64 Pyrénées-Atlantiques 16,9
65 Hautes-Pyrénées 15,6
66 Pyrénées-Orientales 13,9
67 Bas-Rhin 17,7
68 Haut-Rhin 17,8
69 Rhône 13,6
70 Haute-Saône 13,6
71 Saône-et-Loire 14,0
72 Sarthe 12,4
73 Savoie 20,0
74 Haute-Savoie 17,3
75 Paris 13,2
76 Seine-Maritime 14,3
77 Seine-et-Marne 17,3
78 Yvelines 12,5
79 Deux-Sèvres 12,9
80 Somme 14,0
81 Tarn 13,8
82 Tarn-et-Garonne 18,6
83 Var 16,5
84 Vaucluse 17,6
85 Vendée 15,4
86 Vienne 15,6
87 Haute-Vienne 14,2
88 Vosges 16,2
89 Yonne 18,8
90 Territoire de Belfort 15,9
91 Essonne 17,4
92 Hauts-de-Seine 14,0
93 Seine-Saint-Denis 22,5
94 Val-de-Marne 16,8
95 Val-d'Oise 18,4
  • Lecture : en Savoie, 20 % de personnes ont été placées en chômage partiel totalement, alors qu’en Haute-Loire, cette part n’est que de 10 %.
  • Champ : personnes âgées de 15 ans ou plus, résidant hors Ehpad, maisons de retraite et prisons.
  • Source : Inserm-Drees, enquête EpiCov, vague 1

Figure 3Part de passage au chômage partiel ou technique totalement, par département

  • Lecture : en Savoie, 20 % de personnes ont été placées en chômage partiel totalement, alors qu’en Haute-Loire, cette part n’est que de 10 %.
  • Champ : personnes âgées de 15 ans ou plus, résidant hors Ehpad, maisons de retraite et prisons.
  • Source : Inserm-Drees, enquête EpiCov, vague 1

L’Ardèche est également l’un des territoires de la région où la situation financière est perçue comme la plus dégradée. Près de la moitié des Ardéchois ayant un niveau de vie modeste déclarent que leurs finances se sont détériorées, soit nettement plus que la moyenne régionale (35 %), et ce en dépit d’une proportion importante de retraités (32 %) moins exposés aux conséquences financières du confinement (figure 4). Dans ce département essentiellement rural qui inclut la zone d’emploi d’Aubenas à forte capacité d’accueil de visiteurs, les habitants ont dû faire face au déficit de touristes. L’appel en partie au dispositif d’activité partielle est plus fréquent (24 % soit 2 points de plus que dans l’ensemble de la région et 4 points de plus que la moyenne française). Le recours au télétravail est par contre moindre (32 % soit 12 points de moins qu’au niveau régional). Avant le début de la crise sanitaire, l’Ardèche présentait déjà une situation fragile, avec un taux de pauvreté élevé en 2018 (14,4 % contre 12,7 % au niveau régional) et le taux de chômage le plus important de la région (9,3 % soit 2 points de plus que le taux régional en 2019). Le constat pourrait encore s’aggraver du fait de la crise sanitaire.

Figure 4Perception dégradée de la situation financière et part de retraités

Perception dégradée de la situation financière et part de retraités - Lecture : dans le Rhône, 23,4 % des personnes de 15 ans ou plus ont une perception dégradée de leur situation financière. Dans ce département, la part des retraités est de 22,0 %.
Zone géographique Part de personnes avec une perception dégradée de l’évolution de la situation financière (en %) Part de retraités (en %)
Ain 22,3 24,7
Allier 19,2 35,3
Ardèche 23,8 32,0
Cantal 18,8 34,8
Drôme 21,1 28,9
Isère 24,3 25,0
Loire 22,1 30,5
Haute-Loire 19,3 33,6
Puy-de-Dôme 20,3 28,9
Rhône 23,4 22,0
Savoie 24,6 28,2
Haute-Savoie 25,3 22,8
Auvergne-Rhône-Alpes 22,8 26,5
France 23,0 27,1
  • Lecture : dans le Rhône, 23,4 % des personnes de 15 ans ou plus ont une perception dégradée de leur situation financière. Dans ce département, la part des retraités est de 22,0 %.
  • Champ : personnes âgées de 15 ans ou plus, résidant hors Ehpad, maisons de retraite et prisons.
  • Source : Inserm-Drees, enquête EpiCov, vague 1

Figure 4Perception dégradée de la situation financière et part de retraités

  • Lecture : dans le Rhône, 23,4 % des personnes de 15 ans ou plus ont une perception dégradée de leur situation financière. Dans ce département, la part des retraités est de 22,0 %.
  • Champ : personnes âgées de 15 ans ou plus, résidant hors Ehpad, maisons de retraite et prisons.
  • Source : Inserm-Drees, enquête EpiCov, vague 1

L’Ain et le Rhône bénéficient du télétravail

L’Ain et le Rhône, avec une part d’actifs plus importante qu’au niveau régional, présentent des similitudes, même si les Aindinois sont légèrement moins nombreux que les Rhodaniens à ressentir une baisse de leurs revenus (22 % contre 23 %). Davantage de disparités dans le Rhône, où cohabitent des ménages très aisés d’une part et des publics fragiles vivant au sein de quartiers politiques de la ville d’autre part, pourraient expliquer le ressenti plus dégradé que dans l’Ain.

Dans les deux départements, le recours au télétravail est fréquent, particulièrement pour le Rhône (57 % contre 44 % aux niveaux régional comme national), où la zone d’emploi de Lyon se caractérise par une forte proportion de cadres et beaucoup d’activités compatibles avec le télétravail. L’usage du chômage partiel est aussi plus limité que dans la région (37 % dans l’Ain et 35 % dans le Rhône contre 38 % en Auvergne-Rhône-Alpes).

En Isère, au-delà de la situation liée aux stations de ski, le recours au télétravail important (notamment de par l’implantation de la métropole grenobloise) a également pu jouer un rôle favorable sur la situation financière de certains ménages (figure 5). Ainsi, seuls 21 % des télétravailleurs exclusifs considèrent que leur situation financière s’est dégradée, soit 10 points de moins que l’ensemble des personnes interrogées (hors retraités).

Figure 5Part de personnes ayant recours au télétravail (partiel ou exclusif) par département

en %
Part de personnes ayant recours au télétravail (partiel ou exclusif) par département (en %) - Lecture : dans le Cantal, moins de 25 % des actifs ont eu recours au télétravail (partiel ou exclusif) ; ils sont plus de 40 % dans le Rhône.
DEP Libellé DEP Télétravail
01 Ain 40,8
02 Aisne 29,4
03 Allier 29,0
04 Alpes-de-Haute-Provence 38,8
05 Hautes-Alpes 32,9
06 Alpes-Maritimes 42,3
07 Ardèche 32,2
08 Ardennes 30,4
09 Ariège 26,0
10 Aube 37,8
11 Aude 31,3
12 Aveyron 28,1
13 Bouches-du-Rhône 45,0
14 Calvados 38,8
15 Cantal 22,7
16 Charente 26,3
17 Charente-Maritime 34,1
18 Cher 32,2
19 Corrèze 27,4
21 Côte-d'Or 38,2
22 Côtes-d'Armor 31,3
23 Creuse 21,9
24 Dordogne 29,9
25 Doubs 34,6
26 Drôme 37,7
27 Eure 33,6
28 Eure-et-Loir 31,7
29 Finistère 34,9
2A Corse-du-Sud 33,1
2B Haute-Corse 29,7
30 Gard 33,4
31 Haute-Garonne 56,1
32 Gers 34,5
33 Gironde 50,8
34 Hérault 47,2
35 Ille-et-Vilaine 45,6
36 Indre 27,5
37 Indre-et-Loire 41,7
38 Isère 45,1
39 Jura 31,8
40 Landes 31,1
41 Loir-et-Cher 33,1
42 Loire 36,1
43 Haute-Loire 32,0
44 Loire-Atlantique 50,4
45 Loiret 43,1
46 Lot 31,5
47 Lot-et-Garonne 21,9
48 Lozère 30,0
49 Maine-et-Loire 35,8
50 Manche 35,6
51 Marne 36,8
52 Haute-Marne 26,3
53 Mayenne 25,6
54 Meurthe-et-Moselle 45,1
55 Meuse 27,6
56 Morbihan 29,7
57 Moselle 39,9
58 Nièvre 30,6
59 Nord 43,3
60 Oise 39,1
61 Orne 27,0
62 Pas-de-Calais 32,2
63 Puy-de-Dôme 39,4
64 Pyrénées-Atlantiques 37,2
65 Hautes-Pyrénées 34,8
66 Pyrénées-Orientales 35,8
67 Bas-Rhin 45,3
68 Haut-Rhin 38,1
69 Rhône 57,3
70 Haute-Saône 32,8
71 Saône-et-Loire 26,4
72 Sarthe 30,7
73 Savoie 36,9
74 Haute-Savoie 39,2
75 Paris 79,6
76 Seine-Maritime 40,8
77 Seine-et-Marne 48,7
78 Yvelines 64,9
79 Deux-Sèvres 32,4
80 Somme 35,6
81 Tarn 33,4
82 Tarn-et-Garonne 29,6
83 Var 32,2
84 Vaucluse 33,8
85 Vendée 27,9
86 Vienne 37,4
87 Haute-Vienne 34,1
88 Vosges 30,6
89 Yonne 27,3
90 Territoire de Belfort 45,9
91 Essonne 55,0
92 Hauts-de-Seine 73,5
93 Seine-Saint-Denis 49,7
94 Val-de-Marne 62,7
95 Val-d'Oise 53,8
  • Lecture : dans le Cantal, moins de 25 % des actifs ont eu recours au télétravail (partiel ou exclusif) ; ils sont plus de 40 % dans le Rhône.
  • Champ : personnes âgées de 15 ans ou plus, résidant hors Ehpad, maisons de retraite et prisons.
  • Source : Inserm-Drees, enquête EpiCov, vague 1

Figure 5Part de personnes ayant recours au télétravail (partiel ou exclusif) par département

  • Lecture : dans le Cantal, moins de 25 % des actifs ont eu recours au télétravail (partiel ou exclusif) ; ils sont plus de 40 % dans le Rhône.
  • Champ : personnes âgées de 15 ans ou plus, résidant hors Ehpad, maisons de retraite et prisons.
  • Source : Inserm-Drees, enquête EpiCov, vague 1

Une moindre dégradation des revenus dans les départements ruraux

Les habitants des départements les moins urbanisés déclarent moins souvent une dégradation de leurs finances lors du premier confinement que l’ensemble de la population régionale. Dans le Cantal, l’Allier et la Haute-Loire, moins de 20 % de la population estime subir une perte de revenus, probablement du fait de la forte présence de retraités et d’un recours à l’activité partielle globalement plus limité (hors Allier). Les retraités de ces départements sont cependant plus nombreux à percevoir une baisse de leurs revenus (entre 9 et 11 % contre 6 % en moyenne régionale). Peu d’actifs ont exercé leur travail à distance, exception faite des cadres en Haute-Loire qui sont 49 % à avoir télétravaillé partiellement pendant la période (23 points de plus que l’ensemble des cadres de la région). Cependant, dans l’Allier, qui cumule un taux de chômage (9,1 % en 2019) et un taux de pauvreté (15,5 % en 2018) parmi les plus élevés de la région, les difficultés financières des habitants les plus précaires pourraient s’accentuer du fait de la crise sanitaire.

Les profils de la Drôme, de la Loire et du Puy-de-Dôme sont relativement comparables. Dans ces départements de densité intermédiaire, la proportion des personnes déclarant une détérioration de leurs finances n’excède pas 22 %, en lien avec une part de retraités aux alentours de 30 %.

Les proportions de personnes ayant en partie télétravaillé et ayant eu recours au chômage partiel (hors Loire) sont proches de celles observées à l’échelle régionale. Dans la Loire et la Drôme, déjà fortement touchées par la pauvreté et le chômage, et caractérisées par une surreprésentation d’ouvriers (respectivement 24 % et 23 % contre 21 % dans la région en 2017), la situation financière pourrait toutefois s’aggraver pour les plus modestes.

Publication rédigée par :Sandrine Chaumeron, Aline Labosse (Insee)

Sources

L’enquête Épidémiologie et conditions de vie (EpiCov) a été mise en place par la Drees, l’Inserm, Santé Publique France et l’Insee dans le contexte de la pandémie de Covid-19. Son objectif est double : estimer la dynamique de l’épidémie à un niveau national et départemental et étudier l’effet du confinement et de l’épidémie sur les conditions de vie. La première vague de l’enquête s’est déroulée entre le 2 mai et le 2 juin 2020, à cheval entre le confinement de la population et le début du déconfinement. 135 000 personnes âgées de 15 ans ou plus au 1er janvier 2020, résidant hors Ehpad, maisons de retraite et prisons, en France métropolitaine, en Martinique, en Guadeloupe et à la Réunion, ont été sélectionnées dans la base Fidéli 2018 de l’Insee et interrogées. L’enquête s’est déroulée principalement sur Internet mais aussi par téléphone. Le recours à ce second mode a permis d’augmenter le taux de participation et d’interroger des personnes sans accès Internet ou en ayant un usage limité, et d’assurer ainsi la représentativité des réponses recueillies. Les niveaux de vie sont connus grâce à la base Fidéli.

Définitions

Le niveau de vie est égal au revenu disponible du ménage divisé par le nombre d’unités de consommation (UC). Le niveau de vie est donc le même pour tous les individus d’un même ménage. Les unités de consommation sont généralement calculées selon l’échelle d’équivalence dite de l’OCDE modifiée qui attribue 1 UC au premier adulte du ménage, 0,5 UC aux autres personnes de 14 ans ou plus et 0,3 UC aux enfants de moins de 14 ans.

Le revenu disponible d’un ménage comprend les revenus d’activité (nets des cotisations sociales), les revenus du patrimoine, les transferts en provenance d’autres ménages et les prestations sociales (y compris les pensions de retraite et les indemnités de chômage), nets des impôts directs.

Le chômage partiel ou technique est un dispositif qui permet à l’employeur en difficulté de faire prendre en charge tout ou partie du coût de la rémunération des salariés. Pour réduire les conséquences économiques liées à la crise sanitaire, le décret n° 2020-325 du 25 mars 2020 relatif à l’activité partielle a largement étendu la possibilité de recours à ce dispositif, réduit le délai d’acceptation et augmenté l’allocation compensatrice versée aux entreprises. Pendant la période de confinement, un salarié en activité partielle percevait au minimum 70 % de sa rémunération brute (environ 84 % du salaire net), sans que ce montant puisse être inférieur au Smic. Ici, sont prises en compte les personnes s’étant déclarées au moins en partie au chômage partiel ou technique (certaines pouvant l’être totalement).

Pour en savoir plus

« L’emploi progresse, l’économie reste perturbée », Insee Conjoncture Auvergne-Rhône-Alpes n° 28, juillet 2021

« Impacts économiques de la crise sanitaire en Auvergne-Rhône-Alpes », Insee Conjoncture Auvergne-Rhône-Alpes, mai 2020

« Confinement du printemps 2020 : un impact économique différencié selon les départements », Insee Références La France et ses territoires, édition 2021

« Des conséquences financières du premier confinement plus ou moins marquées selon les territoires », Insee Première n° 1850, avril 2021

« Confinement : des conséquences économiques inégales selon les ménages », Insee Première n° 1822, octobre 2020