Comptes de l'agriculture en 2019 Comptes nationaux annuels - base 2014

Chiffres détaillés
Paru le :Paru le03/07/2020
Sabine Aufrant, Xavier Guillet, Philippe Lauraire (division Industrie et agriculture, Insee)
- Juillet 2020

Il s'agit de comptes spécifiques relatifs à la branche « Agriculture » dont les modalités d'élaboration diffèrent de celles des comptes nationaux.

Le compte prévisionnel de l’agriculture pour 2019 Forte baisse de la production viticole

Sabine Aufrant, Xavier Guillet, Philippe Lauraire (division Industrie et agriculture, Insee)

En 2019, la production agricole en valeur diminue de 2,0 %. Cette baisse provient de la production végétale, pénalisée par le fort recul de celle de vin (– 13,7 %). Dans le même temps, la hausse des volumes de céréales compense à peine la baisse de leurs prix. En revanche, la valeur de la production animale croît, sous l’effet de la très forte hausse des prix mondiaux du porc.

Dans le même temps, les charges des agriculteurs augmentent modérément (+ 0,7 %), du fait d’une légère baisse des volumes et d’une faible hausse des prix des intrants. Dès lors, la baisse de la production conjuguée à cet accroissement des charges entraîne une nette diminution de la valeur ajoutée de la branche agricole. L’emploi agricole continue par ailleurs à décroître. Au total, d’après les estimations du compte prévisionnel de l’agriculture, la valeur ajoutée brute au coût des facteurs par actif diminuerait de 5,9 % en 2019 en termes réels, après une hausse de 7,0 % en 2018.

Le compte de l’agriculture présenté ici décrit les performances de l’agriculture en tant qu’activité économique. Est estimée notamment la valeur ajoutée, soit la richesse créée par cette activité. Augmenté des subventions et net des impôts au titre de son exercice, ce résultat est qualifié de valeur ajoutée brute au coût des facteurs.
Il ne constitue pas une mesure du revenu disponible des ménages dont la personne de référence est agriculteur.

La production viticole se replie fortement, mais demeure à un niveau très élevé après la hausse de 2018

En 2019, la production de la hors baisserait en valeur (– 2,0 % ; figures 1, 2 et 3). La production végétale décroît nettement (– 4,8 %), alors que la production animale rebondit (+ 2,4 %). Comme en 2018, l’évolution de la production viticole est l’effet dominant, mais cette fois à la baisse. Du fait de conditions climatiques défavorables, la production viticole recule fortement en volume (– 13,7 %), tandis que les prix sont stables en raison de réserves importantes. La récolte de céréales augmente vivement, mais cette hausse est contrebalancée par la baisse des prix.

La production animale s’accroît en valeur. Les volumes sont stables ou en baisse. Les prix augmentent, tirés par ceux des porcins qui ont fortement rebondi (+ 18,1 %) du fait de la demande chinoise. Le prix du lait augmente également dans un contexte de demande mondiale dynamique.

Figure 1 - Évolution de la production agricole hors subventions en 2018 et 2019

en %
Figure 1 - Évolution de la production agricole hors subventions en 2018 et 2019 (en %) - Lecture : en 2019, la valeur de la production agricole hors subventions baisse de 2,0 % par rapport à 2018.
2018 / 2017 2019 / 2018
Prix 4,3 -0,5
Volume 1,3 -1,5
Valeur 5,7 -2,0
  • Lecture : en 2019, la valeur de la production agricole hors subventions baisse de 2,0 % par rapport à 2018.
  • Source : Insee, comptes prévisionnels de l'agriculture arrêtés en novembre 2019.

Figure 1 - Évolution de la production agricole hors subventions en 2018 et 2019

  • Lecture : en 2019, la valeur de la production agricole hors subventions baisse de 2,0 % par rapport à 2018.
  • Source : Insee, comptes prévisionnels de l'agriculture arrêtés en novembre 2019.

Figure 2 - Contributions à la variation de la production en valeur hors subventions

en points de %
Figure 2 - Contributions à la variation de la production en valeur hors subventions (en points de %) - Lecture : la valeur de la production agricole totale hors subventions baisse de 2,0 % en 2019. La production de vin contribue à cette baisse à hauteur de 2,6 points. La production de lait et autres produits de l'élevage contribue, quant à elle, à hauteur de 0,5 point dans le sens positif.
2019 / 2018 2018 / 2017
Produits végétaux
Fruits 0,2 0,0
Légumes, pommes de terre, plantes et fleurs 0,2 1,6
Céréales 0,1 0,5
Autres plantes industrielles*, y c. betteraves 0,0 -0,3
Fourrages -0,3 0,0
Oléagineux et protéagineux -0,5 -0,4
Vin -2,6 4,6
Produits animaux
Lait et autres produits de l'élevage 0,5 0,2
Bétail 0,4 -0,5
Volailles et œufs -0,1 0,0
Services 0,1 0,1
Ensemble -2,0 5,7
  • * Betteraves industrielles, tabac, lin textile, houblon, canne à sucre, etc.
  • Note : les produits sont classés par ordre décroissant de leur contribution à l'évolution 2019/2018.
  • Lecture : la valeur de la production agricole totale hors subventions baisse de 2,0 % en 2019. La production de vin contribue à cette baisse à hauteur de 2,6 points. La production de lait et autres produits de l'élevage contribue, quant à elle, à hauteur de 0,5 point dans le sens positif.
  • Source : Insee, comptes prévisionnels de l'agriculture arrêtés en novembre 2019.

Figure 2 - Contributions à la variation de la production en valeur hors subventions

  • * Betteraves industrielles, tabac, lin textile, houblon, canne à sucre, etc.
  • Note : les produits sont classés par ordre décroissant de leur contribution à l'évolution 2019/2018.
  • Lecture : la valeur de la production agricole totale hors subventions baisse de 2,0 % en 2019. La production de vin contribue à cette baisse à hauteur de 2,6 points. La production de lait et autres produits de l'élevage contribue, quant à elle, à hauteur de 0,5 point dans le sens positif.
  • Source : Insee, comptes prévisionnels de l'agriculture arrêtés en novembre 2019.

Figure 3 - De la production à la valeur ajoutée

Figure 3 - De la production à la valeur ajoutée
Valeur 2019 (en milliards d'euros) Évolution 2019/2018 (en %)
Volume Prix Valeur
Production hors subventions (a) 74,9 -1,5 -0,5 -2,0
Produits végétaux 43,7 -2,0 -2,8 -4,8
Céréales 10,2 +13,6 -11,4 +0,6
Oléagineux, protéagineux 2,0 -19,2 +4,1 -15,9
Autres plantes industrielles¹ 1,5 -1,9 -0,2 -2,1
Fourrages 5,0 -4,1 -0,5 -4,6
Légumes, pommes de terre, plantes et fleurs 9,6 +2,2 -0,3 +1,9
Fruits 3,2 +5,5 +0,8 +6,3
Vins 12,4 -13,7 +0,0 -13,7
Produits animaux 26,3 -0,9 +3,3 +2,4
Bétail (bovins, porcins, ovins, caprins, équidés) 11,0 -0,9 +3,8 +2,9
Volailles, œufs 4,7 -3,2 +1,9 -1,3
Lait et autres produits de l'élevage 10,5 +0,1 +3,5 +3,5
Services² 4,9 +0,0 +1,5 +1,5
Subventions sur les produits (b) 1,1 +0,4 +0,0 +0,3
Production au prix de base (c) = (a) + (b) 76,0 -1,5 -0,4 -1,9
Consommations intermédiaires, dont : (d) 44,8 -1,5 +2,2 +0,7
achats³ 37,9 -1,8 +1,8 +0,0
Valeur ajoutée brute (e) = (c) - (d) 31,2 -1,6 -4,0 -5,6
Subventions d'exploitation 7,9 -0,8
Autres impôts sur la production, dont : 1,6 +1,2
impôts fonciers 1,0 +2,9
Valeur ajoutée brute au coût des facteurs 37,4 -4,9
Emploi agricole⁴ -0,4
Valeur ajoutée brute au coût des facteurs par actif -4,5
Prix du produit intérieur brut +1,5
Valeur ajoutée brute au coût des facteurs par actif en termes réels -5,9
  • 1. Betteraves industrielles, tabac, lin textile, houblon, canne à sucre, etc.
  • 2. Services : production des entreprises de travaux agricoles, des coopératives d'utilisation de matériel agricole, services entre agriculteurs, agri-tourisme...
  • 3. Achats hors aliments pour animaux intraconsommés.
  • 4. Mesuré en unités de travail annuel (équivalent temps plein de l’agriculture).
  • Source : Insee, comptes prévisionnels de l'agriculture arrêtés en novembre 2019.

Production végétale : forte baisse du volume de vin et des prix des céréales

La production végétale diminue en volume (– 2,0 %) du fait du fort recul de la récolte de vin (figure 4) après une année 2018 exceptionnelle (– 13,7 % après + 28,7 %). Les réserves importantes ont contenu les prix, stables en 2019. Dans son ensemble, la production de céréales augmente vivement en volume (+ 13,6 %), tirée par le dynamisme du blé tendre (+ 16,0 %). En effet, les rendements progressent par rapport à l’année précédente, excepté pour le maïs. Toutefois, la récolte de blé dur diminue (– 13,8 %), sous l’effet d’une baisse des surfaces cultivées. Les récoltes d’oléagineux et de betteraves se replient (– 21,7 % et – 6,9 %), pénalisées par des conditions climatiques défavorables. La production en volume de légumes est relativement stable, celle de pommes de terre se redresse (+ 7 %), ainsi que celle de fruits (+ 5,5 %), bénéficiant d’une floraison abondante grâce à un printemps doux.

Figure 4 - Contributions à la variation de la production en volume hors subventions

en points de %
Figure 4 - Contributions à la variation de la production en volume hors subventions (en points de %)
2019 / 2018 2018 / 2017
Produits végétaux
Fruits 0,2 -0,2
Légumes, pommes de terre, plantes et fleurs 0,3 -0,5
Céréales 1,8 -1,1
Autres plantes industrielles*, y c. betteraves 0,0 -0,1
Fourrages -0,3 -0,8
Oléagineux et protéagineux -0,6 -0,4
Vin -2,6 4,4
Produits animaux
Lait et autres produits de l'élevage 0,0 0,0
Bétail -0,1 0,0
Volailles et œufs -0,2 0,1
Services 0,0 0,0
Ensemble -1,5 1,3
  • * Betteraves industrielles, tabac, lin textile, houblon, canne à sucre, etc.
  • Note : l’ordre des produits est identique à celui de la figure 2.
  • Source : Insee, comptes prévisionnels de l'agriculture arrêtés en novembre 2019.

Figure 4 - Contributions à la variation de la production en volume hors subventions

  • * Betteraves industrielles, tabac, lin textile, houblon, canne à sucre, etc.
  • Note : l’ordre des produits est identique à celui de la figure 2.
  • Source : Insee, comptes prévisionnels de l'agriculture arrêtés en novembre 2019.

Le prix de la production végétale baisse de nouveau (– 2,8 %). Cette évolution provient essentiellement des prix des céréales et en particulier celui du blé tendre (– 13,5 %) (figure 5). Les forts volumes céréaliers aux niveaux mondial et français pèsent en effet sur le niveau des prix. En revanche, les cours des oléagineux se redressent.

Figure 5 - Contributions à la variation du prix de la production hors subventions

en points de %
Figure 5 - Contributions à la variation du prix de la production hors subventions (en points de %)
2019 / 2018 2018 / 2017
Produits végétaux
Fruits 0,0 0,2
Légumes, pommes de terre, plantes et fleurs 0,0 2,0
Céréales -1,7 1,6
Autres plantes industrielles*, y c. betteraves 0,0 -0,1
Fourrages 0,0 0,8
Oléagineux et protéagineux 0,1 0,0
Vin 0,0 0,2
Produits animaux
Lait et autres produits de l'élevage 0,5 0,2
Bétail 0,5 -0,5
Volailles et œufs 0,1 -0,1
Services 0,1 0,1
Ensemble -0,5 4,3
  • * Betteraves industrielles, tabac, lin textile, houblon, canne à sucre, etc.
  • Note : l’ordre des produits est identique à celui de la figure 2.
  • Source : Insee, comptes prévisionnels de l'agriculture arrêtés en novembre 2019.

Figure 5 - Contributions à la variation du prix de la production hors subventions

  • * Betteraves industrielles, tabac, lin textile, houblon, canne à sucre, etc.
  • Note : l’ordre des produits est identique à celui de la figure 2.
  • Source : Insee, comptes prévisionnels de l'agriculture arrêtés en novembre 2019.

Production animale : repli modéré des volumes, forte hausse du prix du porc

La production animale décroît légèrement en volume (– 0,9 %). Concernant le bétail, elle baisse pour les gros bovins (– 2,1 %) et les veaux (– 1,3 %), alors qu’elle augmente un peu pour les porcs (+ 1,2 %). La production d’œufs recule de nouveau (– 5,3 %).

Le prix de la production animale (hors subventions) augmente (+ 3,3 %), du fait essentiellement de celui du porc (+ 18,1 %). Le marché est dynamisé par la forte demande chinoise, leur cheptel ayant été décimé par la peste porcine africaine. Le prix de production des gros bovins est stable et celui des veaux baisse (– 8,0 %). Le prix des volailles repart à la hausse (+ 3,5 %).

Le prix du lait croît de nouveau (+ 3,4 %), soutenu par une demande mondiale toujours dynamique, l’Europe profitant de tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine.

La production croît sur deux ans

Si la production baisse en 2019, l’ampleur du recul est moindre que celle de la hausse de 2018. Ainsi, la production augmente en valeur de 3,6 % entre 2017 et 2019 (figure 6). En effet, la production végétale est très dynamique sur la période (+ 5,1 %), tandis que la production animale croît à un rythme plus modéré (+ 1,4 %). Les volumes de la production végétale sont quasiment stables alors que les prix sont en nette hausse (+ 4,9 %). La production animale décroît légèrement en volume (– 0,8 %), les prix augmentent modérément (+ 2,2 %).

Figure 6 - Évolution de la production hors subventions, en volume, en prix et en valeur entre 2017 et 2019

en %
Figure 6 - Évolution de la production hors subventions, en volume, en prix et en valeur entre 2017 et 2019 (en %)
Valeur Volume Prix
Production végétale 5,1 0,1 4,9
Production animale 1,4 -0,8 2,2
Production agricole* 3,6 -0,2 3,9
  • * Y compris production de services.
  • Source : Insee, comptes prévisionnels de l'agriculture arrêtés en novembre 2019.

Figure 6 - Évolution de la production hors subventions, en volume, en prix et en valeur entre 2017 et 2019

  • * Y compris production de services.
  • Source : Insee, comptes prévisionnels de l'agriculture arrêtés en novembre 2019.

Hausse modérée de la valeur des intrants

En 2019, les de la branche agricole augmenteraient un peu en valeur (+ 0,7 % par rapport à 2018) sous l’effet d’une légère baisse des volumes et d’une hausse modérée des prix.

Après une forte hausse en 2018, la consommation en énergies et lubrifiants recule en valeur (– 1,0 %), du fait de la baisse des prix notamment du gaz naturel (– 6,5 %). Le prix du gazole non routier diminue de 2,5 %, ceux du GPL et du gazole routier sont stables. En revanche, les prix de l’électricité augmentent de 3,9 %.

Malgré une nette hausse des prix (+ 9,4 %), les dépenses en engrais et amendements diminuent en valeur de 7,3 % du fait d’une forte baisse en volume (– 15,3 %). La mauvaise récolte de l’année précédente a moins sollicité les sols et aurait ainsi nécessité un moindre recours en apports. Dans le détail, les volumes reculent pour les engrais simples azotés (– 18,0 %) et les engrais composés (– 15,4 %). En revanche, ils augmentent pour les engrais simples potassiques (+ 9,7 %).

La valeur des pesticides et produits phytosanitaires baisse sous l’effet des prix (– 3,0 %).

En 2019, les achats d’aliments pour animaux auprès des industries agroalimentaires continuent de diminuer en volume (– 1,4 %). Cette baisse peut s’expliquer en partie par un recours accru aux aliments intraconsommés, produits directement dans les exploitations agricoles (+ 0,6 % en volume). Les aliments pour animaux s’achètent dans l’ensemble plus cher qu’en 2018 (+ 3,5 % en moyenne pour les aliments composés) ; seul le prix des tourteaux décroît (– 3,9 %).

Concernant les dépenses vétérinaires, les prix augmentent de 2,4 % en 2019.

La valeur ajoutée au coût des facteurs se replie après deux années de hausse dynamique

En 2019, la de la branche agricole diminuerait (– 5,6 %), sous l’effet de la baisse de la (– 1,9 %) – c’est-à-dire y compris les subventions sur les produits – et de l’augmentation modérée des consommations intermédiaires.

En 2019, les (encadré 1) s’élèveraient à 7,9 milliards d’euros.

Après prise en compte des subventions d’exploitation et des impôts, la diminuerait de 4,9 % en 2019. L’emploi agricole continue à décroître, sous l’effet de la baisse de l’emploi non salarié. Ainsi, la baisserait de 4,5 %. En , elle se réduirait de 5,9 %, après une hausse de 7,0 % en 2018 (figures 3 et 7).

Figure 7 - Valeur ajoutée brute au coût des facteurs par actif de la branche agricole en termes réels*

Figure 7 - Valeur ajoutée brute au coût des facteurs par actif de la branche agricole en termes réels*
Valeur ajoutée brute au coût des facteurs par actif en termes réels Moyenne mobile sur 3 ans
2000 100,0 100,1
2001 100,7 100,6
2002 101,1 100,8
2003 100,7 101,5
2004 102,7 100,9
2005 99,3 103,2
2006 107,6 108,2
2007 117,7 111,3
2008 108,7 107,4
2009 95,8 108,6
2010 121,2 114,5
2011 126,4 125,3
2012 128,3 123,4
2013 115,5 122,6
2014 124,1 122,6
2015 128,2 122,9
2016 116,6 124,9
2017 130,1 128,6
2018 139,1 133,4
2019 130,9 135,0
  • * Déflatée par l'indice de prix du produit intérieur brut.
  • Source : Insee, comptes prévisionnels de l'agriculture arrêtés en novembre 2019.

Figure 7 - Valeur ajoutée brute au coût des facteurs par actif de la branche agricole en termes réels*

  • * Déflatée par l'indice de prix du produit intérieur brut.
  • Source : Insee, comptes prévisionnels de l'agriculture arrêtés en novembre 2019.

Endacré 1 – Depuis 2006, une forte restructuration des subventions

En 2019, le total des subventions diminuerait de 0,6 %. Les subventions sur les produits seraient au même niveau qu’en 2018. Les subventions d’exploitation baisseraient de 0,8 %. Ce recul aurait pour origine principale la baisse du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) : en effet, le taux du crédit d’impôt se réduit de 7 % à 6 % pour les rémunérations versées respectivement en 2017 et 2018. Par ailleurs, en 2019, la transformation du CICE en allègement de cotisations sociales a pour effet de réduire directement les cotisations employeurs. La valeur ajoutée demeure inchangée.

En 2019, le paiement de base (2,9 milliards) ne représente plus que 37 % des subventions d’exploitation. En effet, depuis la réforme de la Politique agricole commune (PAC) de 2015, le paiement unique a été remplacé par une aide en quatre parties : deux principales, le paiement de base, qui dépend des surfaces détenues par les agriculteurs, le paiement vert, conditionné au respect de pratiques favorables à l’environnement (2,0 milliards d’euros en 2019), et deux parties de moindre importance, le paiement redistributif qui surprime forfaitairement les 52 premiers hectares de chaque exploitation (0,7 milliard d’euros en 2019) et le paiement Jeunes agriculteurs (80 millions d’euros en 2019). La mise en place en 2006 du paiement unique avait entraîné une baisse des subventions sur les produits au profit des subventions d’exploitation (figure). Jusqu’en 2014, ce paiement a représenté environ 80 % des subventions d’exploitation. Entre 2006 et 2014, le niveau global des subventions était relativement stable, les variations annuelles s’expliquant par des mesures conjoncturelles spécifiques. Cette stabilité faisait suite à une hausse marquée : plus de 20 % entre 2000 et 2003.

Figure de l'encadré 1 - Évolution des subventions à l'agriculture

en milliards d'euros
Figure de l'encadré 1 - Évolution des subventions à l'agriculture (en milliards d'euros)
Subventions sur les produits Subventions d'exploitation Total
2000 6,6 1,6 8,2
2001 6,9 1,9 8,8
2002 7,2 2,0 9,2
2003 7,2 2,8 10,1
2004 7,6 1,8 9,4
2005 7,5 2,2 9,7
2006 2,5 7,4 9,9
2007 2,5 7,2 9,8
2008 2,6 7,3 9,8
2009 2,5 7,2 9,7
2010 1,2 8,5 9,8
2011 1,1 8,7 9,8
2012 1,1 8,4 9,4
2013 1,1 8,3 9,3
2014 1,1 8,0 9,1
2015 1,2 8,5 9,7
2016 1,2 8,1 9,3
2017 1,2 8,3 9,5
2018 1,1 7,9 9,0
2019 1,1 7,9 9,0
  • Source : Service de la statistique et de la prospective (SSP) du ministère de l’Agriculture et de l'alimentation.

Figure de l'encadré 1 - Évolution des subventions à l'agriculture

  • Source : Service de la statistique et de la prospective (SSP) du ministère de l’Agriculture et de l'alimentation.

Encadré 2 – Rappel sur le compte 2018

Les données présentées ici concernent le compte 2019 prévisionnel de l’agriculture.

En juillet 2019, à l’occasion de la publication du compte 2018 provisoire, l’évolution de la valeur ajoutée brute au coût des facteurs par actif en termes réels a été révisée de + 0,3 point par rapport au compte prévisionnel de décembre 2018 (hausse de 7,0 % au lieu de 6,7 %). Les données 2018 seront mises à jour en juillet 2020 (version semi-définitive). Elles seront publiées simultanément avec les comptes 2017 définitif et 2019 provisoire.

Sources

Le compte français de l’agriculture est établi selon la méthode et les concepts du Système européen des comptes (SEC). Le compte prévisionnel 2019 repose sur des informations disponibles en novembre 2019.

Définitions

La branche agricole est le regroupement de toutes les unités d’activité économique qui exercent les activités suivantes : culture de végétaux (y compris maraîchage et horticulture), élevage d’animaux, activités de travaux agricoles à façon, chasse et activités annexes. Outre les exploitations agricoles, les unités caractéristiques de la branche comprennent les groupements de producteurs (coopératives) produisant du vin et de l’huile d’olive et les unités spécialisées qui fournissent des machines, du matériel et du personnel pour l’exécution de travaux agricoles à façon.

Les subventions à l’agriculture comprennent les subventions sur les produits (aides associées à certains types de production), qui ont pour la plupart disparu en 2010, et les subventions d’exploitation, entièrement restructurées dans le cadre de la PAC 2015, telles que le paiement de base (DPB), le paiement vert (aide agro-environnementale), les aides pour calamités agricoles...

Les consommations intermédiaires correspondent aux biens et services qui entrent dans le processus de production.

La valeur ajoutée brute est égale à la production valorisée au prix de base diminuée des consommations intermédiaires.

La production au prix de base est égale à la production valorisée au prix auquel vend le producteur, augmentée des subventions sur les produits qu’il perçoit et diminuée des impôts spécifiques sur les produits qu’il reverse.

La valeur ajoutée brute au coût des facteurs est obtenue par ajout des subventions d’exploitation et déduction des impôts sur la production. Son évolution peut être rapportée à celle du nombre d’unités de travail annuel total (ou équivalents temps plein) : on obtient ainsi l’évolution de la valeur ajoutée brute au coût des facteurs de la branche agricole par actif.

Les indicateurs de résultats sont présentés en termes réels : les évolutions à prix courants sont déflatées par l’indice de prix du produit intérieur brut (PIB), qui couvre l’ensemble du champ de l’économie. Ainsi, l’évolution d’un prix ou d’un résultat calculée en termes réels est positive si elle est supérieure à l’évolution générale des prix. Il s’agit d’une moyenne qui résulte d’une grande diversité de situations individuelles.

Pour en savoir plus

« L’agriculture en 2019 - Les comptes nationaux prévisionnels de l’agriculture en 2019 », Documents de travail n° E2019/04, Insee, décembre 2019.

« Ouvrir dans un nouvel ongletRésultats économiques des exploitations pour 2018 », Agreste Primeur n° 360, SSP, décembre 2019.

« Ouvrir dans un nouvel ongletBilan conjoncturel 2019 », Agreste Panorama n° 5, SSP, décembre 2019.

Casset-Hervio H., Reynaud D., Aufrant S., « L’agriculture en 2018 », Insee Première n° 1763, juillet 2019.

Reynaud D., « L’agriculture française en Europe de 2000 à 2015 », Insee Première n° 1704, juillet 2018.

Eurostat, Ouvrir dans un nouvel ongletindicateur « A » (valeur ajoutée nette au coût des facteurs par actif en termes réels) pour l’ensemble des pays de l’Union européenne.

Pour comprendre

Le compte de l'agriculture

Le compte spécifique de l'agriculture est un compte de branche. Il retrace l'activité des unités d'activité économique locales (UAEL) exerçant une activité agricole, quelle que soit l'activité principale de l'unité institutionnelle à laquelle elles appartiennent. Il porte sur un champ légèrement différent de celui retenu pour la branche agriculture dans le cadre central de la comptabilité nationale :

  • les établissements produisant des semences certifiées, les entreprises de paysagisme et les jardins familiaux ne font pas partie du compte spécifique, alors qu'ils sont couverts par le cadre central,
  • les activités non agricoles non séparables des exploitations agricoles font partie de la branche agricole du compte spécifique, alors qu'elles n'en font pas partie dans le cadre central. La liste des activités non séparables de l'UAEL agricole est limitée à la fabrication de produits laitiers à la ferme, la champagnisation dans le cadre de l'exploitation viticole, les travaux forestiers des exploitants agricoles, l'agritourisme.

Les séries publiées sont issues des comptes de l'agriculture en base 2010 présentés deux fois par an à la Commission des comptes de l'agriculture de la Nation (CCAN). Les comptes prévisionnels pour l'année en cours sont présentés en décembre. Les comptes provisoires de l'année écoulée sont présentés en juin ou juillet de l'année suivante. Les comptes des deux années qui précèdent sont alors révisés. Les résultats remontent à l'année 1959.

La séquence des comptes

Alors que les comptes de branche du cadre central s'arrêtent au compte d'exploitation, la séquence des comptes CCAN se prolonge au-delà, compte tenu des spécificités de la branche agriculture, qui permettent d'affecter sans ambiguïté certains agrégats comptables à l'activité agricole. Ainsi s'enchaînent le compte de production, le compte d'exploitation et le compte de revenu.

La production (P1) correspond à la production totale de la branche, qu'elle soit marchande ou non marchande. La production est évaluée au moment où elle est effectuée. La production hors subventions (tableau 10.203) est valorisée au prix payé au producteur auquel on soustrait les impôts sur les produits. Les subventions (tableau 10.202) sont présentées séparément compte tenu de l'intérêt qu'elles présentent pour l'agriculture. Elles sont évaluées en montant dû au titre de la production de l'année. Enfin, la production est valorisée au prix de base (tableaux 10.201, 10.204, 10.205, 10.206, 10.207), c'est-à dire au prix payé au producteur, moins les impôts nets sur les produits qu'il reverse, plus les subventions sur les produits qu'il reçoit.

La consommation intermédiaire (P2) correspond à la valeur des biens et services consommés dans le processus de production. Les consommations intermédiaires (tableaux 10.301 à 10.305) sont évaluées au prix d'acquisition, hors TVA déductible. Dans le cas particulier des fourrages, presque exclusivement intraconsommés, l'évaluation est fondée sur des coûts de production.

La valeur ajoutée brute (B1g), solde du compte de production (tableaux 10.101 à 10.103), est égale à la production valorisée au prix de base moins les consommations intermédiaires.

La consommation de capital fixe (P51c) mesure la dépréciation annuelle des actifs fixes liée à l'usure et à l'obsolescence.

Selon que cette estimation est prise en compte ou pas, les agrégats sont qualifiés de nets ou de bruts.

Valeur ajoutée au coût des facteurs = valeur ajoutée + subventions d'exploitation - autres impôts sur la production, dont impôts fonciers (tableaux 10.101 à 10.103).

La valeur ajoutée nette au coût des facteurs est aussi appelée revenu des facteurs de la branche agricole.

L'excédent d'exploitation, solde du compte d'exploitation (tableaux 10.101 à 10.103), est égal à la valeur ajoutée au coût des facteurs moins la rémunération des salariés. Il est aussi appelé revenu mixte, puisqu'il contient implicitement la rémunération du travail non salarié (travail de l'exploitant et de la main-d'œuvre familiale).

Le résultat de la branche agricole est égal à : valeur ajoutée au coût des facteurs - salaires - cotisations sociales à la charge des employeurs - intérêts versés - charges locatives nettes (tableaux 10.101 à 10.103).

Plusieurs indicateurs de résultat (tableau 10.104) sont définis à partir des soldes comptables :

  • l'évolution de la valeur ajoutée au coût des facteurs est rapportée à l'évolution du nombre total d'unités de travail annuel (ou équivalents temps plein) : on obtient ainsi l'évolution de la valeur ajoutée au coût des facteurs par actif (elle est aussi présentée en termes réels, c'est-à-dire déflatée par l'indice de prix du PIB),
  • l'évolution du résultat de la branche agricole est rapportée à celle du nombre d'unités de travail annuel des non-salariés (ou équivalents temps plein) : on obtient l'évolution du résultat de la branche agricole par actif non salarié (elle est aussi présentée en termes réels).