Bilan économique 2017 - Provence-Alpes-Côte d’Azur
L’économie régionale reste dynamique
En 2017, l'activité mondiale a accéléré : +3,9 % après +3,3 % en 2016. Poursuivant sur la lancée de 2016, l’activité continue à reprendre quelques couleurs dans les pays émergents (+6,5 % après +4,9 %). La croissance de la zone euro est au plus haut depuis 2007. En France, l'économie a franchement accéléré en 2017. Porté par l'emploi salarié du secteur marchand non agricole, l'emploi total connaît une nouvelle accélération et le taux de chômage baisse plus sensiblement cette année, passant de 10,0 % fin 2016 à 9,0 % fin 2017.
Dans ce contexte, l'activité économique poursuit son redressement en Provence-Alpes-Côte d'Azur. Le nombre d'emplois augmente encore, le taux de chômage se replie fortement même si le nombre de demandeurs d’emploi inscrits progresse encore. La situation s’améliore dans la majorité des secteurs d'activité. La fréquentation touristique reprend des couleurs. Le marché immobilier se stabilise à un niveau élevé et la production agricole tire son épingle du jeu malgré la sécheresse. Dans le même temps, les créations d’entreprises accélèrent et les défaillances stagnent.
Agriculture – Une année marquée par un gel printanier tardif et une très longue sécheresse Bilan économique 2017
Françoise Cazenave, Olivier Legras, Nadine Jourdan, Draaf Provence-Alpes-Côte d'Azur
La campagne agricole 2017 est marquée par une succession de phénomènes météorologiques préjudiciables aux cultures.
D'abord un épisode de gel tardif frappe le bassin alpin, l’Est du Vaucluse et le Haut-Var, occasionnant des pertes importantes en pommes et cerises.
Puis, le printemps exceptionnellement doux et les canicules estivales perturbent les calendriers de commercialisation. Ils alimentent un excès d’offre à l’origine de crises pour l’abricot et le melon. À l'inverse, la tomate et la courgette régionales parviennent à tirer parti de la saison estivale, et les vins régionaux remportent un franc succès, y compris à l'export.
Enfin, la sécheresse exceptionnellement longue, perdurant même à l’automne, impose des mesures de restrictions d'eau. Cette sécheresse d'ampleur historique dans les Alpes altère la production de fourrages au point de justifier une procédure de reconnaissance au titre des calamités agricoles.
L'année 2017 démontre tout l'enjeu de l'adaptation au changement climatique de l'agriculture régionale, en posant les questions de la disponibilité en eau pour l'irrigation et de la résistance des plants. Cette année a aussi pointé des capacités différentes à surmonter les crises entre les exploitations membres de réseaux organisés et celles isolées.
- Fruits et légumes : campagne difficile pour l'abricot et le melon
- Viticulture : gel, sécheresse mais belle qualité et franc succès à l'export
- Céréales : une moisson satisfaisante côté rendement, en baisse côté surface
- Lavande et lavandin : des surfaces toujours en hausse
- Filière animale : la sécheresse et le loup
Fruits et légumes : campagne difficile pour l'abricot et le melon
Abondance et précocité dessinent la plus mauvaise campagne depuis cinq ans en abricot. L'abricot régional arrive en effet sur les marchés mi-mai avec quinze jours d'avance et des volumes importants. Il se trouve alors en concurrence frontale avec l'abricot espagnol, très comparable, tandis que la consommation n'est pas encore au rendez-vous. Les cours chutent et resteront bas tout au long de la campagne (figure 1).
Pour la cerise, le chiffre d’affaires réalisé recule. Les pertes consécutives au gel, aux fortes pluies et à la mouche Drosophila suzukii ne sont pas compensées par l’augmentation des cours, la demande restant atone jusqu'à mi-juin. La situation est comparable pour la pomme. Le gel tardif d'avril a en effet réduit de près de 30 % la récolte régionale de Golden qui était alors en fleur. Les cours élevés en fin de campagne ne compensent pas la chute de production.
La pêche quant à elle résiste mieux au calendrier atypique de l'année grâce à une offre relativement maîtrisée, en adéquation avec la demande des consommateurs de pêches françaises, et une belle qualité gustative. Les taux de sucre restent irréprochables tout au long de l’été tandis que les fortes températures soutiennent la consommation. Ainsi, le marché de la pêche parvient à rester équilibré.
En ce qui concerne le melon, les températures précocement élevées et l’ensoleillement exceptionnel sur les zones de production françaises contribuent à une offre excédentaire et concomitante, responsable d'une très longue crise conjoncturelle (du 29 juin au 10 août).
À l'exception du melon, les légumes d’été tirent parti du manque de concurrence extérieure, notamment espagnole. C’est le cas de la courgette. Les cours ont atteint un record en septembre par manque d’offre au plan européen.
De même, les cours de la tomate du Sud-Est sont supérieurs à l'an passé. Dans une conjoncture nationale décevante et un contexte de baisse des achats de tomate par les ménages, la production du Sud-Est tire son épingle du jeu. La production régionale s'est en effet axée sur les variétés à « goût » côtelées, davantage appréciées, notamment de la nombreuse population touristique estivale.
tableauFigure 1 – Prix moyens annuels des fruits en Provence-Alpes-Côte d’AzurPrix par kg
en euros 2017 (expédition) | Évolution en % | ||
---|---|---|---|
2017/2016 | 2017 / moyenne 2012-2016 | ||
Abricot | 1,79 | - 22,84 % | - 13,28 % |
Cerise de bouche | 4,79 | - 11,30 % | 13,61 % |
Nectarine | 1,67 | - 3,47 % | 3,86 % |
Pêche jaune | 1,60 | - 2,44 % | 6,10 % |
Pomme golden | 0,71 | - 12,35 % | - 13,83 % |
Courgette | 0,97 | 27,63 % | 23,72 % |
Laitue pommée (la pièce) | 0,58 | 9,43 % | 8,21 % |
Melon | 1,02 | 0,99 % | - 7,27 % |
Tomate grappe | 1,46 | 11,45 % | 21,26 % |
- Source : Direction Régionale de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Forêt Provence-Alpes-Côte d’Azur - Réseau des Nouvelles des Marchés
Viticulture : gel, sécheresse mais belle qualité et franc succès à l'export
En 2017, la récolte viticole de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur est estimée à 3,6 millions d’hectolitres (hl), inférieure de 14 % à la moyenne quinquennale (figure 2). Le gel de printemps ainsi que la sécheresse ont pesé sur la production.
Plusieurs vignobles ont été touchés en Provence par le gel de fin avril alors que la vigne avait déjà atteint un stade de maturité avancé. Les faibles rendements sont aussi la conséquence du déficit hydrique qui a impacté le vignoble durant cinq à six mois consécutifs. Dans les Bouches-du-Rhône, la production des vins AOP est en retrait de 3 % et celle des IGP de 13 %. Dans le Var, la production totale et celle d’AOP en particulier sont également en baisse (respectivement de 15 % et 9 %). Le Vaucluse est le plus touché par la sécheresse et par le gel avec une production en baisse de 22 % (– 17 % en AOP, – 30 % en IGP).
Le millésime 2017 des vins de Provence présente une très belle qualité. En Côtes-de-Provence rosé, comme en AOP Coteaux d’Aix-en-Provence et Coteaux Varois en Provence, les prix sont particulièrement fermes (+ 20 %). Le prix des vins d’appellation est également bien orienté en Côtes-du-Rhône régional (+ 9 %).
Les cours sont soutenus par le succès à l’international des rosés notamment vers les États-Unis. En 2017, les exportations de vins de Paca ont ainsi progressé en valeur de 21 % par rapport à 2016, soit de 80 % depuis 2013. Elles s’établissent à 600 millions d’euros sur l'année.
tableauFigure 2 – Viticulture en Provence-Alpes-Côte d’Azur
Viticulture en Provence-Alpes-Côte d'Azur | 2017 | Évolution en % | |
---|---|---|---|
2017 / 2016 | 2017 / moyenne 2012-2016 | ||
SUPERFICIE en ha | |||
AOP autres que les vins doux naturels | 64 235 | - 0,3% | - 0,2% |
Vins doux naturels en AOP | 407 | - 6,0% | - 18,0% |
Ensemble des vins de qualité | 64 642 | - 0,4% | - 0,3% |
Autres vins, jus et moûts | 21 049 | + 2,9% | + 1,6% |
Vignes de cuve en production | 85 691 | + 0,4% | + 0,2% |
Vignes de cuve non productives | 2 571 | + 0,4% | + 17,1% |
Superficie en vignes de cuve | 88 262 | + 0,4% | + 0,6% |
PRODUCTION en hl | |||
AOP autres que les vins doux naturels | 2 616 972 | - 12,5% | - 8,7% |
Vins doux naturels en AOP | 4 488 | - 35,6% | - 52,0% |
Ensemble des vins de qualité | 2 621 460 | - 12,5% | - 8,8% |
IGP, VSIG et autres | 940 373 | - 29,2% | - 25,0% |
dont IGP | 892 046 | - 26,1% | - 20,2% |
Production totale | 3 561 833 | - 17,7% | - 13,7% |
- Source : Direction Régionale de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Forêt Provence-Alpes-Côte d’Azur
- AGRESTE données définitives pour 2016 et semi-définitives pour 2017
Céréales : une moisson satisfaisante côté rendement, en baisse côté surface
Les épisodes pluvieux de mai ont permis de maintenir les rendements de céréales au-delà de la moyenne quinquennale, à l’exception des Hautes-Alpes touchées par le gel sur épi et par la sécheresse.
Les surfaces en blé dur repartent à la baisse (– 7 %) et retrouvent leur niveau de 2016 (figure 3). Le plan de relance national de 2013, qui vise à doubler la production nationale d’ici 2025, a du mal à se concrétiser en Paca. Les rendements (4,3 t/ha) sont proches de la très bonne campagne céréalière 2016. À l'inverse, les surfaces en riz progressent (+ 1 %), soutenues par la perspective d'une aide couplée et la mise en place des Mesures agricoles environnementales et climatiques (MAEC). Le rendement de riz (+ 11 %) est le meilleur depuis 5 ans.
tableauFigure 3 – Production en grandes cultures en Provence-Alpes-Côte d’Azur
Surfaces | Productions | Rendements | |||||||
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2017 (ha) | 2017 / 2016en % | 2017 / moyenne 2012-2016 en % | 2017 (T) | 2017 / 2016en % | 2017 / moyenne 2012-2016 en % | 2017 (T/ha) | 2017 / 2016en % | 2017 / moyenne 2012-2016 en % | |
Total céréales | 78 519 | - 4,8% | - 9,5% | 353 918 | - 8,2% | - 4,9% | 4,5 | - 3,6% | 5,0% |
dont | |||||||||
Blé tendre | 8 214 | - 11,9% | - 16,9% | 28 683 | - 26,7% | - 26,9% | 3,5 | - 16,8% | - 12,4% |
Blé dur | 37 670 | - 7,2% | - 9,0% | 162 544 | - 10,9% | + 3,9% | 4,3 | - 4,0% | 14,2% |
Orge & Escourgeon | 10 873 | + 3,1% | + 5,0% | 42 400 | - 5,2% | + 5,5% | 3,9 | - 8,0% | 0,1% |
Avoine | 1 728 | + 5,9% | + 4,8% | 4 320 | + 5,9% | + 7,9% | 2,5 | 0,0% | 2,9% |
Maïs | 2 941 | - 22,4% | - 35,1% | 25 674 | - 24,1% | - 36,1% | 8,7 | - 2,1% | - 1,6% |
Sorgho | 1 463 | + 63,1% | - 11,0% | 7 110 | + 63,6% | - 13,2% | 4,9 | 0,3% | - 2,4% |
Triticale | 2 937 | - 9,1% | - 14,2% | 11 472 | - 10,8% | - 15,2% | 3,9 | - 1,9% | - 1,3% |
Riz | 11 815 | + 0,8% | - 7,6% | 69 708 | + 11,5% | + 2,6% | 5,9 | 10,7% | 11,2% |
Autres céréales | 450 | + 40,6% | - 32,5% | 693 | + 38,8% | - 43,4% | 1,5 | - 1,3% | - 9,4% |
Total oléagineux | 11 020 | - 12,9% | - 10,0% | 21 577 | - 21,5% | - 9,9% | 2,0 | - 9,9% | 0,4% |
dont | |||||||||
Colza | 2 157 | - 21,2% | - 32,5% | 4 607 | - 25,8% | - 30,3% | 2,1 | - 5,8% | 3,0% |
Tournesol | 8 098 | - 3,1% | - 0,3% | 15 032 | - 14,4% | - 0,2% | 1,9 | - 11,7% | 0,3% |
Soja | 624 | - 56,8% | - 24,7% | 1 697 | - 52,0% | - 20,2% | 2,7 | 11,3% | 4,9% |
Autres oléagineux | 141 | + 25,9% | + 42,1% | 241 | + 24,2% | + 55,5% | 1,7 | - 1,3% | 9,9% |
Protéagineux | 2 017 | - 5,2% | + 6,8% | 4 255 | - 1,1% | + 0,9% | 2,1 | 4,3% | - 7,2% |
- Source : Direction Régionale de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Forêt Provence-Alpes-Côte d’Azur
- AGRESTE données définitives jusqu'en 2016 et semi-définitives pour 2017
Lavande et lavandin : des surfaces toujours en hausse
Dans un marché globalement porteur, les surfaces de lavande et lavandin ne cessent de progresser : près de 2 % par an en moyenne annuelle depuis 2011 pour atteindre 15 600 ha en 2017. Les cours du lavandin sont stables, de 23 à 44 €/kg d’essence selon les variétés. À l’inverse, le marché de la lavande est plus difficile avec des cours hauts qui entraînent un report des opérateurs vers l’origine bulgare.
Filière animale : la sécheresse et le loup
Dans la filière ovine, l’année 2017 est difficile (figure 4). Après des années plutôt favorables, les cours de l’agneau se replient. La baisse de consommation et la hausse de l’euro, favorisant les imports, pèsent en effet sur les cours.
En outre, une sécheresse d'ampleur historique altère la production de fourrages, au point de justifier dans les Alpes une procédure de reconnaissance au titre des calamités agricoles. Pour compenser le manque d’herbe, les achats de fourrage commencent dès l’automne et viennent augmenter les charges.
Les attaques de loup compliquent aussi l'activité de pastoralisme, avec des cheptels attaqués indemnisés en hausse de 17 % sur un an, dans l'attente de la mise en œuvre du plan national d'actions 2018-2023 sur le loup. Ce plan vise le double objectif d’assurer la conservation du canidé et de prendre en compte les difficultés des éleveurs en limitant le nombre de brebis tuées à moins de 12 000 en 2018 en France.
Enfin, la collecte de lait de vache se stabilise et le prix du lait se redresse après la crise de 2015. Dans un contexte de demande mondiale soutenue en produits laitiers, la limitation de l’offre permet aux cours à la production de progresser fortement (+ 15 % avec 338 €/1 000 l payés au producteur en 2017), sans pour autant retrouver le niveau d'avant crise (372 € /1 000 l en 2014).
tableauFigure 4 – Productions ovines et bovines en Provence-Alpes-Côte d’Azur
2017 | Évolution en % | |||
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2017 / 2016 | 2017 / moyenne 2012-2016 | |||
BOVINS | Vaches laitières | 7 048 | - 3,3% | - 5,6% |
Génisses laitières | 6 796 | - 1,4% | - 2,5% | |
Vaches nourrices | 17 441 | + 1,2% | + 6,8% | |
Génisses nourrices | 9 232 | + 2,4% | + 9,7% | |
Autres bovins | 29 687 | - 0,5% | + 2,6% | |
Effectif total | 70 204 | - 0,1% | + 3,1% | |
OVINS | Agnelles | 83 180 | - 11,6% | - 11,6% |
Brebis mères | 469 082 | + 0,2% | - 6,7% | |
dont brebis mères traites | 6 835 | + 16,4% | + 26,8% | |
Autres ovins | 201 759 | - 7,5% | - 8,0% | |
Effectif total | 760 856 | - 3,2% | - 6,9% | |
LAIT | Lait de vache livré à l'industrie (Hl) | 199 151 | - 0,3% | - 14,2% |
Prix moyen (€/L) | 0,338 | + 15,3% | + 2,5% |
- Source : Direction Régionale de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Forêt Provence-Alpes-Côte d’Azur
- AGRESTE données définitives jusqu'en 2016 et semi-définitives pour 2017
Définitions
Aide couplée
Une Ouvrir dans un nouvel ongletaide couplée consiste à aider spécifiquement une exploitation agricole lorsqu’elle génère un certain produit. Si une exploitation agricole génère plusieurs produits elle peut bénéficier de plusieurs aides couplées. Des aides couplées peuvent être accordées à tout secteur « en difficulté économique », à condition d’être dans la liste prévue par le texte communautaire.
Pour en savoir plus
« Conjoncture agricole », note de conjoncture mensuelle, Draaf Paca. La conjoncture de chaque produit Ouvrir dans un nouvel ongletmise à jour chaque mois
« L’information statistique », site de la Ouvrir dans un nouvel ongletDraaf Paca
Ouvrir dans un nouvel ongletÉtats généraux de l’alimentation