Bilan économique 2017 - Corse
2017, année de la reprise
En Corse, l’année 2017 est celle de la reprise. La croissance annuelle de l’emploi
salarié se poursuit et les déclarations d'embauches augmentent. Le taux de chômage
recule pour s'établir à 9,6 % de la population active. Néanmoins, le nombre de demandeurs
d’emploi progresse, en particulier chez les seniors.
Les entreprises enquêtées par la Banque de France indiquent une hausse de leur chiffre
d'affaires supérieure aux attentes. De même, les CA et les investissements des entreprises
soumises à TVA montrent des signes de reprise soutenue. La création d’entreprises
est dynamique, en lien avec développement des nouvelles sociétés, et les défaillances
repartent à la baisse.
Si ces indicateurs économiques sont au vert, c'est notamment grâce au bilan positif
du tourisme. Le trafic global de passagers atteint un nouveau record et les hébergements
touristiques marchands bénéficient d’une meilleure fréquentation, tirée par la clientèle
française. Cela dynamise le commerce, moteur de la croissance régionale.
La construction de logements neufs tend à s'améliorer avec des autorisations de
construire qui retrouvent un niveau quasi record. L'agriculture, victime d'un déficit
pluviométrique, de températures élevées et de sécheresse des sols, fait état de nombreuses
filières en souffrance.
Agriculture - De nombreuses filières en souffrance Bilan économique 2017
Claude Albertini, DRAAF de Corse - SRISE
Déficit pluviométrique, températures élevées, sécheresse des sols. L’année 2017 a été souvent qualifiée de record dans ces domaines. Rarement l’agriculture insulaire n’avait connu une succession de conditions climatiques aussi difficiles impactant lourdement les productions agricoles.
La gestion économe de la ressource en eau et l’adaptation des pratiques agricoles au changement climatique apparaissent plus que jamais comme des enjeux majeurs pour les années à venir.
Insee Conjoncture Corse
No 20
Paru le :31/05/2018
- Encore une année de sécheresse
- Prairies et pâturages ou l’insuffisance fourragère
- Viticulture, reste la qualité
- De bons résultats dans la corbeille des 10 ans de l’IGP clémentine de Corse
- La châtaigneraie entre Cynips et sécheresse
- Élevage : la croissance tirée par les secteurs caprin et porcin
- Une année noire pour l’apiculture
Encore une année de sécheresse
En 2017, pour la troisième année consécutive, la Corse est en situation de déficit hydrique. Celui-ci est très important en volume et s’inscrit dans la durée. Malgré deux épisodes de pluies intenses en janvier et février, le cumul annuel de précipitations est inférieur de 37 % à la moyenne décennale. Les précipitations sont bien au-dessous des normales mensuelles entre mars et novembre (figure 1). Elles sont notamment très faibles sur les mois d’avril à août avec moins de 40 mm en cumul.
tableauFigure 1 – Précipitations moyennes 2016-2017
2016 | 2017 | Précipitations normales saisonnières | |
---|---|---|---|
Janvier | 49,8 | 77,1 | 47 |
Février | 98,5 | 38,6 | 38 |
Mars | 54,5 | 22 | 45 |
Avril | 14,9 | 12,5 | 52 |
Mai | 26 | 7,4 | 37 |
Juin | 11,8 | 15,9 | 25 |
Juillet | 5,7 | 0,4 | 7 |
Août | 2,7 | 1,1 | 15 |
Septembre | 49,1 | 37,1 | 54 |
Octobre | 67 | 4,4 | 77 |
Novembre | 118,3 | 52,8 | 90 |
Décembre | 57,7 | 89,1 | 65 |
- Source : Météo France
graphiqueFigure 1 – Précipitations moyennes 2016-2017

- Source : Météo France
Les températures sont très élevées, supérieures aux normales mensuelles de plus de 1 °C, jusqu’à 2,7 °C en juin (figure 2). Le déficit hydrique exceptionnel de cette période (plus de 70 %) associé aux fortes températures a contribué à une sécheresse des sols superficiels exceptionnelle en Corse. Qui plus est, en 2017, le climat a été exceptionnellement venteux.
tableauFigure 2 – Températures moyennes 2016-2017
2016 | 2017 | Températures normales saisonnières | |
---|---|---|---|
Janvier | 11,6 | 9,3 | 9,9 |
Février | 12,2 | 12,2 | 9,8 |
Mars | 12,0 | 13,3 | 11,4 |
Avril | 15,6 | 14,8 | 13,5 |
Mai | 17,4 | 18,4 | 17,3 |
Juin | 21,0 | 23,6 | 20,9 |
Juillet | 24,3 | 25,2 | 23,8 |
Août | 24,4 | 25,9 | 24,2 |
Septembre | 22,8 | 20,4 | 21,3 |
Octobre | 18,6 | 18,8 | 18,1 |
Novembre | 14,9 | 13,6 | 13,9 |
Décembre | 12,9 | 10,6 | 11,0 |
- Source : Météo France
graphiqueFigure 2 – Températures moyennes 2016-2017

- Source : Météo France
Prairies et pâturages ou l’insuffisance fourragère
Tous les rendements des prairies sont inférieurs à la référence régionale, de 10 % pour les prairies artificielles ou temporaires, à moins 30 % (parcours) et jusqu’à moins 60 % pour les prairies naturelles.
L’hiver avait bien commencé avec une production d’herbe correcte permettant le pâturage des troupeaux. Puis les conditions climatiques se sont dégradées : déficit hydrique (au moment où l’herbe en a le plus besoin), températures supérieures aux normales de saison et vent qui assèche les sols. Conséquence, une fenaison de printemps limitée à une coupe dans le meilleur des cas. Ceci avec une qualité souvent appauvrie et une faible production de matière sèche.
Les conditions climatiques estivales et de début d’automne ont aggravé la situation pour aboutir à un indice d'humidité des sols inférieur à la normale de 80 % à 100 % selon les zones. La production d’herbe automnale s’étage d’une coupe dans le meilleur des cas pour les parcelles irriguées à une absence totale de pousse dans certains secteurs.
Dans les élevages, les apports complémentaires de foin ou d'aliments sont très importants. Le coût de l’alimentation est en outre augmenté par les prix élevés du fourrage, en Corse comme sur le continent. L’État a mis en place une aide exceptionnelle au transport maritime du fourrage et la Collectivité de Corse a appliqué une remise de 50 % sur le tarif de la traversée maritime.
Viticulture, reste la qualité
La production totale de vins diminue de près de 70 000 hl (figure 3), soit 15 % en deçà de la moyenne 2012-2016. Si toutes les zones et catégories de productions sont touchées (y compris les vignes irriguées), les productions IGP (Indication Géographique Protégée) et sans IG sont particulièrement impactées avec une baisse de 60 000 hl.
Les sorties de grappes très précoces, dues à la sécheresse, ont obligé à anticiper de 8 à 10 jours les vendanges. Les grains sont de petite taille et les grappes moins pleines, mais la situation sanitaire de la récolte est satisfaisante. À défaut de quantité, l’année 2017 sera celle de la qualité.
tableauFigure 3 – Évolution de la production de vin
Vins AOP | Vins IGP | Vins sans IG | Total vins | |
---|---|---|---|---|
2013 | 110 601 | 239 900 | 31 745 | 382 246 |
2014 | 112 936 | 225 836 | 24 573 | 363 345 |
2015 | 114 714 | 243 242 | 30 313 | 388 269 |
2016 | 113 738 | 239 206 | 35 795 | 388 739 |
2017 | 106 174 | 179 051 | 34 828 | 320 053 |
- Note : données 2017 provisoires
- Source : Agreste - Statistique Agricole Annuelle (SAA)
graphiqueFigure 3 – Évolution de la production de vin

- Note : données 2017 provisoires
- Source : Agreste - Statistique Agricole Annuelle (SAA)
De bons résultats dans la corbeille des 10 ans de l’IGP clémentine de Corse
Sans atteindre les niveaux records de 2016, les rendements des clémentiniers (24 tonnes par ha) sont satisfaisants (figure 4). La baisse des surfaces productives constatée depuis 2013 s’inverse avec l’entrée en production de près de 100 ha de nouveaux vergers.
L’IGP « Pomelo de Corse » poursuit sa progression, en surfaces, en rendements et donc en volume de production. Ce dernier a doublé depuis l’obtention du signe de qualité en 2014.
La production de pêches augmente de 30 % avec 1 300 tonnes de plus qu’en 2016, sous l’effet cumulé de meilleurs rendements et de l’entrée en production de nouvelles plantations (23 % du verger) (figure 4).
La châtaigneraie entre Cynips et sécheresse
Après la légère reprise de 2016 due à la progression du Torymus sinensis, la production castanéïcole est, en 2017, à son plus bas niveau historique. Le cycle fortes chaleurs, faible pollinisation, peu de fruits, chute précoce et petits calibres des fruits s’est traduit dans nombre d’exploitations par l’absence quasi totale de récolte.
Si le verger d'oliviers traditionnel en sec a été très fortement impacté par la chaleur et le déficit hydrique, les zones irriguées ont permis de réaliser une production globale moyenne (860 tonnes) pour une année d’alternance (figure 4).
tableauFigure 4 – Rendement et production des vergers purs et associés
Rendement (100 kg/ha) | Production récoltée (100 kg) | |||||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Produit | 2013 | 2014 | 2015 | 2016 | 2017 | 2013 | 2014 | 2015 | 2016 | 2017 |
Clémentines | 176 | 250 | 188 | 269 | 238 | 233 325 | 323 520 | 236 730 | 328 120 | 311 620 |
Pamplemousses | 271 | 228 | 306 | 330 | 346 | 38 540 | 32 410 | 52 610 | 55 160 | 64 660 |
Actinidia (Kiwi) | 115 | 137 | 117 | 94 | 94 | 38 000 | 41 000 | 37 500 | 30 000 | 28 200 |
Pêches, nectarines et brugnons | 169 | 180 | 180 | 180 | 192 | 42 938 | 53 820 | 42 020 | 40 320 | 53 220 |
Olives | 2 | 8 | 4 | 7 | 4 | 4 770 | 16 370 | 7 940 | 14 410 | 8 602 |
Amandes | 3 | 7 | 6 | 8 | 7 | 975 | 2 665 | 2 024 | 3 045 | 2 745 |
Châtaignes | 4 | 1 | 1 | 2 | 1 | 4 320 | 1 500 | 1 720 | 2 090 | 1 430 |
Noisettes | 6 | 6 | 5 | 8 | 8 | 1 000 | 950 | 800 | 1 200 | 1 200 |
- Note : données 2017 provisoires
- Source : Agreste - Statistique Agricole Annuelle (SAA)
Élevage : la croissance tirée par les secteurs caprin et porcin
Les cheptels reproducteurs bovins, ovins et porcins restent stables par rapport à 2016. Après deux années de croissance à deux chiffres, la production de lait de chèvre progresse encore mais dans une moindre mesure (+4 %) (figure 5).
La production d'animaux de boucherie (3 110 tonnes équivalent carcasse (tec), source DIFFAGA) est également en légère hausse (+ 3 %). La croissance des abattages est portée par la viande de porc avec 1 246 tec produites en 2017 (+ 12 % en un an).
tableauFigure 5 – Évolution de la production de lait
Lait de chèvre | Lait de brebis | |
---|---|---|
2013 | 43 350 | 79 745 |
2014 | 41 185 | 71 475 |
2015 | 50 125 | 87 935 |
2016 | 57 150 | 99 410 |
2017 | 59 330 | 99 100 |
- Note : données 2017 provisoires
- Source : Agreste - Statistique Agricole Annuelle (SAA)
graphiqueFigure 5 – Évolution de la production de lait

- Note : données 2017 provisoires
- Source : Agreste - Statistique Agricole Annuelle (SAA)
Une année noire pour l’apiculture
Les apiculteurs (+ 36 % en 5 ans) comme les ruches (+23 % en 5 ans) sont en croissance constante. Pourtant, la production de miel qui culminait à 500 tonnes en 2015 atteint difficilement les 255 tonnes. Victime des conséquences de la sécheresse sur les floraisons des vergers et plus largement de l’ensemble des végétaux de l’île mais aussi des dégâts du cynips sur la châtaigneraie, le rendement moyen des ruches (12 kg/an) se situe à peine à 50 % de la référence régionale.
Définitions
Appellation d’origine contrôlée (AOC) : désigne un produit dont toutes les étapes de fabrication (la production, la transformation et l’élaboration) sont réalisées selon un savoir-faire reconnu dans une même zone géographique qui donne ses caractéristiques au produit.
Appellation d’origine protégée (AOP) : est l’équivalent de l’AOC. Elle protège le nom d’un produit dans tous les pays de l’Union européenne.
Indication géographique protégée (IGP) : désigne un produit dont les caractéristiques sont liées au lieu géographique dans lequel se déroulent au moins sa production ou sa transformation selon des conditions bien déterminées. C’est un signe européen qui protège le nom du produit dans toute l’Union européenne.
Cynips du châtaignier (Dryocosmus kuriphilus) : insecte nuisible susceptible d’occasionner des dégâts importants sur les végétaux de Castanea spp. Il produit des galles de 5 à 20 mm qui entraînent des baisses de productions fruitières et la mortalité des rameaux touchés. La lutte est essentiellement biologique, via des lâchers de Torymus sinensis, petit hyménoptère qui pond ses œufs dans les larves de cynips.
Pour en savoir plus
Site internet Ouvrir dans un nouvel ongletAgreste
Site internet de la Ouvrir dans un nouvel ongletDRAAF de Corse